Frères d'armes
Merci à uena pour m'avoir autorisé à traduire son histoire. L'originale, "Lovers in Arms", se trouve sur AO3.
Un grand merci aussi à Elizabeth Mary Holmes pour avoir si gentiment réalisé la couverture :)
Note de la traductrice:
Encore une petite chose: j'ai remarqué que certains d'entre vous lisent cette fic sans avoir vu la série de la BBC, et en ayant lu -ou pas- les livres de Dumas. Je vous fait donc un petit débriefing rapide pour rappeler qui sont les personnages, en essayant de ne pas être trop subjective, pour ceux que ça intéresse ;)
Les personnages:
-D'Artagnan, le personnage le plus important du livre, mais beaucoup moins marqué dans la série, où il n'a plus systématiquement le rôle du leader. C'est le plus jeune.
-Porthos, celui qui a un cœur gros comme ça, un humour très bruyant et une force physique immense. En général c'est l'élément comique de l'histoire. C'est un personnage un peu ridicule et simplet dans le livre, mais dans la série ces défauts sont beaucoup moins marqués. On a choisi un acteur métisse pour le jouer en hommage à Dumas. C'est un descendant d'esclave, né dans la pauvreté, qui essaie toujours de pallier son manque d'éducation en lisant beaucoup.
-Aramis, le bellâtre du groupe, le plus coquet, qui hésite toujours entre le métier de prêtre et celui de soldat. Sauf qu'il aime beaucoup trop les femmes pour être prêtre. Il est toujours embarqué dans des intrigues de femmes qu'il cache aux autres. Il est beaucoup plus sensible dans la série que dans le livre, il me semble, et il n'a plus cette ambition dévorante. Dans le fandom, on en fait souvent un hispanique (vive la diversité culturelle^^).
-Athos, un gentilhomme qui ne parle jamais de ses origines aristocratiques, même si on les devine dans le moindre de ses gestes. Les autres l'admirent beaucoup et prennent toujours exemple sur lui. Il est austère, chaste et réservé, avec des valeurs morales solides, une éducation sans faille, et des convictions auxquelles il tient énormément (Il est aussi très beau, mais sans en faire des tonnes comme Aramis). Son seul défaut, c'est son passé très noir et sa tendance à noyer son chagrin dans l'alcool. D'Artagnan a une admiration sans bornes pour lui. C'est le plus vieux. Il y a aussi une tradition du fandom qui veut qu'il fasse souvent des crises d'angoisses, qui sont décrites avec beaucoup de talent et de réalisme dans les fics.
-Milady de Winter: c'était la femme d'Athos, dont il était très amoureux, et qui est responsable de son chagrin. Elle a commis un meurtre et menti sur ses origines, alors Athos a été obligé de la faire pendre (c'était au comte de faire appliquer la loi sur ses terres). Il ne s'en est jamais remis et a fuit son ancienne vie. Mais Milady a survécu, et elle passe son temps à comploter et à séduire tout ce qui passe. Elle a aussi assassiné le frère d'Athos.
-le cardinal de Richelieu: Le méchant dans la première saison.
-Le roi Louis XIII : C'est un gros bébé, en tout cas dans la série.
-Anne d'Autriche: La reine, que tout le monde essaye de défendre.
-Constance Bonacieux: La logeuse de d'Artagnan, et son amoureuse, mais coincée dans un mariage pourri. Elle a beaucoup de force de caractère et de bon sens.
-Mr de Tréville: Le capitaine des mousquetaires.
La fic se situe après la fin de la première saison, après que les mousquetaires aient réussi à déjouer les plans de Milady. Ils la forcent à s'exiler, et Athos se débarrasse enfin de son médaillon, le dernier objet qui lui rappelait sa femme.
1è partie : A la dérive
Chapitre 1
Le poids autour de son cou a disparu.
Plus rien ne le tire désormais vers le sol; le cordon n'entame plus sa chair pour lui rappeler ce qu'il a perdu. Il se sent léger, détaché et flottant, terrifié par le vide sous ses pieds.
Il baisse les yeux vers ses bottes maculées de boue; c'est étrange comme elles semblent absolument détachées de sa personne. Il a laissé partir cette femme, et avec elle, une immense part de lui-même. Il se retrouve maintenant désœuvré et privé d'appui; même sa bonne vieille culpabilité n'est plus là pour le soutenir.
Le poids autour de son cou a disparu.
Elle a tout emporté avec elle, même les vagues souvenirs de sa peau. Il a déjà oublié le goût qu'elle avait, la douceur de son corps, la force étonnante de ses mains. Il ne connaîtra plus jamais la sensation d'être proche d'elle, serré dans ses bras, abaissé à ses pieds.
Tant d'années à la regretter, et voilà qu'il l'a congédiée, qu'il a congédié ses souvenirs les plus doux, les plus sombres... cette part de lui qui savait faire confiance et céder au plaisir.
Il inspire profondément, sans douleur. Sa poitrine paraît creuse, comme une cage vide, débarrassée des ombres qui la remplissaient, avide de retenir quelque chose - n'importe quoi. Mais il ne reste rien.
Il se retourne automatiquement, son corps effectuant les anciens gestes familiers, malgré la terreur dans son cœur, malgré sa tête qui flotte loin au-dessus du sol, comme une étoile mourant quelque part dans les cieux.
Son corps sait comment faire pour empêcher cela - pour empêcher son monde de tourner, de partir à la dérive.
Il noiera son manque dans le vin, il s'imbibera jusqu'à devenir trop lourd pour bouger, trop confus pour faire autre chose que rester allongé, en attendant que le soleil apporte avec lui une autre peine.
Cette peine-là est gérable, au moins.
Il entend un pas lourd derrière lui, familier et amical, et un sourire étire ses lèvres, mais il ne s'arrête pas, il en est incapable. La main qui atterrit sur sa nuque le retient d'une petite pression, gentille mais ferme. "Où crois-tu aller comme ça?"
Porthos a l'air bourru, comme toujours quand il veut cacher son inquiétude. Le contact est rugueux sur sa peau nue et les doigts calleux caressent son cou, à l'endroit où bat son pouls.
Il déglutit en essayant de chasser la fièvre soudaine qui monte dans sa poitrine. "À la taverne."
Porthos se met face à lui pour lui bloquer la route, les épaules tendues et la mâchoire serrée. Athos connaît ce regard; il sait que s'il baisse les yeux sur la main libre de Porthos, il verra un poing compact et fâché.
"Tu es contrarié?" demande-t-il doucement.
La main sur sa nuque se resserre à cette question, et la chaleur dans la poitrine d'Athos se met à migrer vers le bas. Il est tellement désorienté par ce qui lui arrive qu'il entend à peine le grognement de Porthos:
"Tu y vas tout seul?"
Athos inspire profondément et hausse les épaules pour chasser tout ça - la main aussi bien que la confusion qu'elle a apporté, mais Porthos ne bouge pas d'un pouce.
"Si tu veux te joindre à moi..." dit Athos. Il jette un regard à la ronde pour inclure d'Artagnan et Aramis dans son invitation, mais ils ont déjà disparu. Il doit avoir manqué leur départ.
Porthos l'examine par-dessous ses sourcils froncés, l'œil sombre et irrité. "Avons-nous quelque chose à fêter?"
Athos essaie de lui sourire. "N'est-ce pas toujours le cas?"
La gaieté fait sourire Porthos, mais sans atteindre ses yeux. Ils se tiennent seuls dans l'allée obscure, presque collés l'un à l'autre, et la main de Porthos, lourde et chaude sur sa nuque, l'empêche de filer.
"Diable, nous sommes toujours en vie. C'est une assez bonne raison, en général," dit Porthos calmement. Sa voix semble éteinte, comme si le fait d'être en vie était effectivement un prétexte suffisant pour boire, mais pas ce jour-là. Comme s'il préférait rester sobre, pour une fois."Viens, alors," dit-il en grognant, quand le silence menace de s'éterniser entre eux et de les éloigner l'un de l'autre. Il sourit de nouveau en entraînant Athos. "Je vais t'acheter une bouteille."
Ils se dirigent vers la taverne dans un silence complice, et le bras de Porthos ne quitte pas une seconde les épaules d'Athos; il ne s'éloigne jamais assez pour rompre le contact et le laisser partir à la dérive.
Athos choisit le coin le plus sombre de la taverne. Porthos le laisse faire, commande une bouteille de vin et se laisse tomber sur une chaise à côté d'Athos. Athos sent son regard sur lui, assez lourd pour le maintenir en place sans même le toucher. "Tu vas m'expliquer ce qui s'est passé entre toi et cette dame que tu connaissais?"
Athos se fige, avale sa salive, et le fixe avec de grands yeux qui trahissent son embarras, tandis que la panique enfle dans sa poitrine. Il est trop sobre pour cette conversation. Porthos pousse un grognement et prend pitié de lui, comme d'habitude. "Garde tes secrets."
L'arrivée de la serveuse avec deux verres et une bouteille de vin bon marché libère Athos de l'obligation de répondre. Il regarde Porthos remplir leurs verres en silence et boit dès que son verre atterrit devant lui.
Il ne sent même plus l'alcool - il ne le sent plus depuis qu'il a découvert les modestes breuvages de Paris. L'époque où il buvait pour le plaisir est depuis longtemps révolue; il aime presque la manière dont le vin brûle sa langue, comme du vinaigre. Le goût ne ment pas sur le produit : c'est un poison qui détruira lentement son corps et son esprit.
Porthos le regarde vider son premier verre et le remplit à nouveau avant de commencer à boire lui-même. Athos sait très bien ce qu'il est en train de faire: Porthos restera sobre assez longtemps pour le ramener chez lui quand il sera trop saoul pour s'en charger tout seul.
La honte qui accompagne cette pensée est puissante, mais pas assez forte pour l'empêcher de boire. Elle le pousse même à vider son verre plus vite.
Ils ne parlent pas. Ils restent assis dans leur coin, recouverts d'ombre, écoutant le remue-ménage qui les entoure, tous deux silencieux et broyant du noir. Porthos a la tête rentrée dans les épaules, les bras croisés sur la poitrine, et son chapeau posé sur la table devant lui. Il ne regarde pas Athos qui boit, mais contemple plutôt la salle, et Athos se surprend à étudier son profil, surtout la cicatrice sur son œil.
Il termine un autre verre, laisse le vin le réchauffer de l'intérieur et remplir son ventre de poids liquide. Il est prompt à vider la bouteille, lève le bras pour en commander une autre... et Porthos agrippe son poignet. "Non."
Athos baisse le bras, songeur. Ce n'est pas ainsi que les choses se passent habituellement. Porthos a compris très tôt qu'il était préférable de pas intervenir et de le laisser boire tout son saoul. Parce que malgré son ivresse et sa faiblesse, Athos ne laissera personne l'arrêter, même si c'est un ami aussi cher que Porthos.
"Pas aujourd'hui," dit Porthos, et son regard reste fixé sur le sien, intransigeant, mais pas fâché. Il n'y a pas la moindre flamme dans son œil, pas de colère, aucune violence. "Je sais que tu as encore soif, mais je voudrais te ramener chez toi, si tu veux bien?"
Les mots sont presque chuchotés, calmes et pleins d'espoir, et pour la première fois depuis qu'ils se connaissent, pour la première fois depuis que Porthos s'est mis à prendre soin de lui sur le champ de bataille et à le ramener chez lui après les soirs de beuverie, Athos n'a pas le cœur de lui dire non. Il ne dégage pas son poignet de l'emprise de Porthos; il hoche la tête en baissant les yeux, sans les relever quand Porthos étouffe une exclamation de surprise.
Il est trop préoccupé par son propre trouble. Il a suffit d'un mot de la part de Porthos pour l'empêcher de boire alors que d'habitude aucun mot, supplié ou lancé au visage, ne peut l'arrêter. Il se rappelle avoir déjà été ainsi, docile et soumis à autre chose que l'alcool.
Il ne veut pas se souvenir de ça. Il préfère refouler les souvenirs.
Il se laisse faire tandis que Porthos le soulève de sa chaise et le remet sur ses pieds. Il est instable, mais son état a déjà été pire. Porthos passe quand même le bras autour de sa taille pour le sortir de la taverne.
Quand l'air frais de la nuit emplit ses poumons, il se sent plus saoul qu'il ne l'aurait cru possible après une seule bouteille. Le corps de Porthos est une source continue de chaleur le long de son flanc droit, puissante et stable, et Athos s'accroche à lui inconsciemment, en enfonçant les doigts dans le cuir de sa veste pour ne pas tomber.
C'est la première fois qu'il a peur de tomber; il est généralement trop saoul pour s'en soucier ou pour sentir la douleur. Mais cette fois, il prend conscience de tout.
Il remarque la morsure glaciale de l'air, les odeurs de boue, de saleté et de parfum bon marché, les muscles de Porthos qui bougent contre lui tandis qu'il le porte dans la rue. Il est conscient de la faiblesse de son propre corps, de sa démarche chancelante et de la facilité avec laquelle Porthos le soutient.
Il a toujours su que Porthos était fort - il faudrait être aveugle pour ne pas s'en apercevoir - mais il n'a jamais éprouvé cette force autrement qu'en croisant le fer avec lui, ou en recevant son aide sur le champ de bataille. Il n'a jamais eu le temps de vraiment réfléchir à ce qu'il ressentait.
"On est presque arrivés," dit Porthos en coupant le fil de ses pensées, son haleine brûlante flottant contre son oreille.
Athos ne sait absolument pas quoi répondre alors il se tait, et tente d'ignorer le désespoir qu'il ressent, coincé dans son corps et livré à la force de Porthos.
Il y parvient presque, mais ils arrivent à son logement et Porthos doit le porter jusqu'en haut des escaliers en le tenant contre sa poitrine. Athos redécouvre alors une sensation ancienne: une ivresse qui ne vient pas du vin, mais d'une chose tout aussi dangereuse.
Il se mord la lèvre et ferme fort les yeux pour ne pas regarder Porthos. Il avait sous-estimé l'étendue des dégâts qu'elle avait causés; il n'imaginait pas la profondeur qu'elle avait atteint en allant chercher ses péchés pour les ramener à la surface. Elle l'a tellement perverti qu'il ressent maintenant des échos de désir auprès d'un autre homme, d'un ami proche.
"Porthos," bredouille-t-il, presque étouffé par la honte, mais Porthos, occupé à le manœuvrer pour franchir la porte, répond simplement: "Chuuut". Sa main est de nouveau sur la nuque d'Athos tandis que l'autre main enveloppe sa hanche.
C'est trop lourd, ça l'écrase, et Athos se sent si totalement hors de contrôle qu'il en a le souffle coupé.
"Nous y sommes presque," lui dit Porthos, mais Athos n'entend pas. Il reste juste assez d'alcool dans son sang pour le rendre chaud, embrouillé et émotif, exactement comme la première nuit où c'est arrivé, alors qu'il avait bu trop de vin au dîner... elle était si belle, elle avait pris sa main et l'avait mené jusqu'au lit, puis elle avait utilisé le foulard en soie qu'il lui avait ramené de Paris.
Il se mord la lèvre en tentant d'effacer le souvenir, ce qui le rend d'autant plus conscient de la présence de Porthos, de la proximité du lit, et du fait qu'il s'accroche à lui, que ses doigts agrippent son uniforme, avides de contact. "Porthos..."
"Nous y sommes," murmure Porthos d'une voix basse et grondante en déposant Athos sur le lit. C'est comme un flash de chaleur; une excitation soudaine se mêle à sa honte, et un gémissement étranglé lui échappe.
Porthos met immédiatement un genoux à terre devant lui. "Tu es malade?"
Athos secoue la tête et se mordille la lèvre un peu plus fort. Il se sent tellement brûlant, son corps tout entier picote du désir de se donner corps et âme à quelqu'un.
"Elle t'a blessé quelque part?" demande Porthos, toujours persistant quand il s'inquiète pour la santé de ses amis, en posant une main sur son avant-bras. "Montre-moi."
"Je n'ai rien," se force à dire Athos, presque frissonnant du besoin d'être touché d'une manière beaucoup plus énergique. "Je vais bien."
Porthos se contente de grogner en déboutonnant l'uniforme d'Athos, et fait glisser la veste de ses épaules. "Où ça?" demande-t-il encore.
"Elle ne - elle ne m'a pas blessé," murmure Athos, trop désespéré pour élever la voix. Porthos fronce les sourcils d'un air mécontent, passe les mains sous la chemise d'Athos pour en écarter les pans, et révèle l'estomac d'Athos sans rien trouver.
Athos essaie de l'arrêter, et tout à coup Porthos attrape ses deux poignets en les écrasant dans sa poigne de fer. "Ne. Bouge. Pas."
Athos étouffe un petit cri et laisse échapper un autre gémissement, et le front de Porthos se plisse encore davantage. Athos sent les battements de son cœur dans sa gorge. Il commence à se sentir engourdi; il n'essaie plus de se dégager et se tient tranquille en attendant que Porthos libère ses poignets.
Il reste immobile quand Porthos lui enlève sa veste d'uniforme, puis sa chemise; il se contente de frissonner dans l'air frais de sa chambre - de frissonner au contact des mains brûlantes qui errent sur sa peau à la recherche d'une blessure qui n'y est pas.
Il autorise Porthos à lever ses bras, à le retourner pour examiner son dos. Son souffle s'emballe quand Porthos touche un endroit précis, une vieille cicatrice, depuis longtemps guérie.
"Où?" l'entend-il chuchoter, et Porthos le retourne à nouveau, se remet à genoux. "Dis-moi où elle t'a blessé, Athos."
Athos soutient son regard, ivre de son propre désespoir. "Je n'ai rien, je te le jure."
Il voit un éclair de colère traverser les yeux de Porthos, déçu d'entendre un mensonge quand il veut seulement apporter son aide; et quand Porthos le couche sur son dos et se met à déboutonner son pantalon, Athos le laisse faire, parce que c'est la seule réaction qu'il connaît - la seule réaction qu'elle lui a appris.
La sensation était toujours si délicieuse.
Il ne bouge pas quand Porthos s'arrête à mi-chemin pour le débarrasser de ses bottes; il se tient immobile, ferme les yeux et attend que Porthos réalise ce qui se passe, sans avoir le courage de l'arrêter.
Peut-être que Porthos le frappera.
Il est tellement plus fort qu'elle.
Porthos est affreusement doux en débarrassant Athos de son pantalon, toujours soucieux d'une blessure qui n'existe pas. Il le fait glisser et le retire, le lance dans un coin, et puisqu'il est toujours à genoux devant Athos, il ne lui faudra qu'un moment pour remarquer...
Porthos étouffe un petit rire. "Alors c'est ça, hein?"
Athos cligne des yeux et tente de se concentrer. Porthos sourit d'une oreille à l'autre, et lui lance un clin d'œil. "Tu veux de l'aide avec ça?"
Il montre du doigt le renflement proéminent de son sous-vêtement, et Athos a l'impression que sa gorge est en train de se nouer. "Non!"
Porthos lève les deux mains en geste d'excuse et se redresse. "C'était juste une proposition. Je te laisse gérer les choses toi-même, alors."
Il commence à s'éloigner du lit, emmenant sa chaleur avec lui, et c'est comme une noyade, comme une eau glacée qui entoure Athos et l'entraîne vers le fond. Porthos doit le voir sur son visage, car il s'arrête et revient en arrière avec une expression inquiète. "Que se passe-t-il? Tu n'es pas fâché?"
Athos ne sait que dire, il n'est conscient que de l'envie de satisfaire les désirs de Porthos, il ne veut pas rester seul - pas dans cet état. Elle ne le laissait jamais seul dans ces moments-là, elle partait seulement quand ils avaient fini, et il -
"Athos," dit Porthos d'une voix étrangement douce. "Tu as changé d'avis?"
Athos lève à nouveau les yeux vers lui, regarde fixement le visage de son ami, maintenant si familier, et voit une flamme allumer son œil. "Si tu as envie de moi," murmure-t-il sans reconnaître sa propre voix, "tu peux m'avoir."
Le simple fait de dire les mots à voix haute le renvoie à son ancien désespoir, le fait se sentir vulnérable et sans défense, chaud et glacé à la fois.
Porthos incline la tête, l'air moins gratifié que perplexe, mais la chaleur dans ses yeux est éloquente. Athos voudrait pouvoir bouger, il voudrait avoir l'audace de tendre le bras pour l'attirer à lui, mais c'est une chose qu'il a toujours été incapable de faire.
Il avait besoin qu'elle vienne à lui, qu'elle prenne le contrôle et lui montre la marche à suivre, qu'elle lui dise comment se comporter, comment la toucher.
"Je peux t'avoir?" répond Porthos d'une voix douce, mais pas incrédule, et Athos se mord la lèvre en hochant la tête. S'il se laisse aller, peut-être que Porthos lui donnera ce dont il a besoin.
Pour l'instant, il est presque satisfait de le voir venir encore plus près sur le lit, rayonnant de chaleur, baissant le regard vers lui avec de la résolution dans ses yeux sombres.
Porthos est plus fort que lui, il pourrait le dominer, le maintenir immobile et le forcer à obéir, et Athos en est plus conscient que jamais; son esprit ne s'intéresse qu'à une chose: ce qu'il ressentirait s'il était allongé sous Porthos, pris au piège.
Athos prend alors conscience de ce qui lui arrive: il est sur le point de succomber une fois de plus - avec un homme cette fois - et ça n'a pas d'importance que Porthos soit un ami fidèle, parce qu'il avait aussi confiance en elle, et elle -
"Que se passe-t-il?" La voix de Porthos, gentille et inquiète, fait irruption dans son esprit embrouillé. "Tu as encore changé d'avis?"
Et alors il le touche.
C'est un contact timide, prudent et hésitant, mais la main de Porthos est brutalement chaude sur la peau froide d'Athos; il étouffe un sanglot en roulant sur le côté, et presse son visage contre la hanche de Porthos, comme un chien mendiant une caresse.
Porthos ne bouge pas, il ne s'enfuit pas horrifié. Il reste là où il est et se contente de lui caresser la tête - et le traite comme le chien qu'Athos croit être devenu.
Cela ne suffit pas, même si la dégradation correspond exactement à ce qu'Athos pense mériter, et il gémit, sans oser supplier franchement; il a tellement essayé de se défaire de cette habitude. Il pleure presque de soulagement quand la main de Porthos devient plus ferme, agrippe ses cheveux et le fait rouler sur son dos.
Sa respiration est déjà plus lourde, il goutte déjà, le sexe lourd entre ses cuisses, et il les écarte automatiquement, comme elle le lui demandait toujours. Porthos l'observe une seconde, puis s'allonge à côté de lui et se rapproche, chaud et affectueux. "Je prends ça pour une invitation, d'accord?"
Athos approuve d'un signe de tête en se disant qu'il va craquer s'il ouvre la bouche.
"Bien," murmure Porthos en délaçant lentement les sous-vêtements d'Athos. Il introduit la main à l'intérieur une fois qu'ils sont ouverts, et le prend en main.
Le souffle d'Athos reste coincé dans sa gorge et il gémit, ferme les yeux et se frotte contre la main de Porthos. Ça fait si longtemps qu'il n'a plus été touché, qu'il n'a plus ressenti ce désir capiteux.
C'est étourdissant, la main de Porthos trop brûlante et trop rêche, et il adore ça, il écarte encore plus les jambes, lascif et débauché. La prise de Porthos sur lui est ferme et sûre, et sa main bouge lentement de haut en bas, en passant sur le sommet pour étaler le précome.
Athos essaie de rester tranquille, sans bouger, mais sans succès; il donne des coups de reins sous les caresses de Porthos, impuissant face au besoin de son corps. Quand il tourne les yeux vers le visage de Porthos, celui-ci sourit d'un air absent et satisfait, et Athos sent une bouffée d'allégresse - elle ne souriait ainsi que quand il avait été particulièrement bon avec elle.
Quand Porthos surprend son regard, son sourire s'élargit simplement, joyeux et chaleureux, et Athos avance la tête en espérant follement la récompense ultime.
Porthos n'hésite même pas une seconde, il l'embrasse immédiatement, ouvert et affectueux comme toujours. Non seulement Athos n'a pas la moindre idée de ce qu'il faut en faire, mais il est tellement dépassé par les évènements qu'un gémissement lui échappe; il sent la chaleur envahir ses entrailles et atteindre ses membres avant de lui monter à la tête.
Porthos lui donne trop d'un seul coup, offre les récompenses trop librement, sans rien demander pour lui-même, et même si Athos a peur de ce qui arrivera s'il se laisse aller trop tôt, il n'en peux plus.
Il se répand, jouit en jets brûlants sur son ventre et sur sa poitrine, tandis que Porthos continue à l'embrasser. Porthos soupire d'aise, absolument ravi, et continue à le caresser jusqu'à ce qu'il soit vidé.
Quand il retire sa main, Athos pousse un gémissement. Il a l'habitude d'être laissé seul quand c'est fini, mais il espère quand même qu'il ne le sera pas, et -
"Chuuut," souffle Porthos en déposant un baiser sur son front. "Je cherche juste quelque chose pour te nettoyer."
Athos cligne des yeux en le regardant, puis baisse les yeux sur les traces de son orgasme, trempe la main dans le liquide qui refroidit - la porte à ses lèvres, et la nettoie avec sa langue. L'acte n'a rien de nouveau pour lui, et tant que Porthos ne s'en va pas il est presque prêt à faire n'importe quoi.
"Ce n'est... pas tout à fait ce que j'avais à l'esprit," marmonne Porthos, mais il n'a pas l'air fâché, alors Athos reprend son occupation jusqu'à ce qu'il ait terminé et soit lavé entièrement; il ose alors seulement lever les yeux vers Porthos.
Le regard qu'il rencontre lui est inconnu, songeur mais bienveillant, et quand il se mord la lèvre, confus, Porthos se penche pour lui donner un autre baiser. "J'aurais dû m'y attendre," murmure-t-il. "Il faut toujours se méfier de l'eau qui dort."
Il caresse la poitrine et le ventre d'Athos, et Athos se relaxe en soupirant. Porthos ne le laissera pas. Il a été bon.
Mais alors Porthos se retourne et se lève, et Athos a l'impression que la Terre s'ouvre sous lui. Il se redresse, et il ne sait pas quoi dire - comment demander ce dont il a besoin.
Elle lui a beaucoup appris, mais elle ne lui a jamais appris ça.
"Je vais rester ce soir, si ça ne te dérange pas," dit Porthos de sa voix grondante, et alors seulement Athos réalise qu'il est en train de se déshabiller, retirant son uniforme, délaçant sa chemise. Il réalise aussi que Porthos est dur dans ses sous-vêtements, et dès qu'il est assez près du lit il l'attrape par les hanches, le tire à lui et pose son front sur son sternum, inspirant profondément.
Porthos rit, surpris mais content, et enfonce les doigts dans les cheveux d'Athos. "Laisse-moi m'allonger?"
Athos hoche la tête et recule vers le fond pour lui faire de la place. Le lit est étroit, mais Porthos parvient à s'y glisser, prend Athos dans ses bras et ramène la couverture sur eux, Athos serré contre sa poitrine. "Tu aurais dû me dire que tu avais froid," le sermonne-t-il en frottant la peau froide d'Athos entre ses mains.
"Et... et toi?" demande Athos en référence à la chaleur persistante pressée sur son entrejambe, et Porthos dépose un autre baiser sur le front d'Athos en riant, pendant qu'Athos se demande où il a bien pu trouver le courage de parler et de poser la question. Être traité de cette manière lui donne l'impression de flotter dans des eaux tièdes, d'être aimé et protégé, et il lève la tête en espérant recevoir un vrai baiser. Il l'obtient, gémit quand Porthos l'embrasse profondément et minutieusement.
"Je peux dormir comme ça s'il le faut," chuchote Porthos contre ses lèvres. "Ou est-ce que ça t'ennuie?"
"Non," répond Athos. "Ça ne me dérange pas. Mais... tu n'es pas obligé de dormir ainsi. Je pourrais -" Il s'arrête. Ça ne devrait pas se passer comme ça. Il est censé attendre les ordres, faire ce qu'on lui dit.
"Tu proposes de me faire une fellation?" la voix rauque de Porthos interrompt ses pensées agitées, et Athos s'immobilise.
"Je ne l'ai jamais fait," admet-il, et Porthos étouffe encore un petit rire, frotte ses mains le long de son dos pour le réchauffer.
"Tu veux apprendre? Ou tu peux juste utiliser ta main - pour moi c'est pareil."
Apprendre.
Est-ce qu'il veut apprendre.
C'est toujours de cette manière qu'elle introduisait de nouvelles idées dans leur lit; c'était la seule question qu'elle posait jamais. Et une fois qu'il avait dit oui - car il disait toujours oui - elle lui apprenait. Il n'a envisagé de lui dire non qu'une seule fois: le jour où elle a ramené la cravache. Mais il ne l'a pas fait. Il a toujours dit oui.
"Je veux apprendre," s'entend-il répondre, et une part de lui est terrifiée d'emprunter cette voie à nouveau. L'autre part de lui ne ressent que du soulagement à la perspective d'être enfin pris en main et contrôlé.
"Tu en as envie, hein?" Porthos rit et lui pince les fesses, et Athos gémit et hoche la tête.
"Oui. S'il te plait... apprends-moi, s'il te plait."
Quand Athos rouvre les yeux, Porthos est en train de le fixer, les yeux écarquillés et attentifs. Athos cligne des yeux, et la bouche de Porthos s'étire en un sourire, bienveillant et désarmé. "Toujours se méfier de l'eau qui dort..."
Il sort une main de sous la couverture pour toucher la joue d'Athos, laisser son pouce suivre les contours de sa mâchoire. "Ça fait un moment que je n'ai plus appris quoi que ce soit à quelqu'un - tu es sûr de vouloir apprendre avec moi?"
"Oui," répète Athos, car il est peut-être effrayé, mais il confierait sa vie à Porthos. "Je suis sûr."
"Bien." Porthos sourit jusqu'aux oreilles, sincèrement, et le gratifie d'un autre baiser. "Tu restes en-dessous de la couverture, d'accord? Assieds-toi seulement au bord du lit."
Il lâche alors Athos, sort de sous la couverture et se lève, et Athos bouge immédiatement avec lui, tend ses mains, refuse de perdre le contact.
Porthos lui sourit et les prend dans les siennes pour les placer sur ses hanches. "Si j'avais su que tu aimerais ça, on aurait perdu moins de temps."
Il ramène la couverture sur les épaules d'Athos avant de délacer ses sous-vêtements, et son sourire s'élargit. "Mais comme ça nous avons plus de câlins - c'est toujours agréable."
Athos s'agrippe à lui, presse les doigts sur ses hanches, la peau chaude sous ses mains. Il n'a pas l'habitude de toucher un homme, il n'y a même jamais pensé, même en étant conscient de ce qui se passe entre la plupart des soldats au camp. Après l'avoir perdue, il a décidé de ne plus jamais se laisser aller à ce genre de chose - ce contact physique, primitif et apaisant. Il ne le mérite pas.
Il ne mérite certainement pas Porthos qui lui sourit maintenant si gentiment, tend les mains pour prendre son visage et le caresse comme un amant. "Tu es prêt?"
Il ne l'est pas, il ne le sera jamais, mais il en a tellement besoin qu'il ne peut pas s'en empêcher. Alors il acquiesce, baisse les paupières et se lèche les lèvres en concentrant son regard sur l'entrejambe de Porthos.
C'est étrange quand Porthos laisse ses sous-vêtements glisser sur le sol pour révéler son érection. Athos ne se détourne pas de cette vue et ne ressent aucune sorte de révulsion. A la place, il ressent une soudaine pointe de désir au plus profond de ses entrailles, brut et entier, et il se penche en avant, la bouche entrouverte.
"Attention à tes dents," est tout ce que Porthos lui dit en se prenant en main et en se tenant immobile pour qu'Athos le prenne dans sa bouche. Comme si c'était normal. Comme si Athos qui se dégrade de cette manière ne méritait pas plus de commentaires.
Peut-être que c'est normal.
Il a fait bien pire que ça, certainement. Il a fait bien pire et a adoré chaque seconde.
"Prends seulement le bout en bouche - prends le temps de t'y habituer," murmure Porthos au-dessus de lui, la voix rauque de désir maîtrisé, et Athos est tellement soulagé de recevoir un ordre clair qu'il obéit immédiatement.
Il entend Porthos étouffer un juron, qui est presque assourdi par la sensation nouvelle de chaleur dans sa bouche, lourde sur sa langue, par le goût et l'odeur de Porthos emplissant ses narines. C'est irrésistible et effrayant et absolument parfait, et Athos ferme les yeux en respirant à fond.
"Sers-toi de ta langue." Il entend la voix de Porthos qui lui parvient d'un point loin au-dessus de lui. Il obéit de nouveau, suce et lèche et s'accroche aux hanches de Porthos à deux mains, redoutant encore d'être abandonné par Porthos s'il ne donne pas satisfaction.
Mais alors il sent une main dans ses cheveux, douce et apaisante, il s'abandonne à la caresse et se laisse tomber, cède au plaisir d'être utilisé.
Porthos lui donne quelques minutes pour s'habituer à sa présence dans sa bouche, pour avoir le temps de le goûter et de l'explorer avec sa langue; ensuite il agrippe ses cheveux un peu plus fort. "Peux-tu ouvrir un peu plus pour moi?"
Ce n'est pas un ordre véritable, mais Athos se démène pour obéir tout de même, essaie de relaxer sa mâchoire et laisse Porthos s'introduire un peu plus loin, l'utiliser plus rudement.
Mais il n'a jamais fait ça auparavant, il n'a jamais été utilisé de cette manière, même s'il connaît déjà presque toutes les autres formes de déviance sexuelle; et il s'étouffe, sent le choc des larmes qui menacent de déborder sur ses joues.
Porthos essaie immédiatement de se retirer, et Athos le tient plus fort, si effrayé à l'idée d'échouer qu'il préfère s'étouffer plutôt que d'arrêter. Il force ses paupières à se fermer et tente d'ignorer les points lumineux qui dansent devant ses yeux, essaie de respirer et de faire ce qu'on lui dit.
"Hé," il entend la voix de Porthos, étonnement douce, sans la moindre trace de colère. "Détends-toi, tu t'en sors très bien." Les yeux d'Athos s'ouvrent d'étonnement et il cligne des yeux vers le visage souriant de Porthos. "Tu le fais très bien - ta bouche est délicieuse."
Il passe la main sur la joue d'Athos, caresse sa mâchoire avec son pouce. "Tout ce que tu dois faire, c'est te détendre un peu. Sers-toi de tes mains. Tu ne pourras pas me prendre entièrement dans ta bouche. Utilise ton imagination. Tu es doué pour ça."
Être félicité sans avoir rien fait pour le mériter lui donne l'impression d'être détraqué, déséquilibré et chancelant, et il lève les yeux vers Porthos, incapable de former une pensée claire.
"Viens là, je vais t'aider," dit Porthos après quelques secondes de silence terrible en effleurant du doigt les cheveux de Athos. "Ouvre."
C'est un ordre clair, alors Athos obéit à contrecœur, et Porthos se retire, emporte sa chaleur, son goût et son odeur avec lui. Athos les regrette, il regrette le contact même s'il ne devrait pas, et il n'arrive pas à retenir un petit cri de détresse.
"Chuuut, tout va bien," souffle Porthos en prenant la main droite d'Athos dans la sienne pour la retirer de sa hanche et la déposer sur son sexe dur à la place. Athos sent le poids dans sa main, le pouls brûlant entre ses doigts, et il se penche encore automatiquement, la bouche déjà entrouverte.
"Je voudrais que tu lèches de bas en haut," dit Porthos d'une voix rauque et plus grave qu'avant. "Tu peux faire ça pour moi?"
Athos acquiesce et s'exécute immédiatement, frissonnant d'une excitation soudaine à l'idée d'être utile. C'est un cercle vicieux, depuis toujours. L'excitation mène à la honte, et la honte à une excitation encore plus aiguë, jusqu'à ce que son corps soit si désorienté, si avide d'être humilié qu'il ferait n'importe quoi, absolument n'importe quoi.
Il lèche une bande humide le long du sexe de Porthos, encore et encore, et bouge la main de haut en bas sur toute la longueur de son érection en tentant d'ignorer le fait qu'il est presque lui-même redevenu dur.
"C'est très bien," dit Porthos au-dessus de lui, et Athos le sent trembler entre ses doigts. "Maintenant lèche seulement le sommet, laisse ta langue faire des cercles..."
Athos gémit et obéit, enfin capable de laisser son esprit partir à la dérive maintenant qu'il est sûr de ce qu'il fait, et referme les yeux.
"Oui," murmure Porthos, et Athos réalise à quel point il se retient également, sans même essayer de pousser plus loin dans sa bouche. "Oui, voilà. Tu fais ça si bien."
Le soupir qui résulte de ces mots flatteurs est étouffé par le sexe de Porthos dans sa bouche; Athos essaie automatiquement de le prendre plus loin, et parvient enfin à relaxer sa mâchoire.
"Voilà," grogne Porthos. "Regarde-toi, la bouche ouverte pour moi."
Athos gémit une fois de plus, savoure l'éloge, et fait ce que Porthos lui a appris - il utilise sa main et sa langue, lèche et suce, et n'essaie même pas de lutter contre son propre désir. C'est si bon, tout à coup, de sucer un pénis; et il sait qu'il l'aimera encore plus quand il aura acquis assez d'expérience pour que Porthos puisse l'utiliser convenablement, être plus rude et baiser sa bouche comme il l'entend.
La manière dont son corps réagit à l'idée est tout simplement honteuse. La chaleur s'enroule dans son ventre et se déploie jusque dans son entre-jambe, le fait grogner et avaler plus loin le sexe dans sa bouche.
Il sent la main de Porthos caresser ses cheveux, d'une manière douce et affectueuse qui lui rappelle ses débuts, quand il lui faisait si facilement confiance parce que ses mains étaient douces et son corps réceptif.
Il l'aimait tellement.
Les mains de Porthos sont différentes des siennes; plus fermes, plus puissantes, mais jamais blessantes - affirmées mais jamais brutales. Il ne cesse de lui répéter qu'il s'y prend bien, sa voix est rauque d'excitation; il continue de pétrir son cuir chevelu, et Athos succombe sans difficulté, heureux de faire plaisir et de rendre service.
Il n'essaie plus d'être silencieux: il oublie d'avoir honte des réactions de son corps. Il gémit sans retenue, une main autour de la queue de Porthos et l'autre sur sa hanche en bougeant la tête régulièrement d'avant en arrière, la salive coulant sur son menton.
Il se sent brûler de la tête aux pieds.
Et puis la main de Porthos agrippe sa chevelure un peu plus fort, ce qui rend la sensation encore meilleure; et il pousse une petite plainte quand Porthos le pousse vers l'arrière en le forçant à reculer. Il ne veut pas arrêter.
Il ouvre les yeux, juste à temps pour voir Porthos jouir, et il est émerveillé, il n'avait pas imaginé l'effet que cette vision aurait sur lui - Porthos se répandant partout sur sa main, recouvrant sa peau sombre, la rougeur de son visage et de sa poitrine, et il sourit jusqu'aux oreilles, oh mon dieu il sourit, épanoui, l'air si comblé que le sexe d'Athos réagit, lui donne envie de tout avaler.
Il gémit encore, désespérément en manque d'affection, et Porthos le laisse le pousser sur le dos, il laisse Athos le nettoyer avec sa langue tout en murmurant des compliments, en caressant ses cheveux - offrant enfin une récompense méritée, une récompense qu'il a le droit d'accepter.
"Tu vas bien?" demande-t-il après un moment, quand Athos n'arrête pas de lécher et de frotter son nez contre lui. Athos inspire profondément et lève les yeux vers lui, et Porthos sourit, s'accroupit pour l'embrasser. "Tu as aimé, pas vrai?"
Athos sourit contre ses lèvres, ancré par la présence de Porthos, en sécurité entre ses mains. Porthos étouffe un petit rire devant le silence d'Athos, et lui offre un autre baiser. "Allonge-toi pour moi, si tu veux bien."
Athos bouge instantanément pour obéir, et la couverture glisse de ses épaules. Porthos s'arrête alors en plein mouvement et la rattrape des deux mains. "On dirait que tu t'es vraiment amusé, Athos."
Il regarde fixement l'entre-jambe d'Athos et le renflement évident entre ses jambes, à moitié couvert par ses sous-vêtements. Son regard est si chaud, comme s'il touchait au lieu de regarder, et Athos lèche ses lèvres en baissant la tête, honteux. "Oui."
"Tu n'as aucune raison de me le cacher, d'accord?" Porthos pose la main sous son menton et relève doucement sa tête. Son expression est honnête, avec un sourire flottant dans les profondeurs de ses yeux noirs. "Inutile de te priver de plaisir." Il sourit. "Ou de me priver du plaisir de te remercier."
Sur ces mots il se laisse tomber à genoux et se penche sur Athos, libère son sexe du tissu qui le cache et le prend dans sa bouche. Cela se passe tellement vite que pour une seconde ou deux Athos est pétrifié, cloué sur place, incapable de respirer.
Mais alors le plaisir l'envahit, et il se replie vers l'avant en fermant les yeux. La bouche de Porthos est brûlante, comme le reste de son corps, mais il reste doux, prudent et tendre, utilisant sa langue et ses mains sur Athos comme s'il était quelque chose de fragile.
Athos ne sait pas s'il a le droit de le toucher, mais il tend la main gauche malgré lui pour toucher les cheveux de Porthos.
C'est fini avant qu'il ait le temps de comprendre ce qui lui arrive; la chaleur mouillée autour de sa queue est trop intense après toutes ces années sans plaisir charnel. Il se laisse aller une seconde fois, son souffle s'échappant de lui par à-coups en même temps que son orgasme, et des lumières vives filent devant ses yeux.
Il a l'impression de flotter un instant. Quand il revient à lui, il constate que Porthos l'a allongé sur le lit. Celui-ci est en train de tirer la couverture sur eux. "Tu avais vraiment besoin de ça, mh?" Porthos se couche à côté de lui, passe un bras sur sa poitrine et l'attire contre lui. "Viens là."
Athos se rapproche volontiers, accueille avec gratitude la chaleur de Porthos et enfouit sa tête dans son cou en inspirant profondément. Porthos embrasse sa tempe et lui caresse le cou. "Tu es un grand amateur de câlins, on dirait. C'est une agréable surprise."
Athos a l'impression de flotter - mais cette fois avec un point d'ancrage solide sur la Terre; Porthos est la personne la plus sûre qu'il puisse trouver. Il se laisse dériver, la chaleur et le plaisir le berçant toujours comme une marée, et tombe endormi ainsi, dans les bras de Porthos, serré sur sa poitrine, au chaud et en sureté.
