Ma chambre était plongée dans l'obscurité. N'était-ce pas là ma place ? Une créature de la nuit, sombre. Un monstre. J'étais assis par terre, mon dos contre le divan. Mes ongles griffant le parquet. Et pour aussi bizarre que cela pouvait l'être j'avais froid.
Si je devais me définir en un mot, ce serait lâche. Beaucoup d'autres pouvaient convenir, les humains me voyaient beau, séduisant, froid, inaccessible. Je me voyais plutôt comme masochiste, égoïste, parano, orgueilleux, lâche. Ce dernier adjectif me qualifiait bien. Malgré la douleur lancinante qui ravageait ma poitrine, je savais que j'avais bien agi et je ne regrettais que peu de chose.
J'avais aimé un ange. Et l'ange m'avait aimé.
Non, j'aime un ange, le passé n'est pas d'actualité et ne le sera jamais. J'aimerais l'ange pour l'éternité. Et je n'aurais de cesse de remercier chaque jour de ma damnation, le ciel de ce cadeau.
Bella, ma Bella m'avait aimé. Moi, un être condamné à errer sur Terre pour l'éternité. Moi un damné.
Un vampire.
Autrement dit, un monstre, assoiffé de sang, inhumain.
Je me rappelle la première fois que je l'avais vu, son odeur, son sang si attirant. La haine qui m'avait gagné envers cette humaine qui mettait en péril mes années d'abstinences. Plus de 30 ans que je combattais la soif, ce feu qui consumait ma gorge. Mon orgueil en prit un sacré coup, de plus mon inaptitude à lire ses pensés m'avaient troublé et frustré.
J'eu un rire froid sans joie. Mes ongles râpèrent le bois, laissant des copeaux sur le sol.
Je l'avais pensé simplette d'esprit. Quelle erreur ! Après avoir lutté avec contre le monstre en moi, ou l'envie d'arracher la vie à des innocents, durant l'heure de biologie, j'avais réussi à fuir. L'Alaska fut mon repaire durant une semaine, chez les Dénali, à la plus grande joie de Tanya. Joie de bien courte durée, car sachant que ma mère, Esmé, ainsi que le reste de ma famille avaient été blessé par mon départ, je fus obligé de revenir. Mon absence les rendait plus vulnérable, c'était mon rôle de veiller à ce que personne ne s'approcha trop de notre secret. Si on avait trop de soupçons je donnais l'alerte et nous partions. Durant mon séjour, la menace Bella Swan ne paraissait pas aussi grave et insurmontable. Je voulais faire face au mutisme mentale de cette humaine.
Une simple humaine.
Un vrai sourire se dessina sur mes lippes, plus sincère, alors que la faille de ma poitrine s'élargit.
Mais une humaine tellement intrigante, différente des autres. Avec des expressions fascinantes, des réactions déconcertantes.
L'humaine devint Isabella puis Bella.
Il y eut, alors, cet accident où j'avais été obligé d'agir, sur ce parking rempli d'adolescents, j'avais dû la protéger de ce fourgon fonçant sur elle. Elle remarqua que l'anormalité dont j'avais fait preuve– elle fut bien la seule. Pour son bien et celui de ma famille, je l'ignorais, au prix d'un gros effort. Ignorer Bella Swan, n'était pas aisé. Quelle fut ma surprise le lendemain de la voir garder ce qu'elle avait vu pour elle.
J'étais partagé, l'envie de lui reparler devenait de plus en plus forte. Un mois passa ainsi sans qu'elle et moi ayons le moindre contact. Puis vint ce soir, où mon monde bascula. Ce soir où tel un pervers, je mettais glissé dans la chambre de Bella Swan, et avais entendu de sa propre bouche mon prénom. D'abord je crus l'avoir réveiller. Mais non, elle rêvait de moi.
Bella Swan rêvait de moi.
Je me souvins la douce euphorie que j'avais ressenti. C'est à ce moment précis que j'eu la certitude de l'aimer. Bien sur j'avais conscience que Bella ne me laissait pas indifférent – me l'avait elle laisser seulement un jour ? La jalousie qui me consumait quand Mike Newton l'avait invité au bal, suivi de près par Eric et Ben, m'avait fait comprendre et entrevoir le chemin sur lequel je m'aventurais inévitablement.
Mon cœur mort se serra à ce souvenir, m'arrachant un feulement de souffrance. Feulement qui se perdit dans la maison déserté par ma famille, tous à la chasse.
Venu Seattle, où je l'avais suivi, parano et protecteur comme je l'étais, là, elle fut agressé par une bande de…de…
La latte du plancher éclata sous la pression exercée par mes doigts. La colère qui m'envahit me fit voir rouge. Reprenant contenance, je me calmais.
Lors de cette soirée, elle découvrit mon secret, ce que j'étais. Elle était maligne et intelligente. Sa réaction me surprit d'autant plus qu'elle n' hurla pas ni même tenta de s'enfuir. Elle m'avoua même se sentir en sécurité en ma présence. Ce qui eu dont de me faire sortir de mes gonds. Néanmoins, je terminais la soirée le cœur, bien que de marbre et froid, léger de savoir que Bella savait.
Son odeur devint de plus en plus supportable, toujours aussi tentante et appétissante mais l'envie de la tuer pour son sang fut bien vite surclassée par l'envie de sa seule présence.
Ce n'était plus son sang que je désirais, c'était elle toute entière.
La forêt de Fork fut témoin de notre rapprochement, toutes les barrières entre nous tombèrent. J'eu le courage et l'audace de l'embrasser. Son parfum m'envouta, le monstre voulu s'emparer du sang, si prêt, si chaud, là bouillonnant sous ses lèvres. Je réussi à m'en éloigner, la tentation beaucoup moins forte, son sang loin de mes lèvres. Le feu de ma gorge fut le prix du bonheur passé à ses côtés.
Mes lèvres me brulèrent au souvenir de ce baiser, la faille s'élargit, écrasant tout les organes se trouvant sur son chemins, bien que morts ceux-ci m'arrachèrent un cri.
Nous passâmes les jours suivant ensembles, continuant à découvrir un peu plus sur l'autre. Je me ressentais revivre, je me découvris plus humain que ce que je pensais. Non, Bella m'offrait une part de son humanité. Une part de son âme.
Elle rencontra ma famille, chacun l'accueillit à sa manière. Esmé et Carlisle la recevaient comme une nouvelle fille, Alice fut excité d'avoir une amie pour de nouvelles virées shoppings, Jasper la vit de loin encore trop inexpérimenté. Rosalie ne voulut pas être présente, Emmett bien entendu resta avec elle.
Elle ne parut pas effrayer le moins du monde d'être entourer de vampire. Elle s'y accoutuma et écouta avec curiosité et respect l'histoire de Carlisle. Nous l'invitâmes à notre partie de Base-ball, j'aimais le fait qu'elle sache tout de moi. Mais ce doux bonheur s'arrêta.
Mon main saisit le pied du divan noir.
James, vampire nomade non végétarien, accompagné de deux compagnons, apparurent , il remarqua son parfum envoutant, il tenta de l'attaquer, naturellement je lui fis face, protégeant ma bien aimé. Le traqueur y vit là un défi attrayant, sept vampires prêt à se battre pour défendre une humaine. Atteindre son objectif serait donc peu aisé Nous tentâmes de la cacher, mais ce fut Bella elle-même, qui se jeta dans le piège tendu par le traqueur.
Ma prise se referma sur le pied en métal, le tordant et laissant la trace de mes doigts .
Nous arrivâmes à temps, néanmoins, le sadique avait eu le temps de lui laisser une marque. Une marque que je ne pourrais jamais effacer. Il l'avait mordu. Les visions d'Alice se réalisaient, mais ne pouvant l'imaginer, je dus faire abstraction du gout merveilleux et enchanteur de son sang pour la sauver. J'avais toujours fait en sorte qu'elle ne se blesse pas, pour que je ne sois pas tenter. Son odeur était une chose, son sang en était une autre. Pourtant, je l'avais fait, j'avais réussi, l'amour et le monstre ayant combattu, l'un la voulant toute entière, l'autre voulant son sang.
Bella fut emmené à l'hôpital, je me senti coupable de son état : des côtes brisés, une jambe fracturé et bons nombres de coupures. L'idée de partir me traversa l'esprit, se concrétisa durant son sommeil et s'imposa à son réveil. Elle s'y opposa, naturellement. Ayant trop besoin de sa présence, j'étais resté. J'étais bien trop égoïste.
Elle avait même émis le souhait d'être comme moi.
Bella, ma Bella, comme moi. Une vampire, une éternité ensemble.
Le pied du divan se cassa, j'éparpillai les morceaux de métal dans la pièce, laissant le meuble bancale
Non, je le réfutais, qu'importe les visions de ma sœur. J'aimais vor ses rougeurs à chaque fois que je la touchais. J'aimais entendre son cœur s'affoler chaque fois que je l'embrassais. J'aimais tout en elle. Même sa délicieuse maladresse.
Et son âme, si belle, si lumineuse, si pure, si innocente. Je ne pouvais pas lui prendre. On ne pouvait et ne devait pas interdire un ange l'accès au paradis
Ce serait le pécher de trop, damner un ange. Un sacrilège.
Bella resterait humaine.
Nous avions été ensemble au bal de promo, elle avait rouspété, elle détestait danse. Son énervement venait du fait qu'elle s'était imaginée une toute autre chose.
Sa transformation.
Elle était tenace, je l'aimais pour ça, elle paraissait décidée mais Bella n'avait pas conscience de ce que cela représentait. Elle avait une famille et une vie. Une âme. Je n'avais pas le droit.
Qui étais-je pour lui retirer tout ça ?
Si ce n'est qu'un monstre.
Nous étions restés campés sr nos positions respectives. Ni elle ni moi ne voulions s'avouer vaincu. C'était ce qu'on appelle une impasse.
Un sanglot sans larme, se coinça dans ma poitrine.
La nouvelle année scolaire démarra, nous sortions ensemble depuis 6 mois. De toute ma longue existence, je n'avais pas souvenir d'avoir été si heureux. Le jour de son anniversaire arriva, à son plus grand désarroi. Avoir 18 ans, soit 1 an de plus que moi la révoltait, la terrifiait. Je l'avais bien compris que vieillir lui faisait peur, moi, éternel adolescent de 17 ans alors qu'elle vieillissait un peu plus chaque jour. Elle avait peur que l'âge ai raison de nous deux. Mais Bella Swan était la Lune qui c'était levée au beau milieu du ciel noir de ma vie. Je l'aimais et ce, qu'importe son âge.
Alice prépara une fête, au plus grand damne de Bella, je la contrais de faire bonne figure et de feindre la joie pour ma famille excitée par un événement aussi rarissime pour notre espèce. Ma bien- aimée avait été très claire là dessus, pas d'argent dépensé pour elle. La présence de cadeaux plutôt couteux allait causer quelques ennuis. Finalement, les cadeaux posèrent bien un problème mais pas là où je m'y attendais.
Bella se coupa avec le papier cadeau.
Une goutte tomba sur le sol blanc, une seule goutte, d'un rouge vif.
Jasper se jeta sur elle, les yeux fous. Souffle coupé, je m'interposai. Bella fut projetée sur la table . Couteaux et fourchettes se plantant dans son bras délicat, par ma faute. Emmett et Rosalie se chargèrent de mon frère devenu fou, alors que Carlisle s'occupa de soigné Bella.
Je m'en voulu terriblement, ce que nous étions l'avait à nouveau blessé, mis en danger. C'est fois si ce n'était pas un ennemi, c'était quelqu'un de ma famille. C'est précisément à ce moment que l'idée de la quitter s'imposa comme une solution. J'étais un danger, ma famille était un danger, mon monde l'a mettait en danger.
Cependant, la menace Victoria planait toujours au dessus de sa tête, partir signifiait une mise en danger également. J'y pensai une partie de la nuit suivant son anniversaire alors qu'elle dormait. Son sommeil fut quelque peu agité. M'imaginer ne plus pouvoir la toucher, ne plus lui parler m'étaient tout bonnement insupportables pourtant il le fallait. Par amour pour elle, je devais la quitter.
Mais comment ?
Je lui avais démontré maintes fois mon amour. J'avais résisté à son sang, je lui avais composé cette berceuse.
Ma main agrippa le cuir noir du divan, trouant le tissu. Mes ongles laissant des demi-lunes.
M'apparut la solution. L'horrible solution, infâme, irréelle, impensable.
Mentir.
Je devais lui mentir, reprendre tout ce que je lui avais donné, mes promesses, mon amour, mon futur….
Mentir ce trouvait être une chose facile pour notre espèce. Notre survie dépendait de notre capacité à manipuler les gens.
Je m'étais vue contraint de mentir. J'aurais préféré partir, cela aurait été beaucoup moins douloureux, pour elle et pour moi.
Un grand morceau de cuir fut arraché, avant d´être réduit en charpie.
J'avais dû la convaincre, lui faire accepter l'impossible. Il fallait qu'elle pense que tous n'avaient été que mascarade et blasphème.
Que je ne l'avais jamais aimé.
Un cri menaça de s'échapper de ma gorge, derechef, je mordis dans le cuir noir restant.
Ma mémoire vampirique ne cesserait de me rappeler chaque jour ce moment.
Je l'avais emmené en balade dans la forêt, celle qui bordait sa rue. J'avais pris une attitude froide et distante envers elle, depuis son anniversaire. J'avais en quelque sorte préparé le terrain, surtout pour pouvoir me constituer un masque de pierre et de dureté. Je dû prendre 3 jours, 3 jours horriblement longs et douloureux avant de le faire.
Elle ne s'exprima pas sur mon silence inhabituel, elle avait élaboré une toute autre théorie.
Je crachai le morceau de tissu qui était resté coincé entre mes dents. Mes deux mains se saisirent des deux côtés du divan, le broyaient et le déformaient. Pendant que mes dents, plantées dedans tel un chien mordant un ballon, torturaient les sièges.
« Je ne peux pas continuer Bella. » assénai-je
« Pourquoi maintenant ? Ne peux-tu pas atteindre la fin de l'année ? Si tu me transformes maintenant, Charlie… »
C'était bien ce dont j'avais craint, elle était obsédée par ça, et avait pensé que l'accident avec Jasper m'avait fait changé d'avis.
« Ça n'a rien avoir avec cela, la coupai-je. Tu ne comprends pas, je ne veux plus jour la comédie. »
Elle accusa le coup, essayant de se repasser au ralenti mes mensonges.
« Comédie ? »
Je me concentrai sur mes traits. Je ne pouvais pas faillir. Je me pinçais l'arête du nez, fermai les yeux puis continuais :
« Je suis las de jouer un rôle qui n'est pas le mien »
Ses yeux s'agrandirent, choqués.
Un son parvenu à mes oreilles, le métal s'affaissait sous la pression que j'exerçais.
« Tu…tu me quittes ? » Sa voix tremblait, elle n'osait pas le croire.
Je dû puiser dans l'amour que j'avais pour elle pour continuer mon mensonge. Sa sécurité, sa vie, son âme, son humanité, tous cela étaient en jeu.
« Oui, je voulais combler ma solitude, voir si j'étais capable de surmonter la difficulté, mais je ne suis pas humain. Expliquais-je froidement. Je regrette maintenant de mettre autant ta vie en danger, c'était stupide et dangereux. »
Ses épaules se voutèrent, sous le poids de mes paroles. J'eu du mal à ne pas la prendre dans mes bras et effacer la mélancolie qu'affichais dorénavant ses traits.
Le divan se brisa définitivement entre mes mains. Au passage, celui-ci entama les lattes de planchers qui étaient restées jusqu'à là, intactes.
« Ceci dit, Victoria rode toujours, tant que elle ne sera pas mit hors d'état de nuire, je resterais ici. Une fois morte, je m'en irai et disparaitrais définitivement de ta vie. »
Elle déglutissait avec difficulté.
La pluie se mit à dégringoler, doucement, puis plus rapidement.
Elle sentait si bon sous la pluie.
Je grimaçais de douleur puis réaffichait le masque.
« Tu devrais rentrer Bella. »
Elle acquiesçait difficilement. C'était tout ? N'allait-elle pas crier ? Me dire d'arrêter ?
Non. Car elle m'avait cru. Tous mes mensonges.
« D'a-d'accord. »
Et voilà c'était fini de tout. Je parti sans me retourner, craignant que son expression me fasse vaciller.
Le divan vola dans mon mur, dans un fracas assourdissant. À cet instant, j'aurais voulu pouvoir pleurer, extérioriser ma peine, ma douleur. J'aurais voulu crier, hurler ma souffrance, mais ma famille n'était pas loin.
Posée sur la bibliothèque, le cadre avec la photo que j'avais subtilisé à Bella. Nous étions tout les deux dans son salon, j'avais plié la partie me représentant pour n'avoir qu'elle. La faille dans ma poitrine s'élargissant encore et encore. Je tournai en rond avant de me laisser tomber contre le mur près des gravas. J'aurais voulu pourvoir tomber dans le coma ne serait ce que pour échapper à la souffrance.
J'aurais voulu être humain.
Je voulais Bella Swan.
