Salut à tous je commence la deuxième partie de ma fanfic intitulée France à La Neige et Crème Anglaise, ça prend part quelques mois après la fin de la dernière partie. j'espère que ce sera suffisamment compréhensible. Pour ceux qui n'ont pas lu la première partie je pense que vous pourrez quand même suivre sans trop de soucis
Bonne Lecture !
UN CHATEAU EN ECOSSE : CHAPITRE I
De l'héritage inattendu
oO0Oo
Quelques mois plus tard au château de Sirius...
Le bureau où s'entassaient des monceaux de papiers, semblait suer de grosses gouttes depuis les linteaux sombres qui en tapissaient les murs. Le bel homme était appuyé sur le rebord de la fenêtre grande ouverte, tentant peine perdue de capter un courant d'air inexistant pour se rafraichir. Sirius avait coupé ses cheveux aux tempes poivre et sel, arborant fièrement une coiffure parfaite, beaucoup plus conforme à la mode moldue, qui en cet été torride prenait l'ascendant sur les tenues traditionnellement austères de la gente sorcière.
Un soupir las lui souleva la poitrine, il passa une main baguée dans sa chevelure.
— Je ne sais vraiment pas quoi faire Sev, je pensais que c'était une blague mais la filière écossaise de Gringotts m'a assuré avoir déjà enregistré un testament d'une Ingrid McRowan.
— Sans pour autant parvenir à le retrouver je présume, et ces pecquenauds ont au moins essayé de faire tracer le hiboux ? demanda l'autre homme en fronçant les sourcils et en se passant une main sur le menton.
— Non, ils m'ont juste transmis l'attestation de décès, les numéros de compte de la vieille et ce parchemin. Sirius porta à ses lèvres un verre d'eau plein de glaçons et savoura la sensation de fraicheur lui descendre le long de l'œsophage. Ses yeux retombèrent sur le parchemin à moitié détruit que lui avait amené le strigidé gris.
De Rage et de Cœur
Tout est à toi maintenant
Pourvu que tu viennes le revendiquer
— Et elle avait de l'argent au moins ?
— Un paquet ouai, cinq mille Gallions tu t'imagines sans compter qu'on sait toujours pas ce que ça vaut ça, fit-il l'air blasé en secouant le papier gris.
Severus rit un peu, chose qui ne lui arrivait que très rarement et juste en présence de son ancien ennemi. Il avait un rire chaud qui lui détendait les traits. En réponse Sirius ne put s'empêcher d'étirer un petit sourire et lui fit briller les yeux.
— c'est tout de même incroyable qu'une femme dont tout le monde ignore l'existence, meure en laissant un monceau de fric à un héritier qu'elle n'a jamais vu, comment diable peut-elle même savoir qu'il est de sa famille ?
— Ah non mais ça je sais, en fait elle avait tout légué à Lily, qui a tout légué à Harry donc par transition même si elle n'est plus là, les héritages qu'elle touche lui reviennent de droit.
Perplexe le Maitre des Potions fronça les sourcils.
— Mais… tu as bien dit que la lettre venait d'une filiale Gringotts, je croyais que Lily était de sang moldu.
Au bout du rouleau, Sirius s'éventa avec quelques feuilles de papier, il semblait prendre conscience de l'ampleur de la tâche. Severus reprit, toujours nonchalamment assis dans son grand fauteuil.
— sans compter que le nom de famille de Lily était Evans et non pas McRowan, mais si tu dis qu'elle est inconnue au bataillon il y a fort à parier que ce soit un nom d'emprunt ce qui annule toute tentative de recherche. L'ancien Gryffondor jeta les papiers sur son imposant bureau et réfléchit quelques instants, triturant le pommeau de sa canne. Enfin il releva la tête et hasarda :
— qu'est-ce que je fais alors, je laisse tomber ?
Severus pianota sur le bureau,
— à mon avis ça mérite réflexion… tu ne sais absolument pas de quoi Potter a hérité, et à ta place j'essaierai d'éclaircir ça, imagine qu'un jour on vienne l'accuser d'activités illégales se déroulant sur une propriété dont il n'a même pas connaissance.
— tu as raison, eh bah bigre j'avais vraiment pas besoin de ça avec cette fichue réunion des italiens que je dois en plus organiser… mais nous ferions mieux de sortir, Allons sous les arbres, Kreattur nous servira à boire et il y fera moins chaud qu'ici.
Severus acquiesça même si lui en général ne souffrait pas de la température étouffante. Il est vrai que cette fin de juillet était particulièrement lourde, le ciel d'un bleu dur sans un nuage laissait le flot de chaleur se déverser pesamment, alors que pas un souffle ne rafraichissait l'air. Pas la moindre averse n'était tombée depuis deux semaines, et l'on atteignait là un paroxysme de chaleur, mettant même les plus bonhommes des vacanciers estivaux à cran. Les deux hommes descendirent les escaliers en pierre du 109 allée des Saules. Sirius avait vendu le square Grimmaurd il y a de cela quelques années déjà pour acheter ce splendide manoir en grès blanc dans une banlieue paisible de Londres. L'ancienne bâtisse de Blacks était trop vétuste, sombre et encombré de mauvais souvenir pour que lui et Harry y vécussent à leur aise. Elle ne convenait guère d'ailleurs à ses nouvelles fonctions de ministre des affaires étrangères.
Cette nouvelle demeure s'étalait gracieusement au bout d'une allée bordée de cyprès, l'aile principale suivait en prolongeant et s'ouvrait au nord en grandes baies vitrées sur un étang poissoneux qui se perdait sous les épaisses frondaisons des saules pleureurs et des cornouillers stolonifères. Cette partie du château était flanquée à l'est et à l'ouest de deux tours jumelles dont l'une abritait un pigeonnier. Deux petites ailes coudaient un peu le rectangle principal à l'entrée dont l'une était en partie occupée par les quelques dix elfes de maisons employés par le Ministre. Comme l'avait dit Harry narquoisement, Sirius n'avait certes pas besoin de si gros, et il ne savait pas toujours que faire de ses quinze chambres mais l'héritier Black avait les moyens et après avoir vécu dans la misère et le dénuement pendant tant d'années il s'estimait avoir tout à fait en droit de profiter des avantages de sa considérable paye, et de ses nombreux héritages. Et Harry au final ne s'en plaignait jamais, fléchissant malgré lui au charme des matins sur le lac, et du soleil à travers les branches.
Ils longèrent le long couloir au parquet clair et sortirent en plein soleil, quittant trop vite l'ombre du château pour se réfugier sous une tonnelle ombragée, au bord de l'eau. Ils prirent place sur les chaises soupirant d'aise en sentant le léger frais qu'apportait la proximité du lac et Sirius demanda à l'elfe bougon qui les avait suivi jusque là.
— Kreattur, vas dire à Dila de nous envoyer à boire s'il te plait. La créature lui jeta un regard haineux, suivi d'un amoureux en direction de Severus puis s'éloigna en trainant les pieds.
— Tiens tu ne t'en es toujours pas débarrassé de celui là ? s'étonna le professeur. Sa dévotion me laisse douteux…
— Ne t'inquiètes pas, ils sont mieux traités ici que n'importe ou ailleurs et avec son sombre passif, Kreattur sait qu'il n'aurait rien de mieux qu'un emploi de nettoyeur à Azkaban. Par contre tout ce que je casque pour eux…
— Ah ah c'est vrai qu'elle a pas perdu de temps pour faire imposer sa loi, la Granger, combien tu payes ?
— deux mornilles chacun, par mois. Severus se remit à rire en voyant le visage pincé de Sirius lorsqu'il annonça le chiffre, qui n'était pourtant qu'un fétu de paille dans son immense fortune.
— Ah Ah Ah mon ami, se moqua t'il, si seulement j'avais ta fortune là au moins je trouverais des raisons de me plaindre.
— Tu pourrais l'avoir… argua Sirius en haussant un sourcil, avec tous les postes qu'on t'a proposé au Ministère mais tu t'obstines à rester professeur.
Enigmatique, Sev haussa les épaules et but une longue rasade du verre d'orangeade qui venait d'apparaître sur la table en fer forgé. Pour rien au monde il n'avouerait qu'il commençait à s'y faire à tous ces mioches incapables qu'il voyait défiler chaque année. À ce moment précis, Harry débarqua en sueur, torse nu et essoufflé, jogging large et baskets. Surpris Rogue se leva de sa chaise une grimace inquiète sur le visage et inspecta le voisinage cherchant une quelconque menace.
— Ne t'inquiète pas Sev, il fait juste du sport c'est sa nouvelle lubie. Qu'est ce que tu feu villeul du grand Sirius allons parle !, s'amusa l'homme en s'alanguissant comme Héliogabale dans ses roses.
Rogue leva les yeux au ciel en se rasseyant,
— Justement ô parrain, je voulais vous informer que je retournais m'entrainer avec Méphistolès, je mets tout un tas de protections donc si vous voulez passer lancez un sort d'avertissement pour que je puisse vous ouvrir. À ce soir, et à bientôt beau-p… euh professeur Rogue.
Il s'enfuit vers le château toujours en courant d'une foulée bien élastique, ruisselant mais obstiné même sous cette mortelle chaleur. L'ancien Serpentard lui jeta un regard gentiment agacé, depuis qu'ils n'étaient plus en cours ensemble et qu'il venait souvent rendre visite à Sirius au manoir, leur relation évoluait doucement vers la cordialité. Il n'empêche qu'il avait envie de l'étrangler quand il faisait semblant de l'appeler beau-père.
— C'est qui ce Méphisto, un nouveau mec ?
— Ah ça par merlin, s'exaspéra Sirius, c'est une espèce de brute épaisse qu'il a rencontré dans un cloaque de l'allée des embrumes, et qui fait des joutes clandestines. Il l'a pris comme soi disant maitre d'armes.
— Ah merde, oui c'est vrai qu'il veut toujours partir en Argentine sous ta juridiction ? Le coup avec Dwight et tout ça ? C'est pour ça qu'il s'entraine ?
— Non mais tu n'imagines même pas ! Il se lève à l'aurore pour courir, il fait du cheval, il s'entraine des heures à la magie, mange à peine et s'enferme des nuits entières soit avec ce Méphistolès, soit avec Dwight et quelques autres pour étudier les dossiers argentins.
Sirius avait l'air un peu torturé, et son ami, de bonne composition guida la conversation pour qu'il s'exprime sur le sujet.
— Eh bien, je trouve que c'est une bonne idée non ? Peu de jeunes ont la chance de partir sous l'égide du gouvernement, chargé de mission à son âge. C'est normal qu'il se prépare comme ça.
— Mais il a eu huit Optimal à ses buses Sev, Harry, mon Harry qui était incapable de rester concentré plus d'une heure. Mon Harry, qu'il fallait tirer du lit, houspiller à réviser. Tu te rends compte, avant dès fois il dormait toute une matinée, il restait assis des heures devant le lac sous des arbres, le nez dans les fleurs, il écoutait de la musique, il rigolait, il buvait. Maintenant il est poli, sarcastique, froid et il utilise intelligemment et efficacement la moindre parcelle de son temps. Brr, frissonna le grand Black, c'est effrayant.
— ce qui est effrayant c'est que toi ou Lucius ayez exactement les mêmes réactions et que je sois obligé de me farcir vos problèmes de gosses alors que si je n'en ai jamais eu c'est précisément pour éviter ça, cingla gentiment le professeur de potion qui regrettait déjà son acte de bonté.
— pardon, mais tu es sérieux pour Lucius ? demanda Sirius tout affolé, une lueur d'espoir traversant ses yeux bruns
— évidemment vous êtes comme tous les parents, obnubilés par votre progéniture. Mais Bref, tu as une idée d'où pourrait venir son problème ? Questionna t'il tout en se gardant bien d'énoncer les idées qu'il avait derrière le crâne.
— Aucune, il ne me parle pas, et je n'ai pas grande expérience non plus, il n'a jamais été comme ça Sev tu comprends je ne vois pas… ,
Le dit Sev sentit la nausée refluer,
— STOP ! Plus un mot d'angoisse parentale ou je vomis, dis moi plutôt si ce brave Potter est au courant que sa fortune de petit péteux de privilégié vient encore de s'accroitre sans qu'il ait eu à bouger le petit doigt.
— Pas encore, je le lui annoncerais tout à l'heure, j'aimerais bien débarquer en plan pendant l'une de ses séances avec ce Mephisto de malheur pour voir de quoi il en retourne, mais il arrive maintenant à créer des protections d'une sacré efficacité.
— Oh oh tu m'intrigues là Black, ce morveux ? Des protections fiables ? J'en doute, rit Severus tout amusé par sa rivalité avec Potter.
— Tu veux parier ? J'ai passé une heure à essayer la dernière fois avant qu'il ne me surprenne en sortant de sa séance, j'ai du inventer une excuse bidon…
— j'imagine parfaitement l'air nigaud que tu devais avoir mon brave, on y va ?
Ils bondirent sur leurs pieds et finirent rapidement leur verre avant de se diriger à grandes enjambées vers le sous-sol du château.
Severus se frotta les mains, et commença à disputailler la récompense.
— si tu y arrives, je te lâche la cheminée privée d'Ygena.
— Bâtard, je ne suis pas aussi désespéré… et… je l'ai déjà.
— Quoi ? eh bien celui de Dorothée, la blonde du département com' alors elle te plait pas ?
Severus secoua la tête en grimaçant.
— Non… Je veux Elie, de la compta.
— Tu charries Sev, tu sais combien de temps ça fait que j'y travaille pour l'avoir ?
— Je m'en fous, c'est elle ou tu te débrouilles tout seul pour déloger Potter des caveaux de l'enfer.
Sirius cracha par terre et eut un mouvement de dédain avec sa main.
— ça va, ça va, tu l'auras sa fichue cheminée… et moi j'ai quoi en retour si tu te plantes comme ça ne va pas manquer d'arriver ?
Le professeur s'arrêta en plein milieu de l'allée sous le soleil et attrapa à deux mains la légère chemise de soie bleue sombre de l'ex Gryffondor, collant presque sa bouche à son oreille.
— Ce que tu as toujours voulu Black… susurra t'il d'une voix rauque que l'autre ne lui connaissait pas.
Sirius rougit instantanément sans rien dire, il était troublé. La présence trop proche le troublait. Mais l'autre le repoussa doucement laissant échapper un rire clair.
— Mon Délie-Langue Sirius, le véritaserum légal, cette potion dont je suis l'unique détenteur. Je t'en offre une fiole… non deux ! Qu'en dis-tu ? Peut-être qu'avec cela Potter te racontera enfin ses problèmes.
Bon prince, Black s'inclina
— Je ne peux qu'accepter une telle offre.
Ils descendirent rapidement les quelques marches et ouvrirent une première porte, qui s'ouvrait sur une pièce en pierres sombres totalement vide. En face une grande arche derrière laquelle une autre immense pièce vide semblait béer. Joueur, Sirius resta un peu en retrait, se contentant de répondre par l'affirmative lorsque Sev s'enquit du chemin à prendre. L'ancien Serpentard se dirigea sans se douter vers l'arche et…
— Ah ! Espèce de con tu n'aurais pas pu me le dire !
Sirius était plié comme un gros gamin, et lui fit signe entre deux hoquets de rire de commencer le travail. C'était assez difficile il faut dire et Severus se mit à la tâche tandis que son soi disant ami s'asseyait par terre, le regardant trimer. Harry avait entrelacé tous ses sorts à la pierre de l'Arche, il y en avait un pour cacher à la vue, l'autre à l'ouïe, le troisième au toucher. Plus un protecteur, un solidificateur et visiblement un sort d'alerte de magie avec lequel il fallait déployer maintes et maintes précautions.
— Eh bah, il connaît son affaire y a pas à dire.
— tu vois… soupira Sirius tandis que l'autre observait tranquillement tout cet enchevêtrement.
— Mmh… dommage qu'il n'ait pas été aussi doué en potion qu'en sortilèges…
Il se pencha sur l'ensemble qu'il exhuma de l'invisible d'un révélio bien senti. L'une des solutions serait de… mais… réfléchit-il à voix haute.
Harry avait prit garde à ne pas les superposer trop simplement de manière à ce que les flux d'énergie ne soient pas aisément dissociables. C'était indiscutablement de la grande magie à laquelle nombre de sorciers renommés étaient imperméables mais lui, il était Severus Rogue. Le Sorcier de l'Ombre, Le Prince de Sang Mêlé, qui certainement était après Dumbledore, l'un des magiciens les plus puissants de l'Europe. Le sort d'alerte était posé transversalement, car Harry avait pris garde de ne pas le mélanger avec d'autres. Il ne fallait pas risquer une interception du signal. Certainement mais du coup cela créait une brèche dans le bouclier imparable. Deuxième erreur, le sort de masque auditif était un enchantement, pas un sortilège. Eh oui les amis, différence majeure pour un sorcier un peu rompu à l'affaire. Car l'enchantement c'est bien pratique, ça a plein de fils qui emberlificotent tout et rendent d'aspect le piège indestructible. Mais erreur commune, du moins pour les rares sorciers arrivant à un tel niveau de pratique, ils ignoraient qu'en réalité un basique sort d'alerte ne fonctionnait eh bien justement… qu'avec les sorts.
— Sir… Viens voir, j'ai besoin de ton aide. Tu vois la source d'ancrage entre les deux pierres là ? J'ai besoin que tu la neutralises vite fait.
— Hein ? Comment ça ? Oui je la vois mais…
— Eh bien la magie de troisième type Sir, la magie chirurgicale microscopique, une section nette et hop, aller pendant que moi je stabilise le sort d'alerte pour pas qu'il nous grille par mégarde ! Sirius baissa les yeux.
— Jconaipalmagidtroisièmtyp'
— Quel ignare bon sang, on apprends ça à tous chercheur digne de ce nom mais excuse moi, tu ne fus que vulgaire Auror pendant longtemps. Stabilisation d'un sort tu connais ? Le Ministre lui renvoya un regard meurtrier et lui donna une bourrade avant de se mettre à sa place et de stabiliser le truc.
— Tu vois, regarde Secto et absorbo, l'enchantement se résorba « comme » par magie. Et maintenant, sans ce maillage le tissage est tout mou et tout lâche, je vais créer une distorsion et hop voili voilou, lies-moi tout ça au masque auditif. Ok. circulare tortio.
Peu à peu la vision des deux hommes arriva dans la pièce adjacente et la scène leur fit écarquiller grand les paupières. Harry était perché sur une longue table de bois brut ou les vestiges de repas s'entassaient comme renversés par un typhon terrible. Devant lui, l'immense Méphistolès brandissait un sabre étincelant pointé sans faiblir sur le Survivant. Ce dernier sauta vers le haut et s'enroula en un salto brouillon mais rapide, échappant de peu à la pointe acérée qui cherchait à lui perforer le cou. Il tourna juste assez pour y échapper cependant, et assena en plein vol un coup de pieds sur la main qui tenait le sabre. Méphistolès le lâcha mais avec une ahurissante vélocité attrapa la cheville du Gryffondor et pivota. Ce dernier s'écrasa à plat dos sur la pierre nue avec un énorme bruit sourd couplé d'un cri de douleur. Sans s'en soucier outre mesure son grand maître d'arme sauta sur lui, écartant les genoux d'une main implacable et lui maintenant le visage au sol presque écrasant, sans un mot ni un geste de compassion. La scène avait duré à peine quatre secondes mais Sirius en avait assez vu. Voir cette grosse brute plaquer sans ménagements son filleul sur le sol ne lui convenait guère.
— Harry !
Ce dernier tourna une fraction de seconde les yeux, poussa un juron et repoussa aussi sec Méphistolès avant de leur tourner le dos pour murmurer une petite incantation.
— pourquoi n'avez vous pas sonnés parrain, demanda t'il la voix encore hachée des chocs violents infligés.
— J'ai essayé mais tu ne répondais pas, mentit Sirius et puis nous étions pressés alors Sev' m'a ouvert mais viens qu'as tu ?
Rogue les sourcils froncés prenait peu à peu conscience de la véracité des dires de son ami. Visiblement la situation dans la tête de son ancien élève était problématique. Il resta cependant coi et un peu en retrait laissant le parrain gérer la situation, se contentant de surveiller étroitement Méphistolès. Harry se retourna conservant un semblant de panique sur les traits mais s'efforçant de paraître souriant.
— Tu vas bien ? J'ai cru que tu avais un cocard… supposa le Ministre en tendant le bras vers le visage du Sauveur, qui paraissait indemne de toute trace. Ce dernier esquiva nerveusement la main et se recula.
— Eh non, tu vois je vais bien.
— Tant, mieux, vous ne faites pas semblant vous ! , lança t'il couplé à un regard furieux vers Méphistolès qui lâcha un ricanement terrifiant.
— Bien parrain, qu'y avait il de si urgent que vous n'avez pas pensé à me dire tout à l'heure, s'agaça le brun.
— Suis-moi en haut, j'ai à te parler en privé.
Ils montèrent tous les quatre et en un regard avec l'actuel Ministre, Severus fit comprendre qu'il resterait avec le bourreau. Harry s'était départi de son air plein de reproches pour avoir été interrompu en pleine séance et s'enfila un long verre d'eau. Si il avait relevé les yeux à ce moment là, l'ancien Maraudeur aurait pu s'apercevoir que les bords du verre, lorsqu'ils s'approchaient des lèvres du Gryffondor se floutaient comme à travers un mirage. Mais il n'en fit rien et ferma soigneusement la porte de son bureau avant de tendre la vieille lettre à Harry.
— Félicitations mon grand, tu viens d'hériter de Cinq mille Gallions plus de choses diverses et variées… Le Survivant releva un regard mortifié.
— Oh mon dieu mais qui est décédé ?
— oh non ! Non ! N'aies pas peur, enfin je doute que tu la connaisses. Une dénommée Ingrid McGowan qui avait tout légué à ta mère, ça te reviens donc de droit.
— Effectivement son nom ne me dit absolument rien… Harry lut les quelques lignes et retourna le papier.
Chère Héritière
Tu seras sans doute étonnée de recevoir tout ça de la part de quelqu'un que tu n'as vu que deux ou trois fois dans ta vie. Et sans doute m'as tu oubliée. Mais je me souviens encore de tes yeux vifs et des horribles cris de ta sœur. Donc voilà, crois le où non mais tu es ma seule héritière de sang possible. Je te souhaite bien du courage, et te laisse en bonus le plan détaillé d'Erdel Rock, tu en auras besoin en cas de guerre de clan. Mes Hommes sont courageux bien qu'affreusement indisciplinés et j'espère qu'avant que tu reçoives ce papier nous aurons eu le temps de discuter pour que tu soies moins perdue.
Amitiés.
I. McRowan.
— Eh bien Harry mais que fais tu ?
— Eh bah je lis, vous avez vu ce plan, c'est celui d'un château, il n'y a pas d'échelle mais il a l'air immense !
— De quoi tu parles Harry enfin, il n'y a rien ici !
— vous ne le voyez donc pas ? fit Harry en tendant le papier que son parrain examina sous toutes les coutures.
— Euhm non… mais ce doit être liés aux testaments magiques, à mon avis seul l'héritier peut lire ça. Ils s'assirent tous deux et commencèrent à converser cherchant à savoir quoi faire avec cet héritage plus que mystérieux.
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Plus loin dans le château
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— Je n'ai pas souvenir de vous Méphistolès, vous êtes passés par Poudlard ?
— Non, j'étais à Gerlings, j'ai fait mes cinq ans là bas.
Severus leva un regard impitoyable pour l'immense homme qui lui faisait face et sans une once de crainte, demanda
— c'est beaucoup cinq ans là bas, et qu'avez vous fait après ?
Meph ricana
— J'ai été mercenaire, lutteur, et maintenant eh bien je suis… maitre d'arme. On s'assagit avec l'âge.
Severus s'assit, Gerlings était la maison correctionnelle des jeunes délinquants magiques. Y passer cinq ans était inhabituellement long, pour y être resté une telle durée, il y avait eu meurtre, violences graves, complots ou peut être même les trois. Il le détailla longuement. Méphistolès faisait un bon mètre quatre vingt dix, et devait peser dans les 80 kilos ce qui n'était pas énorme, peau de bronze toute lisse le haut de son corps torse nu lui laissait la voir couturée de centaines de cicatrices. Les muscles étaient sauvages, secs sans un gramme de graisse. Il avait un visage qui eut pu être beau, régulier, étonnamment épargné avec un nez assez fort mais droit et pointu, une mâchoire puissante bien dessinée quoique légèrement masquée par une barbe noire taillée courte. Il avait les oreilles bien abimées, des dents pointues très blanches mais le problème c'étaient ses yeux. Un peu en amande, d'un noir vif ourlés de cils qui l'étaient tout autant et encadré par deux sourcils anguleux. Sauf que l'expression en était terrifiante, brutale, sans intelligence autre qu'une sorte de malignité sarcastique. Il semblait abriter une fureur incontrôlable qui ne demandait qu'à jaillir et épuisait toutes les ressources de son être pour savoir comment et sur quoi s'exprimer. Pour la première fois de sa vie, Severus Rogue éprouva de la crainte empathique pour l'ancien élève qu'il avait détesté toutes ces années. Soit Harry était aveugle, soit ses pulsions autodestructrices prenaient un tournant bien trop concret.
Après un petit moment ou les rares mots échangés lui apprirent seulement que l'homme avait trente ans et venait d'Arménie, la voix trop nonchalante d'Harry retentit dans le salon.
— Méphistolès ? On y retourne ? Severus se retourna vivement pour voir son ami et le dit Gryffondor arriver paisiblement. Le mercenaire se leva, s'inclinant courtoisement sans se départir de son ironie cynique et hocha la tête. Les deux jeunes s'éloignèrent en marchant côte à côte, le plus grand faisant craquer ses phalanges sans que Potter ait l'air de s'en inquiéter outre mesure.
— Je te demande pardon, dit le Maitre des Potions une fois seul avec son ami.
— Pourquoi ?
— Il faut vraiment que tu tires Harry de ce mauvais pas.
Les deux hommes la mine grave s'en retournèrent d'où ils étaient venus, devisant sur les choses de la vie qu'en avançant en âge ils voyaient de plus en plus sous le même angle. Cette activité leur prit toute la fin de l'après midi et une bonne partie de la soirée, qu'ils passèrent sous les étoiles à déguster les savoureux plats orientaux cuisinés par Amira, une petite elfe iranienne qu'Hermione avait recueillie dans son association et placée presque de force chez Sirius. Il ne s'en plaignait pas et c'est en grignotant du bout des doigts quelques pâtisseries à l'eau de rose que Severus demanda, alors que la conversation rebouclait sur l'état psychologique de Potter.
— Justement, Granger et Weasley sont ses amis non ? Où sont-ils à l'heure actuelle ?
— En vacances avec les parents de celle-ci. De toute façon, Harry ne veut plus guère les rencontrer, il dit que c'est une perte de temps.
Severus songea que lui n'aurait pas dit le contraire mais il se creusa la tête et décida finalement de tout avouer.
— Tu sais Sirius, je pense savoir quelque chose qui pourrait t'aider à comprendre … ses yeux se fixèrent sur la constellation du Dragon, brillante pour l'heure au dessus de leurs têtes sans se douter des significations qu'elle pouvait revêtir pour leurs filleuls respectifs. Tu te souviens de ce que je t'avais annoncé à noël dernier ? Quand j'étais en France avec les septième année ?
— Euhm…
— Sur Harry et Draco
— Ah oui qu'ils étaient ensemble, d'ailleurs je n'en ai plus guère entendu parler après cet épisode.
— Justement, par ce que tu n'étais pas à l'école, mais Poudlard en a subi les répercutions. Ils étaient tout le temps fourrés ensemble en France, on ne les séparait plus et ça m'emmerde de le dire mais ça a rapproché les deux maisons de manière bénéfique. Plus de mesquineries, des groupes de travail, au retour pareil et ça a continué un peu, je dirais trois ou quatre semaines après la rentrée. La vieille McGo n'en croyait pas ses yeux, tout ce que Dumbledore n'avait pu réaliser même au prix de constants efforts arrivait comme par magie sous sa direction. On a aboli les tables séparées dans la grande Salle, c'était frappant. Puis, ça a du se gâter entre eux, ils étaient distants et comme toute l'École avait les yeux fixés sur eux l'ambiance générale s'est assombrie comme une trainée de poudre. Les septièmes années Gryffondor et Serpentard se sont séparés influençant les autres. Les cours sont devenus lugubre même pour moi c'est te dire, il n'y avait plus les tensions d'avant, ni la joie qui avait suivie, juste une sorte de tristesse et de désillusion. Ensuite, je ne sais pas ce qui s'est passé, je pense qu'ils ont décidé de s'effacer, je crois bien qu'ils n'étaient plus ensemble, les deux étaient tristes comme des pierres, ils ont abandonné leurs rôles de leaders qu'ils tenaient depuis les premières années et voilà. Petit à petit les relations sont redevenues amicales, Granger et Zabini tous les autres se sont remélangés et c'était reparti de plus belle. Comme si ils avaient eu peur que cela s'en aille.
— Eh bien et alors tout est bien qui finit bien non ? , s'étonna Sirius qui ne comprenait pas encore.
— pour l'école oui, et je tire mon chapeau à Harry et Draco par ce que je pense que ce sont eux qui ont dit à tout le monde de les oublier et de ne pas gâcher cette révolution, pour leurs problèmes personnels. Mais eux, ils sont restés éteints un long moment, un mois peut être deux surtout Potter et ensuite il s'est reprit, Draco aussi, ils se sont acharnés au travail, au Quidditch. Ils ont repris leur règne mais sans plus jamais s'adresser ni paroles, ni piques, ni insultes sans même s'évoquer l'un l'autre. En potion ils s'asseyaient chacun à un bout de la salle, ne s'adressaient pas un regard. À part ça tout allait bien. Mais il y avait ça, et ça a duré jusqu'à la fin de l'année.
Le silence se fit entre eux, tandis que Sirius analysait et concluait aisément.
— Putains de Malefoy ça vient vraiment toujours d'eux les emmerdes, si j'avais su j'aurais interdit à Harry de sortir avec lui.
— Tu n'es pas content de savoir ce qui cloche ? Tu vas pouvoir tout arranger maintenant que tu es au courant non ? fit Severus en se redressant et en regardant son ami dans la pâle lueur bleutée de la nuit.
— Que veux tu que je fasse, c'est idiot à dire mais c'est un chagrin d'amour qui dure. Je ne peux rien y faire, avec sa fierté pas moyen d'en discuter, je ne vais pas le forcer à rencontrer d'autres hommes. Il n'y a que le temps qui effacera ça.
— Avec ce psychopathe de Méphistolès qui rôde dans les parages, je te conseille de parier sur quelque chose de plus fiable et rapide que le temps mon ami.
— Peut-être qu'il l'aide au moins un peu à oublier.
— Sirius, tu sais qui est Méphistophélès chez les moldu ? L'un de sept princes de l'enfer, celui qui pousse Faust à vendre son âme au diable. La ressemblance de nom est très frappante, trop à mon gout. Tu devrais surveiller qu'Harry ne s'y perde pas lui aussi. Surtout s'il doit partir bientôt de sous ton toit.
— Tu es un ami précieux, Sev et moi un homme ingénieux. On y arrivera.
— Tu y arriveras, ne me mêle pas à tes problèmes, et puis il se fait tard je dois rentrer Jenny m'attends sans doute.
— Comme tu veux, une chambre est pour toi sinon tu le sais. Je ne te l'ai que trop dit.
— Soyons raisonnables, je ne peu pas commencer à dormir ici sinon je n'en partirais plus et nous donnerions raisons à ce crétin de Potter qui m'appelle déjà beau-père à chaque fois qu'il le peut. Les deux hommes se levèrent et se donnèrent une accolade franche et chaleureuse, l'amitié avait sacrément du bon. Puis Severus se leva et disparut, transplanant avec rapidité.
