Je suis arrivé dans le 63e district du Rukongai.

On m'a attribué une case, à l'extérieur de la ville, et on m'a donné un peu de temps pour me remettre de ce qu'ils appellent couramment "le voyage".
La mort.

Peu d'entre-nous s'en souviennent longtemps, mais cette séquence restera gravée à jamais dans ma mémoire.
Tout d'abord...un son...des cloches.
Puis des cris, des cris d'effroi.
Je me souviens.

[...]

"YAAAAAHHAHHH ! "

J'ai pris ce que j'avais sous la main, un vulgaire panneau de bois, et je suis parti chercher ma sœur qui jouait dans le centre du village.

Des cavaliers, des armes, du sang, la mort partout autour de moi.
Je me sentais ivre, perturbé, touché par ce qui se passait.
Puis je l'ai vue. Non, ce n'est pas vrai, je l'ai entendue. "ARAMATUUU AIDE MOI".

Ma vision s'est éclaircie.
J'étais tout à fait incapable de dire ce qui se passait autour de moi, mais je la voyais, elle.
Elle était transportée à l'intérieur de la bâtisse principale du village par deux hommes armés, qui se moquaient de la faible force de leur prise.

Je me suis vu ensuite réagir. Je n'étais plus maître de moi-même.

J'ai foncé dans la bâtisse, percuté le premier violeur par l'arrière, l'assommant à moitié.
Le second, étonné par mon arrivée, a lâché ma sœur.
"SAUVE-TOI !" Ces seuls mots sont sortis de ma bouche, et je me suis retourné vers l'agresseur encore debout.
Il a baissé le regard sur mes mains, a vu que je ne portais aucune arme, puis a souri.
Il me tournait autour, me parlait, et pendant ce temps, je savais que l'autre reprenait ses esprits...
Je n'ai pas eu le choix. je me suis jeté sur lui de toute mes forces!
Le panneau de bois s'est fendu, mais l'épée est restée plantée dedans. Je l'ai lâché, me suis glissé derrière l'homme et j'ai attrapé son cou entre mon avant-bras et mon biceps droit.
Il s'est défendu...mais j'étais fort ! Il me tapait, mais je ne ressentais que la rage de sauver ma sœur.
Je me sentais invincible !

Mais je me trompais...
Un coup de poignard dans mon dos m'a prouvé mon erreur.
Le soldat étourdi ... J'aurai dû m'en douter, j'aurais du le voir ! Mais non, je n'étais pas moi-même...
Alors que les forces me quittaient, j'ai tourné fort la tête du soldat sur lequel j'avais prise, j'ai entendu un crac satisfaisant, et me suis retourné vers le premier homme, qui s'était reculé au niveau de la porte d'entrée.

Je vacillais, trébuchais, je me sentais mourir.
Mais j'avais sauvé ma soeur ! Je l'avais protégée ! Elle était sauve, elle s'était enfuie...

Mais même cela me fut enlevé lorsque, dans mon dernier regard avant de sombrer, je l'ai vue, poussée dans la bâtisse, par un troisième homme...

Je ne me souviens pas de la suite.
Je crois que j'ai été profondément choqué par le probable viol de ma sœur par ces brutes assassines sous le regard de ma forme astrale.
Je crois que je suis devenu fou, comme un hollow.

La chose qui suit dans ma mémoire est un homme habillé de noir qui dit "Pffiou, bah il était temps. Un peu plus tard et j'aurais dû le tuer."

[...]

Et me voilà, nu, arrivé au Rukongai avec comme seul souvenir de n'avoir pas pu la protéger, pas pu la sauver.
Je crois que j'ai pleuré, longtemps, là où je suis arrivé.
Un homme est arrivé, et m'a recueilli. J'ai passé trois jours sans sortir une parole cohérente, il m'a raconté. Ensuite j'ai pu comprendre où j'étais.
Comment vivre après avoir vécu ça? Comment avoir la force de vouloir vivre?

C'est pour cela qu'ils m'ont attribué une case à l'extérieur du village.
Personne ne la veut parce qu'elle est en ruine...
Moi elle me va.
Je veux juste un endroit où pleurer et mourir.

Mais en arrivant, je vois trois jeunes enfants qui vraisemblablement y habitaient déjà.
Ils sont en guenilles, ne m'ont même pas remarqué.

"Dans quoi suis-je tombé? Quel est-ce monde où des enfants sont laissés à eux-même?"

Puis j'entends un léger son, rauque, tremblant ... "Faiiimmmm."
Faim? Mais une âme ne peut pas avoir faim...

Malgré cet état de fait, je suis conscient que moi aussi je suis victime de cette faim. Je commence à me sentir fatigué.
Proche de la case, il y a quelques arbres fruitiers, je m'arrête, en cueille certains grâce à ma grande taille, et repars vers la case, où je les partage avec les trois enfants présents.
J'apprends qu'ils sont nés ici et qu'ils ont été rejetés suite à la mort de leurs parents. Ils ne savent que leur nom.

Mourir? C'est donc possible, ici aussi.

Mais j'ai trouvé une raison de survivre.
Je vais protéger ces enfants, comme s'ils étaient mes frères et sœurs, et leur donner une chance de vivre !

[...]

C'est ainsi que j'ai connu Antarésia, Gurudashi et Ilana...