VIOLIN

Voilà quelque chose qui m'est venu comme ça, je ne sais pas trop comment et que je trouve soit niais soit incomplet, bof, bof…

J'ai fait beaucoup de recherches pour ce petit machin (musique, villes, instruments, aéroports, salles de concert…) pour que ce soit plus réel et je me suis même basée sur l'analyse de Wiki pour certaines œuvres, n'y connaissant strictement rien en musique classique mais adorant en écouter.

Donc, plusieurs choses à vous dire, qui sont très IMPORTANTES, j'aimerais que vous les lisiez pour qu'il n'y ait pas de malentendus, merci (keur):

-J'ai hésité pour le personnage principal : j'ai choisi Himuro. Il est un peu froid au début mais c'est parce qu'il est vraiment rempli de son art mais il est pourtant agréable : je ne voulais pas le faire trop, trop gentil et excité (comme si j'avais choisi Takao) ou trop, trop froid comme on voit parfois. J'espère que j'aurai respecté mon challenge d'avoir fait un juste milieu entre la passion et le côté solitaire que m'inspire les grands violonistes, sans trop donc changer la personnalité de mon cher Tatsu.

-DE PLUS, j'ai décidé de décrire sa mèche comme plutôt parsemée qu'aussi épaisse que dans le manga –malgré qu'il ait un style, pouah-, je m'explique : on voit légèrement son autre œil, malgré qu'il ait toujours une mèche. Parce que, déjà que l'on croise un type aux cheveux colorés tout les quatre matins dans ce manga (ça me gêne pas, hein), COMMENT quelqu'un peut avoir une telle mèche depuis L'ENFANCE ? (malgré que j'adore Tatsu et sa mèche, (keur)) Donc, à part s'il a un œil arc-en-ciel, je me permets de changer ce détail.

-J'ai un peu modifié le passé commun de Taiga et Tatsuya pour les biens faits des causes qui ont amené Tatsuya à jouer du violon.

-Daiki m'a posé quelques problèmes. Les informations que l'on a: il a 16-17 dans le manga : au début du lycée, il est blasé et cynique alors qu'au début du collège il était tout content et drôlement mignon et naïf. Evidement, son côté blasé a légèrement changé avec sa défaite mais pas tant que ça. DONC, que faire ? Il a 18 ans dans mon histoire donc logiquement c'est après cette défaite et nous ne savons pas comment il devient mais je pense qu'il ne redevient pas tout souriant. Alors, comme j'adore le Daiki jeune, que c'est un UA et qu'il entouré d'adultes, j'ai décidé de faire un compromis : son côté rebelle et blasé ajouté au fait qu'il n'a que dix-huit et donc qu'il est encore curieux comme un petit n'enfant.

-J'ai beaucoup répété le mot "blasé" dans la note précédente…

-Avec Violin, j'aimerai réellement prôner les cracks pairings, c'est-à-dire les couples que l'on ne voit nulle part ou rarement. DONC, pour que vous ne soyez pas pris en traîtres, voici certains des couples qui vont apparaître (pas tous, c'est la surprise) : Akashi x Sakurai, Aomine x Takao, Kise x Kagami (pas vraiment un crack celui là mais bon…)

-Les personnages sont principalement à Londres mais une partie sont japonais donc : si vous voyez dans une discussion des marques de politesses japonaises, déduisez que les personnages parlent japonais mais s'il y a des « Monsieur, Madame » c'est de l'anglais. Si nécessaire, je préciserai.

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Ses doigts pâles se posèrent avec une délicatesse infinie sur les cordes de son Stradivarius, le côté de son délicat menton se posa sur la mentonnière et, prenant en main l'archet, il attendit quelques secondes en profitant de cette atmosphère remplie d'une volupté gracile et anxieuse qui le faisait frissonner à chaque fois. Enfin, il fit glisser son archet pour élever la première note de la partie soliste du Concerto pour violon de Sibelius dont la partition glissait dans son esprit tout naturellement. Ce n'était pas son favori mais il aimait la dimension symphonique que créait cette œuvre jouée en concert grâce à l'équilibre qu'elle arrivait à créer. Les notes et les nuances sombres de la composition jouée par ses mains de maitre emplirent la salle et son seul public, accoudée à l'encadrement de la porte, sentait les larmes lui monter aux yeux en voyant cette figure gracile se tordre avec délicatesse quand elle jouait. Le violoniste avait les yeux à semi-ouverts et regardait dans le vide en se laissant emporter dans cette mélodie qu'il connaissait par cœur et qu'il avait joué deux jours auparavant durant un concert (de plus, certains se demandaient comment il arrivait à jouer les yeux fermés ou avec un œil à demi caché par cette mèche qui striait le côté gauche de son visage). Alors qu'il terminait les dernières notes, il eut un frisson en imaginant l'orchestre derrière lui et, dés qu'il releva son archet dans la dernière note du solo, un calme agréable et rare se propagea. Puis, de discrets applaudissements retentirent et il se retourna de demi vers son amie qui essuyait délicatement une larme au coin de ses yeux roses. Elle s'approcha alors qui laissait tomber son bras armé de son violon de long de son corps et qu'il déposait son archet pour tourner les pages de la partition de Sibelius pour tomber sur celle du prochain solo qu'il devait travailler et qu'il jouerait à la Royal Opera House de Londres dans quelques jours. Il regarda pourtant son amie qui se posta à côté de lui en déposant une bouteille d'eau sur le piano à queue de la salle de répétition :

« Ah, Tatsuya, c'est magnifique, comme d'habitude.

Le susnommé déplaça sa main dans l'air pour aller essuyer une larme restante sur la joue de la belle jeune femme de vingt-trois ans devant lui alors qu'il répondait en simplicité :

-Merci Satsuki, je dois encore répéter Tchaïkovski et nous pourrions y aller.

-D'accord (elle sourit tendrement) mais ne force pas trop, nous prenons l'avion demain de bonne heure, n'oublie pas, et boit un peu. »

Il acquiesça souplement et elle l'embrassa sur la joue alors qu'elle indiquait qu'elle allait travailler dans le bureau d'à côté et qu'elle reviendrait quand il aurait terminé pour le ramener chez lui. Il prit la peine de boire une demi-gorgée pour ne pas être envenimé par la pensée de la demande de sa plus fidèle fan.

Puis, il replaça de nouveau parfaitement son instrument et commença à jouer de nouveau, propageant dans la pièce cette atmosphère magique que le génie qu'il était arrivait si bien à créer.

xx

La pluie battait le bitume alors qu'une belle voiture noire fendait l'air pour rejoindrel'aéroport d'Itami pour avoir le premier vol après 7h00 (1) et alors que le soleil ne s'était toujours pas levé. Le passager assis à l'arrière regardait paisiblement la route éclairée par les lampadaires et la nuit claire alors que ses doigts caressaient inconsciemment l'étui de son violon. Il était habillé sobrement, d'un pantalon noir, d'un pull fin à col roulé tout aussi sombre et il avait gardé son simple trench-coat dans la voiture. Heureusement que son amie –et assistante- était là, sinon il aurait gardé également son écharpe beige. Celle-ci, tapotait sur sa tablette tactile dont la lumière illuminait son beau visage légèrement et finement maquillé, dont une mèche rose sortant de ses cheveux attachés grâce à une pince en jade lui barrait le front. Elle la glissa machinalement derrière son oreille puis se redressa en verrouillant son outil de travail. La jeune femme, habillé dans un fabuleux tailleur jupe noir –tenue qu'elle ne mettait pas souvent, préférant les robes pour le travail ou les marinières sinon- se tourna vers son ami en ôtant ses lunettes qu'elle ne mettait que pour le travail :

« Tatsuya, tu-

-Nous allons voir quelqu'un de spécial dans l'avion pour que tu ais sortit ton tailleur? »

Elle sursauta, coupée par son ami sans s'en offusquer évidement, et elle soupira devant son léger sourire en coin puis elle remit sa mèche alors déjà glissée derrière son oreille en rosissant légèrement.

« Et bien, il se trouve que quelqu'un d'autre voulait décoller en même temps que nous alors l'aéroport nous a mis à disposition un seul avion privé pour deux groupes…

-Qui est ce "quelqu'un d'autre" ?

-Akashi Seijurô, tu sais, le grand chef d'orchestre. » (elle précisait, son ami pouvait tellement être dans la lune quand il ne s'agissait pas de violon et de partitions…)

Il répondit par un "Ah…" évasif et reprit sa contemplation de la nuit car il avait compris au ton neutre de son amie que ce n'était le grand Akashi Seijurô qui l'intéressait. Il verrait bien au moment voulu…

xx

La voiture était postée sous l'aile du coucou qui l'amènerait à Londres depuis un bon quart d'heure. Pourtant, Tatsuya était toujours dans le véhicule à regarder le parapluie rouge pourpre de Satsuki qui se balançait légèrement alors qu'elle réglait quelques éléments et que les phares d'une nouvelle voiture se frayaient dans la nuit plus légère désormais. La discussion eut l'air de se finir rapidement car la jeune femme vint ouvrir la porte de la berline pour lui dire avec un doux sourire :

« Allez, il faut y aller. »

Il sortit donc une jambe, prenant calmement la poignée de sa mallette bleue claire un peu abîmée, puis l'autre pour sortir de l'habitacle. Son amie s'était retournée mais elle tourna légèrement son regard pour voir si le musicien la suivait et quel ne fut pas son effroi lorsqu'elle vit que Môssieur n'avait pas trouvé bon de se couvrir d'un parapluie mais plutôt de glisser avec attention son étui sous son manteau. Elle revint d'un pas furieux vers lui et ouvrit un autre petit parapluie qui était dans son sac au dessus de la tête déjà humide du brun.

« Tatsuya, bon sang ! Fait attention, si tu tombais malade ! » Elle ponctua la fin de sa phrase avec une pichenette sur le front.

Il lui sourit juste doucement pour s'excuser et prit le manche du parapluie d'une main, l'autre protégeant son précieux fardeau. Elle soupira mais ne put lui en vouloir et reprit son chemin vers l'escalier de l'avion. L'autre voiture venait de se garer et, alors que le brun gravissait les marches, il se tourna à temps pour apercevoir une touffe rouge pétante –visible malgré l'obscurité- se faire recouvrir par un parapluie noir.

xx

Assis sur un confortable mais trop banal siège beige, il avait le menton posé contre sa paume, ses doigts tapotant contre sa joue, les yeux fixés sur le bâtiment de l'aéroport depuis la fenêtre. Son autre main reposait toujours sur son étui mais, au contraire de celle contre son menton, elle était immobile, presque sereine. Il aurait presque sursauté en sentant soudainement une main contre son épaule. Il baissa les yeux et découvrit Satsuki qui déposait un carré de serviette blanche et un verre d'eau dessus devant lui. Elle avait toujours ce doux sourire malgré qu'elle lui tapote le bras maternellement :

« Il faut que tu boives, tiens. »

Il acquiesça doucement mais ne prit aucunement le verre, attendant qu'elle parte. Ce qu'elle ne fit évidement pas puisque qu'elle savait qu'il acquiesçait toujours –avec parfois un sourire- et qu'il attende qu'elle parte pour finalement ne jamais y toucher. Pour lui, boire était une nécessité après un match de basketball (sport qu'il affectionnait tout particulièrement et qu'il pratiquait avant de tomber dans la musique à cause de…) ou, aujourd'hui, après un bon et complet concert. Alors que la rosée plaçait ses poings sur ses hanches, du mouvement se fit et la figure de la nouvelle personnalité à fouler le pied de cet avion apparu. La jeune assistante reprit tout de suite un air digne et un sourire discret malgré qu'elle se soit clairement crispée. Tatsuya, très droit à chaque fois qu'il était assis, ne redressa que son menton de sa main pour la poser sur celle déjà sur l'étui. Alors, Akashi Seijurô se posta devant eux, sondant chacun d'eux de ses mystérieux yeux hétérochromes. Il paru nettement plus intéressé par le musicien car leurs yeux se rencontrèrent plus longtemps mais il dût regarder Satsuki qui s'avançait vers lui en s'inclinant :

« Je suis Momoi Satsuki, assistante d'Himuro-san, enchantée Akashi-san. J'espère que vous n'êtes pas dérangé par notre présence… »

Alors qu'Akashi ne parut pas vouloir ouvrir la bouche, c'est une autre voix qui s'élevait :

« Ne vous inquiétez pas, Momoi-san, vous ne dérangez aucunement. »

Elle sursauta distinctement mais parut soulagé de voir le nouvel (?) arrivant. C'était un frêle jeune homme aux cheveux turquoise dont les yeux tout aussi bleus étaient complètement neutres. Malgré que le brun toujours assis ne sursaute pas, il ne l'avait pas remarqué et cligna des yeux. Il fut, de plus, à moitié surpris de voir son amie rougir légèrement en saluant le garçon :

« Kuroko-san ! V-voilà quelque chose qui nous rassure. »

L'autre assistant (il semblait ainsi…) se tourna vers son patron en lui demandant où il voulait s'asseoir. Celui-ci, toujours sous les yeux foncés d'Himuro, répondit donc :

« Je vais m'asseoir devant Himuro-san, assied-toi devant Momoi-san, ça ira. »

Satsuki parut surprise qu'il se souvienne de son nom -tellement il avait l'air d'avoir trouvé inintéressant sa présentation- mais surtout de son choix. Elle lança un regard à son ami mais celui-ci ne la regardait pas. Elle espérait qu'il ne ferait rien mais, malgré sa passion extravagante, il savait se tenir et même être fort agréable en société. Il semblait juste si lointain lorsqu'il jouait, c'est tout…

Ainsi, Akashi se retrouva devant Tatsuya avec un mystérieux et discret sourire sur les lèvres :

« Où jouez-vous, à Londres ?

- A la Royal Opera House, ce samedi. » Répondit-il fort poliment.

L'autre acquiesça comme s'il était déjà au courant et se tourna vers la fenêtre alors qu'un message et un signal sonore demandait aux passagers de boucler leurs ceintures pour le décollage. Satsuki semblait soucieuse en s'attachant, réfléchissant quelques instants si… Elle tourna la tête, pas certaine de son appréhension. Elle préférait regarder le beau visage de Kuroko-san qu'elle avait rencontré quelques semaines auparavant au Kyoto Concert Hall durant un concert où Tatsuya était évidement le soliste au violon et où le bleuté faisait apparemment du repérage pour Akashi-san.

L'avion venait de décoller.

De son côté, Tatsuya sentait ses paupières s'alourdirent légèrement alors il se tourna vers le rouge en demandant :

« Cela ne vous gêne pas si je dors un peu ?

-Pas du tout. »

Malgré l'air neutre du chef d'orchestre mondialement reconnu, il était dit, le brun appuya donc sa tempe contre le côté de son siège et ferma doucement ses yeux pour plonger dans un sommeil calme, ses mains toujours possessives déposées sur son étui. Il s'endormit sans le savoir sous le regard appréciateur mais discret d'Akashi qui connaissait le "pouvoir" du violoniste et était impatient de le voir jouer.

xx

Frappant soudainement son poing contre le pupitre en bois devant lui, Nijimura –chef d'orchestre émérite- sentait son énervement prendre une dimension toute particulière et cria presque aux musiciens devant lui de se bouger –littéralement- le derrière pour faire mieux que la m…mauvaise prestation qu'ils avaient proposé. Le concert était exactement dans trois jours, son merveilleux soliste n'était toujours PAS arrivé, le grand chef d'orchestre qui prendrait sa place lors du concert également. Son boulot était JUSTE de faire travailler les musiciens qui, pour certains, avaient clairement l'air de se faire c- de s'embêter, de faire un rapport et de simplement prendre la place de producteur qu'il préférait endosser désormais. Alors, il est vrai que l'absence de ses guest et que ce soit lui qui organise tout le concert puisse le mettre sur les nerfs, c'était aussi la faute de ces incapables de musiciens.

« Bon, vous allez vous bouger et on reprend depuis le DEBUT! »

Il vit clairement son pianiste de génie, un grand dadet aux cheveux violets, lever les yeux au ciel puis lorgner la poche de chips à ses pieds et son, malgré tout, fort doué violoncelliste Midorima Shintarou remonter ses lunettes d'agacement (de la nullité des autres musiciens, selon lui sûrement). Nijimura tapota le coin du pupitre avec sa baguette, leva les mains pour commencer mais une voix l'interrompit :

« Monsieur Nijimura, allons, ne soyez pas aussi dur avec eux. »

Le susnommé se tourna et faillit sursauter en voyant le fameux Akashi Seijurô venir sur la scène par les coulisses et apparaître aux yeux de tous. A côté de lui, se trouvait le non moins renommé Himuro Tatsuya. Il faut savoir que son assistante, Satsuki, avait l'air fichtrement troublée, peut être d'avoir appris soudainement qu'Akashi serait le chef d'orchestre du concert de Tatsuya. Malgré son appréhension dans l'avion il y a plusieurs heures de cela, elle n'avait pas trouvé cette information et cela la troublait profondément. Son ami, qui l'avait remarqué, avait posé sa main sur son épaule et lui avait juste sourit. Cet homme avait l'air compétent et sa réputation le démontrait bien, le brun se doutait que tout irai bien.

Après avoir salué poliment le dénommé Nijimura et l'orchestre qui les regardaient avec curiosité (accompagnés de chuchotements pour certains) et vu certains détails, il fut décidé de reprendre rapidement cette répétition avec le rouge à la baguette et le brun à sa place de soliste. Akashi lissa son veston en ouvrant le carnet de partition devant lui et commença en levant ses yeux hétérochromes devant l'orchestre qui attendaient patiemment :

« Bien, mesdames, messieurs, puisque nous rejouons du Tchaïkovski et pour vous habituer au jeu de Monsieur Himuro, commençons avec la Sérénade mélancolique en si bémol mineur, s'il vous plait. »

Akashi regarda deux secondes Tatsuya, qui tournait légèrement les chevilles de son violon pour régler les accords qu'il connaissait sur le bout des doigts et qui était prêt à placer son violon, puis les premières notes de clarinette (2) s'élevèrent à peine une seconde après, sous les yeux attentifs de Nijimura, des assistants qui tenaient les manteau de leurs patrons et des gens de l'équipe qui regardèrent avec attention les deux nouveaux venus. Dés que le solo débuta pour le brun, il fut clairement empli de musique et tous autour également. Les musiciens qui ne jouaient pas écarquillèrent presque leurs yeux devenus brillants et ceux qui jouaient arrivèrent à se coller à ce tempo équilibré, mélodieux et purent presque en pleurer. Le chef d'orchestre fut malgré tout fort étonné : il ne s'attendait pas à tant de justesse et de…magie. Ce n'était qu'une répétition mais il était certain que cette atmosphère spéciale serait d'autant plus présente lors du concert. La salle éclairée rendait à la musique un décor princier à la hauteur du musicien, que dis-je, du magicien qui proposait un spectacle passionné et harmonieux. Satsuki dû masquer ses yeux humides par la tristesse. En effet, ceux qui savaient pouvaient remarquer la tristesse comblée à la passion du brun dont le corps gracile accompagnait chaque mouvement. Le pianiste attendant n'avait jamais vu d'aussi belle prestation et un éclat germa au fond de ses yeux paresseux. Kuroko regardait avec un émerveillement masqué cet éphèbe émettre de si belles notes et dont les doigts fins et habiles appuyaient avec une grâce sans pareille sur les cordes posées sur le manche. Akashi lui, ne restait pas en reste : ses gestes étaient précis et il arrivait à lier tout les musiciens entre eux pour parfaire la mélodie.

La mélodie se termina et une seconde de calme plat se fit avant que les applaudissements ne fusèrent pour ce violoniste de génie et ce chef d'orchestre qui arrivait à parfaire leurs talents personnels en presque une équipe parfaite. Akashi et Tatsuya se regardèrent quelques instants, un micro sourire germa sur leur lèvre, puis le chef reprit en annonçant le morceau suivant.

xx

Quand le brun sortit de la salle de concert pour prendre un couloir qui le conduisit à l'extérieur du bâtiment, une légère bruine de soirée s'épaississait délicatement. Il se permit de souffler un peu –s'appuyant sur le mur à l'abris- et regarda, les yeux légèrement plissés, les voitures fendre l'air sur la route. Soudain, il entendit un grincement puis un froissement de papier à ses côtés. Se tournant, il vit un…un géant, ouai, aux cheveux violets. Clignant des yeux, il le reconnu comme l'un des musiciens et baissa ses yeux vers le paquet de chips qu'il venait d'ouvrir et le vit soudainement devant ses yeux.

« E-euh, non merci, c'est gentil… » Répondit-il à cette proposition silencieuse d'une voix calme.

Le violet plongea donc sa grande main dans son paquet et commença à grignoter. Tatsuya le regarda quelques instants puis reporta son regard sur la route. Quelques secondes passèrent quand le brun décida de dire :

« Vous êtes pianiste, c'est ça ?

-Hm, Murasakibara Atsushi. (il avait du se douter que le brun voulait connaître son nom)

-Ah, enchanté, Himuro Tatsuya.

-Je sais. »

Le brun sursauta doucement et discrètement en ne rajoutant rien de plus. Pourtant, l'autre reprit pour éviter de rentrer dans un silence désagréable.

« Pourquoi fais-tu de la musique ?

La question sembla étonner le brun une seconde mais il se reprit tout de suite bien vite en reprenant, quittant les mèches violettes du regard :

-Parce que j'adore la musique.

Malgré que la réponse lui paraisse claire, Tatsuya fut encore étonné de la réponse de l'autre :

-Ennuyeux… »

Alors que le violoniste fronçait les sourcils et qu'il allait demander pourquoi, la porte qui conduisait vers l'entrée des artistes et qui grinçait légèrement se fit entendre. Sortit alors Kuroko qui parut légèrement surpris de voir les deux musiciens. Enfin plutôt, de voir le pianiste aux côtés du brun. Il s'avança vers celui-ci en lui tendant poliment son téléphone cellulaire :

« Himuro-san, c'est Momoi-san qui m'a demandé de vous apporter votre téléphone car il a sonné.

-Merci beaucoup Kuroko-san. » Répondit le brun avec un discret sourire.

Le bleuté acquiesça puis sembla hésiter mais le regard attentif du brun lui permit d'oublier la présence du violet qui semblait le fusiller fort discrètement du regard et il reprit :

« Vous avez extrêmement bien joué. »

Le brun sourit avec gentillesse au compliment puis le remercia doucement. Soudain, le téléphone de Tatsuya sonna et il crispa ses épaules en le regardant. S'excusant d'un signe de main et d'un sourire conscrit, il s'écarta en décrochant, laissant les deux jeunes hommes qui le regardèrent partir. Un peu plus loin mais toujours protégé de la fine pluie, il décrocha :

« Allo ?

-Tatsuya ? Ouf, tu as toujours le même numéro… C'est Taiga à l'appareil ! »

xx

Le lendemain.

Satsuki, à la place passager avant de la berline, regardait avec joie et appréhension à la fois l'internat anglais de style renaissance qui se trouvait devant elle alors que le conducteur se garait dans la rue trempée. Elle sortit la première et alla ouvrir la portière de son ami, faisant claquer ses talons sur le bitume noir. Celui-ci la regarda et lui dit un peu anxieux :

« Merci Satsuki.

-De quoi ? Ca me fait plaisir de revoir Taiga-kun, tu sais, c'est juste que… »

Il acquiesça en la rassurant qu'ils ne resteraient que deux heures ici, soit le temps de son temps libre avant la répétition de l'après-midi. Ils s'avancèrent et ouvrirent donc la lourde porte en bois. Ils tombèrent sur un hall d'entrée qui donnait une idée de la décoration du reste de la maison : le sol et le plafond étaient en bois quand les murs jaunis de papier peint tombaient doucement en ruine. Les meubles étaient vieillots mais l'odeur de braise et de papier créaient une atmosphère douce et chaleureuse. Au centre de la pièce, devant le meuble de ce qui devait être l'accueil d'un –en vérité- ancien hôtel, se trouvaient deux personnes : une femme blonde qui les salua avec un fort accent américain qui contrastait avec l'accent anglais d'ici. Tatsuya lui aussi avait un léger accent américain puisqu'il y avait passé son enfance. A ses côtés, il reconnu sans aucun doute son ami d'enfance, commun à Satsuki à partir du lycée -qu'ils avaient suivis tout les trois au Japon. Celui-ci sourit grandement et s'avança vers eux :

« Hey, Tatsuya ! Et, et Satsuki ? » Malgré que le rouge paru étonné, il accepta l'embrassade de son amie qu'il ne pensait pas revoir.

Il apprit donc qu'elle était devenue l'assistante d'Himuro puis il leur présenta la jeune femme comme étant Alexandra Garcia, une américaine venue ici et qui avait créé cet internat. Lui continuait ses études pour devenir pompier et il aidait Alex à tenir l'internat (celle-ci l'avait embourbé dans cette histoire après qu'ils se soient rencontré sur un terrain de street-basket). La blonde était dynamique et avait faillit embrasser Satsuki qui en rougissait encore. Pourtant, ils furent interrompus par des pas d'enfants qui coururent se glisser dans les bras de la patronne et du futur pompier. Ils parlaient tous un anglais approximatif et posaient plein de question aux nouveaux venus qui ne savaient plus où donner de la tête. Alors que Tatsuya se retrouva avec une petite brune dans les bras qui riait aux éclats, un jeune homme bien plus âgé que les autres –environ dix-huit ans- arriva et les enfants coururent se jeter presque dans ses bras. Le jeune garçon leur dit deux mots comme quelque chose qui s'apparentait à un "Allez dans la salle de musique, je vous y rejoins.". Après que tous soient partit –même la brune dans les bras du violoniste- le nouvel arrivant s'avança en riant, faisant briller ses prunelles acier :

« Ah, ces enfants, toujours à courir partout.

Il se gratta la nuque puis salua poliment Tatsuya et Satsuki en souriant de toutes ses dents :

-Je m'appelle Takao Kazunari, je suis japonais et je suis arrivé ici avec Taiga il y a, hm, cinq ans environ. Au fait, Taiga, Miss Prime est arrivée, tu m'as demandé de venir te prévenir… »

Taiga le remercia puis les deux autres se présentèrent et Kazu resta quelques instants pensif en écoutant le nom de Tatsuya. Puis, sous les regards amusés des adultes de l'internat, il rougit légèrement en s'exclamant :

« A-attendez, vous êtes le grand violoniste Himuro Tatsuya ? O-ouah ! Pourquoi tu m'as pas dit que tu le connaissais Taiga ? »

Le rouge ne répondit qu'avec un sourire taquin et le brun se frotta les cheveux en râlant et en expliquant à Himuro qu'il l'avait entendu à la radio et qu'il espérait depuis de le voir en vrai. A la question de celui-ci, il expliqua qu'il jouait de la flûte et que Miss Prime était leur professeur de musique. Après quelques minutes, ils décidèrent de partir vers la salle de musique (à part Alex qui avait du travail) et Tatsuya vit clairement son ami d'enfance grimacer après avoir posé une question au jeune flutiste qui semblait soudainement anxieux. Pourtant, ils arrivèrent en papotant allègrement devant la salle de musique et Tatsuya fut clairement empli de la nouvelle odeur de cordes et d'encre. Là, se tenait une vieille dame un peu forte et aux airs aigris, au centre de la pièce un piano droit délavé, noir à l'origine, et plusieurs pupitres étaient disposés ça et là de la pièce. La fameuse Miss Prime les salua et demanda à Takao de se placer devant son pupitre. Elle somma les enfants qui se cachaient derrière la porte de déguerpir puis proposa aux invités de s'asseoir sur la banquette Louis XVI, d'origine française, quelques mètres plus loin contre le mur. Ils y allèrent et la professeure reprit :

« Hm, Daiki n'est pas là, n'est-ce-pas ? Ca ne m'aurait pas étonnée. Enfin, c'est très bien que Monsieur Himuro soit ici, il pourra voir le petit talent qui se cache derrière ces murs ! »

Elle rit doucement, comme une bonne vieille femme, fière de son élève –flûtiste comme elle l'était professionnellement dans sa jeunesse- et reprit :

« Bien, Kazunari, La tempesta di mare, en F Majeur, please. »

Celui-ci souffla. Il s'entraîne sur ce concerto depuis des semaines et enfin qu'il y arrivait, il pouvait montrer ce qu'il savait faire à un grand musicien. Il capta le regard gentil du violoniste et commença à souffler dans son instrument.

Le rythme entraînant du solo de flûte fit bouger son corps maigre alors qu'il appuyait avec passion sur les sorties d'air quand il le fallait, millimétré comme littéralement du papier à musique. Tatsuya voyait en le jeune orphelin un passionné qui, comme lui, devait entendre l'orchestre entier jouer à ses côtés. Kazunari fermait les yeux en jouant et voyait défiler sous ses paupières les lignes de la partition qu'il n'avait cessé de lire et d'apprendre le soir sous la couette, avec une lampe torche pour seule lumière. C'était au Japon qu'il avait découvert la flûte en voyant un concert rediffusé sur des télévisions dans un grand magasin dans lequel il était rentré lors d'une de ses fugues. Le jeune avait, en effet, été un enfant terrible à l'internat japonais dans lequel il a grandit et commencer la flûte avec une pauvre flûte en plastique acheté quelques Yens puis rencontrer Taiga qui l'avait emmené ici l'avait décidément calmé. C'est en arrivant ici que celui-ci lui avait offert la flûte grâce à laquelle il jouait actuellement.

Pendant sa performance, du côté de la porte que les enfants avaient désertés depuis longtemps, de peur de s'attirer les foudres de la musicienne, un œil foncé couleur saphir regardait, émerveillé, le beau flutiste.

xx

« Tatsuya ! Il est parfait, il faut que nous fassions jouer nos relations pour aider ce petit à percer ! Regardes moi ce visage, n'est-il pas celui d'un petit génie ? »

Satsuki disant, elle tenait le petit génie par le bras en lui prenant le visage en coupe pour accentuer ses derniers mots. Alors que celui-ci râlait dans sa barbe, Tatsuya rit doucement devant le regard éberlué de Miss Prime et celui amusé-blasé de Taiga : la rose était littéralement tombé amoureuse du jeu de ce petit, comme elle était tombée sous le charme de celui du violoniste : elle voulait vraiment que ce garçon puisse déployer ses ailes. Alors, le musicien renommé parvint à éloigner son amie et redressa le jeune homme en lui époussetant les épaules et le maintenant droit tout comme lui, son corps fin parfaitement cintré dans sa chemise blanche et –avant de l'enlever- dans son éternel trench. Il dit donc à Kazunari :

« J'ai joué beaucoup d'instruments avant de commencer à me parfaire dans le violon. J'affectionne particulièrement la douceur du timbre d'une flûte ou d'un oboe, et tu as su parfaire le son de la tienne. Je t'en félicite. »

Kazunari, qui n'avait jamais entendu d'aussi beaux et poétiques compliments venant d'un professionnel (les autres lui trouvaient toujours un défaut : trop jeune, trop pâle, trop mince, trop…pauvre.), baissa les yeux avec un immense sourire lui barrant le visage. Himuro dû reprendre après le léger coup de coude de la part de son amie :

« Hm, je ne veux pas te presser, c'est Satsuki qui le veut (pincement au bras de la part de la susnommée), non sérieusement, je pourrai te trouver une entrevue avec un chef d'orchestre si tu veux… Tu pourrais rejoindre un orchestre renommé, qui sait ? » Haussa presque naïvement les épaules le brun qui savait parfaitement que le garçon y parviendrait. Mais seulement s'il le voulait.

Celui-ci sembla réfléchir, touché par cette proposition quand la porte en bois vieux claqua contre le mur, faisant tomber quelques grains de poussières, et apparu alors un autre jeune homme, âgé de dix-huit ans environ comme son homologue flûtiste, grand, bronzé et aux cheveux courts et bleus marines. Il semblait furieusement énervé et s'avança vers Kazunari et Tatsuya en se mettant devant l'autre orphelin :

« Kazu' ne rejoindra aucun orchestre, laissez-le tranquille maintenant et partez ! »

Presque tout le monde avait sursauté et, alors que Miss Prime ou Taiga allaient dire deux mots au nouvel arrivant, le plus petit brun posa sa main sur l'épaule de son ami en disant doucement avec un petit sourire fin :

« Daiki, tu sais, ce serait une bonne opportunité pour moi et pour toi aussi si tu voulais montrer à Monsieur Himuro ce que tu sais faire… »

Mais Daiki ne sembla pas de cet avis et rejeta la main de son ami sur son épaule et s'enfuit presque en claquant la porte, criant un cinglant « Espèce de lâche ! » à son ami qui baissa les yeux puis les releva vers le violoniste :

« Désolé Monsieur, mais je pense que je vais devoir refuser votre offre… (il semblait soudainement dramatiquement perdu) je-je dois aller retrouver Daiki… »

Pourtant, il fut coupé par la main de Taiga qui lui demanda de ranger ses affaires de musique ou de continuer à jouer mais de surtout ne pas aller voir son meilleur ami : le rouge voulait parler à Tatsuya de son cas et ce serait celui-ci qui irait le voir. Alors, le brun suivit son ami d'enfance jusque dans le couloir, le regarda fermer la porte, s'appuyer sur le mur, croiser les bras et l'écouta attentivement :

« Ce gosse, Daiki-enfin-Aomine Daiki, sa mère est morte lorsqu'il est né et son père l'a abandonné ici, lorsqu'ils sont arrivés à Londres, dans le but de s'occuper avec toutes les joyeusetés que tu peux imaginer avoir lieu dans les quartiers pauvres de la capitale… »

Il releva ses yeux rougeaux vers son ami et vit bien que celui-ci l'écoutait sérieusement puis il reprit en passant sa main dans ses cheveux, agacé :

« Je m'y connais sérieusement pas en classique, moi c'est le basket et je comprends toujours pas pourquoi t'as abandonné mais-

-Tu sais pourquoi, Taiga. Préféra mettre au point le violoniste donc les yeux se teintèrent d'une tristesse futile quelques secondes.

L'autre le regarda mais ne rajouta rien en reprenant

-Dans tous les cas, je sais que ce petit a un don, Tatsuya ! La seule fois où j'ai vraiment été touché par de la musique classique c'est en t'entendant, je ne me souviendrais jamais du nom bizarre du compositeur, c'était pas un chien au fait ?... Peut importe, surtout je croyais n'être jamais autant touché une seconde fois et que j'aimerai ce type de musique que si je t'entendais en jouer... Mais Kazunari et surtout Daiki ont réussi à me faire changer d'avis, tu t'en rends compte !

-Je pense bien et c'était du Beethoven, Taiga. Rit doucement Tatsuya, touché au fond par les mots de son ami.

-Hm, ouai… Mais bon, pourtant Daiki ne suit pas les cours et ne veut jamais jouer devant quelqu'un, je n'arrive pas à savoir pourquoi. J'ai même essayé de lui proposer d'aller voir un concert, il n'en a aucune envie. S'te plait, va le voir et arrive à le faire, au moins, jouer devant toi, ou arrive à trouver pourquoi il hait mais à la fois il adore la musique… »

Le brun le regarda abasourdi quelques instants et Taiga se frotta les cheveux rageusement en s'excusant et en avouant que sa demande était littéralement tordue mais l'autre s'avança et lui sourit doucement :

« Ne t'inquiète pas, je vais le voir. »

xx

La balle orangé, voir blanche à endroit à cause du temps, rebondit souplement sur le sol bitumé du parvis, où quelques herbes mortes sortaient des interstices, après avoir passé sa course dans l'anneau sans filet accroché au mur en pierre. Le joueur récupéra l'objet et se positionna pour tirer quand il fut interrompu par une voix claire :

« Alors tu fais aussi du basket, en plus d'être apparemment un pianiste émérite ? »

Le jeune bronzé se tourna vers le nouvel arrivant et le foudroya doucement du regard :

« Bien vu, Monsieur Himuro. »

L'ironie cinglait ses derniers mots mais le susnommé ne s'en offusqua pas et s'assit sur les pierres sèches du petit escalier qui menait à cette cour extérieure et lui proposa de s'asseoir à ses côté. Devant le regard dubitatif, énervé et hésitant du jeune homme, Tatsuya rajouta, en japonais:

« Ne parlons pas de musique, saches que je faisais du basketball moi aussi. »

Cela eut le mérite d'être clair et Daiki vint s'asseoir à ses côtés, calant le ballon entre ses pieds et posant son menton sur ses mains croisées devant lui, ses coudes sur ses cuisses. Tatsuya lui, était droit et avait également ses mains croisées entre ses jambes légèrement écartées. C'est, étonnement, le p'tit qui commença :

« Pourquoi avoir arrêté ? Et ne me dites pas que c'est pour la musique, j'ai vu vous… (il hésita mais croisa le regard neutre et blanc de l'autre) regardez la balle différemment, ce n'est pas seulement à cause de ça.

Tatsuya soupira mais sourit doucement devant la franchise du jeune homme. Alors, levant ses yeux vers le ciel triste, il finit par dire :

-J'ai passé mon enfance au Japon puis aux Etats-Unis, le royaume du basket, non ? (il rit doucement) J'ai appris là bas et je dois avouer que je me débrouillais bien. Puis, j'ai rencontré Taiga (l'autre paru étonné) et je lui appris ce que je savais…

Il attendit que l'information passe puis reprit.

-Nous avons beaucoup joué ensemble jusqu'au moment où…il m'a dépassé.

Encore un silence.

-Ca avait beau me mettre mal à l'aise, je n'ai rien dit, après un bon échange de poing, tout allait mieux entre nous tu sais. Enfin, nous sommes partis tous les deux faire la fin de notre collège puis notre lycée au Japon.

-Il s'est passé quelque chose là-bas, non ?

-Bingo. Taiga a continué à me dépasser et… »

Il continua son histoire en alternant entre des regards vides sur ses mains puis vers le ciel toujours brumeux. Au moment où il avait vu cette différence, ce gouffre se créer entre lui et son ami, il s'était également rendu compte d'autre chose : il jouait de façon trop scolaire. Et les entraînements n'y changeaient rien. Alors qu'il visait de devenir basketteur pro, les entretiens qu'il passait finissaient toujours sur la même réponse : Désolé, vous n'avez pas ce petit truc en plus et puis, vous êtes trop mince pour faire du basket, regardez vos mains !

« J'ai donc beaucoup hésité : continuer à me battre ou abandonner. Désolé de venir sur ça, mais c'est à ce moment que j'ai découvert la musique et…

Il s'arrêta et rit, conscrit.

-Désolé, tu ne veux pas que j'en parle.

Mais Daiki répondit, vif, avec cette innocence d'enfant :

-Non, allez-y, continuez. »

Malgré que le brun parut étonné mais reprit en reportant son regard sur le panier de basket.

« Je…j'ai donc décidé de suivre des cours de musique et j'ai peu à peu laisser malencontreusement tomber le basket…puis j'ai touché à mon premier violon...

Pour la première fois depuis qu'il avait commencé, un doux sourire se dévoila sur ses traits fins :

-J'avais dix-neuf ans à l'époque et, à mon premier concert, je crois que j'ai pleuré dés que j'ai fini de jouer la partition puis, j'ai relevé les yeux et…

Daiki ouvrit les yeux, attentif :

-Tout le monde pleurait. Avoua finalement le brun qui se leva en glissant ses mains dans les poches de son manteau. Je me suis donc promis de faire passer toutes ces émotions, que je n'ai jamais pu faire passer par le sport, en jouant du mieux que je pouvais du violon. »

Le brun inspira un grand coup d'air frais et froid londonien puis se tourna de demi vers le jeune homme qui semblait réfléchir à son histoire à moitié exhaustive. Il regardait toujours le panier et ne posait aucune question au jeune homme, ne voulant le brusquer. Etonnement, ce fut celui-ci qui parla le premier de nouveau, la voix basse :

« Je me débrouille bien en basket, si je rejoint une équipe, je pourrais la faire gagner et gagner un maximum d'argent pour l'internat. Ce que j'pourrais pas avoir si j'choisis la musique. »

Il sauta sur ses pieds, fourra ses mains dans ses poches et frappa un caillou gris avec le bout de sa Jordan d'occasion noire (qu'il avait eu grâce aux 50 Pounds (3) qu'il avait gagné après deux mois de petit boulot). Il se mit à la hauteur de Tatsuya qui lui dit :

« Je ne t'ai jamais écouté mais je sens qu'au fond de toi tu aimes réellement le piano, tu pourrais réellement percer dans ce milieu…

-Arrêtez vos conneries, me lancer dans la musique c'est traduit par des concerts je n'sais pas où, je n'sais pas quand et je serai sûrement séparé de- »

Il s'interrompit tout seul et se renfrognant sous le regard à la fois étonné et compréhensif du brun qui avait tout à fait compris de qui parlait le bleuté. Mais, il ne fallait pas qu'il prononce le nom de la personne s'il ne voulait pas brusquer le jeune pianiste.

Presque naïvement, il dit donc :

« Quand on est reconnu partout, on peut aller où l'on veut, créer de l'émotion où l'on veut et jouer avec qui l'on veut. On peut surtout créer cette émotion pour les autres mais pour soi également, si l'on joue avec la même détermination que l'on peut avoir lors d'un…match de basket.

Il vit clairement les yeux du jeune homme s'écarquiller et son visage se tourner vers lui soudainement :

« Sérieux ?

-Sérieux. » Répondit-il avec cette même expression un peu familière pour lui et qui sonnait extraordinairement étrange avec lui.

L'autre baissa les yeux mais Tatsuya avait bien vu le changement d'éclat dans les yeux saphir. Alors, il s'approcha et, d'un accord tacite, lui fit un signe de menton pour rentrer et rejoindre les autres dans la salle de musique. Malgré son appréhension rare, Daiki bomba le torse et ouvrit la porte.

xx

« Quoi ? Tu veux nous inviter dans les coulisses de ton concert ? » S'écria Kagami devant les yeux éberlués des deux jeunes et de la professeure.

Tatsuya acquiesça doucement avec ce fin sourire qui le caractérisait si bien et Satsuki tenait son menton entre ses doigts délicatement manucurés avec un sourire en coin de réflexion :

« Hm, oui, ce sera possible… C'est une excellente idée ! » Acquiesça finalement la jeune femme en croisant ses bras sous sa poitrine, la bouche en cœur.

Tatsuya se tourna donc vers les trois autres garçons de la pièce : Kagami se frottait la nuque, gêné, Takao serrait les poings, des étoiles dans les yeux et Daiki avait retrouvé cet air renfrogné, peu content de la proposition trop…musicale du violoniste. Pourtant, les mots de celui-ci retentirent dans son esprit et il se dit que ça pouvait être une bonne idée… Et puis, le regard brillant et heureux que lui lançait Kazunari était bien trop fort pour qu'il puisse refuser, allons.

« Allez, Daiki, dit oui~. Répétait le fameux brun en secouant son bras.

-Ok, ok. » Finit par accepter le jeune homme, en tournant sa tête, renfrogné et les pommettes légèrement rosées.

C'est ainsi, sur le rire clair et franc du flûtiste que cette entrevue se termina sur le rappel à l'ordre de la répétition qui attendait Tatsuya et le regard entre lui et le jeune pianiste. Un simple regard qui signifiait tout de ce que leur discussion avait apporté : la douce rencontre entre deux mondes opposés mais unis par la magie créée par la musique.

xx

A ce moment-là, Kagami, le grand Taiga, l'œil du tigre, le combattant du feu, était…mort de peur. Un colosse se trouvait devant lui, blond poudré, qui lui demandait simplement qui ils venaient voir.

« Euh, T-Tatsuya Himuro nous a invité. »

Le garde de la porte des artistes se décala et les laissa entrer : apparemment Tatsuya l'avait prévenu, heureusement. Ils s'avancèrent donc, soudain petits dans leurs vêtements simples autour de tous ces gens habillés en costume qui courait partout. Des musiciens sortaient de leurs loges, des instruments à la main, certains les nettoyant ou parlant avec un autre musicien. Alors que Kagami essayait de faire abstraction des regards intrigués sans s'énerver et de retrouver son ami, Kazunari regardait ce monde si éloigné du sien avec une joie non masquée mais en même temps une appréhension et Daiki avait toujours cet air renfrogné en baissant les yeux. Alors que Taiga commençait sérieusement à se trouver de trop, une voix les délivra de leur attente :

« Taiga ! »

Apparu alors devant eux Tatsuya, habillé d'un pantalon noir, d'une veste de blazer fine et sombre sur une chemise immaculée. Tous les tissus étaient clairement d'excellente qualité et le style cintrait parfaitement son corps fin lui donnant un air sérieux, classe, de…magicien. Il glissa une main dans l'une de ses poches en souriant. Ils échangèrent deux mots puis il les amena tout prêt de la scène dans les coulisses. Satsuki s'approcha d'eux après s'être s'excusé auprès de Nijimura et Akashi, celui-ci envoyant un regard aux nouveaux venus et surtout au bronzé qui parlait avec Tatsuya.

« Vous êtes venus, c'est génial ! Et vous avez une place de choix. » Ponctua t'elle d'un clin d'œil.

Elle les fit avancer pour leur faire faire rapidement le tour des lieux. Alors que Tatsuya et Daiki parlaient encore ensemble, Kazunari regardait le dos de son meilleur ami et, alors qu'il se décalait, il se fit bousculer. Reculant de quelques pas, il releva la tête et tomba nez-à-nez avec une figure en porcelaine d'un bus typiquement anglais. Il redressa ses yeux gris pour tomber sur des yeux verts jade qui l'observaient. Il s'excusa avec un sourire crispé en posant ses mains paumes contre paumes. L'autre haussa un sourcil en relevant ses lunettes et demanda après avoir observé les bouts des doigts du brun:

« Musicien ?

-E-euh, oui, flûte ! Répondit Kazunari en sursautant et se mettant droit.

-Hm, bel instrument. »

Il s'écarta et le jeune homme le suivit du regard puis souffla en lui demandant avant qu'il soit trop loin :

« J'espère rejoindre un orchestre, quel est votre nom ?

-Midorima Shintarou, violoncelliste. » Répondit l'autre après une petite hésitation mais, au fond, agréablement étonné même s'il ne le dirait jamais.

Le jeune orphelin fût interrompu dans ses pensées par Daiki qui l'appelait et il courut les rejoindre, alors qu'il se rendait compte qu'il venait de s'arrêter de respirer. Après avoir rit évasivement à la question sur le pourquoi il était arrêté au beau milieu du couloir de son ami, le groupe s'arrêta à l'endroit où les spectateurs d'un soir devraient attendre puis Tatsuya et son amie les laissèrent là.

xx

Les spectateurs commençaient à affluer depuis une bonne demi-heure et, en se penchant un peu, Kazunari put voir clairement à travers les rideaux épais en laine tout ce beau monde s'installer, cintrés dans leurs beaux habits, leurs belles robes de bal. Le flûtiste déglutit en serrant le bout de son t-shirt noir mais fut rassuré par Daiki qui lui certifia qu'il était très bien comme ça.

Lui aussi avait jeté un regard et avait réellement été émerveillé par la beauté de cette place : bien sûr ce n'était pas un monde qu'il affectionnait et enviait mais les fils d'or et les sièges rouges l'avait émerveillé et il s'était pris à penser : Moi aussi, un jour, je pourrais jouer dans cet univers. Il se demandait vraiment quelles dimensions prendraient les émotions partagées par les musiciens dans un tel spectacle de lumières et de richesses.

Tatsuya, de son côté, après avoir vu les détails pour le concert était allé ajuster son habillage : il était particulièrement stressé ce soir là. Bien sûr, il savait que dés qu'il jouerait, ce ne serait plus le cas mais il y avait un tout autre challenge : montrer ce qu'il avait promis à Daiki, le partage des émotions grâce à sa magie.

La porte de sa loge s'ouvrit après deux petits coups frappés doucement et il se tourna pour découvrir Satsuki, parfaite dans la robe dans laquelle elle s'était glissée peut de temps auparavant après avoir laissé les autres. La robe était bleue marine, lui glissant jusqu'au niveau des hanches pour être séparé par une ceinture ayant au centre trois roses bleues et violettes et des feuilles de tissus cerclées d'or, le tour étant en tissu plissé s'épaississant jusque dans le dos, à la bordure des fesses, où se trouvait une autre rose et des tulles légères. En dessous de cette ceinture, la robe se continuait en s'élargissant avec plusieurs couches comme une réelle robe de princesse et le tulle final était parsemé de petites paillettes légères. Au centre de sa poitrine, une petite rose entourée de tulle tout aussi brillant et, tombant sur ses épaules, un ruban bleu cerclé d'or faisait le tour et constituait les manches. Elle avait relevé ses cheveux roses grâce à des barrettes en un chignon travaillé et sur ses bras se trouvaient des longs gants blancs.

La jeune femme lui faisait penser à une belle princesse française ou russe et il s'avança vers elle en déposant ses lèvres sur son front alors qu'elle demandait:

« Qu'en penses-tu ?

-Ma Satsuki a réalisé son rêve de petite fille : elle est devenue une princesse. »

Il lui sourit et elle rougit en le frappant doucement sur l'épaule. Puis, elle rectifia son costume en ajoutant :

« C'est pour le bal organisé après et puis, tu n'es pas mal non plus…on y va ? »

En vérité, il était même plutôt bien : en plus de sa tenue, au lieu de parsemer sa mèche, il avait demandé à la coiffeuse de la couper un peu ce qui rendait son œil bien plus visible, tout en lui laissant ce charme solitaire et doux qu'on lui connaissant. Pour la jeune femme, il pouvait vous hypnotiser bien plus avec ses yeux ardoise visibles parfaitement.

Enfin, ils rejoignirent le groupe qui resta émerveillé devant la tenue de l'assistante. Kuroko était déjà côté d'eux, parfait dans son costume, et lui et le violoniste se sourirent. Le bleuté se rendit compte qu'il avait peut être failli rougir devant le brun en rencontrant parfaitement ses deux yeux.

Saluant une dernière fois le musicien, le groupe se décala pour voir parfaitement le concert, mais ne pas être vus par le public, et regardait avec attention l'orchestre se mettre en place. Puis, retenant son souffle, Daiki regarda le rideau s'écarter.

Les musiciens étaient debout, le chef d'orchestre arriva puis salua le public et convia l'orchestre à s'asseoir. Le jeune pianiste en coulisse regarda le programme du concert pour voir en première partie le Concerto pour violon en D majeur de Tchaïkovski, une œuvre qu'il savait complexe, qu'il avait déjà joué en version pour piano mais qu'il affectionnait. Les bras d'Akashi se levèrent puis commencèrent leur gracieuse danse alors que les notes commencèrent.

Tatsuya avait les yeux fermés et décryptait avec attention toutes les nuances de ce morceau et la tension grandissante avec le tempo s'accélérant jusqu'à arriver au solo : à peine avait t-il ouvert légèrement les yeux et émis les premières notes en créant cette danse harmonieuse et douce, la beauté de son jeu emplissait la salle alors qu'il nuançait, aggravait, rehaussait ces notes. L'orchestre l'accompagnait à merveille et lui et le chef d'orchestre étaient en parfaite osmose.

Daiki n'avait jamais vu quelque chose d'aussi magnifique, il sentait toute la passion que promettait le brun alors qu'il se balançait et arrivait à transmettre toutes les émotions créées par cette composition. Il s'imaginait les étincelles de magie se créer autour du soliste pour exploser lors des paroxysmes de cette œuvre dans une virtuosité et une exaltation sans pareille. Tatsuya avait su dompter l'aigreur du violon pour en faire ressortir toute la douceur et la puissance neutre. Alors, sans s'en rendre compte, les larmes lui piquèrent les yeux et il fronça les sourcils en souriant, malgré les gouttes salées qui dévalaient désormais ses joues. Comment avait-il put réellement se passer de ça ? de la beauté de la musique ? de l'amour de la musique ?

Il ferma donc les yeux en n'essuyant pas ses joues puis les rouvrit pour baisser la tête et tomber avec affection sur le visage rouge et mouillé de Kazunari qui pleurait lui aussi de la beauté de la prestation du violoniste.

Evidement, il ne se remettrait pas directement à jouer professionnellement tout de suite mais ses mains le démangeaient et il voulait passionnément jouer au piano maintenant. Mais ce que lui avait raconté Tatsuya, ce qu'il lui avait certifié sur le métier de musicien et donc également la vision de pouvoir jouer aux côtés de son meilleur ami, avait réellement changé sa vision sur le classique…

Merci, Monsieur Himuro, vous êtes réellement un magicien.

xx

Accoudé au muret en pierre blanche du balcon de la belle salle de bal d'un petit château privé non loin de Buckingham Palace (4), qui appartenait à l'un des directeurs de la salle de spectacles et qui avait tenu à inviter les musiciens et la majorité des personnes présentes lors du concert, Tatsuya regardait la nuit tranquille avec une coupe remplie de champagne Louis Roederer dans la main. Il soupira et se redressa, son autre main dans sa poche et leva les yeux au ciel.

Il revoyait si bien le regard embué de larmes de son "élève" lorsqu'il s'était tourné vers lui et savait pertinemment qu'il avait réussi sa mission. Soit, ça ne faisait que trois jours qu'ils se connaissaient mais, après leur discussion à l'internat, ils s'étaient effectivement revu au Hyde Park notamment et avaient continué à beaucoup parler. Il se remit en tête ce séjour à Londres et sourit en repensant au lendemain de sa visite à l'orphelinat où il avait reparlé également à Atsushi (qu'il appelait désormais par son prénom) qui s'était étonnement excusé et ils s'étaient baladé tout deux pendant un moment de pause. Puis, il avait beaucoup parlé musique avec Akashi et s'était trouvé à très bien s'entendre avec son assistant Kuroko-kun, avec qui il avait bu plusieurs cafés dans un Starbucks, le matin notamment, durant le trajet pour aller à la salle de concert où ils s'étaient retrouvé le premier matin à préférer y aller à pied.

Buvant une gorgée de champagne, il fut rejoint par son amie d'enfance qui venait de quitter Midorima Shintarou avec qui elle avait dansé un superbe slow sur Your Song en version musicale au piano. Elle posa ses mains sur le rebord en le regardant alors qu'il disait doucement :

« Alors, il danse bien ?

-Magnifiquement bien… Répondit-elle heureuse en rougissant doucement puis elle se reprit. Enfin, j-je veux dire, bien… »

Le brun rit doucement en buvant une nouvelle gorgée de champagne. Puis, le regardant l'air boudeur, elle finit par sourire doucement en voyant qu'il avait un sourire fin sur les lèvres qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps. Il commença doucement :

« C'était un beau séjour, Satsuki, j'aime beaucoup Londres.

Elle acquiesça puis répondit :

-On reviendra, promis. Je suis sûre qu'on pourrait même arrêter de voyager, tu sais… »

Il ouvrit les yeux et se tourna vers elle alors qu'elle lui souriait doucement et d'un air taquin. Elle reprit avec un clin d'œil puis rejoignit la salle de bal le laissant heureux et souriant. Oui, Londres est vraiment une belle ville.

xx

Anxieux, ses poings étaient serrés à s'en blanchir les phalanges plongés au fond de ses poches. Le soleil n'était même pas levé, tout le monde dormait et se réveillerait dans une petite heure et demi pour aller travailler pour certains ou pour aller à l'école. Il inspira puis souffla difficilement en poussant la porte en bois de la salle de musique. Il avait l'impression de ne pas y être entré avec l'intention de jouer depuis une éternité, et c'était effectivement le cas. Il tourna sur lui-même, les mains soudainement décontractées, redécouvrant cette salle dans laquelle il était entrée ces derniers jours rempli de colère ou évitant de regarder ne serait-ce qu'une seconde le piano. Il s'arrêta à deux mètres de l'instrument et resta profondément silencieux, les flashes du concert d'hier soir lui revenant parfaitement en mémoire. Le standing-ovation à la fin de la prestation de l'orchestre avait été sans appel, les larmes aux coins des yeux de tout le monde. Pari réussi, M'sieur Himuro.

Il s'assit donc sur la banquette abîmée et ouvrit avec une délicatesse infinie et des ses mains moites le couvercle du piano, recouvert d'une fine pellicule de poussière sur laquelle il souffla. Puis, inspirant, il posa le bout de ses doigts sur les touches blanches du piano. Se rappelait-il au moins d'un morceau ? Fermant les yeux, il réfléchit à un morceau classique qu'il affectionnait un peu mais un seul titre lui vint en tête rapidement, et ce n'était pas du classique : Palette. Une chanson qu'avaient entendue Kazunari et lui à la télévision alors qu'ils passaient des dessins animés japonais spécialement un soir. Ils en étaient tombé amoureux et le bleu, alors qu'il jouait encore à l'époque, avait réussi à avoir les partitions et l'avait joué sans hésitation. Tout sourire, son ami lui avait dit :

« Promet-moi de ne jamais oublier cette chanson, ok ? »

Ils s'étaient frappé le poing.

Daiki rouvrit les yeux et, tout confiant, il commença à élever les premières notes. Ses doigts retrouvèrent rapidement leur aisance et il plissa rapidement ses yeux sombres pour apprécier cette sensation si grisante qu'il avait oublié. Cette chanson, le conte du désespoir transformé en un espoir puissant ! La musique oscillait entre périodes douces et graciles et soudain des moments rythmés et heureux. Les dernières notes montaient crescendo pour finir sur un coup puissant et confiant.

Il resta quelques instants dans sa bulle puis avait relevé ses yeux, étonné par le bruit de la porte. Il découvrit son meilleur ami dans l'encadrement de la porte, les yeux écarquillés et mouillés. Pourtant, un sourire naquit rapidement sur ses lèvres alors qu'il riait doucement et s'approchait du pianiste qui lui se sentait rougir et heureux.

xxx

(1) L'Aéroport d'Itami se trouve à Osaka et il se trouve que les décollages et les atterrissages y sont interdits de 21h00 à 7h00. Ca m'a un peu compliqué la vie mais d'un côté ça m'a donné une idée de cause pour laquelle Akashi et Himuro seraient dans le même avion.

(2) Pour le premier instrument de la Sérénade mélancolique, je ne suis pas sûre que ce soit la clarinette, c'est peut être l'oboe qui commence. Si un spécialiste est dans nos rangs, qu'il n'hésite pas !

(3) Des Jordan moins chères coûtent 68 € sur un site que j'ai trouvé : ça fait 43 £ environ donc j'ai arrondi à 50 £ l'argent de poche qu'il a eu.

(4) Pour le petit château dont je vous parle, il est complètement inventé. Sinon, j'ai regardé combien séparaient la salle de concert de Buckingham Palace et ce n'est pas aux opposés de Londres.

Un Daiki amoureux et jeune ? J'aime.

La forme de cette première partie est, en effet, comment je l'appellerai, cassée mais je préfère : après, ce qui a pu se passer, certaines parties peuvent être plus courtes que d'autre. J'en suis donc désolée. J'espère donc n'avoir négligé aucun personnage mais l'évolution de Daiki sera sûrement plus marquée dans la partie suivante qui sera en quelque sorte le "Quelques années/mois plus tard…"

J'ai été très triste lorsque j'ai découvert il y a longtemps que Tatsuya n'était pas un génie au basket. Ca m'a fait vraiment presque pleurer alors j'ai décidé de lui laisser ce côté scolaire de connaître toutes les partitions et de jouer à merveille les classiques mais en ajoutant ce côté magique de son jeu au violon.

Bon, et bien, grosses bises, j'espère n'avoir oublié aucune faute et aucune maladresse ! Merci encore pour toutes vos reviews sur The Dream, The world looks wonderful to me, Loups et Lapins !, et tout le reste : merci encore ! Merci particulièrement à Kaneko-chan, tes reviews m'ont vendu du rêve ! Et désolé à tous et à toutes auxquels je n'ai répondu par MP ou à leur reviews, mais j'ai un sourire jusqu'aux oreilles à chaque fois que je lis l'une de vos reviews ou que je vois un nouveau suivi !

Bien affectueusement et bien enrhumée, votre Pep-chan !