Voici donc ce qui fait office d'introduction à ma fic. Isilmë est l'unique personnage sorti de mon imagination des suites de la fabuleuse histoire racontée par le jeu créé par BioWare que je remercie grandement pour cela. Quel monde merveilleux et remplit d'inspiration pour notre imagination fertile nous ont-ils créé!

Je me suis permise certaines libertés qui n'ont rien de canon avec le jeu de BioWare afin de créer pour Solas une amante digne de ce nom. Isilmë est un personnage féminin fort et entouré d'un certain mystère qui, je crois, s'accorde très bien avec l'aura mystique de notre apostat préféré.

Rating M pour les chapitres à venir mais celui-ci en est un descriptif destiné à implanter mon personnage et mon style d'écriture qui, j'espère, vous plaira! Reviews, commentaires, suggestions, je prends tout en considération!

Il avait pris place loin de la foule survoltée, observant. Il aimait cet enivrant mélange de sentiments mitigés qui s'élevait de l'attroupement des nobles dépaysés par l'environnement qu'ils devaient tous jugés trop vétuste, bien peu adapté à la mode du jour. Pourtant, ces hautes arches savamment travaillées, sans être ouvragées à outrance comme trop souvent l'étaient les bâtiments où de grands destins se jouaient, et ces murs de pierres à l'élégance robuste, si ce n'est à la robustesse élégante, avaient vu naître et mourir ne nombreuses figures marquantes de ces nobles dynasties orlésiennes qui prenaient en ce jour place dans le hall de Fort Céleste.

Il sourit à cette pensée. Les Shemlens portaient bien le sens de leur qualificatif. Leur vie trop courte les obligeait à profiter en abondance, de la manière la plus rapide et éphémère qui soit de ce qu'on pouvait considérer comme étant les plaisirs de la vie. Et quand ces plaisirs étaient vus avec les yeux d'un noble, ils ne pouvaient que se renouveler à un rythme ahurissant. La vénale cour orlésienne et ceux qui souhaitaient y être admis sous leurs pompeux titres, qu'ils se devaient de mettre en valeur de la façon la plus ostentatoire qui soit, voyait la mode et les goûts du jour être remplacés à un rythme régulier. Cela assurait un commerce constant, bien entendu, et une bonne santé financière aux marchands qui savaient s'y adapter.

Mais que de tristesse cette vie à toujours vouloir être vêtu de la dernière mode tout droit arrivée d'Antiva ou orner son manoir de sculpture d'inspiration elfique parce qu'on dit à travers tout Orlaïs que c'est d'un chic… en plus d'avoir lu le plus récent tome de Nuits torrides dans la haute ville puisque tout le monde l'a lu et que sinon on ne pourra se mêler aux conversations mondaines de peur d'avoir l'air tout droit sorti du fin fond de la Dalatie.

À cette pensée, il s'en voulu un peu. Il avait récemment pris conscience qu'être issu du peuple dalatien n'était pas forcément synonyme de manque de goût et encore moins de manque d'intelligence ou de charme. Que, malgré le fait qu'elle portait les vallaslins caractéristiques de son peuple, une certaine Elfe ne manquait en rien de la grâce nécessaire pour plaire à n'importe quelle cour royale.

Il admirait encore les mouvements, dignes des intelligences les plus fines, qu'elle avait exécutés dans l'ombre, faisant danser tout le gratin royal dans son sillage sans qu'il ne sache comment riposter, sans même que la plupart prenne conscience des habiles manipulations effectuées, afin de redonner une voix aux siens. Elle avait su tirer les bons fils juste aux bons moments et se montrer patiente lorsque le temps l'avait requis pour que Célène s'effondre et que, par l'intermédiaire de Gaspard devenu marionnette, Briala puisse devenir la nouvelle dirigeante d'Orlaïs.

Il savait que ce sacrifice nécessaire avait affectée l'inquisitrice à un point qu'elle ne laisserait jamais paraître. Elle n'aimait pas les morts inutiles, bien que celle-ci se soit révélée politiquement impossible à éviter. L'impératrice devait mourir si elle voulait que les Elfes puissent retrouver l'espoir de redevenir, un jour, un grand peuple ou, du moins, un peuple qui ne serait plus systématiquement vu comme destiné à errer au fond d'une forêt ou stationner dans un bas-cloître à attendre les instruction d'un seigneur humain quelconque qui ne voyait en lui que de la main d'œuvre bon marché. Les Elfes pourraient peut-être à nouveau retrouver des titres de noblesse à la suite de l'ambassadrice Briala.

Un rictus moqueur s'étala sur le visage déjà amusé de l'apostat. Voilà qui rendait cette petite réunion encore plus intéressante, autant qu'un souper organisé par Joséphine afin d'accueillir les plus éminents bienfaiteurs de l'Inquisition puisse être qualifié de petite réunion (bien que ce soit le terme avec lequel elle avait présenté sa dernière initiative dans le but de renforcer les positions politique et publique acquise par l'Inquisitrice à son entourage).

Voilà que les plus riches familles orlésiennes qui employaient depuis des lustres des Elfes pour accomplir leurs basses besognes et qui n'avait eu depuis leur naissance que du mépris pour les oreilles pointues, prenaient place à ce souper où les deux personnes à l'honneur étaient des femmes Elfes! Elles tenaient entre leurs mains le destin de tout un pays qui s'était fait un plaisir de disgracier leur race. La destinée de tous ces richards pompeux dépendait maintenant des décisions que de potentielles sauvagesses mettaient en branle. Il laissa s'échapper un rire moqueur en constatant l'ironie de la situation.

-Tu viens de voir un nobliau s'étendre de tout son long dans les fleurs du tapis, Loustic? l'interrogea le Nain qui prenait place à sa droite autour de la table ronde (une idée de Joséphine qui avait remplacé les tables rectangulaires du hall de Fort Céleste par des tables rondes afin d'éviter des querelles inévitables entre les hautes figures orlésiennes qui se seraient fait un plaisir manifeste de se disputer les extrémités considérées comme places des maîtres).

-Non, maître Nain, malheureusement c'est bien moins scandaleux que ça. Mais vous serez tout de même amusé de constater, tout comme je viens de le faire, que le noble jeu de ce soir tourne autour d'un seul objectif : obtenir l'attention d'une Elfe. Ces nobles partiront d'ici soit en étant ravis d'avoir pu s'entretenir avec notre chère Inquisitrice ou encore avec l'ambassadrice dont la réputation d'influence à Val Royeaux et au-delà n'est plus à faire soit en étant déçu de ne pouvoir vanter leur rencontre prestigieuse devant leurs opulentes connaissances.

En effet, l'ambassadrice était la plus haute représentante de la cour royale à assister au souper (bien que quelques danses soient prévues plus tard dans la soirée, Fort Céleste n'était pas vraiment aménagé pour recevoir un bal, au grand regret d'une certaine Antivane).

-Je dois admettre que c'est plein d'ironie. Je ne me serais même jamais risqué à écrire quelque chose comme ça dans un de mes livres. Ça aurait été des plans pour que les critiques m'accusent de manque de réalisme!

Varric parti d'un rire franc et pris une bonne gorgée du vin dalatien que Joséphine s'était fait un devoir de voir présent sur toutes les tables.

-Au fait, demanda le Nain, il est où l'empereur? Je crois que j'étais trop occupé à garder Sera sous contrôle quand les riches ont été présentés, j'ai manqué l'explication.

Il jeta un œil sur la chaise vide à côté de lui, puis sous la table et constata que la jeune voleuse était maintenant bel et bien sous contrôle, il n'avait plus à s'inquiéter de la surveiller.

-Il était retenu au palais par des affaires urgentes. L'explication typique. En fait, on sait bien qu'il n'aime pas ce genre d'activité et y brille rarement par sa présence. En ce qui me concerne, je préfère que ce soit Briala qui assiste à cette soirée.

Varric ne le questionna pas sur la raison de cette préférence, jugeant cela moins que nécessaire et plus que flagrant. Il engouffra une autre gorgée de vin et entrepris de subtiliser quelques immenses serviettes de table brodées afin de border Sera convenablement.

Solas avait fixé son regard sur le cercle de nobles, de toute évidence confus, qui s'était formé autour des deux femmes qui arboraient avec fierté leur héritage elfique. Et, à voir les regards interrogateurs et les haussements d'épaules des comtes, ducs et autres titrés en tout genre qui ne savaient que faire pour entrer en conversation avec celles-ci, il en déduisit que cette fierté s'étendait jusqu'à un échange réalisé totalement avec ce qu'elles connaissaient de langue elfique. Quelques phrases seulement, mais suffisamment pour que les nobles aient perdus le fil de la conversation et ne savent plus comment intervenir.

Il en ressenti une chaleur intense, il était à la fois surpris et fier de ce court dialogue qu'il avait distingué. Il savait sa protégée assez habile dans le domaine, mais ignorait que l'ambassadrice possédait des compétences aussi étendues à ce sujet. L'héritage de son peuple n'était donc pas complétement perdu. Certains individus privilégiés en chérissaient encore des fragments épars. Une vague de nostalgie le submergea, effaçant toute trace d'amusement de son visage.

Isilmë. Clair-de-lune.

Elle portait un nom en elfique ancien, un nom Elven. Elle possédait d'ailleurs une base étonnante concernant tout ce qui touchait à l'ancien monde qui était autrefois celui de son peuple. Il s'était demandé dès leur première discussion comment cela était possible. Oui, ses connaissances étaient entremêlées de récits Dalatiens que son clan avait pris soin de lui inculquer, mais elles étaient, en grande partie, assez proches de la vérité.

Le plus impressionnant restait sa maîtrise de la langue aujourd'hui presque oubliée des Elfes de jadis. Elle en savait suffisamment pour qu'ils puissent tenir une conversation soutenue et son accent, bien qu'imparfait, était d'une grande justesse. Il ne pouvait comprendre comment cela était possible. Il avait enquêté au sujet du clan Lavellan et découvert que, bien que différents de la plupart des clans Dalatiens par son ouverture sur le monde, n'était en rien un exemple de sagesse antique. Elle lui avait révélé que ce savoir lui avait été enseigné par sa mère, morte alors qu'elle était encore très jeune.

Isilmë l'avait, dès lors, encore plus fasciné, comme si cela était possible. Lors de leur première nuit ensemble elle s'était réjouie de voir qu'ils pouvaient converser entre eux en n'employant uniquement la langue de ses ancêtres, pas seulement quelques brides épars comme c'était le cas avec les autres Elfes. Solas avait eu l'impression qu'elle le testait. Ce qui ne lui avait pas déplut, loin de là. Ils avaient passé la nuit à partager leurs opinions sur divers points de vue entourant la culture elfique et ses mythes en général, enlacés. Le sourire lui revient lorsqu'il se souvient comment il s'était sauvé au petit matin en espérant que personne ne serait debout afin d'éviter les ragots dont il n'avait vraiment aucune envie de se faire rabattre les oreilles par leurs proches à la langue bien pendue.

Cette nuit avait été merveilleuse. Sa plus belle nuit blanche depuis des siècles, et c'était peu dire.

Il l'admirait, mais, plus que tout, il l'aimait d'un amour profond qu'il s'était longtemps cru incapable de manifester pour quelqu'un. Isilmë n'était pas seulement d'une intelligence remarquable et d'un courage certain, elle possédait aussi cette beauté intemporelle, cette grâce qu'aucune race intelligente, quelle qu'elle soit, ne pouvait ignorer. Là, à quelques mètres de lui dans le hall, il pouvait admirer la longue cascade de ses cheveux du noir le plus profond, si profond qu'on l'aurait dit habité par des reflets argentés. Habituellement retenus en un élégant chignon, plus pratique lors des combats où ses sorts de foudre faisaient des dégâts conséquents à tous ceux qui avaient la mauvaise idée de se mettre en travers de son chemin, l'habilleur Antivan (une autre idée de Joséphine afin que cette réception soit parfaite) les avaient ceints d'une si fine couronne d'elfidée qu'on la distinguait à peine.

Une tunique, dont l'inspiration elfique était manifeste, avait été spécialement confectionnée pour l'occasion. L'ambassadrice de l'Inquisition voulait faire en sorte que l'héritage culturel si cher à Isilmë puisse être mis en valeur comme il se devait, et on devait admettre qu'elle avait assez bien réussi. La tunique aux reflets bleutés chatoyants avec ses cuissardes pointues ornementées de broderies de fils d'argent fines, sa courte traîne bleuté sur laquelle on retrouvait les mêmes broderies et ses épaulettes juste assez bouffantes lui donnait presque l'air d'une antique reine d'Arlathan. Le couturier humain responsable de mettre au point la tenue d'apparat avait été jusqu'à s'autoriser une entorse dans la confection de l'habillage de cuir sombre des pieds afin de laisser le bout de ceux-ci nu, comme l'exigeait toute tenu Dalatienne digne de ce nom, mais qui aurait été bien étrangement vu dans le cadre d'une tenue Antivane, pi encore, une tenue Orlésienne. Cela aurait été inconcevable!

-Cessez de la dévorer des yeux à ce point, Trésor. Vous n'aurez plus d'appétit pour le banquet qui n'est même pas encore commencé.

Vivienne venait de passer derrière lui pour se diriger vers la placer restante à la table réservée à l'entourage immédiat de l'Inquisitrice. Elle avait passé tout le temps depuis le début des festivités à papillonner entre les divers attroupements influents et, alors que le début du repas allait être annoncé, elle s'appropria la place la plus près de la table royale, telle qu'il avait tacitement était convenu entre les autres membre de l'Inquisition qui ne voyaient pas l'intérêt de devoir alimenter la conversation entre les deux parties. Pour accomplir ce rôle, ils étaient bien heureux de pouvoir compter sur Vivienne.

L'apostat n'accorda pas plus d'intérêt à ce commentaire, se contentant d'adresser un signe de tête poli à l'enchanteresse impériale qui paraissait dans son élément comme un duvetin dans le désert. Il focalisa à nouveau son attention sur ce qui, à ses yeux, méritait à ce moment une attention toute particulière.

Ses lèvres d'un rouge baie formèrent un magnifique sourire sur son visage d'une blancheur diaphane, blancheur rompue seulement par les vallaslins pourpre qui le parcouraient. Elle regardait d'un air rieur l'assemblée hétéroclite que formait ses compagnons d'aventure. Varric venait d'ouvrir une autre bouteille de vin en l'honneur d'Andrasté selon ses dires, Cassandra lui jetait un regard réprobateur tandis que Dorian s'empresser d'en réclamer une coupe, Vivienne et Leliana discouraient des souliers des dames Orlésiennes, Cole se déplaçait où il sentait qu'on avait besoin de lui laissant sa chaise vacante, Blackwall et Cullen discutaient stratégies de guerre, Iron Bull s'adressait quant à lui à un peu tout le monde sans discernement, si le sujet l'intéressait, il se joignait à la conversation, Joséphine vérifiait l'approvisionnement en liquide alcoolisé des différentes tables, Sera… dormait sous la table déjà bien assez ivre.

Le regard d'Isilmë croisa alors celui de Solas. Il aurait voulu se perdre dans ces iris qu'on aurait dits d'argent liquide. Il avait pu y apercevoir de doux reflets violacés lorsqu'il avait été suffisamment près d'elle pour s'y noyer. Des yeux presque iréels, on les aurait crus tout droit sortis de l'Immatériel. Il y avait tout lieu de croire que son prénom était lié à ce regard qui n'avait son pareil nulle part ailleurs.

Elle s'avançait vers lui. Il sentit son cœur battre plus vite dans sa poitrine et une douce chaleur l'envahir. Il l'aimait, l'admirait, la chérissait tellement qu'il en oubliait parfois qu'elle était marquée de l'Ancre issu de l'orbe qu'avait utilisé Corypheus lors de la destruction du Saint Temple Cinéraire.

Il effaça rapidement cette pensée. Il ne voulait pas se le remémorer, pas ce soir alors qu'elle était splendide, à l'apogée de sa gloire. Les traits d'Isilmë, en ce moment, étaient ceux fiers et magnifiques des Elvens, de son peuple, leur peuple.

Elle vint prendre place près de lui, à la place qu'on s'était fait un devoir de réserver à son intention. Bien que tous les autres membres de l'Inquisition ne parlent qu'à demi-mots de leur relation amoureuse afin de leur laisser le peu d'intimité dont ils bénéficiaient (tous sauf Sera qui se méritait bien souvent des coups de coudes dans les côtes), leur amour mutuel ne faisait aucun doute.

Solas serra sa main dans la sienne sous la table. Isilmë lui adressa un somptueux sourire.

-Emma lath, lui dit-il à voix basse même si cela était peu nécessaire compte tenu du brouhaha ambiant.

L'apostat ressentait des sentiments mitigés. Il avait soudainement hâte que ce souper finisse et, en même temps, il aurait voulu qu'il ne cesse jamais. Il ressentait des pulsions animales l'envahir en contemplant la silhouette si rarement mise aussi bien en valeur de son amante tout en se disant qu'il aurait pu la contempler ainsi jusqu'à la fin des temps.

Joséphine s'éclaircie alors la gorge et des tintements d'ustensiles légèrement frappés sur les coupes de vin réclamèrent le silence. Elle allait présenter un à un tous les nobles présents, ce qui s'avérait long et fastidieux. Tout compte fait, ils n'étaient pas de sitôt près à se dévêtir mutuellement dans les quartiers de l'Inquisitrice.

Elfique :

Emma lath : mon amour

Isilmë : comme DragonAge nous révèle relativement peu de mots elfiques, lorsque le lexique disponible ne correspond pas à ce que je recherche, je me tourne vers le dictionnaire très étoffé de l'auteur qui a donné ses lettres de noblesses à cette langue imaginaire magnifique et mélodieuse dans toutes ses déclinaisons