Bonjour les gens !
Ca faisait longtemps (c'est bien, quand je copie-colle mes présentations d'un doc à l'autre avant de modifier, c'est une phrase que je peux laisser à chaque fois ;D ) !
Petite flemme d'écrire ces derniers temps. En fait c'était plus la flemme de corriger (honte à moi...) mais c'est fait !
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En pâture pour vos mirettes aujourd'hui : la suite de The perfect crime qui est elle-même la suite de Let's play with fire (c'est dur de faire des suites pas forcément prévues au début et dans le désordre, et d'essayer de s'y retrouver dans des documents qui s'appellent "Prof", "Prof 2", "Prof 2 pour de vrai", "Prof 2 pour de vrai 2" et "Prof 3". Ce n'est PAS le bordel ! Non non. Je m'y retrouve (en fait, je m'y retrouvais, mais ça a été compliqué aujourd'hui X) ) ). Pour éviter les confusions, appelons la petite nouvelle A Dance of Ice and Fire (Laaa la la la la...).
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Persos : Gundam & cie
Rated : T
Résumé : Duo a oublié d'oublier une relation ancienne... Et les fantômes sont toujours plus proches qu'on ne le croit, même en pleine nuit en boîte.
Pour : Mithy ! Parce que c'est son dernier message qui m'a fait me bouger un peu ! J'ai presque envie de lui dire : "Je vous ai... compris !" (c'était A-bsolument pas prévu pour ce soir, je comptais dormir tôt, toussa toussa... Mais bon, on trouve toujours le moyen de ne pas être raisonnable !)
Warning : Fic' à chapitres pour de vrai, le prochain est plus ou moins commencé, mais sauf si quelqu'un invente les journées de 38 heures, il ne risque pas d'avancer d'ici bientôt. Je préfère prévenir ;D Après, ça se lit même s'il n'y a pas de suite dans l'immédiat !
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Sur ce... Enjoy !
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A Dance of Ice and Fire
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« Trowaaa... Dance with me Babe.
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Musique forte. Il crie pour se faire entendre.
Corps qui bougent autour d'eux.
Deux index glissés dans les passants de ceinture d'un jean moulant. Cuisses fermes et bassin qui bougent en rythme collés à d'autres cuisses, à un autre bassin.
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- Tu voulais pas repartir avec du nouveau matos, Duo ?
- Ca n'empêche pas de s'amuser avec du connu avant de partir en chasse...
- Stratégique ?
- Totalement. Ca booste ma confiance en mon potentiel, quand je te sens contre moi comme ça.
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Trowa glisse une main dans une poche arrière du jean de Duo, l'autre dans le cou, gratouille le duvet naissant sous la queue haute châtaine dont les cheveux les plus longs viennent lui mourir au creux des reins. Il sait que ça va faire ronronner le châtain...
Oui, voilà, comme ça. Un Duo qui ronronne, ça donne les crocs.
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Deux bassins qui bougent au même rythme, qui bougent bien, ce n'est pas la première fois et certainement pas la dernière qu'ils dansent ensemble.
Depuis le lycée qu'ils se connaissent, depuis toujours que Duo se sait attiré par les mecs. Depuis qu'il a parlé de l'expérience avortée de son prof d'éco de lycée et lui à Trowa que ce dernier s'est posé la question pour lui. Qu'il a testé. Et approuvé.
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- Pas confiance en toi ? Comment c'est possible ? T'as pas levé quelqu'un dans un bar depuis si longtemps ?
- T'imagines même pas. Pas eu le temps, pas eu la motiv'.
- Quand même...
- Puis t'étais scout, toujours prêt dès que je te téléphonais.
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Un rire félin dans un cou qui sent bon l'homme.
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- C'est vrai.
- Un peu ouais. Ces deux derniers mois, tu voyais mon num s'afficher, tu répondais par ''j'arrive'' dès que tu décrochais et tu te pointais chez moi dans la demi-heure. Lundi dernier, je t'ai envoyé un point d'interrogation par sms et t'étais devant ma porte dix minutes après. J'avais pas trop besoin de me faire chier à sortir de chez moi pour chercher quelqu'un d'autre. Trop de risque d'être déçu.
- Et aujourd'hui ?
- Ca fait quelques semaines que tu cherches à te poser. Si je me sèvre pas de moi-même je vais me retrouver du jour au lendemain à devoir trouver un bouche-trou sans avoir réappris à chasser. Ca serait trop brutal.
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Rire félin, de nouveau. La main qui gratouillait le duvet cou descend dans le dos jusqu'aux reins, glisse sous la chemise à manches courtes noire et cintrée, ouverte aux trois premiers et trois derniers boutons. Effleurent du bout des doigts une taille qui vibre sous la caresse.
Les doigts de Duo enveloppent les fesses qu'il connaît bien pour les avoir minutieusement explorées moult fois et qu'il sait être fermes à souhait, attire plus contre lui encore le corps musclé comme il aime, pas trop baraque mais pas poulet non plus.
Un Trowa en tee-shirt à col en V vert comme ses yeux de fou, mèches auburn humides, et qui bouge aussi bien que d'habitude, c'est sexy. Ca met Duo en appétit, ça dilate ses pupilles, ça fonce ses yeux, ça les fait passer d'un bleu pas humain à un violet encore moins humain, phénomène méchamment amplifié par la lumière ambiguë de la piste de danse.
''Méchamment'' pour les autres. Parce que Duo sait que, quand il a faim, il donne faim. Que quand son regard crie ''viens me voir'', ''fais-moi voir'', on lui répond oui.
Duo se lèche les lèvres en pensant à Trowa, pour mieux séduire quelqu'un d'autre.
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- Me regarde pas comme ça, Duo, sinon tu vas clairement pas repartir avec du nouveau ce soir.
- Mmh ? Je me tâte, je t'avoue.
- Tu vas tâter de l'ancien, ouais, du connu.
- Merci, mais non merci. Allez, je te laisse aller dans la nature, fauve, va chasser de ton côté, que j'aille voir du mien.
- Tu veux vraiment aller voir ailleurs en sachant que j'y serai pas ?
- Tu veux te poser, Trowa, je veux une compensation tant que j'ai encore pas trop la dalle.
- On pourrait se poser ensemble.
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Le regard violet se plisse, le bassin ralentit les mouvements, perd le rythme.
Le châtain entraîne l'autre sur le bord, dégage la piste, parce qu'ils ne dansent plus et pour s'entendre mieux parler.
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- Non, on ne peut pas. On en a déjà parlé, plusieurs fois.
- Pourtant c'est déjà presque comme si c'était le cas.
- Non. Quand je t'appelle, tu viens, quand tu m'appelles, je viens. On n'a pas à se supporter le reste du temps quand on a autre chose à faire que baiser. On se parle de nos coups respectifs, on n'est pas jaloux pour 2 sous, heureusement encore, mais du coup je vois pas comment ça pourrait marcher.
- Si tu voulais...
- Ouais. Si je voulais. Mes ex que j'ai pas largués moi-même quand je les trouvais chiants et avec lesquels, du coup, je me projetais un peu plus loin, ont tous fini par me trouver relou. C'est l'histoire de ma vie. On est potes depuis trop longtemps pour que je prenne le risque de ne plus te supporter ou que tu ne me supportes plus.
- Mais...
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Smack du châtain qui interrompt avec un sourire, qui prend le poignet, qui réattire sur la piste. Qui reprend le rythme. Qui l'impose au corps en face.
Fin de la conversation, clarifiée en quelques mots, quand même :
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- Je te vire pas de mon pieu quand le temps et l'envie t'en prennent, loin de moi cette idée... Mais mon cœur, c'est trop privé et trop public à la fois pour que t'y aies droit. Je te connais trop, je t'aime trop. Je contrôle pas quand je suis en couple, tu vas me trouver collant ou ça sera l'inverse. Ce serait dommage.
- Je te ferai pas changer d'avis.
- Nop. Tu prends mon pieu, on prend notre pied, et après, on prend le large jusqu'à la prochaine fois. As usual. »
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Sourire en coin des yeux violets. Emeraudes qui les bouffent, qui bouffent leur propriétaire de bas en haut, bouches gourmandes qui se mangent.
Bon appétit.
Mais apéritifs : santé !
Parce que Duo se décolle légèrement, avec un clin d'œil dans ses yeux de plus en plus sombres, dans ses mouvements plus lascifs, dans la langue qui caresse ses lèvres, qui titille l'arcade de Trowa. Duo glisse dans un dernier lapement son piercing contre la pommette de Trowa,
puis se détache du fauve pour s'éloigner vers le bar, laissant un auburn frustré sur la piste.
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Duo a soif.
Duo crève de soif, il a l'impression qu'il fait mille degrés.
La conversation parasite qu'il a eue avec Trowa s'est terminée assez vite pour ne pas lui avoir fait perdre son envie de voir ailleurs si quelqu'un d'autre y serait pas.
Si quelqu'un qui voudrait comme lui ne pas s'encombrer de sentiments pouvait pas exister dans la foule du samedi soir. Comme ça, par hasard.
Duo a soif, Duo a la dalle aussi. Il sait que l'état dans lequel il est grâce à Trowa attire des regards sur lui, que son regard, que son corps portent son envie aux yeux de qui veut bien voir.
Et ils sont nombreux à bien vouloir.
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« Chris', tu me files quelque chose ?
- Tu veux quoi Chouchou ?
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Duo a ses entrées dans ce bar d'ambiance. Le barman l'apprécie. Et Duo sait en profiter.
Il sait aussi profiter des mecs autour, mecs qui viennent d'affluer vers le bar, une dizaine, qui le déshabillaient des yeux quand il dansait avec Trowa, qui l'ont maté jusqu'à ce qu'il s'échoue ici, sur un siège haut, pour se désaltérer.
Et ils ont soif, eux aussi.
Et surtout ils offrent des consos.
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- Mmh, merci Chaton.
- Sérieux ? Chaton ?
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Regard violet qui lève un sourcil en sirotant un Cancun coloré, que c'est bon d'être gay rien que pour pouvoir en commander des comme ça en étant un mec, zyeutant de bas en haut le brun qui vient de lui payer la boisson et qui lui caresse le bras du bout des ongles. L'a pas peur de perdre une main, lui.
Mignon, ça passe. Mais un peu jeune.
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- Ben ouais, sérieux. T'as quoi... 19 ans ?
- Euh, ouais, et alors ?
- T'as pas de griffes. Tu t'attaques à trop vieux. T'es un minot. Mais merci pour la boisson.
- J'ai des griffes, elles ne sont juste pas encore sorties.
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Pas assez d'expérience, ça se voit au regard candide. Et Duo n'a clairement pas le temps de verser dans le bénévolat ou l'œuvre caritative ni dans l'éducation sexuelle.
Il ne laisse pas Trowa pour tomber dans un plan cul merdique, il veut des garanties. Et il est convaincu de ne pas en avoir avec ce jeunot-là.
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Si tous les mecs raisonnaient comme lui, comment les p'tits jeunes pouvait se la faire leur éducation, hein ? Ouais ouais, il connaît la chanson. Comme les Mc job qui demande de l'expérience pour te prendre, comment on se la fait s'ils nous emploient pas ?
Mais Duo n'a pas que ça à faire.
Il est passé par là aussi, se faire refouler parce que trop jeune.
Il est tombé sur des sacrés cas aussi.
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Chat échaudé craint l'eau froide.
Duo échaudé renifle fort l'eau et tourne autour longtemps avant de se lancer, quand il n'est pas sûr de ce que ça vaille le coût.
Et là, perdre du temps à ça, ça l'intéresse pas. Y'a vingt autres mecs autour, plus âgés, prêts à l'emploi.
Okay, y'a pas mal de thons parmi eux.
Mais quand même.
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- Ouais ouais, tu te feras les griffes sur un autre dos, ça va pas le faire, là.
- Tu veux pas danser ? Je peux te montrer.
- Plus tard peut-être (où, dans la tête de Duo, ''peut-être'' veut dire ''non mais t'y crois, sérieux ?''). Là je bois.
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Regard dépité du petit jeune.
Duo détourne le sien, fin de la conversation.
Il s'attendait à quoi, sérieux ?
A ce que Duo lui tombe dans les bras, comme ça, avec son air de sortir de l'adolescence ? Son air de Candy dans les prés ?
Duo ne tape pas dans le p'tit jeune.
5 ans de moins que lui, ça l'intéresse pas.
Sauf si monté de façon exceptionnelle... Parfois le récent peut surpasser le plus expérimenté, certes, mais quand, même, les mecs, c'est comme le vin rouge : ça se bonifie avec l'âge. Si on n'attend pas trop longtemps pour déguster, bien sûr.
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Duo les préfère même avec quelques années de plus que lui... Il a appris à apprécier la maturité (parce que même s'il cherche pas à se poser, un mec pas trop gamin comme plan cul c'est mieux qu'un minot qui doit pas se coucher trop tard parce qu'il va au lycée le lendemain...) pendant la dizaine de mois qu'il est sorti avec son prof d'éco.
Fin de Première, une grande partie de Terminale...
C'était top.
C'était facile, quand ils étaient ensemble.
C'était marrant quand Duo l'avait pour prof, prof principal même, de son plus gros coefficient pour le bac...
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C'était parti en cacahuète parce qu'il avait pas su gérer la relation prof-élève au bahut.
Il l'avait envoyé chier un peu trop violemment devant un peu trop de personnes, de manière un peu trop personnelle. En cours.
Il ne lui avait pas parlé comme un élève parle à son prof, certainement pas.
Heureusement, il avait des circonstances qui pouvaient passer pour atténuantes, quand on ne soupçonnait pas la vérité.
Des frictions permanentes entre eux, des jeux que ses camarades percevaient comme des provocations antipathiques, eux qui ne savaient pas.
Leur prof qui était visiblement imbuvable avec lui, injuste...
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Duo et lui avaient fait semblant de s'expliquer suite à l'incident, son amant de l'époque avait ''reconnu'' que Duo élève pouvait avoir des raisons de lui en vouloir...
Poudre aux yeux de tout le monde.
Ce n'était pas allé plus loin, pas de sanction.
Les camarades de Duo l'appréciaient, ils n'ont pas cherché la mouise.
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Mais Heero et lui s'étaient dit qu'il valait mieux arrêté là.
Le danger les avait bien excités, mais là c'était passé trop proche d'un semblant de conséquences négatives...
Le blâme et l'interdiction d'enseigner pour l'un et les rumeurs et on-dit qui te devancent dans n'importe quel établissement où tu vas par la suite pour l'autre, ça n'avait rien d'excitant. Ils avaient préféré ne pas risquer d'en arriver là.
Ca avait été un crève-cœur, mais Duo était mature. Il savait être raisonnable.
Il s'était dit qu'à 17 ans, il se trouverait de toute façon quelqu'un d'autre.
Que ce n'était pas une histoire faite pour durer.
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Sept ans plus tard, aujourd'hui quoi, il lui arrive encore d'y penser.
Avant, c'était avec beaucoup de tristesse. Un grand sentiment d'injustice absolue. De rancœur envers tout ce qui représentait l'autorité clivée entre élève et prof, barrière sacro-sainte à respecter entre toutes.
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Un peu après, il y pensait avec nostalgie.
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Maintenant, quand cette vieille vieille relation (une de ses toutes premières quand même... Ca rajeunit pas tout ça) lui revient en mémoire, c'est un peu de regret qu'il ressent.
Regret que l'année se soit terminée pour Heero et lui dans un silence radio en dehors de questions de cours purement impersonnelles et vides.
Regret que rien n'ait été dit et pourtant il n'y avait plus rien à dire.
Regret parce qu'ils ne s'étaient plus fait signe depuis, pas croisés. Duo est passé devant chez lui par hasard, i ans, et par curiosité il avait jeté un coup d'œil sur le tableau de sonnettes, et le nom de son ancien amant n'y était plus, remplacé par un quelconque M. Durant ou Dupont.
Regret parce qu'à chaque fois qu'il s'est ensuite mis en couple avec quelqu'un, Duo n'avait jamais ressenti la même facilité, simplicité...
La même évidence.
Comme il l'a dit à Trowa tout à l'heure, il finissait par taper sur le système de ses copains, ou vice-versa à chaque fois.
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Alors qu'avec Heero, c'était facile.
Pas envahissant. Pas jaloux, possessif ce qu'il faut.
Il lui laissait de l'air.
Il le laissait respirer.
Il le laissait être jeune, quand même un peu immature, forcément, ils avaient huit ans de différence...
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Duo ne peut s'empêcher de comparer chacune de ses relations avec celle qu'il avait avec Heero tout en sachant que ça ne sert à rien.
A l'époque, lui-même n'avait pas les mêmes attentes. Il n'était pas aussi exigent envers Heero que ce qu'il est devenu avec ses copains devenus ex entre temps (rien de bien méchant, il demandait simplement qu'ils écoutent ce qu'il disait de temps en temps, alors qu'il tolérait sans souci qu'Heero l'envoie chier parce qu'il avait du boulot quand lui voulait parler).
Et puis, à l'époque, ils vivaient dans leur bulle. Ils ne sortaient pas ensemble de l'appart', étaient toujours chez Heero, ne voyaient jamais personne d'autre ensemble – c'était juste inenvisageable... Leur relation était bâtie sur une base fragile et surtout complètement virtuelle, illusoire.
Leur relation d'amants n'avait en fait que peu de choses à voir avec une relation de couple.
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Surtout, Duo sait qu'il compare ses relations d'aujourd'hui avec un fantôme qui n'a plus rien d'actuel.
Lui, sa vie, ses projets, ses connaissances et fréquentations (sauf Trowa), ses rêves, ce qu'il veut, sa situation familiale, ce qu'il a... Tout a changé entre temps.
S'il rencontrait Heero aujourd'hui, par le plus grand des hasards, y'aurait toutes les chances pour que ça ne marche même plus.
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Si tant est qu'Heero se souvienne de lui, bien sûr.
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Duo, mélancolique, sourit dans le vide (et quelques gars tombent dans les pommes autour de lui, éblouis... Nan, c'est une blague, mais y'a des billets tendus vers Chris le barman pour lui repayer a buâââre parce qu'il a quasi fini son verre, quand même).
Duo n'aime pas se plonger dans ses souvenirs.
C'est un bulldozer. Il fonce, et vers l'avant si possible.
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Il tombe amoureux vite. Il a des coups de cœur qui ne durent qu'une nuit.
Il en profite, il aime, avec son corps, avec sa bouche.
Passionné pendant plusieurs heures.
Puis il oublie.
Si ça dure plus d'une nuit, si ça devient régulier, si ça devient une relation, ça marche un temps, il est heureux, puis ça marche moins bien, il le regrette, mais il n'est jamais vraiment triste quand ça finit.
Ca casse. Le bulldozer passe, on fait table rase, terrain vierge, petit cœur comme un appartement vide, prêt à accueillir un nouvel occupant, à être meublé, à être aimé...
Petit cœur comme un hôtel si la réservation ne dure qu'une nuit, que l'occupant s'en va sans avoir eu le temps de marquer son passage, de laisser une déco... S'il suffit d'une douche et d'un coup de ménage pour qu'il soit complètement oublié.
Petit cœur comme un appartement de vacances, si la rencontre est temporaire, s'il y a une date de péremption connue des deux, un départ pour ailleurs, une relation de vacances, une simple entente physique qui enflamme quelques semaines avant qu'on se dise au revoir, à une prochaine, peut-être ?
Petit cœur à location indéterminée quand il y a un vrai coup de cœur, que c'est réciproque. Que ça dure le temps que ça doit durer.
Mais toujours, petit cœur à louer, jamais à vendre. Duo se lasse toujours, on se lasse de lui. Pas prêt à donner son cœur, à refourguer son petit cœur d'artichaut pour un semblant de toujours.
Pas prêt à y croire.
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Récemment, Trowa et lui ont été un peu exclusifs. Du moins l'a-t-il été avec Trowa, le fauve ayant continué à aller voir le reste de ses plans alors que lui se contentait de l'appeler une fois de temps en temps.
Avant ça, Duo avait tourné sur plusieurs plans connus, de bonne qualité (ben oui, il remettait pas le couvert s'il avait été déçu, pas fou et pas désespéré surtout, hé!), et tapait dans du gars de boîte de temps en temps à qui il disait Ciao le lendemain parce que ç'avait été juste bien, ou qu'il s'était fait eu par des crapauds déguisés en princes et qui parlaient comme Ronsard. Du sexe enrobé dans des mots doux et de la poésie. Mais du sexe quand même, et que ça.
En y réfléchissant, ça fait bien un an et demi qu'il ne s'est pas posé avec quelqu'un plus d'une semaine ou deux.
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Il sait qu'il n'aime plus Heero, bien sûr, que le prof d'éco de son adolescence est bien loin de son cœur même s'il garde toujours une place privilégiée dans sa mémoire.
Mais le fantôme de la relation,facile et innée à défaut de parfaite, plane toujours au-dessus de celles qu'il tente d'entreprendre... Du coup il ne peut que se faire du mal ou faire du mal à ses copains potentiels en allant plus loin.
Il a fini par le comprendre.
Il ne se sent pas un désespéré de l'amour.
Il considère juste que, s'il doit retomber amoureux à durée indéterminée sans fin programmée, il le sentira. Qu'il n'aura pas l'impression d'être en permanence dans l'expectative d'une rupture à plus ou moins long terme même quand tout se passe bien.
Du coup, il n'est pas triste.
Il profite, juste.
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Et là, il se rend compte qu'avec la carte fidélité Trowa qu'il a utilisée sans compter ces derniers mois, il doit réapprendre à chasser par lui-même.
Parce que Trowa a décidé de ne plus rester très longtemps sur le marché, il va bientôt fermer boutique, ne plus accepter une clientèle si nombreuse et diverse (même si sélectionnée sur le carreau). Lui qui a butiné de fille en mec, de one-night en one-night, lui qui est repassé à table plusieurs fois avec certain(e)s sans problème quand le potentiel était là et que l'entente physique aussi, sans s'encombrer de sentiments, de sensiblerie ni d'attaches autres qu'amicales, il décide finalement que, quelque chose de stable, ça lui fait bien envie, aujourd'hui.
Duo se dit que c'est son état d'esprit actuel, mais il est libre, Trowa, la plupart même disent qu'ils l'ont vu volage. Il a le sang chaud, Andalou par son père aussi coureur que lui, même si pas franchement le même gibier. Le châtain est convaincu que l'auburn ne supportera pas les entraves, les boulets au pied et autres contraintes que lui imposeront une relation, lui qui n'en a aucune expérience.
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- Salut.
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Voix chaude à son oreille. Voix qui coule vers lui, accent de Soleil qu'il ne définit pas sur ce seul mot, qu'il ne peut analyser comme ça avec la musique trop forte.
Mais qui le sort de sa rêverie instantanément.
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- Je te paie quelque chose ?
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Le gars est derrière lui, juste derrière lui, lui parle à l'oreille, sans le toucher mais à quelques centimètres à peine de lui... Il parle certainement assez fort, pour se faire entendre par dessus le son, mais pour Duo, ça ressemble à un chuchotement.
Sa présence dans son dos le fait frissonner, son souffle juste au dessus de son cou fait se dresser les petits cheveux dans sa nuque, trop courts pour rester sagement attachés avec les autres.
Duo ferme les yeux, il voudrait bien laisser basculer sa tête en arrière, mais veut voir à qui il a affaire... Une voix sensuelle peut cacher un gros lourd ou un mec de quarante ans, et même s'il aime les jeunes trentenaires, il y a des limites.
Duo ferme les yeux sous le murmure chaud sur sa peau et il est étonné de l'effet que sa présence a sur lui...
En même temps, même si plongé dans ses réflexions, il a assuré le minimum de conversation nécessaire pour garder plusieurs mecs autour de lui qui lui ont payé quelques consos, consos qu'il a bues sans y faire attention, depuis tout à l'heure.
Il tient l'alcool, mais ça commence légèrement à monter.
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Il incline la tête vers la gauche, jette un coup d'œil, voit des mèches blondes.
Il est pas trop porté sur les blonds, mais avec cette voix-là, il veut bien en voir un peu plus avant de se faire un avis.
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- Tu veux que je te paie à boire ?
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La voix répète, susurre à son oreille, et Duo se sent emporté par la musique chocolat et le timbre chaud qui cachent autant qu'ils révèlent un soupçon d'exotisme.
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- Prends-moi ce que tu voudrais que je boive...
- C'est un test ?
- Oui.
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Duo voudrait se retourner mais le blond colle son ventre contre son dos pour se rapprocher du bar et être à portée de voix du barman.
Le châtain l'entend parler plus fort, est captivé par le son.
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- Chris, un Very Bad Drink, s'teup'.
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Duo ne connaît pas ce cocktail, le nom lui parle dans sa langue maternelle, mais il n'interprète pas encore la signification : il ressent.
Il ressent les vibrations contre son dos quand le blond parle.
Il n'a pas envie qu'il se retire.
Et il ne se retire pas.
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Visiblement, le blond aussi est un habitué, Chris lui a passé direct sa commande malgré le monde.
Duo voit arriver devant lui un liquide violet dans un grand verre. Il n'en a jamais bu de cette couleur là. Il ne connaît pas.
Il renifle, s'interroge. Fait connaissance avec la forme avant d'oser goûter au fond...
Toujours évaluer, jauger la température avant de se lancer.
Il est interrompu dans sa prise de contact avec la nouvelle boisson par une main qui passe sur son ventre. L'autre passe au-dessus de son épaule gauche, attrape le verre, le subtilise.
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- Hé !
-Tu ne goûtes pas, j'en profite.
- J'apprivoise.
- Viens faire connaissance... avec ton nouveau cocktail.
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Le ventre appuyé contre son dos s'en va (frustration), la main sur son ventre aussi (intense frustration), elle attrape le bord du siège haut pivotant, le fait tourner, Duo avec lui.
Le châtain le voit enfin en entier. Assis comme il est, l'autre debout, son visage est juste au niveau de son cou... Pas assez proche pour qu'il sente son odeur.
Alors il regarde.
Blond, cheveux courts mais suffisamment longs pour que des mèches s'échappent en tout sens, coiffure à la fois élégante et étonnamment sexy – ou alors ce serait Duo qui serait légèrement subjectif ?
Yeux bleu cobalt, à peu près aussi insensés que les siens, la couleur est sans doute modulée par l'éclairage... Encore que le jeunot brun avait des yeux d'un marron tout à fait banal, sous le même éclairage.
Bouche gourmande, sourire taquin, sourire en coin, sourire séducteur, sourire je-veux-toi, sourire bientôt-tu-vas-vouloir-moi... Duo croit sincèrement que le sourire a raison.
Le reste... Le reste est à la mesure de ce qu'il a déjà détaillé, aussi proche qu'il est, de ce qu'il peut voir, le blond porte un pantalon beige mi-treilli mi-baggy, plein de poches, moulant juste ses hanches et certainement ses fesses pile comme il faut. En haut, chemise ouverte azur sur un torse peut-être un poil moins musclé que celui de Trowa, mais tout à fait au goût de Duo.
Clavicule droite décorée par un serpent stylisé qui semble s'enrouler autour d'elle, que c'est pas n'importe quel tatoueur qui lui a fait ça tellement ça semble réaliste et qu'on a l'impression que sa clavicule est prise au piège par le reptile. La tête du serpent, vers la gauche, monte un peu plus haut dans le cou, de face, regarde celui qui le regarde.
La peau est bronzée, ça doit être une peau attrape-soleil ou alors il est parti en vacances y'a pas longtemps, parce qu'il n'y a pas eu tant de soleil que ça depuis la fin de l'hiver. La peau est chaude comme la voix, Duo espère qu'elle est sucrée comme elle aussi...
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Le châtain sourit. Voilà. Ca c'est exploitable.
En plus il doit avoir 2 ou 3 ans de plus que lui... Parfait.
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Le châtain ramène ses cheveux sur son épaule dans un geste qu'il sait séduisant (il le sait parce qu'il s'est entraîné à le faire devant un miroir, faudrait pas qu'il ait l'air d'une pouff en faisant ça non plus).
Il dévoile fossettes et dents blanches... Il sait qu'il est en train de se faire examiner par l'autre exactement comme il vient de le faire.
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Que le jeu commence.
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- Fais-moi faire connaissance avec mon cocktail, Sugar.
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Duo montre la main, s'attendant à ce que le blond lui rende ce qu'il lui a payé, le mystère violet fuscia.
Il ne s'attendait pas, par contre, à ce qu'il en avale une gorgée et se penche vers lui pour lui faire goûter la boisson à même ses lèvres.
En y réfléchissant un peu (si, il en est encore capable, pour l'instant), il se dit que c'était évident que le blond ferait ça. Qu'il aurait fait pareil.
Alors il sourit contre la bouche du blond, suçote ses lèvres tout doucement en fixant ses yeux dans la mer cobalt face à lui.
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- Alors ? T'aimes ?
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C'est sucré... Ca sent la violette, c'est épicé, et puis autre chose, mais il ne reconnaît pas quoi. Avec du gin. Ca par contre, il reconnaît.
Et puis c'est doux sous ses lèvres aussi, ça bouge, ça suit le mouvement.
Ca embrasse bien.
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- Oui. Passe-moi le verre.
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Duo s'écarte légèrement, prend le verre de la main manucurée du blond, avec un sourire ça passe mieux, en prend une gorgée.
Sucre.
Ah. Goût de macaron, aussi... Miam.
Il se lèche les lèvres.
Il sourit de voir les yeux du blond se perdre sur sa bouche.
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- Donne moi-z'en.
- Non. C'est à moi. Paie-t-en un si t'en veux, celui-là est censé être à moi.
- Mais...
- Faudra me passer sur le corps pour l'avoir. (héhé)
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Sourire en coin, Duo recule son bras, met le verre hors de portée. Le blond suit le mouvement avec sa main en se rapprochant de lui, bifurque au dernier moment vers ses lèvres.
Un baiser franc. Le blond suçote, lape le sucre à sa portée.
Lui goûte la bouche quand Duo l'entrouvre.
Duo se fait avoir comme un bleu quand il sent les lèvres du blond le quitter et s'aperçoit qu'il a les mains vides, le verre entre les doigts de l'autre qui lui adresse un clin d'œil taquin.
Il a fermé les yeux à quel moment, déjà ?
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- Je t'ai eu.
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Non, songe Duo, tu ne m'as pas encore eu. Mais moi je vais t'avoir. Ce soir. A moi.
Les yeux violets deviennent gourmands.
Proie en vue, cible bloquée, prêt à tirer... son coup. Ah ouais, avec lui, carrément.
S'il baise aussi bien qu'il embrasse, alors il veut bien en prendre et en reprendre, de ce blond. Nan mais sérieux, il a réussi à le déconcentrer de son verre alcoolisé...
Les yeux turquoises sont joueurs, leur propriétaire glisse un doigt entre 2 boutons de la chemise noire de Duo, tire dessus en reculant en rythme sur la musique.
Duo se laisse entraîner en avant, descend de son siège haut, prend le rythme aussi. Ils avancent sur quelques mètres, le blond tirant le châtain à long cheveux, l'ongle de son index titillant le torse en même temps qu'il l'attire vers le centre de la piste.
Duo s'humecte les lèvres, regard un peu plus fort, sourire un peu plus chaud, glisse ses mains sur les hanches du blond, le colle à lui. Le verre violet est toujours dans la main de l'autre qui en boit une gorgée en même temps qu'il le regarde dans les yeux. Duo vient lécher la goutte qui perle juste sous la lèvre du blond. Les dents en face le mordillent, joueuses, dévient vers la commissure, vers le coin de la mâchoire. La langue du blond pointe vers la peau toute tendre sous la mandibule.
Frisson quand il lape le cou.
Prise resserrée sur les reins quand les lèvres suçotent juste au dessus de la clavicule.
Mains remontées jusqu'aux cheveux blonds et qui fourragent dedans quand le verre froid est posé sur la peau de son ventre, entre leurs deux corps.
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Chaud froid.
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Duo a chaud chaud chaud, ses doigts passent sous le tissu de la chemise bleu, les ongles griffent légèrement les reins qui se cambrent.
La sensation dure du verre disparaît, remplacée immédiatement par la douceur de la peau du ventre du blond.
Brûlure quand la chaleur du corps en mouvement remplace la fraîcheur du verre immobile.
Duo se fond au corps en face de lui, adapte son rythme, ses mouvements.
Embrasse le blond du bout des lèvres, taquin, frustrant.
Frissonne et le mord sans pouvoir s'en empêcher quand le verre est glissé sur la peau du bas de son dos.
Le sourire contre ses lèvres s'allonge.
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- Je m'appelle Quatre.
- Mes sincères condoléances. Je connais le fléau de supporter un prénom pourri.
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Un sourcil élevé au dessus d'un sourire septique. Le blond ondule toujours contre lui.
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- Prénom pourri ? Pire que Quatre ? Je demande à voir.
- Si tu devines tu verras tout ce que tu voudras...
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Le clin d'œil de Duo l'invite à essayer.
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- Hercule ?
- Nop.
- Salomon ?
- Non plus.
- Adolphe ?
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Duo fait non de la tête en effleurant le nez du blond, de Quatre, à chaque mouvement.
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- Donne-moi un indice. C'est quoi la première lettre ?
- Parle-moi de toi, je verrai si j'ai envie de t'aider à trouver ou pas...
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Le blond n'est pas susceptible. Il bouffe le sourire taquin de Duo après avoir bu la dernière gorgée de la boisson fuchsia et posé le verre où il peut, la partage avec sa langue.
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- J'ai vingt-huit ans.
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Dans le mille, songe Duo.
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- J'ai une trentaine de sœurs plus ou moins légitimes de part le monde, grâce à la vivacité de mon père, de ses plongeurs et grâce à ses nombreux voyages d'affaires à l'étranger qui m'ont permis de ne vouloir l'étrangler que quelques jours par mois – quand il était à la maison, quoi...
- Je te plains sincèrement d'avoir tant de filles chez toi.
- T'en fais pas pour moi, je n'en connais que seize...
- Quand même. Ca fait beaucoup d'attente pour accéder à la salle de bain.
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Rire sucré de Quatre à son oreille, voix volontairement snob quand il précise.
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- Mais, mon ami, nous avons douze salles d'aisance chez nous. Et encore, nous en possédons deux de plus dans notre résidence principale.
- J'ai une seule salle de bain chez moi. Et pas de résidence secondaire.
- J'aimerais être toi.
- Tu connais pas ma famille...
- Mais je connais la mienne.
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Duo pense qu'il apprécie la franchise du blond. Il l'incite à poursuivre en l'attirant plus près de lui : leur dialogue les a éloignés l'un de l'autre. Duo se coule contre le ventre du blond, se retourne pour le sentir danser contre son dos.
Le blond lui susurre à l'oreille.
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- Je suis prof d'Arabe en lycée.
- J'aime ton accent soleil.
- Origine oblige... Les profs ne te font pas peur ?
- J'ai déjà donné avec des profs. Un prof en fait. J'ai fortement apprécié, je suis prêt à renouveler l'abonnement.
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Ondulations plus fortes de Duo, provocantes, lascives, ses fesses enveloppées dans son jeans frottent contre l'avant du baggy beige dont le propriétaire répond à chacun des mouvements par un baiser dans le cou. Duo frissonne, lève les mains en rythme et les passe derrière la tête du blond. Les doigts manucurés se posent sur les hanches et leur impriment un rythme que les deux bassins suivent à l'unisson.
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- Je vais te faire oublier cet autre prof, et ça sera moi ta nouvelle référence du corps enseignant la prochaine fois...
- Je n'attends que ça.
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Oui, Duo n'attend que ça d'oublier son prof d'éco, d'oublier leur histoire qui n'en était pas une il y a sept ans. Il ajoute :
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- C'est D.
- Quoi ?
- C'est D, la première lettre de mon prénom. Amuse-toi avec ça.
- … Dany ?
- Nop !
- Danao ?
- Non.
- Daniel ?
- On parle de prénoms pourris, je te rappelle.
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Le blond prend le menton de Duo entre ses doigts, le tourne vers son visage et l'embrasse. Il sonde son regard.
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- Je peux trouver facilement ?
- A peu près aussi facilement que si j'avais essayé de deviner Quatre.
- Désiré ?
- Si tu me demande si j'aime ce prénom, non. Si tu me demandes si je m'appelle Désiré, oh mon Dieu, non. J'ai au moins échappé à ça.
- Desidario.
- T'es sérieux, ça existe ça ?
- Oui, mes frangines l'ont prouvé quand elles ont eu leurs premiers gosses. Tu maintiens que tu as un prénom pourri même en entendant ce que mes sœurs font subir à mes neveux depuis qu'ils sont nés et nommés devant la loi ?
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Duo rit, ondule tant et plus.
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- Oh que oui, je revendique la pourriture de mon prénom.
- Damar ?
- Non, pas un beau prénom, j'ai dit. Et pas un prénom qui vient de chez toi.
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Petit à petit, ils se sont éloignés du centre de la piste, pour mieux s'entendre, pour mieux s'apprendre. Ils se sont même assis sur des poufs miraculeusement laissés libres comme s'ils n'attendaient qu'eux.
Duo aime jouer à son petit jeu, mais Quatre commence à être à court. Le blond fait diversion.
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- Tu sais mon nom, tu sais ma profession et tu as fait connaissance avec l'immensité de ma famille. A toi de lâcher des infos.
- Fair enough... Mon prénom a un rapport avec le tien, et si Quatre s'écrit comme je le pense, alors le mien fait la moitié du tien, et ce dans deux sens possibles...
- Pas assez de sang dans mon alcool pour comprendre les énigmes.
- Je suis infirmier de jour...
- Et Batman de nuit ? Ton vrai nom serait Bruce Wayne ?
- Par un D, je t'ai dit.
- … Druce Wayne alors ?
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Duo se sent satisfait de sa proie, si la nuit se poursuit telle qu'elle semble être partie. Il se sent les pupilles dilatées, il sent qu'en plus d'avoir un foutu corps et une répartie sympathique, son blond a aussi un cerveau caché derrière ses beaux yeux bleus.
Il s'assied à califourchon sur les genoux de sa rencontre, face à lui. Il ponctue ses phrases par des baisers sur la mâchoire et les pommettes.
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- J'ai vingt-quatre ans. J'ai du sang américain dans les veines, et quelques années de vie commises outre-Atlantique. J'aime les spaghetti, les lasagnes... En fait j'aime tout ce qui se mange.
- Je suis sûr d'être comestible.
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Le blond vole ses lèvres quelques secondes, ses doigts dégrafant automatiquement les quelques boutons de la chemise de Duo, passant sous les pans de tissu et griffant doucement les reins nus.
Duo ronronne, mais continue, presque imperturbable.
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- J'ai un chat qui s'appelle Sacha et qui ressemble à une boule de bowling. Son surnom c'est Sacha la Boule.
- Un nom pas très heureux, lui non plus...
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Duo mordille la peau du cou quand les ongles du blond effleurent son dos, sa taille, ses épaules... Bon sang, il a combien de mains ce type ?
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- Et l'autre prof que j'ai connu il y a sept ans était mon prof d'éco au lycée. Depuis, aucun prof ne me fait peur.
- … Duo.
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Les caresses s'arrêtent, les mains s'immobilisent sur les hanches, éloignent légèrement le châtain pour que les yeux cobalt puissent lire les yeux améthyste.
Le visage est sérieux, surpris du nom qui s'est échappé d'entre ses lèvres, et Duo n'est pas sûr d'avoir bien entendu.
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- … Quoi ?
- Ton nom, c'est Duo.
- Oui, mais...
- Alors tu es le Duo de Heero.
- ...
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Le Duo de Heero ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi ce sentiment que sa poitrine se comprime, le temps d'une seconde, que son cœur saute un battement, que son cerveau fait une courte chute libre ? Le Duo de Hee...
Mais c'est qui lui, en fait ? Qui est ce blond qu'il est censé ne pas connaître ?
Répondre d'abord, demander ensuite.
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- Je suis... Enfin j'ai été le Duo de Heero il y a longtemps mais ça fait un bout de temps que ce n'est plus le cas. Et... Tu le connais ?
- C'est un collègue. Je bosse dans le même lycée que lui. Le lycée où t'as été élève du coup.
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Trop d'info à avaler d'un coup. Qu'est-ce que le blond sait, exactement ?
Duo pensait qu'aller de l'avant lui permettrait de ne plus penser à son prof d'éco. Et voilà qu'il lui revient en pleine face.
Le châtain se demande s'il doit dire quelque chose, demander des nouvelles de son ancien amant, poser plus de questions sur la relation entre le blond et lui.
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Puis il se dit que le monde est petit, surtout le monde enseignant, surtout le monde gay, et qu'une connaissance commune, c'est pas très grave.
Il se dit qu'il se prend trop la tête, que le blond lui plaît physiquement, qu'il passe du bon temps avec lui, pour l'instant. Qu'il serait con de passer à côté de ça juste parce que le fantôme de Heero est plus proche que ce qu'il pouvait penser. Que parler d'un ex avec un plan, avec un gars avec lequel il sent qu'il pourrait super bien s'entendre, c'est pas forcément une bonne idée.
Alors il dépose un baiser sur la pommette du blond, lui sourit, balaie la révélation d'un geste de la main et lui glisse à l'oreille.
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- Deviens ma nouvelle référence pour le corps enseignant, devient ma référence pour l'éducation nationale, pour tous les fonctionnaires. Pas besoin de se souvenir de Heero. »
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Une hésitation, et puis, finalement, la magie qui s'était brisée l'espace de quelques secondes revient. On répare la brèche, on oublie l'interruption. C'est plus simple.
Et le blond ondule de nouveau sous lui, et il passe ses mains sous sa chemise, et il l'embrasse à pleine bouche, avide, sexy, provocateur. Et Duo répond, ondule, mordille, caresse et embrasse. Et ils partent, vont chez Quatre qui habite tout près, consomment et se consument.
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Duo oublie son fantôme, Duo oublie son nom, celui de Quatre, celui de son ancien amant, Duo oublie qu'il ne pourra pas oublier Heero comme il l'aimerait tant.
Duo oublie que, l'espace d'une seconde, par la bouche d'un inconnu, il s'est de nouveau senti comme le Duo de Heero. Qu'il a senti sa poitrine, son cœur et son cerveau s'arrêter le temps d'une seconde, qu'il a oublié d'oublier, qu'il a oublié les sept dernières années et s'est rappelé les étreintes et les caresses d'un temps révolu avant de revenir à la réalité et à la chaleur d'un présent qui lui a pourtant paru glacé avant qu'il ne reprenne pied avec la vérité.
Une vérité où Heero avait disparu de sa vie pendant sept ans, sept ans au cours desquels seule sa pensée l'avait rappelé à lui. Mais une vérité où Heero est revenu dans sa vie à travers la parole et l'existence d'un inconnu.
Un blond qui n'a eu qu'à prononcer côte-à-côte leurs deux noms.
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WALA !
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Voilà voilà !
(Ou, la joie de repasser après coup parce qu'on se rend compte que ffiction avait mangé tous les tirets de dialogues... Laaaa la la la :] )
J'espère que ça vous a plu... Au pire, même si ce n'est pas le cas, je me suis bien amusée en l'écrivant, c'est le plus important ! ;D
Bonne soirée/matinée/journée/c'que-vous-voulez à tous !
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Naus
