Ne me laisse pas tomber

Prologue


Hermione s'étira paresseusement, profitant encore quelques instants de la douce chaleur des draps qui l'entouraient. Soudainement motivée en se rappelant la journée qui l'attendait, elle se leva sans plus attendre, emplie d'un regain d'énergie.

Aujourd'hui, c'était le grand jour ! Ce fameux ! Celui de leur départ, tant attendu, tant appréhendé, celui qu'ils avaient préparé depuis si longtemps, celui qui marquerait le commencement de leur quête des Horcruxes. Enfin !

Merlin, qu'elle était pressée, pressée d'enfin concrétiser ses rêves courageux et tous ces utopiques espoirs qui l'envahissaient souvent. L'ardeur de la tâche ne l'effrayait pas, malgré la pointe d'appréhension qu'elle ressentait parfois. Car Hermione savait. Elle savait qu'elle pourrait compter sur le soutien sans failles d'Harry et Ron. A eux trois, ils étaient invincibles.

Et ils vaincraient Voldemort.

Sur ces belles pensées, elle agrippa d'un geste vif sa baguette, tout en descendant d'un pas rapide les escaliers. Une fois en bas, elle esquissa quelques mouvements, marmonna quelques formules, et commença à s'affairer pour préparer le petit-déjeuner. Fronçant les sourcils comme si elle avait oublié quelque chose, la jeune fille laissa la magie faire son œuvre et remonta silencieusement pour commencer à ranger d'épais volumes qui traînaient sur le sol de sa chambre. Elle les fourra sans ménagement dans un minuscule sac à main, qui, sans les talents de sorcière d'Hermione, n'auraient sûrement jamais pu tout contenir.

Lorsque le parquet fût enfin débarrassé de tous ces ouvrages, elle se permit un petit sourire satisfait, quoiqu'encore un peu ensommeillé, et descendit à nouveau, des mèches folles s'échappant de sa tignasse qu'elle souffla avec agacement.

De retour dans la cuisine, le résultat qui s'offrit à ses yeux sembla la remplir d'orgueil et de gourmandise mêlés. Sur un large plateau trônaient d'alléchants toasts beurrés, quelques tranches de bacon dont le parfum venait chatouiller ses narines avides, ainsi que des œufs brouillés et trois verres remplis de jus de fruits. Un sourire aux lèvres, la jeune fille saisit les deux anses et souleva le tout, non sans mal cependant, et avec précaution, de peur de renverser un petit-déjeuner qui s'annonçait si prometteur.

Elle arriva devant la chambre où dormaient les garçons. Ils avaient tous, d'un commun accord, décidé qu'Hermione dormirait dans une chambre à part, et ce non pas dans le but de l'exclure, mais plutôt de lui laisser une intimité qui satisferait ses besoins féminins… Amusée, la jeune fille ricana à ce souvenir. Elle avait encore en tête l'image absolument tordante du visage blême de ses deux meilleurs amis lorsqu'elle leur avait précisé, nonchalante, qu'elle avait ses règles. Oui, il fallait le reconnaître, elle avait un peu profité de la situation pour pouvoir gagner sa propre chambre et surtout son propre lit, car les duvets dans lesquels elle avait dormi étaient tout simplement abominables –après tout, ces deux-là étaient trop ignares en matière de filles pour comprendre que les menstruations n'impliquaient pas de longues heures de préparation pour réfréner le sang qui coulait.

Elle pouffa doucement, une moue encore un peu narquoise aux lèvres, avant de se contorsionner pour tenter d'ouvrir la porte sans rien renverser. Après quelques efforts qui lui arrachèrent un grognement, elle parvint finalement à rentrer.

Étrange, nota-t-elle en fronçant les sourcils, interloquée. Les volets sont déjà entrouverts.

Jetant un coup d'œil circulaire à la pièce, elle finit également par remarquer que les lits de ses deux meilleurs amis étaient défaits. Et vides, par la même occasion.

La jeune fille déglutit difficilement.

Non.

Elle se trompait forcément.

Tentant de réfréner la vague d'appréhension qui l'envahit soudainement, elle posa sans douceur le plateau au sol, et sortit en coup de vent de la chambre en appelant d'une voix affolée le prénom des disparus.

Seul le silence, pesant et glacial, lui répondit, envahissant la maison comme un vent funeste envahit les ruines des châteaux abandonnés.

Mais non, non, ça ne pouvait pas être possible, bien sûr que non. Il y avait forcément une explication. Peut-être étaient-ils partis faire des courses ? songea-t-elle, essayant en vain de se rassurer, la gorge nouée par des sanglots qui menaçaient d'exploser à tous moments.

La jeune fille avisa alors un petit bout de parchemin, posé sur une table, et qu'elle n'avait pas remarqué jusque-là. Elle s'en saisit avec avidité.

Chère Hermione,

Tu vas très probablement nous détester après avoir lu cette lettre.

Pour faire court, nous sommes partis, et à l'heure où tu lis ces mots, nous sommes déjà loin. Nous t'avons laissée derrière nous pour plusieurs raisons, et nous espérons que tu sauras nous pardonner par la suite ; mais sache avant tout que nous ne l'avons pas fait de gaieté de cœur, quoique tu puisses croire.

T'emmener avec nous représentait un risque énorme pour toi, à cause de tes origines. Nous avions peur que si nous nous faisions capturer, on te tue sans ménagement, ou pire, que l'on te torture ou que l'on te fasse subir des choses ignobles. Plus que pour n'importe qui, du fait de ton statut de membre de l'Ordre, Née-Moldue et notre meilleure amie de surcroît, nous craignions pour ta sécurité.

Nous savons aussi qu'en partant, nous nous privons de tout ton savoir, de tout tes bons conseils, et plus important encore, de ton soutien. Nous préférons cependant te savoir en sécurité, au côté de l'Ordre. Cache-toi dans un endroit sûr, et n'oublie pas ce que Lupin nous a raconté, sur la Commission d'enregistrement des Nés-Moldus. Ne fais pas n'importe quoi, surtout, et méfie-toi de tout le monde. Ne compte que sur toi-même.

Nous t'aimons si fort ; pardonne-nous, Hermione.

Harry et Ron (qui espèrent d'ailleurs ne pas recevoir d'Oppugno ou autres maléfices douloureux lorsqu'ils reviendront)

Elle lâcha la lettre, qui virevolta un instant avant de se poser au sol.

Le hurlement de souffrance et d'abandon qu'elle poussa retentit dans toute la maison.


Me voilà donc de retour avec une nouvelle fiction, après Derniers mots d'une condamnée ! J'espère que cette Fremione, sur laquelle je prends énormément de plaisir à écrire, vous plaira tout autant. J'aurais, cette fois, un rythme de publication régulier, puisque j'ai pas mal de chapitres écrits en avance (sept pour le moment huhu). Pour le moment, je poste ce prologue, et le chapitre un arrivera dans dix jours, lorsque j'aurais récupéré du wifi. Sinon, je publierai toutes les deux semaines un nouveau chapitre.

Xoxo,

La Phalaenopsis.