Titre : It began with a Letter (ou comment les OST prouvent une fois de plus à quel point ils sont inspirants.)

Disclaimers : Il me paraît évident que Kingdom Hearts et tout son univers sont à moi, voyons.

Résumé : Ou comment trois lettres ont à jamais changé trois destinées.

A/N : Bonsoir tout le monde ! Je suis ultra-inspirée et surtout ultra-motivée en ce moment, d'où cette idée de mini-fic qui sera en trois parties. J'espère que cela vous plaira, aussi je ne peux vous dire qu'une chose pour le moment : Enjoy !

oooOOOooo

Terra

Caché par le couvert des arbres dans une forêt dont il ignore jusqu'au nom, Eraqus prend une dernière fois le temps de relire la missive que lui a envoyé Yen Sid deux jours plus tôt. Il y avait longtemps que l'ancien Maître ne lui avait demandé d'aller enquêter pour lui dans un Monde inconnu, aussi préférait-il s'assurer d'avoir bien tout compris.

Il fit rapidement disparaître son armure et fouilla un instant dans ses poches, à la recherche du papier à la lisibilité plus qu'approximative d'après son humble avis. Il ne se serait cependant jamais permis d'en faire la remarque au principale concerné, aussi se contentait-il de mettre son léger agacement de côté et s'efforça à déchiffrer l'écriture en pattes de mouche du vieil homme.

Cher Maître Eraqus,

J'ai récemment observé d'étranges phénomènes en rapport avec l'équilibre de la Lumière dans un Monde appelé Arinol, situé à la périphérie de notre galaxie. Ce Monde ne me paraît pas en danger, mais ces fluctuations m'inquiètent quelque peu. Peut-être pourrais-tu te rendre sur place pour moi et enquêter quelques temps, car j'aimerai malgré tout savoir ce qu'il en est. Je t'attendrai si cela te convient dans deux semaines à la Tour, pour que tu puisses me dire ce que tu as vu.

Portes-toi bien, Yen Sid.

Eraqus replia soigneusement le bout de papier et le remit à sa place, prêt à partir. Il savait que Yen Sid avait parfois tendance à s'inquiéter un peu vite en raison des événements survenus avec Xehanort quelques années plus tôt, mais il préférait ne rien laisser au hasard et avait au plus vite préparé son départ.

L'endroit où il se trouvait lui paraissait tout à fait normal, mais après tout, il était depuis longtemps bien placé pour savoir que les apparences peuvent être trompeuses. C'est donc avec prudence qu'il se mit en route et marcha jusqu'à l'orée de la forêt puis, après avoir scrupuleusement inspecté l'horizon, se dirigea vers le modeste village qu'il apercevait au loin.

Si l'endroit lui avait au départ parut de taille moyenne voir franchement petite, il fut surpris une fois arrivé de constater que les habitations s'étendaient en réalité sur tout le versant opposé de la colline où le village avait été construit, ainsi que sur une bonne partie de la vallée se trouvant en contrebas.

On était en plein milieu de l'après-midi, et les rues étaient bondées de personnes en tous genres vaquant avec animation à leurs occupations, ainsi que d'une multitude d'enfants s'amusant joyeusement aux pieds des adultes. Les rares personnes qui dévisageaient curieusement l'inconnu qu'il était ne lui accordaient au final pas plus de quelques secondes d'attention, puis s'en désintéressaient aussi vite et passaient leur chemin. Aborder les gens d'ici et chercher des réponses à ses questions ne devrait pas trop poser de problème.

Eraqus commença alors son inspection, arrêtant les passants qui semblaient moins pressés ou plus enclins à la conversation que les autres tout au long de l'après-midi, pour au final toujours entendre plus ou moins le même genre de réponse :

Si quelque chose d'étrange s'était passé dernièrement ? Non, pas qu'ils sachent. S'ils avaient entendu parler d'événements inhabituels ici ou dans les alentours ? Non, pourquoi donc ? Et ainsi de suite jusqu'à ce que le Maître de la Keyblade finisse par sortir de la ville pour pouvoir se reposer un peu.

Ses pas le menèrent à une petite clairière éclairée par les rayons du soleil couchant bordée de fleurs aux couleurs chatoyantes et par laquelle passait un ruisseau à l'eau pure et d'apparence très rafraîchissante. L'endroit parfait, songea Eraqus en s'avançant.

Mais alors qu'il allait franchir les derniers arbres qui le séparaient de ce lieu enchanteur, des cris et des bruits de pas précipités l'incitèrent à rester là où il se trouvait.

Eraqus n'eut pas à guetter bien longtemps, étant donné que la bande de gamins à l'origine de tout ce bruit déboula assez rapidement par le côté opposé à celui où il se trouvait. Il en dénombra huit au total, dont un qui attira immédiatement son attention.

Son apparence générale ne se détachait pas particulièrement de celle des autres – cheveux châtains, yeux d'une couleur indéfinissable à cette distance, un pantalon de toile brune, un T-shirt noir et des chaussures qui semblaient avoir vécu des jours meilleurs – mais c'est surtout l'incroyable quantité de Lumière que cet enfant dégageait qui interpella particulièrement Eraqus. La seconde chose qui frappa ensuite le Maître de la Keyblade, c'est que tous les autres enfants du ''groupe'' semblaient le poursuivre avec acharnement, et pas pour les meilleures raisons si l'on se fiait aux regards cruels qu'ils arboraient tous.

Le garçon parcourut encore quelques mètres avant que les plus grands de ses poursuivants ne le rattrapent et que l'un d'eux ne l'empoigne violemment par le col de son T-shirt. Les autres eurent tôt fait de les rejoindre, et il ne leur fallut pas plus de quelques secondes pour encercler leur victime.

Ils se mirent aussitôt à crier ce qui ressemblaient à des moqueries et des insultes, jusqu'à ce que le plus âgé de tous – qui devait également faire office de chef pour ses compagnons – ne leur fasse signe de s'arrêter et ne s'exclame d'un ton railleur :

« Alors, tu as encore passé la journée dans les jupes de ta maman aujourd'hui, à essayer de faire en sorte qu'elle te déteste un peu moins ?

— Elle me déteste pas ! rétorqua aussitôt le garçon.

— Menteur, tout le monde sait qu'elle ne voulait même pas de toi, et qu'elle te garde juste parce qu'elle ne peut pas faire autrement ! enchaîna aussitôt l'une des deux filles du groupe.

— C'est pas vrai, elle m'aime d'abord !

— Et si elle t'aime tellement alors, pourquoi est-ce qu'elle fait tout pour passer le moins de temps possible avec toi ? Pourquoi est-ce qu'elle se plaint tout le temps de toi avec nos maman ? Et pourquoi est-ce qu'elle t'a donné un nom de fille, hein ?

— C'est pas un nom de fille ! rétorqua-t-il violemment.

— Si c'est un nom de fille, et c'est exactement ce que tu es,Terra : une petit fille qui n'a aucun ami et même pas de parents qui l'aiment ! »

Les enfants éclatèrent tous de rire, tandis que Terra serra les poings et sembla se retenir de toutes ses forces pour ne pas se mettre à pleurer devant ces gens qu'il déteste par dessus tout.

« Eh oui, parce qu'en plus de pas avoir de maman qui t'aime, t'as même plus de papa ! Tout ce qui te reste, c'est ce stupide pendentif ! reprit soudainement l'aîné du groupe en arrachant vivement une fine chaîne en argent du cou du garçon.

Alors que les autres rirent de plus belle, Terra s'anima brusquement et sauta sans aucun préavis sur celui qui venait le lui voler son bien le plus précieux.

L'adolescent faisait facilement une tête de plus que lui, ce qui ne l'empêcha pas de le frapper à répétition au visage, jusqu'à ce que les autres ne réagissent enfin et se jettent dans la mêlée.

Lorsque Eraqus jugea opportun d'intervenir, deux des autres garçons du groupe étaient déjà dans un sale état, tandis que les filles s'étaient sauvées à l'instant même où elles avaient vu l'adulte s'approcher. Une fois à leur hauteur, le Maître de la Keyblade sépara sans effort les derniers combattants et s'exclama d'une voix grave et profonde à l'encontre du reste du groupe :

« Ça suffit, déguerpissez tout de suite si vous ne voulez pas que je m'énerve ! »

Le ton menaçant employé par l'adulte suffit aussitôt à faire fuir trois des plus jeunes garçons, mais il fallut y ajouter un des regards noir dont il avait le secret pour que les deux adolescents ne quittent enfin les lieux en courant à leur tour.

Une fois ces derniers complètement disparus, Eraqus reprit son expression habituelle et se tourna vers le garçon resté avec lui.

Terra – s'il avait bien entendu – ne semblait guère avoir plus de sept ou huit ans, et paraissait à cet instant sortir d'une terrible bataille. Ses vêtements tâchés étaient déchirés à plusieurs endroits, et du sang coulait le long de son visage d'une coupure assez profonde au front.

Le jeune garçon ne semblait pourtant pas s'en formaliser et se mit aussitôt à quatre pattes dans le lit du ruisseau, ayant eu le temps d'apercevoir l'un de ses opposants lancer ce qu'il cherchait à récupérer dans l'eau. Il ignora royalement l'adulte qui se tenait dans son dos, jusqu'à ce que ce dernier ne l'attrape doucement par le bras pour le redresser.

Terra se débattit à peine le mouvement entamé, cherchant par tous les moyens à échapper à l'emprise de cet illustre inconnu.

« Si tu arrêtes de te débattre, je t'assure qu'il me sera plus facile de le récupérer. »

Il s'immobilisa finalement et plongea son regard humide dans celui bienveillant de l'adulte, y cherchant la moindre trace de mensonge. Eraqus lui lança un sourire compatissant pour toute réponse, puis lâcha le jeune garçon pour pouvoir faire apparaître son arme.

« Aimant, prononça-t-il calmement, sous le regard maintenant curieux de Terra qui fixait avec fascination cette clé géante pointée dans le lit du ruisseau. »

L'eau frémit quelques instants et le pendentif jaillit enfin à quelques mètres d'eux, avant de venir sagement se poser dans la main tendue d'Eraqus. Ce dernier fit ensuite disparaître sa Keyblade et posa la main droite sur le front du garçon, qui cette fois-ci ne fit pas mine de bouger.

« Soin. »

La plaie se referma aussitôt, et Terra chassa les dernières traces de sang de son visage à l'aide de l'eau se trouvant à leurs pieds. Il regarda ensuite l'adulte sortir de l'eau et se demanda vaguement s'il devait le suivre, avant de se rappeler qu'il n'avait de toute façon pas franchement le choix s'il voulait récupérer son pendentif.

Eraqus alla tranquillement s'asseoir à l'ombre d'un arbre sur l'une de ses racines, puis fit signe au jeune garçon d'en faire de même. Terra s'exécuta avec quelques réticences, et resta malgré tout à une distance respectable de l'inconnu.

Eraqus observa un instant ce qu'il tenait dans la main – une chaîne tout ce qu'il y a de plus classique avec suspendu dessus un ovale parfait marqué de la lettre ''D'' – puis la tendit pour pouvoir le rendre à son légitime propriétaire.

Terra s'en empara sans attendre et le passa rapidement autours de son cou, avant d'à nouveau le faire disparaître le tout sous son T-shirt trempé. Il baissa ensuite les yeux et se mordit la lèvre inférieure, l'ait gêné, avant de déclarer d'une voix à peine audible :

« Merci.

— Je t'en prie. Dis-moi, Terra, c'est bien ça ? Hochement de tête. Pourquoi ces enfants s'en sont-ils pris à toi aujourd'hui ? »

Terra baissa cette fois-ci carrément la tête. Si tout le village ou presque était plus ou moins au courant de sa situation, il n'en avait jamais parlé ou ne s'était confié à qui que ce soit, mais bizarrement, il sentait qu'il pouvait faire confiance à l'adulte.

Il prit alors une profonde inspiration, et déballa d'un trait :

« Ils sont comme ça depuis que... Depuis que mon père est mort. Ils se moquent de moi à cause de ça, et aussi parce qu'ils disent que ma mère ne m'aime pas parce qu'elle... Elle... Son regard s'assombrit légèrement. Elle voulait une fille, alors elle a toujours été un peu comme ça, mais c'est quand même... Vraiment... Très dur. »

Terra ramena ses genoux contre sa poitrine et y enfouit la tête, peu désireux qu'une personne qu'il venait à peine de rencontrer le voit pleurer toutes les larmes de son corps. Eraqus respecta ce choix et laissa les minutes défiler, le silence seulement interrompu par sanglots involontaires émis par l'enfant se trouvant devant lui.

Ce fut seulement une fois Terra calmé et après qu'il ait récupéré toute son attention qu'Eraqus prit à nouveau la parole :

« Tu as l'air de beaucoup y tenir, commença-t-il en désignant l'endroit où reposait très certainement le pendentif du jeune garçon. Puis-je savoir ce que c'est ? »

Terra le contempla quelques instants avant de répondre, une pointe de fierté parfaitement tangible dans la voix :

« C'est mon père qui m'a demandé d'en prendre soin. Il y tenait beaucoup lui aussi.

— Ce devait être une personne formidable alors, pour que tu en prennes autant soin.

— Oh ça oui alors ! C'était le plus fort papa du monde, et aussi le plus gentil, le plus... »

Eraqus contempla d'un air songeur cet enfant dont la tristesse avait été chassée par le simple souvenir d'un homme, puis demanda d'une voix douce :

« Puis-je te poser une dernière question ? »

Terra s'interrompit brusquement et hocha lentement la tête, l'air plus sérieux à présent.

« Si cela ne te dérange pas, pourrais-tu me dire de quoi est-ce qu'il est mort ? »

Son visage sembla à nouveau s'assombrir, mais Terra ne baissa pas le regard cette fois-là et le plongea au contraire droit dans celui de son interlocuteur.

« Il y a un peu plus de six mois, une meute de loups à commencé à s'en prendre aux troupeaux, puis a fini par attaquer certains habitants du village. Un groupe d'hommes a été choisi pour nous en débarrasser, et il en faisait partie. On ne m'a pas tout raconté, mais je sais qu'il y en avait plus que ce que les gens qui les avaient aperçus le pensaient, et qu'ils n'étaient pas armés comme ils auraient dû l'être. Ce n'est pas le seul à être mort ce jour-là, mais c'est quand même... Tellement injuste. »

Sa bonne humeur semblait s'être de nouveau complètement envolée, ce qui ne l'empêcha pourtant pas de demander après un bref instant de silence :

« Et vous, qu'est-ce que vous faîtes ici ? Vous n'êtes pas du village ou des environs, et vous avez passé la journée à poser des questions aux gens.

— M'aurais-tu observé ? demanda Eraqus, un mince sourire aux lèvres. »

Terra détourna aussitôt le regard, les joues légèrement rouges et l'air boudeur, puis marmonna un rapide :

« Oui. Non. Pas vraiment. »

Eraqus rit doucement face à l'embarras du plus jeune et déclara :

« Je suis venu ici à la demande d'un ami, qui a récemment perçu des changements dans l'équilibre de la Lumière de ce Monde.

— Équilibre ? ''Ce' Monde'' ? demanda Terra, l'air quelque peu perdu.

— Oui, ce Monde. Vois-tu, l'Univers est peuplé d'une infinité de Mondes semblables ou très différents de celui-ci, mais comme toi, la majorité de leurs habitants l'ignorent et cela doit rester un secret.

—... Alors pourquoi est-ce que vous me dîtes tout ça ? répondit l'enfant après un bref instant de flottement.

— Parce qu'il semblerait que j'ai trouvé ce que je suis venu chercher.

oooOOOooo

Quand Terra repense à la rencontre qui a à tout jamais changé son existence, il lui arrive de penser avec une pointe de tristesse à la facilité avec laquelle sa mère a permis à Maître Eraqus de l'emmener, aux paysages qui ont bercé son enfance ou encore aux quelques souvenirs heureux qu'il a malgré tout pu vivre à Arinol.

Pourtant, et même s'il prend toujours avec ferveur soin du dernier cadeau que son géniteur lui ait fait, il se dit chaque jour qu'il a pris la bonne décision, qu'il est heureux comme il n'aurait sans doute jamais pu l'être là-bas et qu'il a enfin trouvé ce père qui lui manquait tant.

oooOOOooo

Voilà... La partie d'Aqua prochainement, mais en attendant, j'aimerai beaucoup savoir ce que vous en pensez !