Bip
Bip. Bip. Bip. (réveil)
07h20
Les cheveux encore ébouriffés de sa courte nuit, des crampes un peu partout et une odeur de transpiration collant à sa peau, une jeune femme, interne à Princeton Plainsboro sauta en bas de son lit. Son dos semblait lui faire payer la multitude de positions différentes prises pendant la nuit. Amant fougueux ? Non, insomnie…
Arrivée dans la cuisine empêtrée dans son vieux pyjama, celui partagé par toutes les célibataires, elle alluma la machine à café. Puis, d'un pas traînant, elle rejoignit sa salle de bain.
Une main fouillant dans l'armoire pour attraper les premières fringues disponibles et une pause maquillage plus tard, elle était prête à affronter une dure journée de travail. Elle avait caché tant bien que mal ses cernes qui, si elle ne dormait pas mieux la prochaine nuit, finiraient par descendre jusqu'au milieu de son visage.
Avant de partir, comme chaque matin, elle attrapa la machine à café et versa la substance apaisante dans une petite tasse bleue. La vue de la boisson chaude lui rappela d'horribles souvenirs, éléments essentiels de son insomnie : hier, Allison Cameron avait fait la chose la plus courageuse de sa vie. La plus débile aussi, vraisemblablement…
Elle était amoureuse de son patron, le célèbre, l'odieux, le brillant, le cassant, le charmeur, le vicieux Dr. Gregory House. Et comme elle ne savait jamais fermer sa gueule assez longtemps pour ne pas finir par dévoiler ses sentiments, d'après ses propres mots, elle avait fait une connerie. Une BELLE connerie.
House utilisait à outrance un tableau blanc sur lequel il notait les symptômes de ses patients. Et la veille au soir, Cameron, seule dans la salle où débattait les diagnosticiens, au départ pour se faire un café, n'avait rien trouvé d'autre à faire que d'écrire sur le tableau ce qu'elle pensait de House. Oh, bien sûr, elle comptait effacer ça après. Elle avait commencé par dépeindre, sous forme de symptômes, les éléments de son caractère odieux. Jusqu'à se lâcher, en écrivant ce que son cœur lui criait depuis des mois. « House x3 », « Je vous aime Greg » et « Allison + Greg » y étaient passé. Pour rigoler, bien entendu. Une version enfantine de ses sentiments…
Jusqu'à ce que l'innocence de l'enfance fasse place à la passion dévorante et sensuelle. Jusqu'à ce qu'elle écrive sur le tableau : « Je te veux, House ». Jusqu'à ce que le café brûle. Jusqu'à ce qu'une femme de ménage vienne l'aider à arrêter la machine. Jusqu'à ce que Cameron quitte l'hôpital juste après cet évènement. Et jusqu'à ce qu'elle se souvienne du message sur le tableau une fois rentrée chez elle.
Là commençait certainement le deuil de son honneur…
