Note d'avant-chapitre : non, non, non. L'Assistante et Auprès de Toi ne sont pas abandonnées. J'ai quatre chapitres à traduire pour l'un, et sept chapitres pour l'autre (pour un total d'un peu plus de 35 000 mots, arg)... Mais me cantonner aux traductions (surtout que c'est aussi le travail que je dois fournir dans le cadre de mes cours) me sort un peu par les yeux en ce moment.

Je participe en ce moment-même à une sorte de NaNoWriMo, où 20 000 mots doivent être écrits en 20 jours. Il est donc tout naturel qu'un Snamione ait vu le jour...

Cette fiction sera courte, aux alentours de 30 000 mots selon mes estimations. J'en suis à la moitié, et posterai donc très régulièrement. J'espère qu'elle vous plaira. Bonne lecture.


Je Te Guiderai

Chapitre I


Biberons : prêts. Couches ? Délicatement posées dans un grand sac, près des lingettes et du talc. Les jouets de Rose Weasley avaient connu le même sort, et c'est avec un sourire satisfait qu'Hermione Granger referma rapidement le sac qu'elle avait pris le temps de préparer. Un coup d'œil à sa montre fut à l'origine de son énième soupir de la journée qui n'était pourtant pas très avancée. La nourrice qui s'occupait de Rose depuis plus de quatre mois était censée récupérer la petite fille sur les coups de huit heures, comme elle en avait l'habitude. Mais il était déjà huit heures cinq, et Hermione craignait de ne pas pouvoir ouvrir sa librairie à l'heure en ce 10 octobre 2006.

Ce furent les pleurs de Rose qui interrompirent le cours de ses pensées. Mordillant nerveusement sa lèvre inférieure, Hermione se dirigea vers la chambre de sa fille qui avait déjà pris son premier biberon de la journée un peu plus tôt. Le visage commençant à rougir à force de hurler à pleins poumons, Rose tendit les deux bras afin de regagner la chaleur réconfortante de sa mère.

- Je suis là, Rose..., murmura Hermione en posant délicatement la tête de la petite fille dans le creux de son épaule, la serrant contre sa poitrine. Un petit baiser derrière son oreille suffit à l'apaiser, et Hermione se mit à bercer tant bien que mal sa fille.

- Gloria ne va pas tarder à arriver, ajouta-t-elle à l'oreille de Rose. Tu aimes beaucoup Gloria, n'est-ce pas ?

La petite fille aux cheveux auburn eut un sourire ravi avant d'enfouir son visage encore une fois dans l'épaule de sa mère, comme gênée. Un coup de sonnette mit fit à ce moment si intime qu'Hermione aimait partager avec sa fille, et c'est avec Rose dans les bras et son sac négligemment jeté sur son épaule qu'elle prit la direction de la porte d'entrée, traversant le salon par la même occasion.

La porte s'ouvrit sur le visage rouge de Gloria, une jeune femme de presque trente ans, visiblement essoufflée.

- Je suis désolée, Hermione, j'ai du aller chercher Ethan avant Rose, expliqua-t-elle, le souffle court, pointant du doigt le petit garçon de deux ans qui était paisiblement installé dans la poussette de deux places qu'elle avait l'habitude d'utiliser tous les matins.

- Il n'y a pas de mal, la rassura Hermione avec un sourire. Je n'aime pas insister, mais si cela vous arrange, je peux tout à fait déposer Rose tous les matins...

- Non, non, non, l'interrompit Gloria, prenant doucement Rose des bras de sa mère. Il n'en est pas question, c'est mon travail, expliqua-t-elle avec fierté. N'est-ce pas Rosie ?

Rose lui adressa un sourire du haut de ses presque deux ans, avant de déposer sa tête sur l'épaule de sa nourrice, le regard fixé sur sa mère.

- Sois sage, Rose, maman viendra te chercher vers 19 heures si tout va bien, dit-elle en lui envoyant un baiser des bouts des doigts. J'ai préparé ses affaires, il ne devrait rien manquer, précisa-t-elle à l'attention de Gloria.

- Je vous fais confiance, Hermione, vous êtes une des mamans les mieux organisées que je connaisse, répliqua Gloria en déposant délicatement Rose dans la poussette. Dis au revoir à maman, Rose !

- Mama !, s'exclama Rose en lui envoyant un baiser également, comme Hermione le lui avait appris.

Gloria, Ethan et Rose s'éclipsèrent dans le couloir de l'immeuble, et Hermione referma doucement la porte derrière elle, un sourire aux lèvres. Elle profita d'être enfin seule afin de se rendre dans la salle de bain pour mettre une dernière touche de maquillage, nécessaire afin de lui redonner un peu de fraîcheur pour la journée. Rose faisait certes ses nuits depuis longtemps, mais il n'en était pas moins vrai qu'être une mère était épuisant. Une mère célibataire qui plus est. Un coup d'œil au miroir qui surplombait le lavabo lui apprit que ses cernes n'étaient pas moins visibles que la veille, et ce malgré cette crème miracle vantée par les multiples magazines qu'elle feuilletait les soirs de solitude, Rose déjà endormie dans son berceau. Avec un soupir, elle referma rapidement le pot de crème et le déposa sans délicatesse sur le lavabo, avant d'aller enfiler ses chaussures.

Gérer elle-même sa propre librairie lui permettait des libertés qu'elle n'aurait pas pu se permettre en temps normal. Pouvoir gérer son temps comme elle le voulait était un atout non négligeable, et Hermione ne pourrait jamais assez remercier ses parents. Presque un an auparavant, ils l'avaient aidée, de bien maintes façons. Ils lui avaient confiée une somme non négligeable, l'incitant à s'en servir afin de se construire un avenir digne de ce nom. Son premier réflexe avait bien sûr été d'aller à la recherche d'un appartement assez spacieux pour les accueillir, Rose et elle-même. Ce petit trois pièces niché dans la banlieue lointaine de Londres, à plus d'une heure de la capitale, avait été une idée de sa mère, et Hermione en était tombée amoureuse au premier regard. L'immeuble était de petite taille, seules trois foyers y ayant élu résidence. Hermione ne regrettait nullement cet investissement, et le fait d'avoir choisi de s'exiler loin de l'effervescence de Londres lui avait permis de garder assez d'argent de côté afin de mener à bien un projet qui lui tenait à cœur depuis de nombreuses années, mais qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de concrétiser : ouvrir sa propre librairie.

L'emplacement n'avait pas été aisé à trouver, Hermione ne désirant pas retourner à Londres. Ses arguments étaient simples et clairs : elle ne voulait pas vivre à plus d'une heure de route de son travail. Comment ferait-elle si Rose était malade ? Comment pourrait-elle être à ses côtés rapidement si elle avait toujours cette contrainte d'une heure minimum ? Ses parents n'étaient pas forcément d'accord avec ce choix, mais, quand deux mois après s'être installée dans son nouvel appartement avec sa fille, elle avait prit connaissance du départ à la retraite d'un libraire à moins de quinze minutes de son domicile, Hermione n'avait pas hésité. Elle avait prit son courage à deux mains, et avait fait connaissance avec le propriétaire des lieux, un certain Edward qui lui rappelait étrangement Dumbledore. Edward n'était certainement pas aussi âgé que l'ancien directeur de Poudlard, mais tout dans son attitude, de son air paternel à son humour parfois incompréhensible, lui rappelait Albus Dumbledore, l'homme aux lunettes en forme de demies-lunes.

Ils avaient liés des liens dignes d'une relation père-fille depuis, et Rose l'adorait. C'est ainsi qu'Hermione avait proposé à Edward de racheter son fonds de commerce, chose que le vieil homme avait accepté de bon cœur.

- Il est rare de tomber sur des personnes aussi bienveillantes que vous, Hermione, lui avait-il confié le jour où il lui avait remis les clés de la librairie.

C'est ainsi que l'ancienne Gryffondor s'était retrouvée propriétaire d'une librairie de petite taille, avec l'envie et le courage qui l'avaient toujours caractérisée. « A cœur vaillant, rien d'impossible », avait-elle l'habitude de se répéter comme une litanie lorsque l'envie de baisser les bras commençait à se faire sentir. Les photographies de Rose qu'elle avait disséminées un peu partout, à l'abri des regards toutefois, lui redonnaient du baume au cœur lorsque le fait de voir la librairie déserte la pesait. Mais cela n'arrivait fort heureusement pas tous les jours Hermione avait la chance d'être la seule libraire dans un rayon de plusieurs kilomètres, ce qui lui apportait une clientèle fidèle et agréable. Plus d'une fois, elle avait été complimentée par les conseils qu'elle prodiguait aux clients, pour son plus grand plaisir. Cela la confortait dans son idée selon laquelle ce choix de carrière était définitivement le bon.

Secouant doucement la tête afin de chasser ces souvenirs, Hermione enfila son trench et quitta son appartement. Elle se dirigea vers la voiture qu'elle avait achetée deux mois auparavant, juste après l'obtention fortuite de son permis de conduire. Avoir grandi dans un environnement moldu l'avait considérablement aidée à ne pas se sentir étrangère à ces us et coutumes somme toute assez particulières pour celui qui les découvrait. C'était sa vie dorénavant, pensa-t-elle en tournant la clé de contact, prête à affronter une nouvelle journée.

XxX

- Une sucrerie, Severus ?, dit la Médicomage d'un ton langoureux.

Le sorcier releva les yeux de sa potion, visiblement irritée par les élucubrations de la jeune femme qui glissa délicatement une dragée surprise de Bertie Crochue dans sa bouche, le regard fixé sur lui.

- Cela ne sera pas nécessaire, Miss, parvint-il à dire à voix basse avant de retourner son attention à la potion qui mijotait doucement dans le chaudron.

- Vous savez, j'ai une méthode infaillible afin de ne pas tomber sur une dragée fourbe, continua-t-elle en s'approchant de lui, croquant par la même occasion dans la sucrerie.

- Je n'en doute pas, grommela Severus en lui jetant un regard en coin.

Cette Samantha n'était pas sa collègue préférée, loin de là. Les regards plein de désir qu'elle lui lançait depuis son arrivée à Ste Mangouste un peu moins de six mois plus tôt le mettaient de plus en plus mal à l'aise, et il n'arrivait pas à comprendre pourquoi. Pourquoi cette jeune femme de dix ans sa cadette n'arrêtait pas ses avances à son égard, après qu'il lui ait fait comprendre de mille façons possibles qu'il n'était pas intéressée. Elle était désirable, Severus ne le niait pas. Ses longs cheveux blonds qui caressaient son dos semblaient soyeux, et ses yeux bleus étaient splendides. Mais Severus n'était pas intéressé par elle, ni par aucune autre d'ailleurs. Les seules choses qui attiraient son regard étaient ses potions. Et cela lui était bien suffisant.

- Il suffit de..., commença Samantha en posant ses mains sur la chaise où l'ancien professeur de Potions était assis.

- Je ne doute pas de votre capacité hors-du-commun, Miss, mais comme vous le voyez, il se trouve que certains essayent de travailler présentement, l'interrompit-il en se redressant froidement, son regard plongé dans celui de la Médicomage. Il est plausible que vous ayez des patients à visiter, n'est-ce pas ?

Il vit Samantha déglutir difficilement, devant avaler la même occasion sa fichue sucrerie, et hocher la tête.

- Bonne journée, Severus, marmonna-t-elle avant de prendre congé, laissant la porte ouverte derrière elle.

Se retrouvant enfin seul, Severus Snape laissa échapper un soupir. Cela faisait plusieurs mois qu'il travaillait sans relâche sur une potion censée prévenir les cancers et pourquoi pas les traiter, et pour la énième fois, il se trouvait dans une impasse. A la couleur grisâtre qu'avait prise sa potion, il savait qu'il avait encore échoué.

Et pourtant... Pendant des mois, il avait passé ses jours et ses nuits à essayer de développer cette potion miraculeuse. Pour une raison que tous ignoraient, les cancers n'avaient jamais affecté les sorciers pendant des millénaires. Cette maladie que tous pensaient liée à la condition de Moldu avait pourtant réussi à les frapper de plein fouet, et ce n'était pas un, ni dix cas dont il s'agissait : plus d'une centaine de sorciers y étaient confrontés à travers le monde, et rien ne pouvait l'expliquer.

Il n'y avait qu'une seule chose que les sorciers n'étaient pas en mesure de guérir : la mort. Mais le cancer ? Allons donc, il devait bien y avoir un remède, un sort, une potion contre cette "simple" maladie ! Mais quand certains sorciers avaient trouvé la mort suite à des complications, bien que non nécessairement liés à la maladie en elle-même, le Ministère s'était inquiété : il fallait trouver une solution. Des moyens moldus avaient été déployés dans les hôpitaux, et Ste Mangouste ne faisait pas exception à la règle. Chimiothérapies, radiothérapies étaient devenues des passages obligés. Mais les connaissances des sorciers en médecine moldue n'étaient pas les meilleures, et ils ne devaient se fier qu'à ce qu'ils dénichaient dans les livres.

De rage, Severus se leva précipitamment, manquant de renverser le chaudron à ses pieds. On comptait sur lui, sur son expertise en la matière afin de mettre au point une potion efficace contre ce cancer qui rongeait le monde sorcier sans laisser une minute de répit à leur hôte.

Se passant une main lasse dans ses longs cheveux qui laissaient apparaître par endroit des fils blancs, Severus s'approcha du bureau qu'on lui avait attribué quelques mois plus tôt, lorsqu'il s'était installé à l'hôpital afin de mener à bien ses recherches. Il rangea avec hâte les parchemins sur lesquels il avait travaillé toute la journée, avant d'ouvrir un tiroir situé à sa gauche où il avait l'habitude de glisser ses documents une fois la journée terminée.

Mais cette fois-là, le tiroir ne s'ouvrit pas. Fronçant les sourcils, Severus prit sa baguette et jeta un Alohomora sur la serrure, sans succès. Épuisé par sa journée, et ne désirant pas rester plus longtemps dans ce lieu qui empestait la maladie, il se décida à changer ses habitudes et opta cette fois pour le tiroir de droite qui n'opposa, fort heureusement, aucune résistance.

Alors qu'il s'apprêtait à déposer ses propres parchemins noircis de formules en tout genre, son regard tomba sur une liasse de parchemins jaunis. La curiosité finit par l'emporter, et après avoir déposer ses recherches sur le bureau, il passa une main rapide sur les documents qu'il venait de trouver, les dépoussiérant du mieux qu'il le pouvait. Une petite couche de poussière resta collée sur le bout de ses doigts, mais il ne s'en soucia guère. Le titre qui barrait le premier parchemin en lettres noires était assez évocateur pour l'intéresser :

« Recherches sur les multiples remèdes contre le cancer »

Severus déplaça son pouce qui l'empêchait de lire la seconde ligne d'écriture, et son cœur manqua un battement.

- « Par Hermione Granger »..., murmura-t-il.

XxX

La liasse de parchemins glissa des mains de Severus et vint se loger sur ses propres recherches. D'une main fébrile, il se mit à feuilleter les documents, comme à la recherche d'une réponse à ses recherches désespérées. Ses yeux tombèrent à plusieurs reprises sur des termes connus, sur des ingrédients qu'il avait lui-même utilisés, mais rien ne recoupait complètement ses propres essais.

Rien.

Avec un soupir, Severus soupesa rapidement les parchemins, et se rendit compte que le travail fourni par son ancienne élève était plus que conséquent. Elle avait très probablement passé des journées entières à étudier ce sujet. Et pourtant, se souvint-il en fronçant légèrement les sourcils, le cancer n'était pas une maladie répandue dans le monde sorcier lorsqu'elle était encore employée à Ste Mangouste. Alors pourquoi Hermione Granger avait-elle mené des recherches aussi poussées sur le sujet ?

Hermione Granger... Il avait bien sûr entendu parler d'elle à son arrivée à Ste Mangouste. Plus d'une fois, il avait du sourire avec une complaisance somme toute relative à chaque médicomage qui vantait les qualités de la jeune femme. Cette dernière semblait avoir eu un certain impact sur la politique menée par l'établissement médical depuis quelques années. Les délais de prise en charge des patients étaient dorénavant bien plus courts que par le passé, et les suivis médicaux étaient plus poussés. Un véritable lien médicomage-patient s'était créé au fil des années, et l'influence d'Hermione Granger n'avait pas été négligeable. Après la Guerre qui avait laissé de nombreuses familles détruites, elle avait, semble-t-il, cherché un moyen de mettre ses connaissances au profit du plus grand des biens : et aider les sorciers à se reconstruire de façon médicale avait été pour elle la voie toute trouvée.

Pendant plusieurs années, elle avait travaillé sans relâche, menant des recherches importantes débouchant sur des découvertes somme toute surprenantes par moment : la dernière en dateétant une potion permettant la régénération rapide des connections nerveuses au niveau du cerveau, une première dans le monde magique.

Mais ce n'était pas là réellement sa dernière découverte, pensa Severus en tournant négligemment les parchemins qui étaient désormais éparpillés sur son bureau. Hermione Granger avait tenté d'aller plus loin, mais, à la lecture de la dernière page de parchemin, il comprit qu'elle n'avait pas réussi à aller au bout de ses recherches.

Pestant à voix basse, Severus se laissa aller contre le dossier de son fauteuil. Ces recherches étaient une base, un début. Il pourrait essayer de recouper les informations trouvées par la jeune femme avec ses propres recherches, en croisant les doigts pour que quelque chose d'intéressant ressorte de ce travail.

Les yeux perdus dans le vide, il croisa ses mains sur son estomac, étirant ses jambes du mieux qu'il pouvait. La journée avait été longue, et encore une fois, retourner à Spinner's End ne lui plaisait guère. Et pourtant, il ne pouvait pas rester ici, à Ste Mangouste, alors que les couloirs se vidaient peu à peu, ne laissant là que les médecins de garde. Soudain, une femme s'arrêta devant la porte grande ouverte de son bureau, l'air surpris.

- Severus Snape qui ne ferme pas la porte de son bureau ? Que se passe-t-il donc ?, laissa échapper une médicomage aux yeux verts d'un âge assez avancé, serrant une liasse de documents contre sa poitrine.

- Il se trouve, Mrs Jones, qu'une certaine blonde – que je ne nommerai pas – semble ne pas avoir appris les règles de vie en communauté, expliqua-t-il avec un léger rictus.

- Ah, Samantha a encore fait des siennes, explicita la médicomage avec un léger rire. Elle ne semble pas lâcher l'affaire...

- Et elle devrait, pourtant, finit Severus à sa place. Êtes-vous de garde ce soir ?

- Mmh, acquiesça Eterna Jones en hochant la tête. D'ailleurs, je dois aller voir un patient de ce pas. Ne tardez pas trop Severus. Bonne soirée.

Severus la salua d'un signe de tête alors qu'elle disparaissait dans le couloir, prenant soin de refermer la porte derrière elle. Le regard de l'homme à la cape noire tomba encore une fois sur le nom d'Hermione Granger, et c'est avec hâte qu'il regroupa l'ensemble des parchemins qui se trouvaient sur son bureau. Une nuit de recherches l'attendait.

XxX

Hermione glissa la clé dans la serrure de la porte de sa librairie aux alentours de dix huit heures trente, mettant ainsi fin à sa journée de travail. La nuit commençait à tomber, et elle avait hâte de retrouver Rose. La maison de Gloria n'était située qu'à quelques minutes en voiture, et le trajet se déroula sans encombres. Elle finit par arriver devant une maison en brique rose pâle, et se gara devant la barrière en bois peint. Hermione remarqua que Gloria avait planté quelques nouveaux plants de roses, et elle eut un sourire attendri en se dirigeant vers la porte d'entrée, sonnant deux coups.

- Oh Hermione, s'exclama Gloria, laissant entendre un délicieux accent espagnol. Rose vous attend dans le salon, entrez donc.

Hermione ne se fit pas prier et entra dans la charmante demeure, emplie de gazouillis d'enfants. Ethan fut le premier enfant sur lequel elle posa les yeux, et elle se pencha sur lui afin de lui déposer un baiser sur le front. Au bout de quatre mois, elle avait appris à apprécier ces enfants qui vivaient presque au quotidien aux côtés de sa fille. Elle était heureuse d'avoir eu la chance de tomber sur une nourrice aussi exemplaire que Gloria. Et pourtant, la partie n'avait pas été gagnée d'avance, Gloria refusant de s'occuper de plus de deux enfants à la fois. Cela avait joué en sa faveur en quelque sorte : c'était un gage de sérieux aux yeux d'Hermione. Mais Gloria s'occupait déjà d'Ethan et de Chloé, une adorable petite blonde. Hermione avait du insister plusieurs jours avant de faire céder la nourrice. A vrai dire, c'était Rose qui l'avait fait céder, grâce à ses sourires et son caractère paisible.

Soudain, le regard d'Hermione accrocha celui de sa fille, et cette dernière se mit à ramper, évitant du mieux qu'elle pouvait les jouets qui étaient amoncelés sur le sol.

- Mademoiselle Rose Weasley, il me semble que vous sachiez marcher, n'est-ce pas ?, l'embêta Hermione en la prenant dans ses bras. Tu as été sage ?

Gloria laissa échapper un rire ravi en prenant Ethan dans ses bras.

- Bien plus sage que celui-ci ! Ethan n'a pas arrêté d'embêter Chloé aujourd'hui. Rose a eu la chance ne pas avoir à le supporter cette fois-ci, expliqua la nourrice.

Rose posa sa tête dans le creux du cou de sa mère et commença à fermer doucement les yeux.

- Eh bien, dit Hermione, je vois qu'une petite fille est fatiguée. Nous allons rentrer, Gloria, et merci pour tout.

- Je vous en prie, Hermione, ce fut un plaisir. Je viendrais la chercher demain à huit heures précises cette fois-ci, sans faute.

Hermione lui fit la bise en guise d'au revoir et se glissa à l'extérieur de la maison, après avoir pris le sac à langer de Rose. Elle serra sa fille contre sa poitrine afin de la protéger de la fraîcheur des nuits d'octobre et l'installa à l'arrière de la voiture, prenant soin de ne pas la réveiller.

Il n'y avait qu'une dizaine de minutes de voiture qui séparait la maison de Gloria à son propre appartement, et elles furent rapidement arrivées. Rose ne se réveilla pas une fois arrivée dans sa chambre, et Hermione la déposa avec doucement dans son berceau, refermant légèrement la porte derrière elle alors qu'elle se rendait dans le salon. Là, elle enleva ses bottes et se dirigea vers la fenêtre ouverte du salon afin de la refermer. Hermione fronça les sourcils : elle était persuadée d'avoir fermé la fenêtre la veille au soir.

Soudain, ses yeux tombèrent à ses pieds, et elle vit une enveloppe rouge sang, fermée par un cachet en cire à l'arrière. Elle roula des yeux, sachant pertinemment de quoi il s'agissait : une Beuglante. Avec hâte, elle alla referma la porte de la chambre de Rose après avoir jeté un sort à la pièce afin qu'elle n'entende rien de ce qui s'y passait à l'extérieur et rejoint le salon. A l'aide de sa baguette, elle lança divers sorts sur le parchemin rouge toujours scellé, afin de diminuer l'intensité du message qui allait lui être délivré dans quelques instants. Elle avait bien pensé à jeter la lettre au feu, mais elle savait que cela n'arrangerait pas ses problèmes : la lettre s'ouvrirait de toute façon au contact du feu et de la cire.

Prenant une profonde respiration, elle ouvrit la lettre et la laissa tomber sur la table basse, comme brûlée.

Le parchemin sembla prendre vie, et il se tordit en une bouche en papier assez grotesque.

- Hermione Jane Granger, dit la lettre d'une voix forte, mais comme étouffée par un bâillon. Cela fait plusieurs jours, que dis-je !, plusieurs semaines que je n'ai pas posé les yeux sur ma petite fille, Rose Weasley. J'espère que tu régleras ce problème dans les jours prochains. Sache toutefois, rajouta le parchemin d'une voix plus douce, que notre porte t'est toujours ouverte, ma chère. Nous vous attendons.

La lettre retomba sur la table basse, et Hermione s'aventura à la prendre dans ses mains. Comme elle s'y attendait, le parchemin était signé de Molly Weasley, la grand-mère de Rose. Hermione laissa échapper un soupir. Elle savait que ne pas emmener Rose voir ses grands-parents était une erreur, et pourtant, elle ne pouvait se résigner à l'emmener au Terrier tous les week-ends comme Molly semblait le vouloir. Leur dernière visite à la demeure des Weasley remontait à plus de deux mois auparavant, et depuis, la jeune femme avait le plus grand mal à s'y rendre de nouveau.

Non pas que leur dernière visite se soit mal passée, loin de là. Mais il s'avérait que le Terrier lui rappelait trop de souvenirs, tant de souvenirs qu'elle essayait tant bien que mal de mettre de côté. Des souvenirs de sa vie d'auparavant, des souvenirs de sa vie aux côtés de Ron.

Hermione replia doucement la lettre et la déposa sur d'anciennes lettres qu'elle avait reçu depuis son emménagement. Des lettres de Ginny, d'Harry, de Neville... Des lettres qui étaient autant de témoignages de soutien de la part de ses amis, mais auxquelles elle n'avait jamais pris la peine de répondre. Qu'aurait-elle pu leur dire après tout ça ? A 27 ans, elle essayait de tourner la page, et ressasser le passé n'était pas une bonne idée. C'est la raison pour laquelle la seule photographie de Ron qu'elle avait gardée se trouvait dans la chambre de Rose, près de son berceau. Même si elle ne voulait plus y penser, sa fille avait le droit de connaître son père.

D'une main tremblante, Hermione prit un parchemin vierge qui se trouvait sur la petite table près du canapé, non lui de la lampe que sa mère avait acheté pour elle un an plus tôt, ainsi qu'une plume. C'était une des seules reliques que son ancienne vie qu'elle avait gardé : sa plume et son encre. Parfois, elle devait affronter des regards surpris, mais elle arguait alors qu'elle aimait écrire à l'ancienne. Tenir un stylo était tellement inapproprié pour elle après toutes ces années passées avec une plume à la main qu'elle ne s'était même pas donnée la peine d'essayer.

Sa plume s'arrêta à quelques centimètres du parchemin, alors qu'Hermione se baissait un peu plus afin d'être au plus près de la table basse. Enfin, elle se mit à écrire.

« Chère Molly, cher Arthur,

Je comprends bien votre peine à l'idée de ne pas voir Rose aussi souvent que vous le souhaitiez, mais tenir la librairie accapare une majeure partie de mon temps. Comme vous le savez, je n'utilise plus que des moyens de transport moldus, et venir au Terrier me prend plusieurs heures. Cependant, je ferai l'effort de venir vous voir en compagnie de Rose en fin de semaine, afin que vous puissiez la voir. Elle me parle très souvent de vous.

Je vous embrasse.

Hermione »

Une fois la lettre écrite, elle replia le parchemin en trois et se dirigea vers la fenêtre qu'elle venait de fermer quelques minutes auparavant. Elle n'avait certes pas vu de hibou, mais elle savait pertinemment qu'il était resté non loin de son appartement, Molly sachant qu'elle ne possédait pas de hibou. Comme elle l'avait anticipé, un hibou vint se poser à sa fenêtre une fois qu'elle l'eut ouverte, et ouvrit son bec afin de prendre la missive fraîchement écrite dans son bec.

- Retourne donc à ton expéditeur, murmura-t-elle en lui tapotant gauchement la tête.

Le hibou ouvrit ses ailes et s'envola dans la nuit, laissant Hermione seule, accoudée au rebord de sa fenêtre, bercée par la douce brise de ce mois d'octobre.

XxX

Accoudé à son bureau, tout juste éclairé par une lampe qui commençait à rendre l'âme, Severus se frotta les yeux pour la énième fois de la soirée. Un rapide coup d'œil à l'horloge qui surplombait son bureau suffit pour lui faire comprendre qu'il était plus que temps de se rendre au lit, et pourtant, il s'efforça tant bien que mal de garder les yeux ouverts. Il venait de lire un passage intéressant des recherches d'Hermione Granger, assez intéressant pour le garder éveillé.

« […] En l'état actuel des connaissances, il est peu probable qu'un vaccin, un sort ou une potion venant à bout de l'ensemble des cancers puisse voir le jour dans les mois, voire les années à venir. Mais une combinaison de techniques médicales moldues ainsi que des techniques médicales magiques est possible, et il serait bon de creuser dans cette direction. L'un ne va pas sans l'autre, et travailler en collaboration avec les pointures médicales du monde moldu me semble nécessaire. Cependant, la piste d'une combinaison de queue d'Éruptif, d'œuf de Runespoor et de Ruta Graveolens n'est pas à négliger. [...] »

Severus reconnaissait là l'écriture fine et serrée de son ancienne étudiante, et il ne put s'empêcher de sourire en pensant au fait que la jeune femme était de vingt ans sa cadette. Et pourtant, cela ne l'empêchait visiblement pas d'être la femme la plus intelligente qu'il eut l'occasion de connaître au cours de ses quarante-six ans de vie.

Avec hâte, l'ancien professeur de Potions prit un ouvrage qui se trouvait sur la bibliothèque qui se trouvait à sa droite, faisant glisser son fauteuil latéralement afin d'y accéder. Il retourna à son bureau en faisant le même geste, le Livre des Ingrédients Magiques ouvert sur les genoux. Il connaissait bien sûr les trois ingrédients listés par Miss Granger, mais leur lien n'était pas évident aux yeux de Severus. Comment trois ingrédients aussi différents pourraient donner un mélange susceptible d'être la solution au problème de milliers de sorciers ? Il feuilleta une dizaine de pages, marquant certaines à l'aide de petits papiers qu'il glissait ici et là, et au bout d'une bonne demie-heure, il referma doucement l'ouvrage qu'il déposa sur son bureau. En soupirant, il passa une main lasse dans ses cheveux en se laissant aller contre son fauteuil. Rien ne faisait sens, et pourtant, Severus savait que la clé n'était pas loin, qu'il y avait là une piste à explorer.

- Mais sûrement pas à trois heures du matin..., marmonna-t-il en se levant de sa chaise, prenant appui sur le bureau afin de se mettre debout.

Il se dirigea alors vers sa chambre où il s'enferma, où il se déshabilla avec des gestes lents avant de glisser sous les draps. Ses yeux se fermèrent presque instantanément, alors qu'une idée un peu folle commençait à germer dans son esprit.