Bonjour !

Je sais que vous vous dites.

Vous vous dites : "Chouette ! Une nouvelle histoire de cet auteur si génial ! :D" #PAF#

Non, plus sérieusement, lisez bien ce message avant de lire le premier chapitre ci-dessous.

Ceci est une amorce. Un avant-goût. Je ne posterai pas la suite avant d'avoir fini Biohazard : Code Nivans III.

Donc lisez. A vos risques et périls. Mouahahaha ! *tousse*


Synopsis : Les aventures de fac d'un groupe d'amis, dont la vie va changer du tout au tout avant même les examens de fins de semestre.


Aujourd'hui, c'est la rentrée des classes. Et pourtant, je n'ai jamais autant eu envie de rester dans mon lit. D'habitude, j'ai envie d'aller en cours, pour plusieurs raisons.

La première, c'est ma maison. Je ne suis pas du tout le genre de mec qui reste chez lui toute la journée chez lui. Non, je préfère sortir, seul ou accompagné, pour faire quoi que ce soit qui n'implique pas de rester enfermer chez moi.

La seconde, c'est que j'aime étudier. J'ai vingt-et-un ans, et j'entre en deuxième année de licence d'ingénierie. J'ai au moins un an d'avance - ou de moins, selon les points de vue - que le reste de ma classe. J'aime vraiment beaucoup ce sur quoi je travaille, et j'aime vraiment aller en cours.

Mais aujourd'hui, non. Je voulais rester chez moi, dans mon lit, enfoui sous la couette comme si une armée de zombies témoins de Jéhovah venait frapper à ma porte. Pourquoi ? Parce que j'avais la frousse. La frousse de quoi ? De rencontrer celui qui serait mon petit-ami.

Oui, c'est une histoire qu'il faut que je raconte, si je veux que la suite soit compréhensible.

Au début de mes dernières vacances d'été, pendant une de mes nombreuses inspections sur différents réseaux sociaux, que tout le monde connait et que je ne nommerai pas, quelqu'un m'a parlé. Il semblait inoffensif, alors je lui ai répondu. D'habitude, je ne parle pas à ceux qui ne m'inspiraient aucune confiance, mais, dans le visage de ce Chris Redfield, il y avait une innocence que je ne m'expliquais pas. J'avoue que c'est un peu ça qui m'a plu chez lui, en premier lieu.

Ensuite, nous avons continué de discuter. Nous avions peu de points communs, mais c'était agréable de lui parler de nos rares centres d'intérêt partagés, qui étaient les jeux de guerre et le théâtre. Il était d'une politesse désarmante, surtout comparé aux jeunes cons qu'on peut en général rencontrer sur ce genre de sites.

Finalement, la question fatidique est venue sur le tapis deux semaines avant la rentrée. La phrase était maladroite, c'était assez mignon, mais il me demandait si j'étais intéressé, et si je voulais bien sortir avec lui. Bien sûr, je ne pouvais pas nier l'intérêt que j'avais pour lui, moi aussi, mais j'étais encore plus que nerveux à l'idée d'avoir une relation de ce genre. Alors je lui ai dit oui, que j'étais intéressé, mais que je ne savais pas encore comment notre rencontre s'organiserait.

Etrangement, ce n'est qu'à ce moment-là qu'on s'est demandés ce que faisait l'autre dans la vie. Je savais qu'il avait vingt-cinq ans - son anniversaire était au mois de juillet - mais je ne savais pas du tout ce qu'il faisait sur le plan professionnel. Il m'a dit qu'il était en quatrième année d'études de marché, donc en première année de master. Et bien sûr, comble de l'ironie, il était dans la même école que moi.

C'est donc ce qui expliquait mon angoisse par rapport à la rentrée. Je savais à quoi Chris ressemblait, évidemment, mais le rencontrer en live était une autre histoire. J'étais aussi fébrile qu'une groupie quelconque avant un concert de son groupe favori, mais dans le sens négatif du terme. Plutôt celle qui hésite à tomber dans les pommes devant la porte des coulisses.

Il était neuf heures. La rentrée était dans une heure, et la fac était à dix minutes de marche seulement. J'avais néanmoins un côté coquet qui faisait que je prenais toujours trois tonnes de temps pour me préparer. Ce qui fit que, vers neuf heures cinq, ce ne fut pas une armée de zombies, mais Jake, mon colocataire, qui frappa à la porte plus que brutalement.

-Debout là-dedans, feignasse ! beugla-t-il. C'est ta rentrée aujourd'hui !

Je ne lui répondis pas, me contentant de râler en m'enfouissant encore plus sous la couette.

Ça fait trois ans que je vis avec lui dans cet appart étudiant, financé par un ami de mon défunt père. Le terme précis pour décrire notre relation est mal assumée. Je sais que je l'aime beaucoup, et qu'il m'apprécie aussi, sans doute, mais aucun de nous ne dira vraiment ce qu'il ressent à cause d'un accès de fierté. En tous cas, moi, j'étais sûr que ma vie serait bien moins mouvementée sans lui. Je lui en étais reconnaissant, je n'aimais pas la monotonie. Comble de l'ironie encore une fois, Jake aussi va se retrouver lui aussi dans la même fac que moi, en psychologie quant à lui, parce que, selon lui, n'importe quel crétin peu en faire. je ne lui avais pas parlé de Chris, et je me rendis compte que ce n'était pas la meilleur solution, dans l'état actuel des choses.

-Allez grouille ! aboya-t-il en frappant plus fort à la porte. Sinon je viens te tirer du pieu moi-même !

-Ça va, râlai-je moins fort que lui. J'arrive.

Je réussis à sortir du lit, après les menaces de Jake, et je sortis de la chambre, pas bien réveillé, et en t-shirt short. Lui était déjà habillé. C'était étonnant, vu l'heure qu'il était, parce que la rentrée des première année était après-demain.

-Pourquoi tu es habillé ? marmonnai-je

-Je vais te déposer en moto. Va vite te préparer, ton repas est déjà prêt.

-Quoi ? bégayai-je

-GROUILLE !

Le dernier éclat de voix de Jake a achevé de me réveiller. J'entrai vite dans ma chambre pour prendre des fringues et aller dans la salle de bains. Je n'en revenais pas. Il s'était levé plus tôt, s'était préparé, avait préparé mon petit-déjeuner et allait me déposer en moto à la fac ? Je me pinçais le bras pour voir si je n'étais pas en train de rêver. Apparemment non. C'était encore un de ces geste désinvoltes qui me faisaient penser que Jake m'aimait bien aussi, peu import à quel point il le niait. Ça me faisait plaisir.

J'entrai donc dans la salle de bains. Je commençai par me coiffer, l'entreprise la plus compliquée de mon entreprise de préparation. Je ne savais pas pourquoi mes cheveux m'obsédaient autant, mon frère disait que c'était de famille. Etant pressé par le temps, je me coiffai vaguement sur l'avant de la tête, et allai prendre ma douche. Encore une dizaine de minutes, additionnée à celle qu'il me fallait pour me mettre du gel et m'habiller. Il était neuf heures trente, maintenant. J'arrivai dans la cuisine, où je voyais Jake engouffrer deux gros pains au chocolat dans sa bouche. Il me vit arriver, et me montra le plateau en face de lui, qui comportait un bol de chocolat chaud et trois tartines de confiture au fruit rouge. Je lui offris un regard intrigué en m'asseyant.

-Je n'ai pas que ça à foutre. Mange vite avant que je ne change d'avis, me dit-il d'un ton qui paraissait énervé

-Bonjour Jake, répondis-je d'un ton ironique. Comment était ta nuit ?

La logique aurait voulu que je soie plus sympa avec lui, étant donné tout ce qu'il avait fait pour moi aujourd'hui, mais je n'y pouvais rien. Ça faisait plus de quatre ans qu'on communiquait comme ça.

-Elle était cool, ouais. Mais plus courte que prévue. Mange.

-Oui, oui.

Je me concentrai donc sur mes tartines, alors que Jake avalait un troisième gros pain au chocolat. Il se leva ensuite de table, alors que j'attaquais ma troisième tartine, pour aller faire chauffer le moteur. Pendant ce temps là, j'allais chercher mon sac, que j'avais eu l'intelligence de préparer la veille, avant d'aller rejoindre Jake. Il était déjà assis à l'avant, en train de faire rugir sa moto dont il était si fier, et je m'assis derrière lui, en mettant mon casque. A neuf heures cinquante, nous fûmes partis, et nous arrivâmes à neuf heures cinquante-trois. Sachant que j'aurais mis dix minutes à pied, je serais arrivé juste à l'heure, ce n'était pas dans mes habitudes. Je préférais avoir le temps de me perdre. Je remerciai une dernière fois Jake, et il repartit à toute vitesse en même temps que moi.

Dans la cour, là où étaient réunis les élèves, je reconnus Helena, qui était déjà dans ma classe l'année dernière. Alors je me dirigeai vers elle, ne sachant de toute façon pas où aller.

-Salut, lui dis-je, essoufflé

-Bonjour Piers, me dit-elle. Tu as eu une panne d'oreiller ?

-On peut dire ça, oui. Mais le père Noël m'a déposé en traîneau.

-Jake ? devina Helena avec un semblant de rire

-Ouais. Jake. Alors, comment ça se passe ?

-Comme l'année dernière, les compositions des classes sont expliquées sur des fiches.

-As-tu regardé ? Sommes-nous encore dans la même classe ? demandai-je

-Evidemment. Il n'y a qu'une seule L2 Ingénierie, tu sais ?

-Non, je ne savais pas, dis-je, un peu étonné. L'année dernière, il y avait deux classes.

-Mais depuis la première année, il y a statistiquement la moitié des élèves qui laissent tomber, dit Helena en haussant les épaules. C'est triste mais c'est comme ça.

-J'espère que ce ne sont pas les gens chiants qui sont restés, grimaçai-je

-Je n'en sais rien. Et je m'en fiche. J'ai juste regardé dans quelle classe j'étais, et si tu étais encore avec moi. Le reste n'a pas d'importance.

Durant ma première année d'Ingénierie, Helena était ma seule amie, et apparemment, c'était réciproque. Je ne m'en plaignais pas, mais maintenant, il y aurait Jake, que je verrais avec plaisir entre les cours, et… Chris. Quand je pensai à lui, toutes mes angoisses me revinrent d'un seul coup.

Son message disait que nous nous retrouverions dans le fond de la cour, après les cours de neuf heures trente, et je me rendis compte que, le temps d'aller dans nos cours, d'éplucher la paperasse et de retrouver nos repères, il était déjà dix heures. Plus que deux heures avant mon rendez-vous.

-A quoi penses-tu ? me demanda Helena

-Hein ? A rien en particulier. Enfin si, ajoutai-je, mais je t'en parlerai plus tard.

-Comme tu veux. Je ne te force à rien.

-Merci.

C'était une des raisons pour laquelle j'aimais beaucoup Helena. J'adorais discuter avec elle, mais elle ne parlait jamais pour ne rien dire. Nous pouvions apprécier le silence ensemble, ce qui était idéal quand nous étions en étude côte à côte. Quelque part, Jake était mon meilleur ami, je l'aimais plus et depuis plus longtemps, mais Helena était mon amie parfaite, dans le sens où aucun de ses défauts ne me dérangeait vraiment.

Pendant le laïus habituel du professeur principal, sur les risques de certaines expériences et les emmerdes qui vont nous tomber dessus si on casse quelque chose ou quelqu'un, je ne pouvais m'empêcher de regarder ma montre. Ce n'était pas une bonne idée, mais je n'y pouvais rien. A onze heures cinquante, alors que le professeur nous distribuait nos outils, je me mis à taper du pied impatiemment, sans pouvoir m'en empêcher encore. Et enfin, à la sonnerie de midi, je me levai d'un seul coup, en disant à Helena que je la retrouverais à notre lieu de rencontre habituel à midi et demie. Je n'attendis pas sa réponse, et je me rendis compte que mon anxiété s'était changée en impatience.

J'avais une méchante envie de me perdre en allant au fond de la cour, mais c'était hautement impossible étant donné la position centrale et inratable de la cour. En plus, je n'avais pas réellement envie de me perdre. Une partie de moi voulait vraiment voir Chris, et celle qui flippait se faisait de plus en plus petite pendant que je marchais dans la cour. Une fois à une distance respectable, je vis une personne assise seule sur un des bancs, avec un tas de filles assises sur les bancs adjacents. Mon stress redoubla pour un instant, mais étrangement, dès que je me suis approché, les filles en question se sont dispersées comme un commando militaire dans le feu de l'action. J'étais assez près pour aviser l'air amical de Chris, qui venait de relever le regard pour me voir arriver.

-Salut, tentai-je en serrant l'anse de mon sac en bandoulière

-Salut, dit Chris d'un ton plus qui me paraissait attendri. Assieds-toi près de moi.

Je m'assis nerveusement à côté de lui, les mains sur les genoux, et j'avais l'impression qu'il me couvait des yeux. Certes, c'était normal, étant donné que j'avais accepté de sortir avec lui et que ses sentiments pour moi étaient évidents, mais je n'étais vraiment pas à l'aise, parce que vraiment pas habitué. J'avais du mal à le regarder dans les yeux, alors j'utilisai la technique d'esquive de regard que Jake m'avait donné. Regarder partout le visage mais pas les yeux, ça donne une impression authentique.

-Je suis content de te rencontrer enfin, ajouta-t-il, et de voir que tu ne m'as pas posé un lapin.

Je m'en étais déjà rendu compte en regardant ses photos et en parlant avec lui, mais l'espèce de douceur étrange qui se dégageait de Chris Redfield l'armoire à glace était à la fois effrayante et apaisante. On ne s'attend pas du tout à ça en le voyant, honnêtement, mais c'est aussi ça qui me plaisait chez lui. Je lui avais déjà dit, d'ailleurs, et j'avais envie de lui redire. Mais rien de constructif ne voulait sortir.

-Moi aussi, Chris. Je t'avais promis que je viendrais, non ? dis-je plutôt

-C'est vrai, Piers. Tu me l'as promis. Donc…

-Donc ? répétai-je

-Es-tu d'accord pour officialiser notre relation ?

Je ne savais pas du tout jusqu'où il voulait que ça aille, alors je décidai de jouer les gourdes.

-Euh… Je n'ai jamais été en couple avant, je ne sais pas ce que ça implique, déclarai-je

-Simple. On passe du temps ensemble en se faisant des papouilles, dit Chris d'un ton amusé

-Des papouilles ? bégayai-je

-Bien sûr. Sinon, ça ne fait de nous que des amis. Et je veux que nous soyons plus que ça, Piers, ajouta-t-il d'un ton encore plus doux. Je le veux sincèrement. Et toi, le veux-tu ?

Si seulement je pouvais être aussi catégorique que lui…

-Je n'en sais rien, Chris, admis-je. Comme je te l'ai dit, c'est la première fois que…

Il me coupa en mettant une de ses mains sur les miennes, encore sur mes genoux, et l'autre se plaça sur mes côtes faisant ainsi qu'il m'a attiré vers lui. Puis, il m'embrassa sur les lèvres. Je n'ai pas compris tout de suite ce qui se passait. Je m'en suis rendu compte lorsque je sentis mon cœur battre dans ma gorge, et je rendis sont étreinte et son baiser à Chris, comme je le pouvais. Ça aussi, c'était la première fois. La première impression était très bonne, toutefois. Un peu humide, mais bonne. Je n'imaginais pas ça comme ça du tout, mais ça me plaisait beaucoup.

Après une dizaine de secondes d'échanges de salive, Chris éloigna son visage du mien. Je voyais qu'il rougissait, et je sentais mes propres joues étaient en feu, également. Pour le coup, ni lui ni moi ne sûmes quoi dire. En fin de compte, ce fut lui qui parla en premier, en se rasseyant correctement - je n'avais pas remarqué à quel point il s'était penché vers moi.

-Je… Désolé, me dit-il d'un ton qui paraissait sincère. J'aurais dû te demander avant.

-Non, c'est bon, dis-je, carrément gêné. Ce n'est pas mal du tout.

-Je réitère l'exploit quand tu veux, déclara Chris, tout fier de lui

Nous changeâmes brutalement de sujet pour parler de nos emplois du temps. Nous réussîmes à nous coordonner pour voir à quels moments de la semaine nous pourrions nous voir. Finalement, nos entrevues se limiteraient, pour ainsi dire, à la pause du midi du lundi, du jeudi et du vendredi, et au mercredi après midi. Les week-ends n'étant pas forcément libres pour nous deux, nous décidâmes tous les deux d'en reparler le moment venu. Donc, je passerais une heure et demie par semaine à la fac avec Chris, et ensuite nous aviserons pour le mercredi après-midi et pour les week-ends.

-J'aimerais te voir plus, dit Chris d'un ton un peu déçu

-Moi aussi, Chris, admis-je. Mais nous n'avons pas vraiment le choix. Et puis, il y aura les vacances, aussi. Ne t'en fais pas.

-Ouais. Tu as raison. Je te laisse, je dois retrouver quelqu'un avant mon prochain cours, dit Chris en se levant

-D'accord, dis-je en opinant. A bientôt.

-Je l'espère.

Chris se pencha une nouvelle fois vers moi pour m'embrasser, sur la joue cette fois, et partit vers les bâtiments principaux. Je mis deux bonnes minutes à convaincre mon cœur de battre normalement, et j'en profitai pour regarder l'heure. Il était midi vingt. J'avais donc dix minutes avant de rejoindre Helena près du réfectoire, là où nous nous retrouvions toujours avant de rentrer ensemble l'année dernière. Je réussis à me relever, et, comme venant de nulle part, un trio féminin, un de ceux qui étaient assis sur les bancs près de Chris tout à l'heure, me barra la route. La brunette au centre semblait déterminée à ne pas me laisser passer, appuyée par les deux blondinettes de chaque côtés d'elle.

-Alors ? me dit la belle brune. Comment ça s'est passé ?

-Je te demande pardon ? répondis-je, un peu surpris

-Nous savons qui tu es, Piers Nivans. Je veux tout savoir sur l'énergumène qui sort avec mon frère.

-Ton… hoquetai-je

-C'est ça. Je m'appelle Claire Redfield. Et voici mes assistantes Ashley et Sherry. Maintenant mets-toi à table. Et que ça saute.

Cette jeune femme était la sœur de Chris ? Ils ne se ressemblaient pas du tout, honnêtement. Comment un phénomène de la nature comme Chris avait-il pu avoir une petite sœur aussi différente ?

Toutefois, je me souviens que Chris m'a parlé de sa sœur, une fois ou deux. Il n'avait employé qu'un seul mot pour la qualifier : commère. Et je compris tout en analysant la teneur de ses propos précédents.

-Que veux-tu savoir ? demandai-je, en reprenant un peu mes esprits

-Ah, ça change ! Quelqu'un de coopératif ! s'exclama Claire avec encore plus d'enthousiasme. Laisse-moi réfléchir.

-Au moins, il semble avoir un meilleur tempérament que les autres, murmura Sherry

-Et il est super mignon en plus, lui répondit Ashley au même volume. Ça promet.

-Arrêtez de ragoter, les filles, dit Claire d'un ton amusé. Je vous signale que notre victime est encore là.

Les deux amies de Claire me regardèrent en même temps, et je ris, un peu nerveusement il faut le dire. Cependant, je relevai un détail qui aurait dû piquer ma curiosité plus tôt.

-Les autres ? répétai-je

-Claire fait passer à la casserole toutes les personnes qui fréquentent son frère, dit Sherry d'un ton qui m'échappait

-Ne révèle pas ma stratégie comme ça, malheureuse ! s'esclaffa Claire

-Je pense qu'elle est évidente, ajouta Ashley

-Effectivement, confirmai-je. Donc ? Que veux-tu savoir ?

-Tu sais quoi ? Je n'ai aucune idée, mais ce n'est que partie remise, dit finalement Claire. Je suis un peu désarçonnée par le fait que tu ne me résistes pas.

-Je vois, dis-je avec un semblant de sourire

Jake me reprochait souvent d'être trop docile, ce qui m'avait forcé à l'être beaucoup moins avec lui, disons. Mais là, pour le coup, ça m'avait sauvé la mise, apparemment. A bien y regarder, Claire et Jake aimaient tous les deux qu'on leur résiste. Peut-être qu'ils s'entendraient bien.

-Ada ? appela Claire

Soudain, comme venant de nulle part, telle un fantôme, une autre fille apparut de derrière un mur, un appareil photo à la main. Elle était là depuis le début ?

-Claire ? répondit l'autre

-Tu as les clichés ?

-Oui. Tout es dans la boîte.

Ada tendit l'appareil à Claire, qui le regarda d'un air plus que satisfait. Et ensuite, elle me le montra. La photo qui était sur l'écran numérique était le moment où Chris m'avait embrassé. Je me remis à bouillir violemment. J'étais sûr que, dans la journée de demain, toute la fac serait au courant que je sortais avec Chris.

-Une dernière chose, Piers, dit Claire en reprenant l'appareil et en le rendant à son propriétaire. Je sais tout ce qui se passe dans cette université. Tout. Donc si tu fais un quelconque tort à Chris, je le saurai. Et je te casserai en deux dans le sens de la longueur. Est-ce clair ?

Je ne pus m'empêcher d'avaler bruyamment ma salive. Finalement, Claire n'avait pas la carrure de son frère, mais pour le coup, elle me semblait bien plus dangereuse. Il était évident qu'elle n'avait aucune intention de me violenter si je faisais quoi que ce soit de négatif à Chris. Non, c'était plutôt le genre de fille à faire circuler des rumeurs et à détruire ses ennemis psychologiquement, leur donner envie de mourir. Ce qui était bien pire.

-C'est très clair, répondis-je d'un ton mort

-Parfait, dit Claire en reprenant son sourire. Ravi de te rencontrer, en tous cas, ajouta-t-elle en me serrant la main. A la prochaine !

Claire partit ensuite en gambadant, et Ada la suivit. Sherry et Ashley se regardèrent, avant de me regarder en même temps. La synchronisation de ces deux-là était assez amusante, il faut le dire.

-Ne t'en fais pas, Piers, me dit Sherry. Claire est quelqu'un de génial quand on apprend à la connaître. Et quelque chose me dit que tu apprendras bien vite à la connaître.

-Elle ne te lâchera pas, ajouta Ashley d'un ton amusé

-Je vois, dis-je en voyant effectivement la scène

-On y va aussi, nous, reprit Ashley. A plus.

Elles me firent coucou en même temps, et partirent pour suivre Claire. Finalement, cette entrevue n'était pas aussi longue et gênante que je le croyais, je n'étais presque pas en retard pour mon rendez-vous avez Helena. J'arrivai au réfectoire à douze heures trente-trois.

-Me voilà, dis-je. Tu ne m'attends pas depuis trop longtemps j'espère ?

-Non, ça va. Tu as été à l'heure toute ta scolarité, je ne vais pas t'en vouloir pour une fois et pour trois minutes. Toutefois, j'aimerais bien savoir pourquoi tu es en retard.

Je poussai un soupir, et racontai ce qui venait de se passer à Helena. Je comptais lui en parler, et si je ne l'avais pas fait, elle l'aurait su dès que mademoiselle Claire Redfield aurait mis son plan en action. Elle parut étonnée, et, à la fin de mon récit, alors que je m'attendais à un commentaire plus ou moins désobligeant, elle rit. Cela me surprit doublement. Déjà, ce n'était pas trop le genre d'Helena de rire comme ça, mais en plus, je ne voyais pas ce qu'elle trouvais de drôle.

-C'est pour ça que tu étais aussi concentré ce matin ? me dit-elle, encore hilare. Je ne m'y attendais pas du tout, mais tout s'explique, maintenant. J'avais peur que ce soit grave.

-Tu trouves que ça ne l'est pas ?

-Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je pensais à quelque chose de grave, dans le sens négatif. Genre Jake qui met le feu à votre appartement.

-Non non, dis-je à moitié amusé en me disant qu'il en serait bien capable

-Tu comptes lui en parler, d'ailleurs ? A Jake ?

-Bien sûr, dis-je après une courte réflexion non voulue. Il va pousser une gueulante, j'en suis sûr, mais ce n'est pas comme s'il avait le choix.

-Tu sais aussi bien que moi que mettre Jake devant un fait établi n'est pas la meilleure chose à faire.

-Je trouverais bien comment lui dire. Allez, on y va.

-Je te suis.

Helena et moi fûmes donc repartis. Tous les jours, après la fac, Helena et moi faisions notre point hebdomadaire chez moi, en évitant un maximum Jake et sa langue de vipère. Parce qu'Helena est bien plus réactive que moi aux provocations de Jake, et que leurs disputes à eux sont bien plus vives que celles que j'ai avec Jake. Et franchement, je trouvais ça presque drôle.

Nous prîmes notre temps pour rentrer, nous faisant arriver à mon appartement un quart d'heure après notre départ. Il était une heure moins le quart, et Jake n'était pas là. c'était étrange, mais tant mieux. Bien entendu, notre point hebdomadaire était largement altéré à cause de mes plans avec Chris. Helena ne s'en vexa pas, évidemment, car elle me verrait dans presque tous les cours, et nous nous sommes arrangés pour que je lui consacre un week-end sur trois, les deux autres pour Chris, et, si nécessaire, pour Jake.

Comme par hasard, ce dernier apparut pendant que nous parlions de lui. Il était en tenue de sport, débardeur et jogging, et il était en train de faire le geste pour enlever son haut lorsqu'il nous vit.

-Tiens donc, déclara-t-il avec un coin de sourire en achevant d'enlever son débardeur. La sorcière Maléfique et son pigeon. Qu'est-ce que vous foutez là ?

-Notre rentrée était seulement le matin, répondis-je d'un ton naturel. Et je te rappelle que j'habite ici.

-Mais elle non, dit Jake en montrant Helena

J'intervins avant qu'Helena n'ouvre la bouche. Il valait mieux que Jake garde son attention sur moi vu ce que je m'apprêtais à lui envoyer dans la figure.

-On en reparlera quand tu auras quelqu'un à inviter aussi, et que je pourrais te faire chier, déclarai-je, un peu acide. D'où tu viens au fait ?

-Je m'emmerdais, alors j'ai été faire un jogging. Là, je vais aller prendre une douche, dit-il en allant vers la salle de bains

-Dépêche. J'ai quelque chose à te dire.

Comme intrigué par mon ton, qui devait être plus sérieux que d'habitude, il s'arrêta dans le cadre de la porte de la salle de bains, et se retourna vers moi, en croisant les bras sur son torse.

-Tu m'intrigues, confirma-t-il. Je t'écoute.

Je pris une grande inspiration, et tout sortit d'un seul coup.

-Pendant l'été, j'ai parlé avec un type qui s'appelle Chris sur Internet. On a pas mal discuté, et on a bien accroché. Avant la rentrée, il m'a demandé si je voulais sortir avec lui, et j'ai dit oui. Et il s'avère qu'il est dans la même fac que nous. On s'est vus ce midi, on s'est embrassés, et on s'est promis de plus se voir à l'avenir.

Je repris mon souffle, et Jake ouvrit grand les yeux. Alors, voyons les données que j'ai. J'aimais beaucoup Jake, c'était un fait. Je le voyais un peu comme mon frère. Un petit frère récalcitrant et enquiquineur, mais un frère quand même. Alors j'optai pour la crise de jalousie.

-Tu… commença-t-il

Il marqua une autre pause, regardant un peu nerveusement autour de lui. Il regarda Helena, comme demandant de l'aide - ce qui était une grande première - mais cette dernière haussa les épaules.

-Je… Quoi ?

-J'ai un petit-ami, Jake, répétai-je d'un ton neutre

Il sembla reprendre ses esprits à ce moment-là, et poussa une gueulante, comme je l'avais prévu.

-Tu veux dire une autre personne que je devrais supporter ici, et que, en plus, je devrais vous supporter, tous les deux, en train de papillonner ? Tu veux me remettre dans la gueule le fait que je suis un putain de forever alone ?

Et voilà. Crise de jalousie. C'était à la fois tout à fait adorable et totalement ridicule. Je me levai pour m'approcher de lui, mais il semblait sur la défensive.

-Jake, tentai-je

-Va te faire foutre.

Il entra dans la salle de bains en claquant la porte et en fermant à clé. Derrière moi, j'entendis Helena soupirer. Je me retournai vers elle, avant de me rasseoir avec elle.

-Tu aurais dû plus réfléchir à la formule, dit-elle

-Je ne sais que rarement comment m'y prendre avec ce gosse, dis-je en soupirant aussi

-Il t'aime, dit Helena d'un ton doux qui me surprit. Laisse-lui juste un peu de temps.

-Ouais. Tu dois avoir raison. Comme d'habitude.

Ma répartie fit sourire Helena, mais le silence de Jake dans la salle de bains était inquiétant. Je lui laisserais du temps si c'était le mieux pour nous. Je me mis donc à préparer le repas, pour Helena et moi, puis un autre pour Jake. Pour le remercier non seulement d'avoir préparé mon repas ce matin, mais pour le remercier d'être là en général. Je lui ferais son plat préféré, peu importe le temps que ça prendrait. Helena et moi mangeâmes des pâtes avec un steak, alors que la pâte à crêpes pour Jake reposait. Helena partit vers deux heures, et me souhaita bonne chance. Je pris une grande inspiration avant d'aller frapper à la porte de la salle de bains. Cette fois-ci, j'entendais la douche, mais je tentai le coup quand même.

-Jake ?

Pas de réponse. L'eau coulait trop fort. Tant pis, j'attendrai. De toutes façons, il n'allait pas passer là journée là-dedans. Si ? J'espérais que non. Je n'aimais pas laisser les choses en l'état, et surtout pas avec Jake. Je m'installai dans le canapé, et me mis à attendre.

Vers trois heures, la douche s'arrêta. Je me précipitai près de la porte pour écouter ce qui se passait. J'entendais Jake marcher, beaucoup, comme s'il faisait les cents pas. Je n'osais rien dire, pour le coup, et je réessayai de lui adresser la parole quand il s'arrêta de marcher.

-Jake ?

La réponse fusa une bonne minute plus tard, juste avant que je ne parle de nouveau.

-Quoi ?

-Tu vas bien ?

-Ouais ouais, dit Jake, carrément de mauvaise grâce. Tu veux la salle de bains ?

-Non. Je voulais juste…

-Je vais bien, Piers, me coupa-t-il. Bouge de là avant que je ne te bouscule.

Je m'éloignai de la porte de la salle de bains. Il mentait. En général, les gens appelaient les gens par leur prénom, comme ça, quand ils étaient sérieux. Mais pour Jake, c'était plutôt le contraire. C'était quand il se foutait de ma gueule, dans un sens ou dans l'autre. En général, soit il m'appelait par mon nom de famille, soit il ne m'appelait pas, soit il me donnait un surnom haineux. Comme tout à l'heure, quant il m'a traité de pigeon.

Mais, alors que je faisais demi-tour, la porte s'ouvrit. Je me retournai, surpris, et Jake me prit dans ses bras. Je fus carrément étonné, mais je le serrai aussi. Une partie de moi voulait ça depuis un moment, en réalité.

-Je suis désolé. Désolé d'être un enfoiré de sans cœur, dit Jake dans mon cou

-Je ne t'en veux pas, dis-je, attendri. Si ça peut te rassurer, je n'inviterai pas Chris ici, mais je ne t'abandonnerai pas non plus. On se verra encore souvent.

-D'accord. Par contre, du coup, il faudrait mieux que j'évite de m'exhiber comme ça.

J'avais remarqué que Jake était sorti de la salle de bains en serviette, mais sa phrase m'étonna.

-Pourquoi ? demandai-je

-Je n'ai pas envie de rendre Chris jaloux, si tu te mets à fantasmer sur moi, ricana-t-il sans me lâcher

Je mis du temps à comprendre. Et lorsque je compris, Jake rit de nouveau, et retourna dans la salle de bains, alors que je bouillais malgré moi. Je n'avais jamais vu Jake de cet œil avant de sortir avec Chris, mais lui, apparemment, y avait pensé. Je me demandais pourquoi.

Je profitai de la nouvelle absence de Jake pour aller voir où en était la pâte à crêpes. Je ne savais plus combien de temps il fallait pour que la pâte repose, mais je savais que ce n'était certainement pas deux heures. Je poussai un soupir, un peu pressé de manger des crêpes, en fait, et j'allai m'affaler dans le canapé. J'allumai la télévision, et tombai sur une série d'amour. Comme par hasard.

Ça parlait d'une fille, qui venait de se trouver un petit-ami au lycée, et, plus l'année avance, et plus son vieil ami, son colocataire, montre ses sentiments pour elle. En réalité, il l'aime depuis toujours, et ne s'en est rendu compte que lorsque son amie a été en couple. En même temps, avec de telles crises de jalousie, dur de ne pas s'en rendre compte.

Attends quoi ?

-Ça sent bon. Tu as fait de la pâte à crêpes ?

Je sursautai en entendant Jake, qui venait de s'asseoir à côté de moi, habillé d'une chemise à manches courtes gris clair et d'un short gris foncé. Je changeai de chaîne sur une émission de cuisine au pif, par un automatisme étrange, et ma réaction fit ricaner Jake.

-Oui, dis-je. Pour me faire pardonner de ne pas t'avoir parlé de Chris avant.

-Je t'ai dit que ce n'était pas grave, insista Jake. C'est bon, ça m'a seulement surpris. Mais j'ai bien digéré, là. En quelque sorte. En tous cas, je ferais bien en sorte que tu te sentes coupable plus souvent, par contre.

-Je savais que ça te plairait, dis-je sans pouvoir réprimer mon sourire

-J'ai la dalle. Qu'y a-t-il à manger à part ça ?

-Helena a fait des pâtes. Il y en a largement assez pour toi ce midi, et pour nous deux ce soir.

-Génial. J'espère qu'elle ne les a pas empoisonnées, s'esclaffa Jake

Jake et Helena assumaient carrément leur relation de mauvaise foi. Ça me faisait vraiment rire.

-J'en ai mangé, dis-je un peu amusé aussi. C'est bon.

-Cool. Je vais me mettre à table, si ça ne te gêne pas.

-Non. Fais.

Jake se leva d'un geste pour aller chercher ses pâtes, et je regardai l'émission de cuisine d'un œil distrait. Je ne pus m'empêcher d'extrapoler par rapport à la série que je venais de voir, et où ce serait moi la nana, Chris mon nouveau petit-ami et Jake mon colocataire / meilleur ami secrètement amoureux de moi depuis des lustres et carrément jaloux. Mon Dieu, c'était n'importe quoi. Jake amoureux de moi ?

A table, ce dernier éternua. Ce qui me fit ricaner. Dans les mangas, les personnages éternuent quand on parle d'eux. Mais je supposai juste, en réalité, qu'il ne s'était pas bien essuyé en sortant de sa douche et qu'il avait un début de crève. Qu'il se ferait un plaisir de me filer bientôt, d'ailleurs. Chouette.


Voilà. J'espère que ça vous a plu.

Je me doute que ça change, mais bon. J'aime la nouveauté (dixit le mec qui écrit toujours sur le même jeu... XD)

Et pour ceux qui se demandent où est passé mon autre fic', "Ada's Shadow", eh bien... Je l'ai reportée, disons. Je n'avais plus du tout de quoi travailler dessus. Elle réapparaîtra dans Biohazard Chronicles, en toute logique. Ça me permettra de faire des modifs et de me remettre dans le bain bien comme il faut !

Allez, salut ! Prenez soin de vous ^^