Chapitre 1 : Sarah
Sarah cligna des yeux avant de regarder à nouveau la table basse.
Même scène, même sentiment de nausée s'emparant d'elle.
L'oppression la gagna, inexorablement.
Elle aimerait pouvoir analyser, c'est sa spécialité ça, analyser posément les choses, les situations, même les gens, juste comme si elle n'était pas impliquée, juste comme si elle pouvait résoudre tous les problèmes.
Mais pas maintenant, pas ce soir, pas après la mort de son père…
Une légère crispation se fit ressentir sur son front.
La fatigue et la peur ne font pas bon ménage…et finalement le souvenir douillet de l'aiguille dans sa chair, la sensation d'apaisement et d'oublie lui revinrent en mémoire.
Si seulement…
Elle avait beau lutter, l'envie d'en finir devenait plus forte, plus sourde.
Comme la dernière fois. Comme lorsque sa vie avait basculé. Par sa faute.
Celle de Mickael, la sienne, leurs erreurs. Non. Ses propres erreurs…
Sans même s'en rendre compte, elle fit un pas vers la seringue.
D'une main tremblante, elle esquissa un geste pour la saisir lorsqu'elle entendit du bruit derrière elle.
Son pouls s'accéléra et la seringue lui échappa, finissant sa course à même le sol.
Plus besoin de libre arbitre songea Sarah, un sourire inapproprié sur les lèvres.
- Wohhh Wohhh, du calme !! entama Kellerman avec un geste apaisant
Tu as laissé la porte entrouverte, j'ai cru qu'il t'était arrivé qqch alors je suis entré.
Je suis désolé.
Kellerman se força à sourire ; tout en étudiant la réaction de Sarah, son regard ne cessait de passer de la seringue à la jeune fille.
- Qu'est ce que… ? sa question en suspend, il désigna la seringue dispersée sur le sol.
Apeurée, Sarah se sentit prise au piège.
Comment lui mentir ? Comment se débarrasser de lui ? Comment lui faire croire que je ne sais pas ? Comment juste faire semblant ?
La lassitude prit le pas sur le bouillonnement de son cerveau.
Elle se contenta juste d'hausser les épaules en signe de reddition.
- Tu peux me parler Sarah. On peut lutter ensemble. Je sais ce que c'est d'en avoir tellement envie que rien d'autre ne compte.
Sa voix n'était plus qu'un murmure, pour un peu elle aurait pu y croire.
Mais les brèves de sa dernière conversation d'avec son père lui revenaient en mémoire.
Il n'est pas celui qu'il semble être
Son père avait donné sa vie pour une cause qui n'était pas la sienne.
Elle non plus n'avait pas choisit cette cause, elle était juste en train de s'y débattre, malgré elle…
Désormais elle était en danger, tout comme son père.
Le monde entier pouvait croire en son suicide. Elle, elle n'y croyait pas.
Et l'apparition surprise de la morphine venait confirmer ses soupçons.
Jusqu'où étaient-ils près à aller pour faire taire les indésirables ?
Et surtout, Kellerman faisait-il parti de leurs rangs ?
Sarah réprima un frisson à cette pensée, avant de fixer à nouveau son attention sur l'homme en face d'elle.
Il jouait bien son rôle, elle ne pouvait pas le nier…
Allait-il la tuer ?
- Je… j'ai eu une faiblesse. C'était idiot. Je ne recommencerais pas.
- Je comprends Sarah, avec la mort de ton père, c'est normal.
Je peux rester si tu veux, juste pour te tenir compagnie
- Je te remercie mais j'ai besoin d'être seule ce soir.
Ça ira, je t'assure le rassura-t-elle en souriant
Qu'importe ce que lui coûtait ce sourire, elle avait besoin de donner le change.
- Oki, tu m'appelles si ça ne va pas, d'accord ?
- Oui merci. Bonne nuit
- Bonne nuit Sarah
A peine Sarah avait-elle refermé la porte qu'elle se laissa glisser par terre, essayant de faire taire les battements sourds de son cœur.
Elle se devait de rassembler ses idées. Son père n'était même pas enterré qu'elle devait déjà penser à « l'après »…
Plus les derniers évènements tournoyaient dans son esprit et plus elle savait.
Elle savait qu'il était le seul à pouvoir l'aider.
Et cette simple pensée l'excédait.
Elle se releva péniblement en laissant s'échapper un léger soupir avant de se diriger vers son bureau.
3 Origamis.
Elle avait beau retourner le problème dans tous les sens, elle n'arrivait pas à les déchiffrer.
Elle avait bien des choses à reprocher à Mickael, mais une chose était sur, il ne fallait pas sous estimer son intelligence. Mickael était quelqu'un de brillant, et si elle avait en possession ces origamis, c'est qu'il était certain qu'elle en découvrirait le code…
Sarah s'empara du dernier reçu : elle y découvrit une série de chiffres, comme sur les 2 autres…
Elle allait reposer le papier lorsqu'elle découvrit par transparence un 2ème mot à l'intérieur de l'origami.
Un nom. Juste un nom. Mais pas n'importe lequel. Le psychiatre de Mickael.
Que venait-il faire dans cette histoire ?
Sarah jeta un œil sur sa montre.
23h. Trop tard pour passer chez lui. Trop tard pour téléphoner.
Elle devrait attendre jusqu'au lendemain, seulement, ces dernières heures lui avaient appris que la patience n'était finalement pas une de ses meilleurs qualité…
Non loin de là…
- J'ai la situation en main.
- Je ne le croirais pas tant que je n'aurais pas vu de mes propres yeux le corps de Burrows
- Elle nous conduira jusqu'à lui. Elle sait que c'est la seule solution pour elle.
- 2 jours Kellerman. Vous avez 2 jours avant que le monde ne dise adieu à Sarah Tancredi.
