J'aurais pu facilement éviter ce meurtre. Mais la situation m'avait complètement échappée. J'en suis désolé. Même plus que ça, les mots me manquent, alors que la scène qui vient de se dérouler sous mes yeux s'inscrit lentement dans ma mémoire, me faisant revivre les dix dernières secondes au ralenti, les rendant encore plus douloureuses. Un geste de la main. Un seul. Accompagné de ma baguette. Une fois de plus, je venais de voir le sang s'écouler, la deuxième fois en même pas quelques heures. Après tout, cette nuit je n'avais pas arrêté de saigner du nez. Et là, cette saleté d'araignée venait de me piquer la main. Saleté². Encore heureux que j'ai réussi à l'écraser pour me venger.

Je m'appelle Artur Vodoleïev, 16 ans -17 dans quelques mois- rendu à transformer un écrasement de bestiole en scène de crime pendant les cours d'Histoire de la Magie afin de les rendre un tant soit peu intéressant. Magnifique.

Je vous assure, j'ai déjà essayé de m'y accrocher. Lors des tous premiers cours. Pendant cinq minutes peut-être, mais j'ai essayé. J'aimerais bien vous y voir aussi, assis sur une chaise à écouter un fantôme déblatérer des faits censés être intéressants. Même la plus épiques des batailles, venant de lui me servirait de berceuse, franchement. Alors j'ai tout simplement arrêté de m'intéresser au cours –comme tous les autres élèves je pense- et me contente d'aller demander à Binns la matière exacte de l'examen afin de pouvoir trouver des informations à la bibliothèque. Quand j'ai la foi d'aller jusque-là.

M'enfin. Ma manière d'étudier n'intéresse sans doute personne, déjà que ça ne me passionne pas moi-même. Depuis que je suis arrivé à Poudlard, on ne peut pas dire que j'ai réellement eu des résultats mirobolants, au plus grand dam de ma famille. Je suis plutôt du genre à en faire le moins possible, tant que ça me permet quand même de passer. Tout l'inverse de ce qui me sert de frère. Une petite explication s'impose je suppose, de toute manière j'ai encore 56 minutes de cours à tuer devant moi. Et je ne sais pas non plus à qui je parle, si une quelconque personne pouvait lire dans mes pensées à cet instant, il aurait sans doute peur et penserait que je parle à des amis imaginaires. Ce qui est peut-être le cas en fait, mais ce n'est pas comme si ça me dérangeait.

J'imagine déjà qu'avec un nom comme le mien, premièrement vous devez vous douter plus ou moins d'où je viens, et deuxièmement vous vous demandez comment est-ce que j'ai bien pu atterrir ici. Je vous préviens de suite, y a rien d'intéressant. Mais ça le sera toujours plus que l'histoire de Shleck le Sanglant ou je ne sais quoi. Bref. J'ai vu le jour dans la chère Mère Patrie : Russie, le 8 janvier 1959. Je vous interdis de sortir ne serait-ce qu'un seul cliché maintenant, j'en ai déjà eu a claque, merci. J'ai toujours vécu aux côtés de mon père –sorcier-, celle m'ayant donné la vie-sorcière aussi- étant…Allé voir ailleurs, on va dire ça comme ça. Ma vie était plate et calme, ce qui ne me déplaisait pas le moins du monde, et je n'attendais qu'une seule chose : mes onze ans. Etant enfant unique et mon père passant ses journées au Ministère de la Magie russe, y travaillant, il n'était pas spécialement intéressant de rester à la maison avec comme seule occupation les livres, le jardin –quand il faisait assez chaud- et un chat aussi réactif qu'un paillasson.

Je pensais que tout allait changer lorsque j'entrerais à l'école, et j'avais bien raison. Donnez une baguette à un gosse de 11 ans, donnez-lui des cours – de préférence basé sur des sort totalement inutiles et pas complexes- et c'est bon, ils s'amuseront pendant des heures. Déjà à cet âge-là, j'avais planifié ma vie : finir mes études de sorcellerie, me décider entre Anya et Natasha dont déjà leur beauté pouvait être comparée à celles des vélanes, et…Et faire ma vie avec ça. Très élaboré, je sais. Ceci dit, tous mes beaux plans se brisèrent à la fin de ma première année. Ne rentrant que très peu à la maison, je ne pouvais savoir ce qui s'y tramait réellement. D'accord, j'avais des hiboux de temps en temps de la part de mon père mais on ne pouvait pas dire qu'il y était très expressif, et surtout j'avais énormément de mal à déchiffrer ce qu'il y marquait. J'en ai toujours d'ailleurs.

Ce fut donc le jour même où je rentrais pour les grandes vacances, racontant à mon père touuut ce que j'avais pu apprendre et faire depuis Pâques, qu'il m'annonça dès que j'eu fini mon discours qu'il s'était trouvé quelqu'un il y a quelques mois de cela. Sur le coup ça ne me dérangea pas plus que ça. Jusqu'à savoir que son prénom ne ressemblait en aucun cas à Natasha ou Anya. Et on ne va même pas parler de son nom de famille. Wilkes. Elle avait un fils du même âge que le mien et habitait en Angleterre. Et n'avait pas la moindre intention de se bouger de chez elle. Je n'ai pas eu vraiment le choix, ni même mon mot à dire, tout avait été décidé en mon absence, et mon transfert pour pouvoir aller étudier désormais en Angleterre était presque fini lui aussi. Alors je décidai de faire ce que je savais faire de mieux. Bouder. Et je vous assure qu'un gosse de 11 ans quand ça boude, ça peut être particulièrement enquiquinant.

Mais ça ne fit pas changer d'un poil la décision de mon père. Trois jours plus tard, nous étions en Angleterre chez les Wilkes, et je n'avais jamais trouvé mon chat aussi intéressant. Que vouliez-vous que je fasse d'autre ? Une serpillère à qui on aurait lancé un sort aurait mieux parlé que moi en anglais. La seule phrase que je connaissais ce jour-là était : « I am Arrrrrturrrrr, I am twelve yearrrrrs old. » Le premier qui se moque de mon accent, je lui fais manger un balai. Parce que je l'ai toujours et que je n'ai aucune envie de le perdre. Quoiqu'il en soit, à cause de ce « léger » -kof- handicap au niveau de la langue, on préféra me faire entrer en première année, afin que je ne sois pas trop perdu. Tant mieux dans un sens. Je n'ai pas eu à supporter mon soi-disant frère: Terence.

Ce dernier s'était montré on ne peut plus hautain durant les vacances, me parlant toujours avec des grands gestes et lentement, –Merci, je ne suis pas attardé à ce point-là.- venant les ¾ du temps me dire que je ne devais certainement pas venir tâcher le nom des Wilkes, et que c'était beaucoup mieux que je garde mon nom de famille d'origine. Je me souviens aussi que vers la toute fin des vacances, il m'avait proposé un pari. Par fierté, je l'ai accepté. Il m'avait dit que jamais je ne réussirais à aller dans la même maison que la sienne à Poudlard. Et que si, par le plus graaand des hasards, et avec énormémeeeent de chance, j'atterrissais à Serpentard, je pourrais garder mes cheveux courts.

Je m'appelle Artur Vodoleïev, 16 ans –et toutes mes dents-, quelques kilos en trop – j'ai une grosse ossature c'est tout.-, on vient de me rendre un de mes devoirs avec un point en moins pour l'orthographe de mon prénom dessus –Merci Binns de persister à marquer Arthur.-, 5ème année et mes cheveux bruns m'arrivent presque à la taille quand ils sont attachés. J'ai omis aussi de vous dire que cela fait maintenant 5 ans que j'ai atterri à Poufsouffle. Ce qui a failli causer la mort de mon demi-frère. Il avait essayé de réprimer un fou-rire en oubliant de respirer en entendant le Choixpeau l'annoncer. J'aime tellement ma nouvelle famille et ma vie.