C'était une belle journée de printemps. Les arbres étaient d'un vert éclatant et l'herbe était parsemé de fleurs multicolores, embaumant toute la forêt. Le doux clapotis de l'eau résonnait et le soleil rayonnait. Quelques oiseaux sifflaient des mélodies entraînantes et Rixenda se sentait mieux que jamais. Elle aimait les promenades à cheval et s'arrangeait pour en faire le plus souvent possible, avec qui que se soit. Son époux, le roi Caspian IX, étant occupée, elle était venue seule, avec son cheval préféré, Nacre, un bel étalon blanc et qui avait une crinière si douce que Rixenda ne pouvait s'empêcher de passer ses mains dedans. Elle se baladait donc tranquillement dans Narnia quand une femme surgit devant son cheval et la fit s'arrêter.

Son visage pâle et creusé, montrait sa fatigue et elle ne semblait plus pouvoir tenir sur ses deux jambes. Elle tenait dans ses bras des couvertures, du moins quelque chose emballé dans des couvertures.

-Votre Majesté...gémit la femme. Oh, votre Majesté.

-Que se passe-t-il ? Demanda Rixenda

-J'implore votre pardon mais j'avais besoin de vous voir.

-Allons, allons, asseyez-vous, vous semblez épuisée.

Elles s'assirent toutes deux sur de la mousse pendant que Nacre mangeait de l'herbe fraiche.

-Maintenant, racontez-moi tout. D'où venez vous ? Vous n'êtes assurément pas telmarine.

-Oh, non, votre Majesté. Je viens d'Angleterre, répondit la pauvre femme

-D'En Gleutere ? Quel est donc ce pays ?

-C'est un pays lointain, votre Majesté, où la magie n'existe pas. J'y suis venue quand j'étais petite et j'y suis restée un peu. Puis je suis retournée chez moi. Et enfin, je suis revenue. Cela fait huit mois que je tente de survivre ici.

-Mais quel âge avez-vous ?

-J'ai 18 ans, Votre Majesté.

Rixenda retint un cri de surprise. La tristesse et la pauvreté de la jeune femme la viellissaient de vingt ans au moins et la reine ressentit au plus profond d'elle un désespoir immense de savoir que cette femme dépérissait dans son royaume.

-Oh, je suis si désolée ! S'exclama-t-elle. Venez donc au château, vous mangerez à votre faim et vous vous laverez et vous reposerez.

-Vous êtes si bonne, votre Majesté... Mais je ne mérite pas cet honneur. Promettez-moi seulement quelque chose.

-Tout ce que vous voudrez, assura la reine

Elle lui tendit les couvertures, qui en fait, étaient un bébé emmailloté dans des draps.

-Prenez-la et protégez-la. J'aimerais qu'elle ait des parents, un toit, de la nourriture.

Rixenda ne pensa pas à son mari, à son fils d'un an, aux commérages, elle répondit :

-Bien sûr. Je chérirais cet enfant comme ma propre fille.

Alors la jeune femme la remercia de longues minutes et partit dans le cœur de la forêt. La reine regarda l'enfant. C'était un petit bébé, âgé de quelques semaines, tout au plus. Elle ressentit en la voyant la necessité de la protéger. Et quand elle revint au château, elle se rendit compte qu'elle ne connaissait même pas son nom. Alors elle enleva les draps et vit écrit sur ceux-ci « Abbygail ».

Ce fut ce jour-ci que le royaume de Narnia accueilli une deuxième héritière, après son frère Caspian X, le dernier enfant de Caspian IX et Rixenda .