Un…deux…trois…quatre…un nombre flou, impossible à déduire, que devenait donc sa pathétique intelligence ? Ne savait-il pas compter ? Avait-il seulement eu l'idée de les énumérer ?

À ses pieds, jonchait ce qui pouvait par l'allure ressembler à un humain, ou plutôt à la carcasse qui résultait d'une barbarie sans borne. D'autres, semblables à cette œuvre morbide, se trouvaient de ça et là, dans l'obscurité de ce qui, avait pour traits, une caverne que l'on jugerait de confinée si les monticules de chairs sans vie étaient encore démesurément plus grands.

La lumière n'avait pas lui d'être en ce lieu. L'entrée n'étant pas visible, elle ne risquerait pas de pénétrer l'enceinte rocheuse de ses rayons. Il était impossible de distinguer le moindre détail dans cette noirceur, mais une présence, si ténébreuse soit-elle, arrivait à ne pas s'y fondre. Elle n'était pas faible, non, sa puissance, même contrôlée, restait forte, presque arrogante. La seule chose n'ayant pas rencontré la folie.

Un long, et bas rire résonna légèrement contre les parois. Des crocs luisants à l'ouverture d'une bouche monstrueuse, devant certainement fendre le visage de son propriétaire en deux, ne tardèrent pas à faire leur apparition, telle l'annonce d'un mauvais présage.

« …J'ai faim… »

Courts, ne possédant aucune réelle émotion, ces brefs mots, étaient neutres, empreint à une voix presque artificielle, cela en était effrayant, d'une façon ou d'une autre l'humanité de cet être avait disparu.

Dans un mouvement silencieux, une longue et svelte silhouette se leva, le dos courbé d'ennui, sa stature laissait deviner ses formes masculines ainsi qu'une coiffure pour le moins atypique. Avançant d'une démarche féline, l'homme, se dirigea avec lenteur vers la gauche. L'endroit, de par ses nombreux chemins, avait des apparences de labyrinthe tout aussi mystérieuses que, la personne, marchant nonchalamment.

Au loin, une tâche blanchâtre, dévoilant la sortie des enfers, ne tarda pas à se montrer comme une pointe d'espoir en un hiver désastreux. Des sons environnementaux, se firent enfin entendre :

l'oiseau discutant joyeusement avec un des ses compères ayant appris un nouveau sifflement, l'eau d'une cascade dévalant la montagne de sa rapidité, l'insecte collaborant avec un confrère…La nature elle même se faisait une place à la porte de l'horreur, emplissant l'espace de beauté. Cela était en contraste avec la lugubre apparence du nouveau personnage, ayant fait son entrée dans ce cadre idéal. Sa tenue était composée d'un pantalon aux allures de sarouel, la couleur du vêtement n'en était pas une, elle aurait pu être décrite de la façon du néant, froid et opaque. À sa taille, se trouvait nouée un morceau de tissu déchiré par endroit, usant son gris terne. Son torse quant à lui était couvert d'un haut à larges bretelles, dévoilant ses clavicules de porcelaine. Mais tout ceci n'était rien comparé à son visage utilisant couramment cette expression désabusée, avec de trop étroits iris reflétant un vert des plus vifs. Ses cheveux aussi foncé que de l'encre, laissaient quelques mèches tomber sur son front, les autres, continuant de défier les lois de la gravité, restaient en hauteur.

Ses pas s'aventurèrent sur le sentier, à peine visible, que lui offrait la falaise. La terre sous son corps devenait de plus en plus fertile au fur et à mesure, que le détenteur d'une chevelure brune, se rapprochait inexorablement du sol propice.

Il pouvait déjà les écouter distraitement, les cris enfantins des jeunes villageois traversant la barrière des arbres. Leurs âmes pures, étaient un met des plus exquis, les horreurs du quotidien ne les ayant pas encore heurtées, ceux-ci était épris de l'innocence et du rêve. Mais le danger de leur imagination était bel et bien présent, cette même chose risquerait de compromettre tous ses plans de festin. Son désir de voir cette étincelle de souffrance dans le regard encore vierge de la jeunesse, s'emparerait de lui si son esprit osait trop vagabonder dans ses souvenirs gustatifs, aussi lointains soient-ils, ces derniers se manifesteraient face à la funeste offrande. Ne serait-ce que sentir leur odeur sucrée pouvait lui être fatal, mais il aimait par-dessus tout redécouvrir à chaque instant la délicieuse saveur de folie recouvrant son corps d'un voile de sueurs froides.

Il marchait, au fil des exclamations de joies des bambins. Son ouïe fine, grâce à la forme si particulièrement pointue de ses oreilles, lui était très utile dans ce genre de situation. Tel un mal voyant se focalisant sur ses autres sens, il avançait non sans oser fermer les yeux, analysant les alentours.

La rosée encore matinale, perlait le long des fleurs aux pétales fins, risquant de noyer les quelques fourmis se trouvant dans cette végétation. Une lumière douce lui chatouillait lentement les joues, celle-ci, traversait les feuillages des chênes aux troncs gigantesques du petit bois, dans lequel le brun s'était aventuré sans peine à la recherche de son futur repas.

Il était proche, bientôt le son de l'herbe, transformée en terrain de jeu, l'atteint. Trois jeunes filles. L'une d'elles avait un regard violacé ainsi qu'une coiffure aux étranges reflets verts. Les deux autres, aux cheveux châtains semblaient être plus âgées. Mais il y avait une différence entre elles et les simples progénitures de paysans habitants dans les entourages. Les fillettes n'avaient en commun avec ses fermiers que leur fragrance enfantine. Qu'était-ce que ce sentiment enserrant son estomac ?

Dans ses pensées, il ne remarqua le visage poupon le fixant à travers les branchages, ni le rictus qui s'empara des lèvres de la plus jeune aux mots qu'elle prononça à voix basse.

« La folie embrasse la mort quand l'humanité est forcée de naître. La puissance démoniaque en chaque être disparaît quand les pouvoirs emplis de noirceur sont retirés… »

La surprise, pour la première fois depuis longtemps, s'empara de lui, mais il était déjà trop tard. Ces paroles récitées d'un ton calme, n'étaient autres qu'une formule. Il y avait donc toujours des sorcières de ce niveau. Elles résistaient encore malgré la guerre passée de plusieurs siècles. Alors, comme pour échapper à la dure réalité, il jura de la façon la plus ennuyée et nonchalante qu'il trouva.

« …Et merde »

Sur cela, son corps entier se mit à le brûler. De l'extrémité de ses doigts, s'échappa un liquide épais et obscur, il réprima cette envie de crier face à ce piège pouvant être si facile à éviter. Mais la faim avait mené son âme en cet endroit, celui-ci allait-il devenir le tombeau de ses démons ? Il ne connaissait que trop bien ce type de phrases, celles qui arrachaient. La petite lui prendrait jusqu'à la dernière goûte de ce qui faisait de lui une personne appart, un démon assoiffé de chair et de sang.

Aucune échappatoire n'était possible pour lui, allait donc-t-il devenir ce qu'il avait haï durant toute son existence ? Un simple et inutile homme sous développé ? Jamais ! Quoi qu'il devienne, son intelligence le sauverait de son triste sort.

Cette réflexion prit fin. Sa vue se troubla, et les bras de Morphée se saisirent brusquement de lui, le maintenant dans une profonde inconscience.

Ceci est la première fanfiction que je publie. Après 2 ans sur ce site, je me décide enfin ! *w*

Mais j'hésite à continuer, j'espère avoir votre avis sur la question !

Dois-je donc la poursuivre ? éwè

Si oui ou non, une review est toujours la bienvenue uwu