Harry, Ron et Hermione redescendirent du bureau de Dumbledore et se dirigèrent vers la Grande Salle. Sur le chemin, Harry laissa de la distance entre lui et ses deux amis, qui se tenaient la main, leur têtes penchées l'une vers l'autre pour se murmurer des mots de réconfort. Harry songea à parler à Ginny mais il fut distrait par des cris provenant du parc.

Laissant Ron et Hermione continuer leur chemin, Harry alla voir ce qui se passait à la lisière de la forêt interdite . A mesure qu'il approchait, les cris devinrent plus clairs et il se erndit compte qu'il s'agissait plutôt d'une discussion animée. Il distingua un troupeau de centaures qui se concertaient. Quand ils virent Harry arriver, ils se turent et se tournèrent vers lui. Un brin déconcerté, il les parcouru des yeux et repéra Bane. Il prit alors la parole, s'adressant surtout au centaure blond :

-Je vous remercie pour l'aide que vous nous avez apportée. Vous disposez à nouveau de toute la forêt.

-Penses-tu que Firenze devrait revenir parmi nous? demanda brusquement un membre du troupeau, couleur Isabelle. Ses cheveux bruns tombaient sur ses épaules et il était plus mince que les autres, mais l'animosité qui brillait dans ses yeux était à glacer le sang de plusieurs personnes.

-Comment t'appelles-tu ?

Harry n'était pas impressionné, bien qu'il les respecte, il ne trouvait pas beaucoup d'intérêt aux centaures, et ne les considérait donc pas comme totalement humains dans leur façon de penser.

-Mon nom est Barto. Mais je t'ai posé une question ! cracha le spécimen.

-Eh bien, commença Harry sans se départir de son calme, je pense que Firenze n'aurait jamais dû être rejeté de votre troupeau. Dumbledore est venu le chercher et votre ami a fait preuve d'une grande sagesse d'esprit en nous apportant son aide. Vous même nous avez aidé cette nuit, il n'est pas différent de vous.

-Nous n'avons fait que défendre notre territoire.

-Mais pour cela, il vous a fallu nous aider. Firenze était pareil. La seule différence, c'est qu'il ne protégeais pas votre territoire, mais il a fait perdurer votre honneur.

-Merci, dit une voix derrière Harry.

Celui-ci se retourna. Firenze s'était approché et apparemment, il avait entendu toute la discussion. Harry lui fit un signe de tête respectueux :

-Je te laisse avec tes amis.

Puis il retourna à grands pas dans le hall du château, et reprit son chemin vers la Grande Salle.

Lorsqu'il y pénétra, tout le monde se tut et le regarda, le dévisagea de la tête aux pieds. Bien qu'habitué à cette attitude, Harry s'énerva. N'avait-il pas le droit à une vie normale ? Il n'avait fait que ce qu'il devait et maintenant, il pensait que tout allait rentrer dans l'ordre, qu'il allait devenir un adulte, entamer une carrière, fonder une famille, comme tout bon sorcier. Mais apparemment sa célébrité n'avait fait qu'accroitre et son malaise grandit encore pendant qu'il cherchait les têtes rousses qu'il voulait rejoindre. Lorsqu'il les aperçus, toutes penchées les unes vers les autres, il s'engagea à grand pas dans l'allée qui le séparait d'eux. Quand il fut assis, les conversations reprirent petit à petit et il poussa un profond soupir. Il se tourna alors vers Hermione qui était à côté de Ron, la tête posée sur son épaule. Ils échangèrent un regard qui se voulait douloureux et compatissant. Tous les Weasley étaient atterrés par la mort de Fred, et ils devaient en plus supporter un George totalement éteint, son sourire et la lueur rieuse dans ses yeux avaient disparus. Il regardait droit devant lui, blanc comme un cadavre. En quelques sortes, une part de lui-même était morte en même temps que son frère. Tout le monde pleurait. Harry les regardait tour à tour et ne pouvait supporter ce spectacle. Il redouta le moment où il croiserait le regard de Ginny, imaginant ses grands yeux marrons embués et humides. Mais lorsqu'il les aperçus, ils le fixait lui, et n'avaient pas la moindre trace de larme. Ginny était bouleversée, mais elle ne pleurait pas.

Harry la regarda intensément, lui faisant comprendre qu'il voulait lui parler. Elle se leva et lui tendit la main. Comme si il se raccrochait à la seule pensée joyeuse qui existait en lui en ce moment, il s'y agrippa de toutes ses forces, sentant la chaleur de celle qu'il aimait le plus au monde contre lui. Ils sortirent de la Grande Salle épaule contre épaule, sans dire un mot, partageant ainsi leur peine. Lorsqu'ils commencèrent à monter les escaliers, Ginny glissa ses doigts entre ceux de Harry. Il tourna alors la tête pour la regarder ; elle avait toujours l'air bouleversé, mais une lumière s'était rallumée dans ses yeux. Comprenant pourquoi, Harry prit une inspiration :

-Ginny, je n'ai jamais renoncé à toi. Si j'ai fait ça, s'était pour te protéger, parce que l'amour que je te porte me fait vivre, c'est lui qui m'a fait survivre durant tous ces mois. Tu m'as énormément manqué, je pensais tout le temps à toi. Je ne t'ai jamais abandonné, et je sait que je t'ai faite souffrir, j'espère que tu m'en veux pas. Si tu as besoin de temps pour réfléchir , je comprendrais, mais sache que...

Ginny ne lui laissa pas le temps de finir, elle s'était jetée sur lui, l'avait plaqué contre un mur et l'embrassait fougueusement. Leurs lèvres et leurs langues se mélangeaient , redécouvrant la bouche de l'autre. Après un moment, ils reculèrent leurs têtes mais restèrent collés l'un à l'autre.

-Je t'aime, souffla Ginny.

-Pas autant que moi, sourit Harry.

Et il lui déposa un doux baiser sur les lèvres.

-Ce n'est pas aussi spectaculaire que le mien, remarqua Ginny avec un mélange de malice et d'espoir sur le visage.

Harry haussa un sourcil.

-On va arranger ça.

Il lui fit alors un plaquage pour l'allonger sur le sol, et l'embrassa encore plus chaudement qu'elle ne l'avait fait avec lui précédemment. Ses baisers s'étendirent même jusque sur le cou et les épaules de la jeune fille. Mais il n'osa pas descendre plus bas, et s'assit à califourchon sur sa belle pour l'empêcher de se relever.

-Alors ? demanda-t-il

-Ca ira pour cette fois, fit-elle avec un clin d'œil.

Il se releva et l'aida à faire pareil, puis ils continuèrent à marcher, serrés l'un contre l'autre. Leurs pas les menèrent au tableau de la Grosse Dame. Elle était absente (sûrement en train de faire la fête dans un autre tableau). Harry poussa un petit peu la toile, et le trou apparut. Ginny s'y engagea avant lui, et ils s'affalèrent sur un canapé. La salle commune était totalement vide, tout le monde fêtait la libération dans la Grande Salle. Ginny s'allongea et posa sa tête sur les genoux de Harry, qui commença à caresser ses cheveux.

-Tu sais, dit-elle, je t'en ai voulu de me laisser de côté. Je me disais que Ron et Hermione couraient encore plus de danger, et puis je n'en avait rien à faire du danger, je voulais simplement être avec toi.

Elle le regardait intensément, et Harry ne put dire un mot, tellement il était ému par ces paroles. Elle continua :

-Mais maintenant tout est fini. Tu as vaincu Tu-Sais-Qui...

-Voldemort, la coupa Harry. Il faut s'y réhabituer, comme au temps de l'AD.

-Donc, tu as vaincu Voldemort, on est de nouveaux ensemble, mais...

Harry savait ce qui allait suivre. Il caressa la joue de sa petite amie pour la réconforter, mais cela n'apaisa pas la tristesse qui les réduisait au silence. Ce silence dura une éternité pour Harry. Puis Ginny se releva brusquement :

-Je vais me coucher, je suis crevée... Tu viens ?

Harry fronça les sourcils :

-Tu veux que je vienne avec toi ?

-Ca se pourrait, remarqua-t-elle avec un air malicieux.

-Ce n'est pas que je neveux pas mais...je ne peux pas aller dans le dortoir des filles.

-De toutes façons, tu n'as plus de lit dans ton dortoir, et puis, pour ce qui est des escaliers, on vous a toujours admirer vous, les garçons. Parfois, vous êtes tellement bêtes que vous ne pensez même pas à utiliser un sortilège de lévitation.

Harry lui jeta un regard de reproche, mêlé d'amusements.

-Excellente idée, dit-il tout de même.

Elle pointa sur lui sa baguette magique et il se sentit décoller :

-Fais attention à ne pas me cogner partout, s'écria-t-il.

Il parvint au dortoir sans problème, et Ginny le lâcha juste au dessus de son lit. Il rebondit un petit peu, puis releva la tête. Ginny n'était pas là. Il s'affola :

-Ginny ? appela-t-il. Ginny, où est tu ?

La porte de la salle de bain s'ouvrit et une très jolie jeune femme en sortit, dans une nuisette qui la mettait totalement en valeur. Harry sourit en la regardant venir à lui. Ses cheveux roux lâchés tombaient docilement dans son dos, pratiquement jusqu'au bas de la nuisette, qui ne cachait qu'une petite partie de ses cuisses. Harry soupira ; ses yeux se fermaient tous seuls.

-Moi aussi je suis crevé, soupira-t-il, comme pour s'excuser, et il se laissa tomber sur le lit. Ginny commença à lui enlever ses chaussures, et essuya toutes les traces de saleté qui parsemaient le visage du jeune homme. Sous toutes ces attentions, il s'endormit, et Ginny se blottit tout contre lui.

Lorsque Harry se réveilla, au crépuscule, les autres lits du dortoirs étaient occupés, et il se demanda ce qu'avaient pensé les camarades de Ginny en voyant Harry Potter dans le lit voisin. Légèrement gêné, il se leva déposa un baiser sur le front de sa petite-amie, ramassa ses chaussures et sortit dans les escaliers. Mais à peine eut-il posé le pied sur une marche que le sol devint tout lisse et il tomba tête la première pour glisser et s'étaler sur le tapis de la Salle Commune. Les quelques élèves qui se trouvaient là le regardèrent, l'air ahuri, ou éclatèrent de rire. Harry se releva, sentant ses joues chauffer, et sortit par le trou du tableau. Comment avait-il pû être aussi bête ? Pourquoi n'avait-il pas pensé à réutiliser le sortilège de lévitation ? Peut-être que Ginny avait raison, les garçons étaient trop bêtes. Il chassa ces pensées de sa tête, après tout, la honte ne tuait pas. Il s'éloigna un petit peu pour mettre ses chaussures puis descendit à la Grande Salle. En passant entre les tables, il s'efforça de ne pas regarder ceux qui tournaient curieusement leur tête vers lui. A la table des Gryffondors, il remarqua Charlie qui lui faisait signe. Il s'assit à côté de lui et se jeta sur une cuisse de poulet qui était apparue dans l'assiette devant lui. Charlie parla d'une voie fatiguée :

-Maman vous ordonne de dîner avant de la rejoindre au Terrier.

Harry acquiesça pour montrer qu'il avait compris. Hermione arriva à son tour et Charlie lui répéta les ordres, leur rappela de prévenir Ron et Ginny, et disparu dans les flammes vertes de la cheminée.

Les deux jeunes adultes finirent de manger puis se dirigèrent ensemble vers la Salle Commune. Ils y découvrirent les deux plus jeunes Weasley en grande discussion.

-Ron, tu ne peux pas me laisser vivre ma vie ? J'ai bientôt 17 ans !

-Justement, je te signale que moi j'en ai 18 révolus ! Alors j'ai le devoir de te surveiller et de te protéger.

-Donc, tant que je suis plus jeune que toi, tu as un droit de regard sur toute ma vie privée, c'est ça ?

-Je ne...

-Hé ho ! Vous ne voudriez pas vous expliquer plus calmement ? Qu'est-ce qui se passe ? intervint Harry.

-Il se trouve que je suis descendue des dortoirs et que Ron m'attendait pour me parler de toi et notre relation !

Les oreilles de Ron rougirent, et Hermione intervint :

-Ron, toi aussi tu était déjà sortit avec quelqu'un à son âge, et Fred et George ne te disaient rien !

Soudain, les quatre jeunes adultes se figèrent. Le souvenir des jumeaux était douloureux, et il allait falloir prendre l'habitude de ne plus dire que George.

Harry interrompit les pensés sombres de tout le monde :

-Votre mère nous a ordonné de manger et de rentrer au Terrier.

-On descend alors, dit Ginny avec autorité.

Elle s'avança vers Harry :

-Tu as bien dormi ?

Le jeune homme laissa Ron et Hermione passer devant, gêné de parler de ça après ce qu'il venait de se passer.

-A vrai dire, murmura-t-il, comme un sain. J'ai juste eu un réveil assez douloureux...

-Oui, on m'a raconté ça ! s'esclaffa Ginny.

De nouveau honteux de n'avoir pas repensé au sortilège de lévitation, il commença à accélérer mai Ginny lui prit la main, et ils suivirent leurs amis par le trou du tableau. La Grosse Dame ronflait. A la Grande Salle, il n'y avait plus grand monde, la plupart des élèves étaient rentrés chez eux, et les autres étaient montés dans leurs dortoirs pour faire leurs bagages. Compte tenu des événements, tous les examens avaient été annulés, et seraient reportés à une date ultérieure.

Une fois le dîner des deux Weasley terminés (ce qui fut plus rapide que d'habitudes grâce au régime qu'avait subi Ron ces derniers mois), les quatre amis empruntèrent la cheminée pour rentrer au Terrier. Harry redécouvra la sensation de tournoyer au dessus de cetaines de maison. Lorsqu'il atteri dans la cuisine des Weasley, il se réceptionna mieux que d'habitude. Molly était occupée à l'évier et ne l'entendit pas arriver. Remarquant que les épaules de la femme tremblaient, il préféra la laisser en paix et s'installer sur un canapé du salon. Lorsque ses amis arrivèrent, ils discutèrent, mais l'atmosphère pesante de la maison les empêchait de plaisanter.

Désolée pour ce chapitre publié par fragments, mais j'ai un emploi du temps assez chargé et je n'ai pas le temps de tout écrire d'un coup. Le prochain, je vous le met en deux fois maximum j'espère.

Sinon, est-ce que ça vus a plu?