Disclaimer: les personnages de cette histoire appartiennent -dans leur immense majorité- à Mrs J. et la phrase ouvrant ce chapitre provient du truculent Big Fish de Tim Burton ^^
Correctrice: Mary Souris de PI que je remercie chaleureusement ^^
Je n'ai toujours aucune inspiration en ce qui concerne la fin de « Ne dis pas que je n'ai pas essayé»... par contre me voici avec une nouvelle fiction longue sur laquelle je bosse depuis maintenant quelques mois (donc ne vous inquiétez pas pour une fois je vais pouvoir tenir mes promesses de délais pour un moment ).
Avant-propos:Cette fiction est une Guardian fic doublée d'un slash entre Snape et Harry. Pour ceux n'étant pas fan de slash, cet aspect ne prendra réellement place que dans la seconde partie de la fiction et restera traitée de manière somme toute très soft. Histoire au scénario un peu étrange et assez loin de ce que je fais habituellement. Mais parfois sortir un peu de ses propres sentiers battus ça peut après tout avoir du bon, non ?
Bref assez de blabla et bonne lecture ! :)
Ce soir-là j'ai découvert que la plupart des êtres qu'on pense méchants ou malfaisants sont tout simplement très seuls... Et manquent de savoir-vivre.
Chapitre 1 :
La plupart des êtres qu'on pense méchants ou malfaisants sont tout simplement très seuls... Et manquent de savoir-vivre.
En cet instant, c'était cette phrase qui tournait inlassablement dans la tête du Survivant. Cette phrase qu'avait prononcée Severus peu avant sa mort et qui depuis l'obsédait. Cette phrase qui errait tortueusement à travers son esprit, lui intimant de prendre une décision. Et vite.
Une décision. Dans la situation présente, le terme « décision » lui paraissait bien faible et inapproprié : de son choix égoïste de tenter ou non ce dernier coup de poker dépendait des millions – voire des milliards – de vies. Mais qui était-il pour se plaindre de cet état de fait ? Il était le sauveur désigné – qu'il ait ou non désiré cette fonction n'y changeait rien – du monde magique : prendre ce type de décisions relevait de ses attributions.
Qu'est-ce que Severus ferait lui ? Tout ça c'était de sa faute après tout… pleinement et uniquement de sa faute.
Lui qui, une fois qu'ils avaient été ensemble, lui avait finalement avoué que s'il avait autant résisté à ses maladroites et piteuses tentatives de séduction, c'était pour ne pas avoir à souffrir le jour où il se rendrait enfin compte de leur différence d'âge, de statut, prendrait conscience qu'il méritait mieux, se lasserait et le quitterait.
Mais Severus se trompait – se trompait lourdement – pour une fois : il ne s'était jamais lassé et au final c'était lui qui avait été abandonné.
Severus était mort depuis plus d'un mois maintenant et Harry se sentait tellement vide que ça en était douloureux. Harry avait cru mourir de chagrin lorsque Sirius était passé à travers le voile, lorsque que Remus et les jumeaux Weasley étaient morts sur le champ de bataille, lorsqu'Albus Dumbledore s'était trouvé encerclé des baguettes de Malefoy père et des deux Lestrange et avait tiré sa révérence, lorsque Neville s'était interposé entre lui et l'Avada.
Lorsque tous les gens auxquels il tenait étaient mort un à un à cause de son incapacité à vaincre rapidement Voldemort…
Et lorsque Ron et Hermione avaient été tués, il y avait un peu moins de deux mois, il avait simplement pensé devenir fou de douleur.
Mais Harry savait à présent que tout ça n'était rien, absolument rien, comparé à ce qu'il ressentait depuis plus d'un mois, ce qu'il ressentait en ce moment même. Ou plutôt ce qu'il ne ressentait pas.
La faim, la soif, la peur, la colère et toutes les multitudes d'autres sentiments et sensations qu'il avait par le passé éprouvées lui paraissaient lointaines.
Il ne restait rien à Harry si ce n'est le vide, la souffrance sourde, la lassitude et le froid de la solitude.
Parce que Severus était mort – mort putain – et que Severus était celui pour qui il s'était battu toutes ces années, celui pour qui il avait continué à lutter farouchement pour sa vie toutes ces années, celui pour qui il avait survécu. Parce qu'il aimait Severus.
Mais Severus était mort maintenant et Harry ne vivait plus, peinant de plus en plus à survivre.
Alors, pour tromper l'étouffante impression d'absence, il avait entamé des recherches. Alors qu'il était sensé trouver un moyen de débarrasser la communauté sorcière de Voldemort, il avait entamé d'égoïstes et pathétiques recherches en lesquelles lui-même ne croyait pas pour essayer de ramener son amant à ses côtés.
Et contre toute forme de logique, dans un particulièrement obscur et ancien ouvrage de la bibliothèque de Severus, il avait réellement trouvé quelque chose. Quelque chose qui pouvait certainement lui permettre de retrouver Severus… et de tuer Voldemort. Une chose complètement inattendue, merveilleuse, dangereuse, grotesque, folle, suicidaire et profondément immorale.
Le voyage dans le temps.
Le cœur de Harry avait manqué quelques battements en lisant ces mots. L'espoir et l'excitation s'emparant brutalement de lui : il se sentait enfin à nouveau vivant, il allait pouvoir revoir son terrible maître des potions. Il était en train de déterminer à quelle époque il souhaitait atterrir, tout en songeant à quel point ce qu'il envisageait très sérieusement de faire était inconsidéré et égoïste, quand soudainement la phrase qu'avait prononcée Severus, et à laquelle il avait si souvent pensé ces derniers temps, lui avait de nouveau sauté à la figure.
La plupart des êtres qu'on pense méchants ou malfaisants sont tout simplement très seuls... Et manquent de savoir-vivre.
Severus était généralement sarcastique, caustique à l'excès, spirituel et – exclusivement avec lui – parfois tendre, mais il n'avait jamais été le genre de personnes aimant faire de belles phrases. C'était sans doute pour ça que celle-ci l'avait marqué à ce point.
La plupart des êtres qu'on pense méchants ou malfaisants sont tout simplement très seuls... Et manquent de savoir-vivre.
Oui, sûrement. Peut-être que si ses parents n'avaient pas constamment encouragé leur fils à écraser les autres, Dudley serait devenu autre chose qu'une immonde petite brute. Peut-être que si Drago n'avait pas été élevé par l'ombrageux et intolérant Lord Malefoy il n'aurait pas été marqué. Peut-être que si le père de Severus n'avait pas si consciencieusement œuvré pour briser son fils, celui-ci ne se serait pas si facilement laissé tourner la tête par les paroles pleines de miel et les promesses de domination du Lord. Peut-être que dans la plupart des cas tout reposait sur un problème d'amour et d'éducation. Peut-être.
La plupart des êtres qu'on pense méchants ou malfaisants sont tout simplement très seuls... Et manquent de savoir-vivre.
Cette phrase tournait furieusement dans son esprit, se superposant à l'image d'un petit garçon trop calme, aux grands yeux tristes, demandant à Albus Dumbledore si sa visite signifiait qu'il allait quitter l'orphelinat, et se réfugiant dans sa hargne face à une réponse négative. Tom. Tom Jedusor.
Ce jour-là, lorsque Dumbledore lui avait montré dans la Pensine un passage de l'enfance de cet homme destiné à devenir un monstre, il avait ressenti un profond malaise.
En le confrontant à cette scène, le directeur avait sans doute voulu lui faire comprendre à quel point Tom Jedusor était déjà malfaisant – Seigneur est-ce qu'on pouvait considérer un petit être de sept ans à peine comme malfaisant ? – alors qu'il n'était encore qu'un enfant. Mais Harry, même s'il n'en avait rien dit à l'époque, n'avait pas compris, n'avait pas adhéré, au point de vue du directeur.
Dumbledore pensait qu'il était ressorti de la Pensine un peu plus dégoûté qu'il ne l'était déjà par le personnage de Voldemort. Il se trompait – se trompait vraiment –, Harry, en s'extirpant du souvenir, était simplement en proie à un profond malaise.
Malaise parce que le surveillant qui avait amené Dumbledore à la gérante de l'établissement avait eu une lueur purement mauvaise dans son regard à l'entente du nom Jedusor. Malaise parce qu'il était apparemment le seul à avoir vu la tristesse et la souffrance dans les yeux de Tom. Malaise parce que c'était le même mépris que celui que lui témoignait Pétunia qui irradiait de la directrice à l'encontre du petit garçon. Malaise parce qu'Albus, l'un des hommes qu'il respectait le plus, le décevait, regardant Tom – un gamin de sept ans, Merlin ! – avec méfiance et hostilité juste parce qu'il était le dernier descendant connu de Salazar. Malaise parce qu'il avait simplement envie de prendre Tom dans ses bras et de lui dire de ne pas s'inquiéter, qu'il allait le tirer de cet endroit.
Malaise parce que l'enfance de Voldemort lui semblait aussi triste que l'avait été la sienne et que, sur le moment, il aurait réellement aimé sauver – encore son foutu complexe du héros ricanerait Severus – ce gosse de toute la peine et la solitude qu'il avait perçues dans son regard.
Cette scène qui avait légèrement modifié sa vision du Lord, il s'en souvenait avec foule de précisions.
Flashback :
Un homme trapu, dont l'allure et l'air sournois rappelait étrangement à Harry ce sale rat de Pettigrow, accompagné d'un Albus Dumbledore ayant passé la cinquantaine et habillé d'une manière des plus extravagantes, se dirigeait d'un pas rapide vers une porte en bois massive et de teinte ébène. Il frappa trois coups secs et l'ouvrit à l'entente d'une voix criarde au ton agacé.
- Mrs Cole, cet homme a apparemment rendez-vous avec vous…
Mrs Cole était une femme approchant la soixantaine à l'expression particulièrement pincée et revêche, elle fronça les sourcils comme si elle tentait de se rappeler d'une chose singulièrement désagréable avant de se tourner vers Dumbledore, le toisant lui et ses frusques farfelues avec un certain dédain.
- Ah oui, c'est pour Jedusor, n'est-ce pas ? demanda-t-elle en prononçant le nom « Jedusor » d'une manière qui fit frissonner Harry tant elle lui rappelait celle qu'avait sa tante de cracher son patronyme comme si il s'agissait d'une insulte odieuse.
Une étincelle d'animosité profonde éclaira le regard du surveillant tandis qu'Albus approuvait poliment.
- Vous pouvez disposer Johnson. Si j'ai bien compris votre courrier vous comptez prendre Jedusor au sein de votre école durant la majeure partie de l'année à partir de ses onze ans ?
- Parfaitement madame : il ne résidera ici que pendant ses vacances d'été.
- Bien, bien, et la femme semblait soudain beaucoup moins gênée par la présence de l'excentrique professeur de métamorphoses, est-il vraiment impossible qu'il demeure également dans votre établissement durant les vacances d'été ? l'interrogea-t-elle avec une pointe d'espérance mal dissimulée.
- Je crains en effet que ce soit impossible Madame. Est-il un enfant si problématique ? et Albus semblait assez soucieux à présent.
Et Mrs Cole de son côté sembla tout à coup très inquiète.
- Il est définitivement inscrit dans votre école et rien de ce que je pourrais vous raconter n'y changera rien ? et la voix grinçante était emplie de méfiance.
- Absolument rien, déclara Dumbledore arborant un air affable bien qu'un pli d'inquiétude plisse toujours son front, il était inscrit dans notre établissement avant sa naissance et rien ne peut modifier ce fait. Il est l'un de mes futurs étudiants et en tant qu'adjoint du directeur je souhaiterais simplement avoir quelques indications sur la personne à qui je vais avoir affaire.
Après une légère hésitation la femme se décida à répondre :
- C'est un garçon étrange.
Et, vu le ton employé, dans son jargon « étrange » devait avoir la même signification que pour Vernon Dursley. À nouveau Harry s'était surpris à frissonner.
- Oui, je m'y attendais un peu, murmura Dumbledore.
- Il a quelque chose de… mauvais en lui.
- Oui, ça aussi je m'y attendais un peu, murmura de nouveau Albus, comme pour lui-même.
Harry avait alors lancé au Dumbledore l'accompagnant dans la Pensine un regard plein d'une incompréhension teintée de colère que son mentor n'avait pas remarquée.
- Qu'entendez-vous exactement par là ? ajouta d'une voix douce mais bien plus haute le futur vainqueur de Grindelwald.
- Il est dangereux : les autres enfants le sentent bien et l'évitent la plupart du temps. Il leur fait vraiment peur et certains d'entre eux sont revenus blessés après avoir tenté de l'approcher : bras ou jambes fracturés, douleurs insupportables au ventre et à la tête. La dernière personne qui a essayé de l'aborder, Billy Stubbs, un petit garçon tout à fait charmant, s'est retrouvé – on ne sait comment – avec un bras cassé, suspendu à l'une des poutres du toit… je ne sais pas comment il fait tout ça, mais je suis persuadée que c'est lui !
Et Mrs Cole paraissait partagée entre la crainte et le dégoût que lui inspirait Tom, et l'excitation de raconter ces histoires au professeur. Le professeur lui s'assombrissait un peu plus à chaque parole de la femme.
- Je sais que je ne devrais sans doute pas l'exprimer ainsi, mais… c'est réellement un horrible petit garçon. Même bébé, il ne pleurait et ne souriait jamais, en grandissant ça ne s'est pas amélioré : il est toujours plongé dans des livres, les seules fois où il en relève la tête des événements étranges et… désagréables surviennent. Vraiment un horrible petit garçon. Et si les blessures que subissent les autres enfants sont plus qu'inquiétantes ce n'est pas le pire…
« Un horrible petit garçon », Pétunia et la tante Marge aimaient elles aussi employer ces termes pour le désigner.
Et Mrs Cole laissa sa phrase en suspens, comme pour renforcer son effet.
- Qu'est-ce qui est pire ?
- Eh bien, en vérité, je pense qu'il est fou, répondit-elle sur le ton de la confidence, plusieurs personnes – dont je fais d'ailleurs partie – l'ont vu essayer de parler aux serpents. À chaque fois qu'il se trouve à proximité de l'une de ces horreurs, il se met à… siffler. Siffler, vous vous rendez compte professeur ? Et il a toujours un léger sourire malfaisant aux lèvres, lorsqu'il le fait ; je crois bien que les rares fois où je l'ai vu sourire c'était à côté de ces créatures.
Et Albus avait semblé totalement figé durant quelques instants.
Harry lui s'était dans un premier temps vaguement demandé quel était le problème avec ça : lui-même était Fourchelang et Dumbledore n'avait jamais eu l'air gêné par ce fait.
Puis il avait compris : lui était le survivant, vainqueur d'un puissant mage noir à même pas deux ans, symbole attitré de la Lumière et fils de courageux Gryffondor ; Tom était un orphelin étrange, étonnement puissant dès son plus jeune âge qui se trouvait être le dernier descendant du plus controversé des fondateurs de Poudlard. On pouvait excuser à l'un de parler la langue des serpents, pas à l'autre.
- Je vois, je vois, avait finalement déclaré doucement le professeur de métamorphoses, merci pour ces renseignements, je prendrai soin de garder un œil sur lui lorsqu'il sera mon élève. Je suis vraiment navré mais Mr Jedusor devra quoi qu'il advienne rester dans votre établissement jusqu'à ses onze ans et le regagner chaque année à la période estivale. Pourrais-je le voir à présent ?
- Nous l'avons supporté pendant sept ans, je suppose que nous sommes capables de le subir quelques années de plus, dit-elle en soupirant et grimaçant, j'espère simplement qu'il ne blessera grièvement ou ne tuera personne d'ici là ! ajouta-t-elle d'un ton rempli de morgue. Je vais vous conduire à lui.
Mrs Cole et le futur directeur de l'école de sorcellerie sortirent du bureau et traversèrent rapidement quelques couloirs, s'arrêtant face à une porte de bois usée. Elle frappa sèchement un coup avant de l'ouvrir à la volée.
- Jedusor, tu as de la visite, Mr Dumbledore t'expliquera lui-même de quoi il retourne, annonça froidement la femme avant de tourner les talons.
Un petit garçon brun, très mince avec un visage pâle, releva ses grands yeux bleus délavés du livre posé sur ses genoux pour les fixer sur Albus.
Et Harry ne put s'empêcher de se dire qu'il y avait quelque chose d'anormalement triste et douloureux dans ce regard clair.
- Je suis le professeur Albus Dumbledore, annonça le sorcier tout en étudiant avec méfiance et sévérité l'enfant.
- Professeur ? C'est comme un docteur non ? Tom avait une voix douce et basse mais parlait avec beaucoup d'agitation, vous êtes là pour moi ? Vous v'nez d'l'asile ? Ils mentent, je ne suis pas fou !
Tom avait presque crié les derniers mots et s'était brusquement levé, une expression colérique plaquée sur sa figure blême, mais Harry avait bien vu la crainte présente dans son regard. Crainte d'être effectivement fou.
- Calme-toi, je sais que tu n'es pas fou, intima Albus, tu es un sorcier et tu es inscrit à Poudlard, école de magie où j'enseigne.
De la colère, Tom était passé à l'incrédulité et la fureur :
- Vous croyez que j' suis stupide ?
D'un geste de sa baguette Dumbledore avait transformé le livre que tenait toujours Tom en un imposant bouquet de fleurs.
L'enfant semblait à présent à la fois choqué et émerveillé.
- Je le savais. Je savais que j'n'étais pas normal. Je savais que j'étais spécial, murmura-t-il d'un air surexcité.
Le visage d'Albus se ferma encore un peu plus à l'entente de ces mots. Et Harry avait pensé que l'homme réagissait ainsi face au descendant de Serpentard à cause de ses propres préjugés : n'importe quel autre enfant découvrant son statut de sorcier et tenant de tels propos aurait provoqué de l'amusement chez son mentor.
« Je ne suis pas normal, je suis spécial. »
Ces mots… lui-même les avait pensés quand Hagrid lui avait révélé sa véritable nature. Et il n'y avait aucune arrogance là-dedans, juste une explication vraie et rassurante à cette différence qu'il avait toujours ressentie au contact des gens de son entourage.
- Nous partons quand professeur ? demanda Tom d'un air soudainement très joyeux. Pour l'école je veux dire, ajouta-t-il en avisant la lueur d'interrogation dans le regard de Dumbledore. Vous êtes bien v'nu pour me sortir d'ici, non ?
- Ah… je crains de m'être mal exprimé. Tu n'intégreras notre établissement qu'à partir de tes onze ans ; en attendant tu devras demeurer à l'orphelinat…
Tom avait paru durant un bref instant désespéré, mais s'était très vite repris et avait, après un court moment de réflexion, parlé d'un ton assuré.
- Est-ce qui y a des orphelinats chez les sorciers ?
- Bien sûr, avait approuvé Albus qui semblait assez décontenancé.
- Maint'enant que je sais c'que je suis, je peux y aller, non ?
- Eh bien, comme tu as déjà passé plus de sept ans ici, je ne vois absolument pas l'intérêt de te changer d'établissement pour quelques années de plus, avait déclaré le professeur de métamorphoses en fronçant les sourcils.
- Mais, c'est ce que je veux ! avait violemment insisté Tom.
Et Dumbledore l'avait alors considéré avec encore un peu plus de froideur :
- On n'obtient pas toujours ce que l'on veut, Tom. Ta directrice m'a déjà parlé des… incidents dont sont victimes certains de tes condisciples, jeune homme.
Et Harry avait vu un peu de tristesse et de regret dans les grands yeux pâles…
- Je te préviens par avance que ce genre de comportement ne sera jamais toléré à Poudlard et que je n'ai absolument pas l'intention de te laisser semer la terreur au sein d'un orphelinat sorcier, poursuivit-il sèchement, les personnes gérant cet institut savent te contrôler un minimum, tu y resteras donc.
… puis la détresse, la lassitude et – enfin – la colère. Une colère froide.
Tom après cela n'avait plus paru prêter grande attention aux paroles d'Albus, prenant juste brutalement le sac de gallions que celui-ci lui tendait et lui crachant avec hargne qu'il serait le moment venu parfaitement capable de se rendre seul sur le Chemin de Traverse.
Et Harry avait songé qu'Albus, habituellement si fin limier et tolérant, s'était contenté de se baser sur ses propres a priori – confortés par le discours de l'odieuse Mrs Cole – pour juger Tom.
Oui. Harry se souvenait parfaitement de cette scène. Beaucoup trop bien pour qu'il ignore ce que lui dictait actuellement son cœur avec obstination.
Il relut pour au moins la vingtième fois de la soirée ce court passage de l'ouvrage, caressant le papier jauni et usé par les années.
/ Selon l'essai d'Himdelburg Friederich, aujourd'hui introuvable, une même personne ne peut effectuer plus de deux traversées temporelles. Peu importe sa puissance magique, son corps ne pourra supporter un troisième voyage : en effet même un sorcier très puissant sera exténué au terme du second trajet. Je peux affirmer que deux traversées, les ayant moi-même réalisées et réussies, sont possibles ; cependant, la deuxième s'étant déjà révélée assez éprouvante, n'ayant pas tenté de troisième voyage, je ne peux affirmer ou infirmer les propos de Friederich sur ce sujet. D'après ce même essai, un sorcier à la puissance magique très élevée serait, de la même manière que lors d'un transplanage d'escorte, capable de faire voyager un passager avec lui. Cependant Friederich précise que si le réalisateur de l'incantation surestime ses capacités magiques, lui comme son passager mourront : n'ayant, là encore, pas tenté l'expérience, je ne peux confirmer la théorie. /
Son extraordinaire puissance magique. Bien la seule chose sur laquelle il pouvait encore compter. La seule chose dont Harry était encore certain après toutes les années écoulées depuis le commencement de cette foutue guerre. Cette chose qui allait lui permettre de tenter de mener son projet dingue à son terme.
Parce que Harry était maintenant totalement convaincu – il l'avait en vérité presque été à la minute où il avait lu ce passage – qu'il allait entreprendre cette folie.
« Folie », le mot lui semblait de nouveau en considération de la situation, bien faible et inapproprié.
Parce que, franchement, c'était vraiment barge d'envisager de réaliser un voyage temporel. C'était réellement barge d'en planifier deux d'un coup. C'était irrémédiablement barge que Harry Potter, Survivant envers et contre tout, veuille commettre un acte stupide, désespéré et suicidaire pour revoir Severus Rogue – l'acariâtre Mangemort repenti – et offrir une enfance à Tom Jedusor –l'homme qui s'était appliqué à faire de sa vie un véritable enfer.
Mais Harry avait toujours été un peu tordu, alors il s'en foutait. S'en foutait de savoir à quel point c'était barge.
S'en foutait de savoir à quel point c'était inattendu. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire que ce soit la première fois qu'il entendait parler de voyages dans le temps sur la durée ?
S'en foutait de savoir à quel point c'était dangereux. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire qu'il puisse facilement s'agir d'un énorme canular qui pourrait le blesser grièvement ou l'envoyer six pieds sous terre ?
S'en foutait de savoir à quel point c'était grotesque. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire qu'il y ait mille et une raisons que ça foire ? Mille et une raisons concrètes de ne pas le faire ?
S'en foutait de savoir à quel point c'était suicidaire. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire qu'il risque d'en mourir ?
S'en foutait de savoir à quel point c'était immoral. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire qu'il bafoue les lois physiques les plus élémentaires et essentielles ?
Harry s'en foutait vraiment de tout ça.
Qu'est-ce que ça pouvait bien faire ?
Et peu importait à quel point c'était égoïste aussi…
Parce que Harry Potter avait été impliqué dans un conflit qui le dépassait alors qu'il n'avait même pas encore deux ans, parce qu'il s'était sacrifié pendant des années pour le bien de la communauté, parce que toutes les personnes qu'il avait vraiment aimées été mortes pendant cette guerre, parce que toute sa vie avait reposé sur une putain de prophétie.
Pour tout ça, il avait bien gagné le droit de défier le Destin. Juste une fois. D'être un peu égoïste. Rien qu'une fois.
D'avoir ce qu'il désirait réellement. Uniquement une seule fois.
Et ce que désirait réellement Harry c'était sauver un enfant malheureux aux grands yeux pâles et être aimé de Severus Rogue.
Et Harry ferait tout pour ça.
Alors il remonterait le temps une première fois, arracherait Tom à son horrible orphelinat, attendrait quelques années, puis les amènerait à une époque où Severus serait encore vivant.
Oui, Harry était prêt à tout pour obtenir ce qu'il voulait.
Même à briser l'axe du temps.
Note: Voilà, j'espère que vous avez apprécié ce premier chapitre introductif, la suite paraîtra le 23 Octobre ^^
Remerciements spéciaux à Forêt Interdite -qui aurait dû assurer le rôle de correctrice mais a été rattrapée par sa vie IRL-, Anne, Anne-Françoise et Cyndel qui ont été les premières à lire cette histoire.
Et à Mary Souris qui la corrige impeccablement malgré ses réticences de base vis-à-vis du slash :p
