Note de l'auteur : Bonjour à tous, voici une fanfiction sur Junjou Romantica qui se passe dans une réalité alternative. Bonne lecture.
« Je veux que vous rentriez vite ! »
Il frissonna.
« Misaki… Misaki, réveille-toi ! Misaki, s'il-te-plaît… »
Il fit un léger mouvement.
« Vos parents ont eu un accident de voiture. Ils n'ont malheureusement pas survécu. »
Il remua.
« Je suis l'assistante sociale. Je vais vous aider à vous occuper de tout ce qui est administratif. »
Il se retourna.
« Je dois arrêter les études pour pouvoir prendre correctement soin de toi, Misaki. »
Il trembla.
« Misaki… »
Un bruit strident retentit. Misaki ouvrit les yeux. Il s'appuya difficilement sur ses coudes pour se relever. Il avait l'impression d'avoir mal dormi. En regardant aux alentours, il soupira. Une énième journée sans but s'annonçait.
Après plusieurs secondes de vide, il se leva et partit se préparer dans sa petite salle de bain. Depuis maintenant deux ans, il louait un appartement étroit en ville, pour être suffisamment proche de l'université. Après ses années au lycée, il n'avait pas eu de réelles ambitions, mais avait fini par se laisser convaincre par sa famille de rejoindre l'université la plus populaire de la région, pour suivre les traces de son frère. Depuis, il n'avait cessé de s'interroger sur son avenir.
Il sortit enfin, ferma son appartement à clef, et se mit en route pour l'université. Il prit le métro – bondé, comme d'habitude, puis sortit pour continuer à pied. Sur le chemin, il croisa Shizuku, un ami de deux ans plus âgé qu'il avait rencontré l'année précédente. Ils marchèrent tous les deux, discutant principalement de mangas de toutes sortes. Cet ami qu'il avait rencontré lui avait présenté le « Club Otaku », où ils passaient la plupart de leur temps libre en compagnie d'autres passionnés, à parler notamment de leur manga préféré The Kan. À part les activités de ce club, Misaki n'avait aucune autre passion. Il n'avait que très peu d'amis et n'avait pas de projet pour le futur. C'était au plus grand désarroi de ses parents, qui espéraient le meilleur pour leur fils.
Dans le grand amphithéâtre, Misaki n'écouta que les quinze premières minutes de cours, avant de se résigner à abandonner. Ce qu'il étudiait ne l'intéressait pas vraiment, et il voyait cela comme une perte de temps. Il n'était pas un mauvais élève, mais n'était pas un bon élève non plus. Il se trouvait entre les deux, son niveau était moyen et il ne s'investissait pas plus que nécessaire il n'en ressentait pas le besoin.
La matinée se déroula lentement, comme une matinée ordinaire. Le midi, il rejoignit ses amis et alla acheter un sandwich, comme chaque midi. Ils mangèrent rapidement, discutant de leurs cours, et repartirent chacun de leur côté. L'après-midi ne fut pas plus rapide, et Misaki fut soulagé lorsque le dernier cours pris fin. Il était enfin en weekend et comptait rendre visite à son frère le samedi. Cette idée ne l'enchantait guère, mais il pensait qu'il s'agissait là d'un devoir à accomplir en tant que frère.
Il passa sa soirée seul, dans son petit appartement, se fit des pâtes pour le dîner et partit se coucher à vingt-et-une heures, après avoir regardé la télé d'un œil distrait.
Le lendemain, il se rendit en bus chez son frère, ce dernier n'habitant pas très loin. Il fit un détour pour acheter un bouquet chez le fleuriste d'à côté. Il ne préférait pas aller au magasin que tenait sa mère, de peur qu'elle ne lui fasse encore la morale ou qu'elle ne le compare à son frère. Il évitait de croiser ses parents dès qu'il le pouvait et n'allait les voir que pour les évènements importants.
Il ressortit de la boutique avec un bouquet classique dans les bras, et fit le reste du chemin à pied. Lorsqu'il fut devant la porte, il respira un grand coup et appuya sur la sonnette. Son frère ne tarda pas à ouvrir la porte et l'accueillit chaleureusement. Misaki lui tendit le bouquet et entra en soupirant. Ils s'installèrent dans le salon, endroit spacieux et élégant. En effet, son frère menait maintenant une vie d'adulte et travaillait en tant que professeur de lettres modernes à l'université où étudiait Misaki. Celui-ci s'en sentait d'ailleurs mal à l'aise et priait toujours pour ne pas le croiser. En résumé, sa relation avec sa famille était loin d'être parfaite.
Takahiro discuta longuement de son travail et de ses collègues – le nom de Kamijo fit frissonner Misaki. Ce dernier l'écoutait distraitement en regardant les alentours. Il leva les yeux au ciel lorsque son regard croisa une jupe noire, pliée sur le canapé. Il n'était pas rare que Misaki ne trouve des vêtements féminins traîner ça-et-là dans l'appartement de son frère. Takahiro arrêta de parler, parut réfléchir quelques secondes, et annonça :
« La semaine prochaine, on organise une sortie entre collègues. Le genre de sortie qu'on pourrait nommer 'pédagogique'. On ira rencontrer des auteurs contemporains à la maison d'édition Marukawa, tu sais, celle qui n'est pas très loin de la fac. Comme ça on aura de nouvelles ressources en littérature, des nouveaux textes à étudier… »
Misaki acquiesça, ne sachant quoi répondre. Son frère se donnait à fond dans son travail, et il espérait avoir la motivation pour faire de même, un jour.
« D'ailleurs Misaki, tu n'as toujours pas d'idée pour après la fac ? »
Son air innocent fit grimacer le concerné. Bien sûr qu'il n'avait pas de projet.
« J'y réfléchis…, répondit-il simplement.
— C'est déjà ça !, s'exclama son frère en rigolant. »
Le plus jeune tourna la tête dans la direction opposée.
« Il faudrait que tu te trouves un job étudiant, aussi, lui dit son aîné avec un sourire qui se voulait rassurant.
— Oui, fit Misaki en regardant dans le vide. »
Son frère avait raison, et Misaki le savait. Ils se décidèrent à appeler leurs parents pour prendre des nouvelles, puis ils passèrent le reste de la soirée à discuter de tout et de rien – son frère monopolisant la parole – avant de passer à table. Takahiro cuisinait décemment, mais Misaki se proposa pour l'aider. Ils mangèrent assez rapidement et retournèrent dans le salon pour regarder la télévision. Enfin, ils partirent se coucher assez tard, comme le plus âgé avait l'habitude de le faire.
Misaki repartit le lendemain matin. Cette demi-journée ne lui avait rien apporté, si ce n'était un léger malaise. Une fois dans son petit appartement, il relut ses cours et sortit se promener. Sa journée se déroula lentement, et il repartit en cours le lendemain.
Le weekend suivant, son frère l'appela pour lui annoncer « une bonne nouvelle ». Il avait rencontré quelqu'un lors de sa sortie entre collègues et souhaitait la présenter à Misaki. Il s'agissait là de la première fois que son frère lui présentait une de ses conquêtes. N'ayant rien à faire, Misaki se prépara rapidement et se rendit au café où ils s'étaient donné rendez-vous. Il arriva dix minutes en avance. Le serveur l'installa à une table et lui donna la carte. Misaki se commanda un café pour patienter, et se mit à contempler les alentours. L'ambiance était détendue, calme et il n'y avait que très peu de clients. Son frère arriva quelques minutes après qu'il eut fini sa boisson. Il était accompagné d'une femme élégante, aux cheveux châtains clairs et aux yeux bleus. Elle s'inclina en adressant un grand sourire au plus jeune.
« Misaki, je te présente Eri Aikawa. On s'est rencontrés à Marukawa. »
Pour la première fois depuis de longues années, Misaki avait passé une bonne soirée. Aikawa et lui s'étaient tout de suite bien entendus. Elle lui avait raconté de nombreuses histoires et lui avait parlé de son travail en tant qu'éditrice. Il avait trouvé cela intéressant et s'était même mis à lui poser des questions. Il se rendait maintenant compte qu'il tenait à son frère, et l'avoir vu heureux l'avait fait sourire. Takahiro était un grand frère exemplaire, qui couvrait Misaki de petites attentions. En y repensant, la seule chose qui avait empêché le plus jeune de penser tout cela n'était rien d'autre qu'une petite jalousie dissimulée. Après tout, Takahiro, brillant comme il l'était, était couvert de réussite. Leurs parents le félicitaient sans cesse, et Misaki s'était évidemment senti lésé. Maintenant, il s'en rendait compte, et pensait faire plus d'efforts, bien qu'il savait que sa personnalité ne lui permettrait pas de devenir le petit frère parfait. De retour chez lui, après avoir marché une bonne demi-heure, il s'allongea directement et ferma les yeux. Une nouvelle journée commença et Misaki se sentit plus léger. Il décida, après avoir pris une douche rapide, d'aller se promener au parc qui était à quelques minutes de chez lui, celui dans lequel il croisait souvent des chats errants. En marchant pour s'y rendre, il ne pensa à rien et se mis même à chantonner doucement. Il alla s'asseoir sur un banc en pierre, et quelques minutes plus tard, un petit chat noir apparu devant lui. Ce dernier vient se frotter à la jambe de Misaki, qui, ne résistant pas, commença à le caresser en sortant une petite boîte de thon de sa poche. Il l'ouvrit doucement et le chat se précipita dessus en ronronnant. Une vieille dame vint ensuite s'asseoir à ses côtés, puis se mit à parler de tout et de rien. Le jeune homme l'écouta attentivement, comme s'il redécouvrait le monde qui l'entourait. La dame partit après lui avoir adressé un signe de main ainsi qu'un léger sourire. Le temps passa, et Misaki continua à jouer avec les chats qui étaient venus le voir.
« Misaki !, appela une voix féminine. »
Il leva la tête pour tomber nez à nez avec Aikawa. Un grand homme se tenait à quelques pas derrière elle.
« Oh, bonjour mademoiselle Aikawa, fit Misaki en souriant. Vous vous promenez ?
— À vrai dire, pas vraiment, répondit-elle en rigolant. Je suis en plein travail, et là nous devons nous rendre à la maison d'édition au plus vite. À plus tard, Misaki ! »
À peine eut-il de temps de les saluer, qu'Aikawa et le grand homme étaient déjà partis. Les chats aussi, d'ailleurs. Il rentra directement à son appartement et se rendit compte qu'il avait passé la matinée entière dans le parc. L'après-midi, il révisa ses cours en se laissant distraire par la télévision de temps à autres.
Le jour suivant, une sortie scolaire fut organisée pour les étudiants intéressés. Sortie mise en place par un certain Professeur Takahashi, ainsi que plusieurs de ses collègues. Misaki se décida d'y aller, non pas pour suivre son frère, mais bien pour rester loin des cours. Shizuku se porta aussi volontaire, et le petit bus de trente-cinq élèves.
La journée fut remplie d'explications et de démonstrations sur les métiers littéraires. À son grand étonnement, Misaki apprécia plus qu'il ne l'aurait pensé, et il se surprit même à poser des questions à plusieurs reprises. Le groupe croisa Mademoiselle Aikawa qui les salua avant de repartir précipitamment. Ils rencontrèrent quelques auteurs à la notoriété montante, puis discutèrent avec les éditeurs de plusieurs départements. En fin de journée, Shizuku le raccompagna. Il reçut ensuite un coup de fil de sa mère, qui lui demanda avec insistance où il en était dans sa recherche d'emploi. Elle lui demanda ensuite de passer la voir le lundi suivant dans la boutique qu'elle tenait. Le week-end se déroula un peu plus rapidement et il eut malgré tout l'impression d'avoir accompli quelque chose. N'ayant pas cours le lundi matin, il en profita pour faire une nuit complète. Il se leva à neuf heures, se prépara rapidement et pris le bus pour se rendre en ville, puis fit le reste du chemin à pied. Une fois dans le magasin, il entra en regardant aux alentours. Seuls deux clients étaient présents. L'assistant de sa mère – un nouveau que Misaki n'avait encore jamais vu – l'accueillit avec un sourire chaleureux. Il vit enfin sa mère sortir de la réserve. Elle conseilla les clients et dit à son assistant de la remplacer pendant quelques minutes. Misaki la salua, ce que sa mère fit en retour avant de l'emmener dans la pièce du fond.
« Tout va bien, Misaki ?, lui demanda-t-elle. Tu as l'air fatigué.
— Oui, tout va très bien, répondit-il sans trop de conviction. »
L'ambiance devint vite pesante. Sa mère ajouta :
« Je me dépêche, parce que je suis débordée en ce moment. »
Elle désigna un petit paquet emballé.
« Tu pourras amener ça à Takahiro ? C'est pour le remercier d'être passé, la dernière fois.
— Oui, pas de soucis, fit-il en fixant le paquet.
— Merci. »
Elle le regarda, puis termina :
« J'espère que tu auras bientôt un travail. »
Puis elle repartit en boutique. Misaki sortit, le colis sous le bras, et se dirigea vers la fac. Il avait largement le temps, ainsi il décida de marcher. L'air était frais, mais cela lui faisait du bien. Il n'arrivait pas à comprendre la raison exacte pour laquelle ses parents – principalement sa mère – agissaient aussi froidement envers lui. Cette situation était la même depuis que son frère avait terminé ses études. Il ne croisa que peu de personnes en chemin, la plupart devant probablement être occupés. Avant d'arriver, il envoya un message à son frère pour le prévenir de son passage.
Il arriva à l'université vers onze heures, et se rendit directement dans le bureau de son frère. Son collègue, un professeur que Misaki ne connaissait pas, lui sourit. Le brun salua son frère, lui donna le paquet et repartit sans avoir pris le temps de discuter avec lui.
Il partit ensuite en direction de la bibliothèque où il décida de travailler un peu. Un ami de son club l'accompagna et ils se mirent à réviser leurs cours ensemble jusqu'à la pause de midi. Une fois à la cantine, il fut rejoint par Shizuku, qui lui annonça quelque chose qui fit réfléchir Misaki sur lui-même.
« J'ai trouvé un petit job étudiant, plutôt bien payé. Et puis, ça rendra bien sur mon CV !
— Félicitations, je suis content pour toi !, lui répondit Misaki en souriant. Alors, dans quoi vas-tu travailler ?
— Aux éditions Marukawa !, s'exclama gaiement Shizuku. »
