Yami Flo présente

Lettres Mortes : Chevaliers

Lettres Mortes n'est pas une fic à proprement parler, non. Ce sont des fics, au pluriel. Il s'agit d'un regroupement d'histoires que j'avais commencé, mais que pour une raison X ou Y je n'ai jamais finies, et pour lesquelles je n'ai plus d'inspiration. Songez, braves gens, que certains de ces textes datent de 2005, minimum ! Les reprendre après… sept ans ? Oula, ça passe vite ! Les reprendre après tant de temps, ce n'est décemment pas possible.

En toute logique, ces textes auraient du rester perdus dans les méandres informatiques et ne jamais être publiés. J'en avais même oublié jusqu'à leur existence, c'est tout dire.

Mais voilà, j'ai fini par retrouver les disquettes (oui, car tout ça était stocké sur disquette) contenant les fichiers originaux, et comme j'ai pu mettre la main sur un ordinateur toujours équipé du lecteur approprié, eh bien…

Bien que ces histoires soient incomplètes et qu'elles le resteront, je pense que je peux les partager. Car après tout, elles n'étaient pas si mal, dans le fond.

Bonne lecture !

Tears of the Stars

Résumé : Deux siècles après la dernière Guerre Sainte, une autre se profile à l'horizon. Athéna a ressuscité, elle est en sécurité au Sanctuaire. Enfin, c'est ce que l'on croit, car ce ne saurait être l'exact vérité. Dans l'ombre, une autre attend aussi l'aboutissement de sa destinée. Et tandis que le temps passe et que l'enfant-déesse et son ombre grandissent, une nouvelle génération de chevaliers doit faire ses preuves et se tenir prêt à défendre la vie de leur déesse…

Genre : Futur, basé sur l'idée « et si Athéna se réincarnait dans des jumelles ? ». Nombreux OCs. Fic écrite en 2004, quand j'étais encore dans ma pleine période Saint Seiya. J'ai complètement décroché du fandom depuis.

Prologue : Naissance

La nuit avait étendue son manteau sur l'ensemble du territoire. Les étoiles scintillaient dans le firmament, tels des joyaux de lumière, éternellement purs et réconfortants. Le vent soufflait fort, agitant les branches des arbres. Les feuilles bruissaient calmement, et des pétales de fleur se faisaient porter par l'aile du zéphyr.

Les vagues se brisaient sur les rochers et les falaises bordant les plages. Dans les fermes et les villages, des chevaux, nerveux, hennissaient et frapper le sol de leurs sabots. La Terre entière semblait s'agiter sous le coup d'une mystérieuse émotion. Cette nuit, la nature le savait, marquerait un tournant pour l'avenir. Après des siècles d'attente, la déesse Athéna allait renaître sur Terre.


-Je suis désolé chevalier…tu n'aurais jamais du la voir…

-Mais…comment est-ce possible ? Comment…comment cela a-t-il pu arriver ?

-Nul ne le sait, chevalier. Peut-être que dans sa grande bonté, elle a souhaité que l'Autre survive…Un hasard, un accident…Mais peut-être n'était-ce pas un hasard…Peut-être a-t-elle délibérément fait ce choix…

-Je ne peux pas y croire…

-Pourtant, il le faut bien, chevalier. Tu en as la preuve vivante devant toi. Elle possède certains de ses pouvoirs…

-Pourquoi vouloir m'empêcher de la ramener au Domaine Sacré ? Si elle est ce que vous prétendez, alors c'est là-bas qu'est sa place !

-Malheureusement non, chevalier. Vous ne pourriez élever les deux ensembles sans qu'il n'y ait un problème, ne serait-ce que par leur dualité. Sa place est auprès de moi et de Sibel. Et toi, chevalier, tu vas oublier notre rencontre.

-Quoi ?

-Tu ne te rappelleras rien de notre échange, seulement d'avoir vu mon disciple et la réincarnation « originelle », celle dont l'arrivée était prévue depuis des siècles. Mais l'Autre doit être inconnue. C'est sa seule chance de survie.

-Calchas…Me souviendrais-je un jour de tout ceci ?

-Je ne peux te le dire. Tu es un esprit fort, tu ne crois pas au pouvoir de mon peuple, aux destins qui se lisent dans les étoiles et à celles et ceux qui savent les révéler. J'ignore combien de temps durera le sort d'amnésie.

-Maître Calchas, hâtez-vous. Ceux du Sanctuaire vont finir par se douter de quelque chose.

-Ne t'en fait pas, Sibel. Quant à toi, mon ami…dis adieu à tes souvenirs !

-N'est-ce pas imprudent de le laisser en vie, Maître ?

-Non Sibel, pas du tout. Il a encore un rôle à jouer plus tard. Ne l'as-tu pas vu dans les étoiles ?

-Non mon Maître. Je ne sais pas lire la destinée des hommes puissants. Je ne suis qu'une bien faible apprentie.

-Tu n'es pas et tu ne seras jamais faible. Laisse le temps agir, mon enfant. Tu es une Diseuse de Vérité, tu es au-dessus des simples humains.

-Non. Je suis humaine, comme tous ceux qui vivent sur cette planète. Votre orgueil va vous perdre, Maître. Et surtout votre volonté de tout contrôler.

-Comment !

-Vous ne voulez pas que son destin soit prit en main par les chevaliers du Sanctuaire, pourtant son destin est lié à celui d'Athéna. Un jour viendra où les étoiles pleureuses se rejoindront, et vous ne pourrez jamais avoir un quelconque pouvoir sur les événements.

-Sibel…

-Vous ne songez qu'à contrôlez le futur, mais je ne vous laisserais pas faire. Nous ne resterons pas avec vous.

-Tu t'imagines avoir plus de droits que moi sur sa vie ?

-Je suis sa sœur, Maître, ne l'oubliez pas. Et elle ne vous suivra pas dans vos rêves, pas plus que moi. Je ne suis pas une simple marionnette dont on tire les ficelles, dont on se serre comme d'un pion sur un échiquier. Ni elle, ni Chiara. Mais des hommes comme vous, qui croyez tout connaître des mystères de la vie, ne faites que peu de cas de l'avis de ceux sur lesquels vous étendez votre influence.

-Suffit, Sibel ! Dois-je te rappeler que tu n'as pas le pouvoir de me contredire ?

-C'est là où vous vous trompez, Seigneur Calchas. Vous n'imaginez même pas à quel point…Ni vous, n'y personne ne touchera à un seul de ses cheveux, j'en fais le serment.


Sanctuaire d'Athéna.

Tout était calme en ce beau soir de printemps. L'été approchait, et la chaleur du jour commençait à se communiquer à la fraîcheur de la nuit. Des patrouilles de soldats faisaient leurs rondes, secondés par quelques jeunes chevaliers et apprentis n'arrivant pas à trouver le sommeil. D'ailleurs, nul ne pouvait dormir en une telle nuit. Des groupes d'amis s'étaient rassemblés dans les arènes, discutant entre eux à voix basse, comme soucieux de troubler la tranquillité qui se faisait sentir sous le manteau de Nyx.

Le plus singulier de ces groupes était celui de jeunes apprentis, âgés de six à douze ans. On y distinguait trois filles, chacune portant un masque doré rehaussaient de traits de couleur, ou, dans le cas de la plus jeune, une brunette avec de nombreuses plaies sur les bras, d'une gemme blanche incrustée sur le front. D'après ses amis, son nom était Kendra. La seconde avait de longs cheveux blonds et une peau très pâle. On savait juste qu'elle venait de l'extrême Nord de l'Europe, et qu'elle s'appelait Irina. La dernière, elle, était hâlée par le soleil, et paraissait peu loquace. De longues mèches argentées tombaient sur son front. On la connaissait sous le nom d'Amalthée.

A côté d'elles se tenait un garçon de haute stature, assez musculeux, nommé Valérian. Il était en vive conversation avec un garçon aux cheveux et aux yeux couleur saphir, qui affichait un sourire timide. Saphir comme son nom.

Un garçon aux courts cheveux rouges et aux yeux vert regardait vers le ciel en soupirant, cherchant des yeux la constellation des Poissons. Son meilleur ami, un garçon de onze ans avec deux points sur le front, posa une main sur son épaule. Tous au Sanctuaire connaissaient la vive affection entre Rowan et Dhani.

Deux garçons, d'origine arabe ceux là, s'étaient assis en tailleur l'un en face de l'autre, et discutaient à voix basse, parfois rejoint par un garçon aux cheveux lavande et aux yeux clairs. Les deux premiers étaient frères, et se nommaient respectivement Khaled et Nidhal. Le troisième, d'une grande beauté, avait pour nom Narcisse, et passait pour le plus proche compagnon de Khaled.

Un autre garçon, le plus âgé du groupe, attendait, les yeux fermés, et les bras croisaient sur la poitrine. Ses cheveux verts retombaient avec grâce sur ses épaules, et quand ils s'ouvraient, ses yeux dorés portaient un regard intense sur toute personne passant à sa portée. Ganymède, ou Gany pour ses intimes, bien qu'il n'en ait guère.

Ils formaient ensemble le plus grand espoir du Sanctuaire. Elèves des plus prestigieux chevaliers de la précédente génération, ils formeraient un jour la nouvelle lignée des chevaliers d'or.

Et, en ce soir de fin de printemps, chacun d'eux se mettait à réaliser à sa manière la lourde tâche qui venait de leur être confiée. Protéger Athéna et la planète bleu, chérirent la vie de leur princesse encore plus que la leur, et toujours trouvé en eux la volonté et le courage de servir la justice et la paix.

Tous appréhendaient cet instant, et pas seulement les apprentis, mais aussi les chevaliers de toutes catégories. A ce moment précis, ils se rendaient compte de l'importance de leur future mission.

Au palais du Pope, tout semblait tranquille. Quelques gardes étaient postés à l'entrée, surveillant les environs avec un sérieux excessif, mais qu'importait, après tout. Personne cette nuit ne pouvait dormir.

Un homme s'était appuyé contre une colonne, et pour tout être attentif, il était clair qu'il était troublé. Un masque vert dissimulait son visage, et un casque doré laissait à peine s'échappé quelques mèches de cheveux couleur lavande, mêlées de gris. Il était l'autorité suprême du Sanctuaire en l'absence de sa déesse Protectrice. Le Pope Meredith.

Il n'était guère tout jeune, sans pour autant être vieux. Même si sa puissance était moindre par rapport à celle d'anciens chevaliers d'or aujourd'hui disparus ou ayant rendus leurs armures, il n'avait pas encore d'égal dans la nouvelle génération de chevaliers. Sa sagesse et sa bonté en faisaient le modèle même de l'homme intègre que voulait un jour devenir tout apprenti qui se respectait. Oui, Meredith était un homme de confiance, mais…

Ce soir là, l'ancien chevalier regardait vers les étoiles, une lueur inquiète au fond des yeux. Depuis trois heures déjà, il avait envoyé un chevalier chercher la jeune réincarnation de la déesse de la Guerre. Il n'avait encore aucune nouvelle de lui, mais ce n'était pas ce qui l'inquiéter. Non, en fait, c'était cette petite étoile blanche, minuscule, presque invisible à côté d'une autre, celle là étincelante, voyante et semblant rayonner de puissance. L'étoile d'Athéna. Encore enfant, alors qu'il n'était qu'un jeune disciple plein de vie et cherchant à l'atteindre le septième sens qui ferait de lui un chevalier d'or digne de ses prédécesseurs, son maître, un vieil homme âgé de plus d'une centaine d'années, lui avait raconté la chose suivante :

« Chaque être né sous la protection d'une étoile, et doit assumer sa destinée. Certains sont nés sous une bonne étoile, d'autres, sous une mauvaise étoile. Nous sommes tous différents. Chaque chevalier est sous la protection de sa constellation gardienne, il doit y trouver sa force et son courage, sa manière de vivre. Cependant, c'est à l'étoile d'Athéna de le guider tout le long du chemin.

L'étoile d'Athéna n'apparaît qu'à chaque réincarnation de la déesse. Elle est invisible au commun des mortels, et peu de gens parmi la chevalerie peuvent se vanter d'en connaître l'existence. Cette étoile est différente des autres, elle semble rayonnait d'amour et de puissance. Toute personne éveillée au cosmos serait capable de la ressentir, même de façon diffuse. Sa luminosité est exceptionnelle, si bien que les autres semblent bien pales à ses côtés. Mais l'étoile d'Athéna est unique car elle est toujours seule, éloignée des autres étoiles. Tout autour d'elle, on ne voit qu'un immense vide. J'ai aperçu cette étoile autrefois, lorsque j'avais ton âge. Et c'est un souvenir qui est resté gravé dans ma mémoire. »

Lui aussi la voyait à présent, cette fameuse étoile. Mais jamais encore il n'avait entendu parler d'une étoile apparaissant dans son sillage.

Quel était ce mystère ? Il n'en savait rien. Peut être que le chevalier du Lion pourrait lui apporter la réponse à son retour. Mais ce dernier tardait de plus en plus.

-Grand Pope, risqua un garde, encore très jeune. Meredith le reconnut comme étant Iouri, un jeune apprenti qui avait échoué pour l'obtention de l'armure de bronze de la Licorne. Pas qu'il fut mauvais, bien sur, et il avait d'ailleurs dévoilé un cosmos plus puissant que celui de son rival, le jeune Malik, mais au dernier moment,…

Nul ne savait ce qui c'était passé, mais il avait baissé les bras et était sorti de l'arène en disant qui cédait l'armure à Malik. Iouri devait avoir douze ou treize ans, et était d'origine grecque. Il avait de courts cheveux bleu-vert et des yeux brun clair. Attaché depuis peu à la garde du palais, il s'était montré un homme dévoué à sa tâche, et avait la confiance de Meredith, fait assez rare pour être cité.

-Je suis navré de vous arrachez ainsi à vos pensées, fit le jeune garçon en posant un genou à terre et en baissant la tête, mais le chevalier Léandre vient de rentrer. Elle est enfin là…acheva t-il dans un murmure presque inaudible.

Le Pope ne répondit pas, il se contenta d'incliner la tête et de se rendre aux pieds de la statue de la déesse, où un homme en armure dorée l'attendait.

-Je te salue, Léandre, chevalier d'or du Lion.

-Seigneur Meredith…je suis navré d'avoir tant tardé, mais les villageois n'ont pas voulu me laisser emmener l'enfant sans l'accord de sa famille. J'ai du les convaincre que nous saurions nous occuper d'elle.

-Sa famille n'a pas donné son accord ?

-Son père aurait abandonné sa mère et quitté le village avec une étrangère il y plusieurs mois. Infidélité conjugale. La pauvre femme est morte lors de l'accouchement.

-C'est triste, mais aucun humain normal n'a jamais pu donner naissance à la réincarnation d'une divinité sans y laisser la vie. Personne d'autre pour s'occuper du sort de cette enfant ?

-Si, une sœur aînée, une fillette de cinq ans, Sibel. Une enfant bien curieuse. A croire qu'elle savait exactement qui était sa sœur, pourquoi sa mère était morte, ou encore qui j'étais moi-même…c'était effrayant.

-Tu dis qu'elle savait ?

-Justement, c'est ce que je ne comprends pas. Elle m'a juste dit que j'étais un digne serviteur d'Athéna, et qu'elle espérait que nous saurions bien nous occuper de sa petite sœur. Après cela, elle a disparu. Nul ne sait où elle est passée, on pense qu'elle a du s'enfuir du village pendant que je parlais au patriarche. J'aurais voulu lui parler…

-Qui sait, peut-être était-ce une Prophétesse.

-Une Prophétesse, Grand Pope ?

-Oui. De jeunes femmes qui ont un certain dont de prescience. Elles peuvent voir l'invisible, lire dans le passé, et ont parfois des visions de l'avenir, en lisant dans les étoiles. Cependant, on les appelle plus couramment des Diseuses de Vérité, car tout ce qu'elles ont dit concernant l'avenir c'est toujours révélé exact. J'ai entendu dire qu'il existe encore des Diseuses de Vérité dans les régions d'où vient la réincarnation de la princesse. Il n'est pas impossible que cette fameuse Sibel en fasse partit.

Les premières Diseuse de Vérité datent des temps mythologiques. Elles n'ont pas toujours porté ce nom, il faut l'avouer, mais c'est ainsi que nous les connaissons aujourd'hui. Autrefois, elles étaient fort respectées. On leur offrait de riches présents pour connaître leurs prédictions, ou encore pour obtenir leurs faveurs. On disait ce pouvoir héréditaire, se passant de mère en fille à chaque génération, et très variable. Il arrivait par exemple qu'elles ne puissent connaître l'avenir d'une personne qu'en touchant des objets lui apparetenant, ou encore qu'elle ne puisse faire que lire dans le passé. Elles ont eu des époques glorieuses. Parfois, il arrivait que certaines d'entre elles se joignent à des armées pour les aider de leurs conseils. Mais vint un temps où elles furent chasser et exterminer. Nul n'en connaît la raison exacte. Les survivantes se rassemblèrent en communauté, et s'exilèrent dans des lieux impossibles à atteindre pour le commun des mortels : sur des îles non marquées sur les cartes, dans des montagnes réputées maudites. Des gens font même état de villages construits sous terre, où de vieux bateaux gigantesque voguant sur les eaux avec à leur bord des dizaines de ces femmes. Personnellement, je ne crois pas à la dernière fable. Elle ne me semble guère réaliste. Toujours est-il qu'elles disparurent bel et bien. Au cours des siècles, on n'en revit qu'une poignée. Ce n'est que depuis quelques années que l'on en a entendu parler de nouveau.

-Mais alors, comment savez-vous ce qu'elles sont devenues ?

-Il y a de vieux écrits au Sanctuaire qui relatent les rencontres des précédents Popes avec de telles femmes. Mais c'est très vieux. Le dernier texte qui les mentionnent et qui se trouve toujours aux archives date de 1743. Justement l'année d'une Guerre Sainte. Mais je ne suis pas sur qu'il y ait un rapport.

-Ca semble tellement fou…

-Notre monde contient encore bien des mystères, Léandre du Lion. Les Diseuses de Vérité, la naissance de l'univers, les combats épiques qui furent un jour livré entre Dieux et Titans,…Ce ne sont là que quelques exemples. Nul ne peut dire ce qui c'est passé il y a tellement de siècles, comment certains être hybrides furent créés, pourquoi ces luttes pour la Terre, qui n'ont jamais fait qu'ensanglanter cette planète que nous chérissons. Tout cela fait parti des choses que nous connaissons, mais que nous ne pouvons pas toujours expliquer, que nous ne pouvons pas toujours comprendre.

Mais c'est ainsi. Il y a des choses dont tu ne devrais pas t'étonner, Léandre. Tu es chevalier depuis assez longtemps pour savoir que rien n'est jamais vraiment ce qu'il parait dans ce monde, n'est-ce pas ?

-Je suis désolé Grand Pope. Je ne voulais pas vous offenser.

-Mais tu ne l'as jamais fait, chevalier du Lion. Tu m'as simplement donné moi aussi à réfléchir. Cependant, Léandre, j'aimerais que tu me dises si tu n'as rien remarqué de bizarre dans ce village.

-Non. Mais, à bien y réfléchir…

-Oui ?

-J'ai cru sentir une autre cosmo énergie dans l'une des maisons. Très faible, quasiment indétectable, aussi j'ai supposé qu'il s'agissait d'une erreur. Mais, quand une heure plus tard, après avoir confier la réincarnation d'Athéna à mon disciple, Pyrrhos, j'ai voulu retourner voir, il n'y avait plus la moindre trace de cette présence.

-Pyrrhos ? Ainsi, tu avais prit ton élève avec toi ?

-Je ne suis plus tout jeune, Seigneur Meredith. J'ai déjà trente-huit ans, et mes pouvoirs faiblissent. Pyrrhos n'a que dix ans, mais il est brave. Le moment venu, c'est à lui que je confierais mon armure.

-Tu sembles bien confiant.

-Je ne puis faire autrement avec ce garçon. Il a déjà frôler le septième sens, il est le plus doué de tous les élèves que j'ai pu former. Saut peut être Vitalie, une jeune apprentie qui concourt pour l'armure d'argent de l'Autel.

-Oui. Il est vrai que Pyrrhos est un garçon étonnant. Cependant, je crains un peu l'ampleur de son pouvoir sur le feu.

Flash Back.

Ce n'était qu'un simple feu de camp, au départ. Mais ça ne l'était plus. Meredith maudit intérieurement les gardes qui n'avait pas songé à vérifier que leur feu était totalement éteint. Maintenant, c'était plusieurs maisonnettes aux alentours qui brûlaient à la lueur des étoiles. Pourtant, en été, tous savaient à quel point les herbes sèches pouvaient être dangereuses. Il ne suffisait que d'une étincelle pour les enflammées. Et c'était ce qui se passer actuellement.

Heureusement, les baraquements étaient vides, mais rien ne semblait arrêté l'incendie. Enfin, rien,…Meredith savait pertinemment qu'avec l'aide de son cosmos, il pourrait dompter les flammes et ainsi les stopper. Mais il n'en eut pas besoin.

Une sorte d'éclair doré passa juste à côté de lui et se jeta, la tête la première, dans les flammes dévorant le bâtiment. Il y eut quelques cris, et Meredith intensifia son cosmos, prêt à tout pour sauver l'enfant, car s'était bien un enfant qu'il avait vu passer, de la mort.

Mais avant qu'il n'ait pu faire quoique ce soit, les flammes semblèrent diminuer d'elles même. Bientôt, elles semblèrent avoir totalement disparus, à l'exception de quelques unes qui continuaient à flamboyer, et semblaient danser autour du petit garçon de huit où neuf ans, aux grands yeux aussi insondables que le feu. Pendant un instant, Meredith crut même que les yeux du gamin étaient des flammèches ardentes.

Dans ses bras, un minuscule chaton miaulait de toute la force de ses petits poumons, alors que son compagnon humain l'avait prit dans ses bras et le caressait comme pour le rassurer. L'enfant jeta un simple regard à la flamme la plus proche, et celle-ci sembla diminuer de volume, s'éteignant presque.

-Qui est ce garçon, entendit-il murmurer derrière lui ?

-Pyrrhos, un des disciples du chevalier Léandre.

Un jeune homme de seize ou dix-sept ans, portant une armure de bronze, se jeta sur le gamin et le gifla.

-Bon sang, mais qu'est-ce qui t'a pris de faire une chose pareille, Pyrrhos ! Tu aurais pu te faire tuer !

-Le feu est comme mon père, il ne me fait pas, et ne me fera jamais de mal. Mais…je ne pouvais pas le laisser mourir, murmura le petit garçon en posant les yeux sur le chaton dans ses bras.

Et, à cet instant, devant ses mots si doux et si sincère, malgré sa colère pour le geste du jeune apprenti, malgré la peur qu'il avait eu en le voyant disparaître derrière le rideau de feu, et malgré la frayeur qu'il ressentait en voyant comment le feu semblait obéir à l'enfant, Meredith ne pu empêcher un doux sourire de fleurir sur ses lèvres.

Fin du Flash Back.

Ce jour là, bien qu'il n'en fût pas conscient, Pyrrhos s'était éveillé au septième sens, même si cela n'avait été que pendant quelques brèves secondes. C'était ce qui lui avait permis de passer si vite près du Pope sans que celui-ci puisse le stopper.

Meredith devait avouer que ce garçon l'intriguait autant qu'il l'effrayait. C'était bien simple, il ne pouvait pas le regarder dans les yeux sans avoir l'impression de se retrouver pris dans un incendie. Personne n'avait jamais réussit à soutenir le regard de l'apprenti du Lion.

Cela n'empêcher pourtant pas Pyrrhos d'être un bon garçon parfois même trop sensible et trop doux pour la future tâche qui serait la sienne en devenant chevalier.

-Vous semblez bien pensif, Grand Pope.

-Ce n'est rien, Léandre. Juste quelques souvenirs qui me revenaient à l'esprit. Donc tu comptes vraiment te retirer ?

-Pas avant que Pyrrhos ne soit prêt. Je ne compte pas d'ailleurs tout abandonner. Je continuerais à former quelques disciples pour les futures batailles. Mais je me sens si las de cette vie…

-Je te comprends, chevalier. Moi aussi, je sens le passage du temps. Il ne me laisse pas indemne. Mais je ne choisirais pas de successeur avant que la nouvelle génération des chevaliers d'or n'ait fait ses preuves. Je ne voudrais pas déclencher une guerre civile au Sanctuaire alors que notre déesse vient juste de revenir parmi nous.

-Oui…notre princesse…

-Bien qu'elle soit la réincarnation d'Athéna, elle reste avant tout une enfant humaine, et elle sera élevée en temps que tel. Sais-tu quel nom sa mère voulait lui donner ?

-On m'a dit qu'elle s'appelait Chiara.

-Chiara…Illustre, en latin. Un nom qui lui conviendra très bien, n'est ce pas ?

-Certes. Très bien.

Les deux hommes baissèrent ainsi leurs regards sur un petit berceau de bois sculpté, où, encore innocente et ignorante du destin qui l'attendait, un bébé de quelques jours dormait profondément.

-Léandre ?

-Oui Grand Pope ?

-D'où te viens cette blessure au front ?

-Je…je ne sais pas…je ne me rappelle pas m'être blessé ici, fit le chevalier du Lion en portant une main à sa tête.

-Ce n'est sans doute pas important.

-Non, probablement pas.