Chapitre 1

Clodoveus Black était un bonhomme de petite stature, au physique agréable, d'un air noble et en tous points honnête homme de par son extérieur. Il prenait grand soin de sa tenue, sans faire une obsession de cette activité de femme, et sans parents il était seul à la tête de la fortune et des affaires de sa branche de la famille Black. Le sang qui coulait dans ses veines avait toujours su s'éviter le contact avec la fange, et il avait pleinement conscience de la pureté de son origine magique. En remontant dans la généalogie, il n'y avait pas un homme, pas une femme, qui eut l'ombre d'une trace de sang moldu sur plusieurs dizaines de générations. Quelque part au Moyen Âge, un peu avant la création de Poudlard, la trace se perdait : il savait, bien entendu, qu'il y avait forcément là quelque chose de pourri, un silence qui indiquait sans doute les débuts tortueux et sans-magie d'une famille devenue si puissante, mais sur cela il ne s'appesantissait pas.

Non, il était chef d'une famille de Sangs-purs, d'une incroyable lignée, riche et puissante. À ce jour, il était l'homme le plus important du monde magique : son frère aîné, Phinéas, était directeur de l'école de magie de Poudlard. Le ministre, un imbécile de bonne volonté, était dans son cercle proche et se laissait influencer par les sommes qu'il était prêt à donner à la communauté magique. Il n'avait que 25 ans, et se savait déjà au sommet de sa carrière, confiant face à l'avenir, et certain en un mot de la domination tant légitime qu'acquise qu'il avait sur ce monde. Malgré un entourage riche et qu'il s'était sincèrement attaché, il savait ce qui lui manquait pour atteindre le sommet de sa gloire, et sans doute aussi pour vivre dans un plus grand confort la vie de château qu'il menait seul : il lui fallait une femme. Une femme de sang pur et dont il n'aurait pas honte de faire sa compagne, la châtelaine de son monde. L'idée n'était pas neuve, mais ces derniers temps elle s'était faite plus forte, plus prégnante. Aujourd'hui, droit dans le confortable fauteuil de son bureau, son verre de whisky pur feu semblait refléter dans sa couleur rougeâtre les courbes mouvantes et les yeux séducteurs d'une femme.

« Orion ? »

Face à lui, Orion Rookwood, un gros garçon qui lui était dévoué, plus malin que l'expression de son visage ne le laissait deviner, hocha la tête tout de suite, attentif à ce qui allait lui être dit. Redevable à Clodoveus qu'il avait suivi depuis le jour de leur rencontre, et qui avait su lui assurer une place dans la hiérarchie de la maison Serpentard pendant leurs années d'études, il semblait comme éternellement attaché à ce sauveur de sa jeunesse. Debout dans un coin, plus sombre, droit et sec comme s'il n'avait pas de place pour graisse ou musculature, Vassili Prince tourna lui aussi son long corps peu aimable en direction de Clodoveus, une attention silencieuse peinte sur son visage imberbe.

« Je pense qu'il me faudrait une épouse, fit-il d'un ton très professionnel, assez vide d'émotion.

- Une femme te manque sûrement, ami, répondit Vassili en levant un fin sourcil de l'air d'un homme qui exprime une évidence.

- Une femme de bonne lignée, un honneur pour la famille Black, précisa Orion.

- Il te faut une femme obéissante et tranquille, une femme dont les idées ne gênent pas.

- Je sais cela, coupa Clodoveus, ce que je ne sais pas, c'est où trouver une femme comme ça, une femme qui me convienne aussi dans la vie de tous les jours. »

Il y eut alors un silence, les deux hommes se regardèrent, Clodoveus restant pensif, vaguement hésitant encore sur cette idée de prendre femme. Malgré tout ce qu'il demandait, malgré les caractéristiques qu'il cherchait en cette personne, jamais elle ne serait sans embêtements. Une femme possède comme un homme caractère et personnalité : il n'était pas certain de souhaiter une personnalité de plus dans sa vie.

Il y avait bien sûr la fille cadette de Malfoy, une enfant encore, gentille et douce. Il y avait aussi l'ainée de Greengrass, et puis quelque part en Irlande une fille de bonne famille dont on lui avait parlé. En somme, Orion n'était pas réellement inspiré : oui, il y en avait des femmes, et celles-ci étaient toutes de vrais bijoux, à n'en pas douter, des femmes qu'il serait un honneur d'épouser, pour lui mais pour son ami, il imaginait quelqu'un de plus brillant, une femme exceptionnelle, une femme dont il serait certain qu'elle serait plus qu'un meuble dans le manoir. Quoiqu'il en dise, Clodoveus ne supporterait jamais une femme qui ne ferait qu'hocher la tête, suivre son opinion, sourire, être charmante et de lignée impeccable. Une femme de ce type n'aurait jamais la stature d'être l'épouse du Black le plus puissant du monde magique, elle lui serait même, à terme, un encombrement. Du bout des lèvres, Vassili pensa à une femme tout particulièrement connue pour son amour de la pureté du sang, une Française mais au fond il ne croyait pas en cette race impulsive et stupide dans sa passion des choses, elle serait belle et vide sans doute.

« La fille qui vit chez Erchenoal, je pense que c'est elle qu'il vous faut. Une femme belle, une femme de sang pur malgré son manque de chance, on la dit douce, on la dit fidèle à nos valeurs, on la dit tout particulièrement reconnue pour ses qualités.

- De quel sang vient-elle ?

- C'est une Serpentard, sa lignée est pure, mais orpheline jeune elle a grandi chez cet imbécile qui, comme les autres, la respecte.

- Il m'en a parlé…, murmura Clodoveus. »

Erchenoal, ministre pantin de la magie, était tout particulièrement fier de cette fille qu'il abritait, et son entourage d'ailleurs ne cessait d'en parler. C'était à se demander comment il ne l'avait pas encore rencontrée, lui qui était si ami avec cet homme. Il soupesa la notion. Pourquoi pas cette femme-là ? Il faudrait la connaître et la séduire, opération fatigante, mais qui pouvait aussi revêtir un certain attrait.

« Orion, tu pourrais te débrouiller pour qu'Erchenoal passe me voir dans le courant de la journée ? Je suis curieux, désormais. »

« Mr. Black ? »

Pour ce genre d'occasions, dans un désir d'impressionner l'adversaire – de faire comprendre tout de suite qui était en position de force – Clodoveus avait l'habitude de se servir de la vieille salle de réception des Black, au cœur de la bâtisse, à haut plafond de pierre, à peine illuminée d'en-haut par des meurtrières, un lieu sombre et épuisant qui fatiguait les yeux, et sur lequel il se tenait en hauteur, à la manière d'un roi, propriétaire des lieux. D'en bas, la grande silhouette d'Erchenoal paraissait petite et ratatinée, et le visage intelligent du vieil homme était tendu vers lui, le regard pourtant fuyant. Sa petite branche en perdition, de courte vie – peut-être cinq générations – ne faisait pas le poids.

« Erchenoal, approche, j'ai besoin de te voir, mon ami. »

D'un coup, la différence implicite entre les deux hommes était complètement dissoute : le vieil homme redevenait ministre de la magie, et ils étaient au moins au même niveau, en théorie. Car malgré son statut officiel, Erchenoal ne parvenait pas à fixer ses yeux droits dans ceux de Clodoveus, intimidé, conscient que c'était l'autre qui avait le pouvoir réel. En passant son bras au-dessus des épaules du ministre, en forçant le geste, le coude relevé pour ne pas laisser sentir la différence de taille, le chef de la famille Black se permit un sourire engageant, invitant son ami à parler en toute honnêteté.

« Je voulais vous parler de la fille qui vit chez vous, votre protégée.

- Bautheuch ? demanda l'autre en fronçant les sourcils, surpris.

- Bautheuch, tout à fait. On m'a dit qu'elle était de belle race ?

- Oui, répliqua l'autre sans marquer la moindre surprise à entendre parler de la jeune femme comme d'un pur-sang. Elle descend de Serpentard même, par sa mère, une fille pauvre mais dont le sang était impeccablement pur. Pourquoi ? risqua-t-il après un moment d'hésitation.

- Simple curiosité. »

Le sourire de Clodoveus, sa voix basse, suffirent au vieil homme à deviner de quoi il pouvait retourner. En un instant, il raffermit légèrement sa posture et pressa ses fines lèvres, prêt à argumenter : s'il pouvait être le beau-père – elle n'avait pas de père, et il ferait cet office, il le savait – de Clodoveus Black, alors il aurait marqué plus d'un point dans la vie. Sa position en serait raffermie, il se sentirait enfin un avantage sur cet homme intimidant, à l'air un peu dangereux dans sa bonhommie, qui avait quelque chose d'un chef de la mafia, toute bonté ayant un revers dur et violent.

« C'est une fille très jolie, elle a une noblesse de trait tout à fait significative de sa lignée.

- Ah oui ?

- Oui, vraiment. Gentille, attentive, c'est une véritable perle au sein de ma maison. Très consciente de son rang.

- Orgueilleuse ?

- Non, non, je veux dire se sachant de belle lignée, mais capable de tenir sa place face à l'autorité légitime.

- Et belle ?

- Très… »

Pendant un moment, le vieil homme eut envie de partager avec ami un regard qui se voulait complice, un regard d'homme à homme, mais il retint le mouvement et se contenta d'un sourire. Il avait sur Bautheuch le regard d'un père, et ce genre de représentation sexuée et virile le mettait mal à l'aise, il se serait senti pervers et maladroit, et il préféra terminer le mouvement par un vigoureux hochement de tête, peut-être un peu sec. L'autre se contenta d'un petit rire froid, assez désagréable à l'oreille mais qui se voulait chaleureux et haussa les épaules.

« J'aimerais beaucoup la rencontrer. Ce soir, venez un peu avant dîner, cela vous va-t-il ?

- Oui, bien sûr. Nous y serons. »

Un peu précipitamment, le ministre s'éclipsa et, le pied à peine posé hors du terrain de la grande propriété, il tourna sur lui-même et disparut dans l'atmosphère, concentré sur cette nouvelle opportunité bien plus que sur la réunion à laquelle il se rendait maintenant en retard. Oui, si Bautheuch plaisait à Clodoveus, il aurait réussi un coup de génie : ce n'était un secret pour personne, il était le célibataire le plus en vue du monde magique, et plus d'un père espérait secrètement dans les charmes de sa fille. Lui n'avait pas de fille, il n'avait été marié que brièvement à une fille de moldus, épousée par amour, une sang-de-bourbe sans morale et qui l'avait ridiculisé par ses principes progressistes avant de mourir en couche sans lui donner de fils. Il n'avait jamais pensé que cette fille, recueillie un peu par hasard, pourrait être un moyen de s'affirmer complètement, plus encore qu'avec son titre officiel. Comment avait-il était si stupide ? Arrivé dans le grand hall du Ministère, il prit un temps pour réfléchir, regardant sa montre. Il était déjà en retard… tant qu'à l'être, autant l'être pour quelque chose : avant que quiconque ne vienne lui parler, il transplana à nouveau et atterrit chez lui.

« Bautheuch ! cria-t-il.

- Le Maître a un problème ? »

Avec un blop caractéristique, l'elfe de maison de la jeune fille se présenta devant lui, tremblant jusqu'au bout de ses longues oreilles face à l'explosion de voix inhabituelle du chef de la maisonnée.

« Où est-elle ? J'ai besoin de lui parler tout de suite. C'est urgent.

- Je vais la chercher ! »

Bautheuch pourtant, alertée par le bruit, arrivait déjà, habillée modestement, sa baguette dans une main et dans l'autre un papier sur lequel elle semblait s'être appliquée à écrire.

« Eh bien, que faisais-tu ?

- Pardon, je travaillais ma calligraphie à la baguette. Que se passe-t-il ?

- Clodoveus Black veut te rencontrer.

- Moi ? s'étonna-t-elle, écarquillant de grands yeux bleus.

- Oui, toi. Je pense qu'il se cherche une épouse. »

Brusquement, le rouge monta aux joues de la jeune fille, et elle baissa les yeux à terre, par réflexe, avant de se forcer à regarder son tuteur en face. Des années d'éducation éloignée du beau monde ne l'empêchaient pas de savoir précisément ce que l'on attendait d'elle aujourd'hui. Elle rougissait presque par devoir.

« Je vais donc sortir dans le monde, c'est cela ?

- Ce soir. Je dois retourner au travail, ce soir je te veux belle, mais sans exagérations de coquette. D'accord ?

- Oui, Erchenoal.

- Tu l'aideras, ordonna-t-il au petit elfe qui l'avait accueilli. Tu as entendu, splendide sans splendeur exagérée, tout sauf avoir l'air d'une femme vaine.

- Oui, acquiesça-t-il.

- Dans cinq heures, je serai là et j'attends que tu sois présentable. Ecuyer ! héla-t-il.

- Maître ? demanda un autre elfe, visiblement plus vieux et légèrement moins mal habillé que son camarade.

- Va au manoir Black, fais-lui savoir que nous serons là pour 19h. »

Il était 19 heures et ils se tenaient tous deux devant la grande barrière du manoir Black, silencieux, Bautheuch légèrement en retrait, tremblant comme un feuille, mourant de chaud pourtant dans sa grande cape de fourrure, l'habit le plus noble qu'elle possédât. Erchenoal lui-même serrait sa frêle mâchoire avec violence, tentant de se tenir aussi droit que possible, aussi grand que son dos vouté le permettait. Les grilles s'ouvrirent en grinçant, lentement, et dès qu'ils eurent passé le seuil elles se refermèrent brutalement, et Bautheuch sursauta malgré elle, violemment, lorsque le grand « klank » de la serrure se répercuta de haut en bas, sur toute la porte, scellant l'entrée jusqu'à ce que, le mécanisme arrivé à son terme, elle devienne lentement invisible, comme s'évaporant dans l'air. De là, l'allée était assez courte, mais jamais la traversée n'en avait semblé aussi longue au ministre, entre ces rangées de roses rouges et blanches, symboles de sang pur et de noblesse, dont les bosquets épineux donnaient à la pénombre un air féroce. Les petits pas de Bautheuch claquaient derrière lui, empressés, inquiets dans leur irrégularité maladroite, et il avait envie de faire taire ce bruit incessant qui faisait monter sa tension.

Enfin, ils étaient arrivés devant la grande porte, et un elfe de maison les avait accueillis, conduits jusque dans l'immense salle de réception de Clodoveus. Il entendait derrière lui Bautheuch marmonner des incantations à Merlin et se réciter les phrases de la bonne éducation apprises dans son enfance. Clodoveus s'y tenait assis, l'air sûr de lui, souriant, Bautheuch le trouva charmeur.

« Entrez, soyez les bienvenus. »

D'un large geste de la main, il les invita à entrer, comme pour les inviter à s'assoir, mais il n'y avait pas une seule chaise dans la pièce, à part celle où il se trouvait lui-même installé. Bautheuch inclina la tête et plia les genoux dans une sorte de révérence et Erchenoal, qui avait préparé un discours, sentit brutalement qu'il ne devait surtout rien dire et recula, partant vers le fond de la pièce, dans un coin, observateur silencieux.

Bautheuch avait choisi le blanc, pour sa pureté, le pourpre, pour sa noblesse, et une touche de noir, n'oubliant pas l'humilité de son rang. Il apprécia dans ces choix la manière dont ils rehaussaient sa beauté naturelle, le bleu de son regard, un bleu si foncé qu'il l'aurait pensé noir sans le reflet qu'ils prenaient à la lumière des chandeliers. Il apprécia de la robe blanche la coupe simple, il en apprécia l'arrondi de sa hanche et l'harmonie de sa courbe et de la ceinture rouge, il aima la taille fine, le pli qu'elle créait sur le tissu blanc, resserrant le corps, assurant qu'il se tenait droit et à son avantage. Elle avait un beau visage aussi, incroyablement régulier, ce bleu troublant sous les paupières légèrement baissée. La longue tresse de ses cheveux dessinait l'ovale de cette tête blanche. Bautheuch était en effet une beauté, l'exemple même du noble dessin des origines antiques : elle avait un profil presque grec – non de forme, mais comme de marbre. Tout de suite, il aima ce visage. Il aima ce corps. Il en apprécia la beauté, il y devina aussi le répondant, le caractère riche et tout le potentiel. Elle n'avait pas encore ouvert la bouche que déjà, avec moins de discernement qu'il n'en avait d'ordinaire, il savait qu'il la mènerait à l'autel.

« Merlin vous soit propice, déclara-t-il en hochant la tête, s'approchant d'elle.

- À vous de même, opina-t-elle d'une voix claire.

- Venez, parlez-moi, nous n'avons pas à nous en tenir aux compliments d'usage.

- Avec plaisir, de quoi souhaitez-vous parler ? »

La petite silhouette de Clodoveus Black n'était pas sans charme. Elle avait quelque chose de dur et de froid, quelque chose d'inamovible qui lui envoya un frisson dans la colonne. Brusquement, elle ne se sentit plus ici pour remplir un rôle, pour baisser les yeux et plaire à l'homme le plus puissant du monde magique. Non, elle se sentit elle-même l'envie de communiquer avec cet homme, réellement, de le toucher, de le connaître.

« De vous. »

Il était maintenant à côté d'elle, tout proche, son souffle s'entendait, régulier, bien plus régulier que le sien. Elle sentait peser sur elle son regard, lourd, et elle rougit. Mais malgré ce rougissement de vierge effarouché, elle eut un mouvement osé et fort et, en pinçant fortement les lèvres, elle releva les yeux et posa ses doigts sur son poignet mâle, se laissant coite de surprise. Pendant l'instant de flottement qui suivit, elle se souvint qu'il était puissant, qu'il était sa chance de devenir quelqu'un, qu'elle partageait ses idéaux, qu'elle devait paraître impertinente peut-être, ou simplement sotte. Clodoveus retira son poignet, reprenant le pouvoir.

« J'aimerais vous épouser.

- Alors épousez-moi. »

La phrase était toujours osée, mais le ton et l'attitude, cette fois, calmes et rangées. Elle fixa ses yeux bleu nuit sur le bout de ses pieds, et Clodoveus apprécia son audace de tout à l'heure comme cette réserve polie. Cette femme était faite pour lui, décidément.

C'est ainsi qu'il avait choisi d'épouser Bautheuch. Vassili et Orion lui avait dit que c'était une excellente idée, il avait choisi de se marier au plus vite, sans d'ailleurs s'informer du choix de sa fiancée ou de son tuteur. Il avait précipité l'administratif comme les invitations, et il avait tout juste laissé le temps à la jeune femme de préparer les fripes et les objets nécessaires à cette opération. D'ailleurs, malgré toute sa précipitation, il n'aurait pas non plus voulu se marier à l'arrachée, sans pompe et comme le premier venu. Il était prêt à laisser à sa future épouse le temps de se vêtir comme il se devait. Les elfes de maison de son domaine avaient passé tout le temps à courir à droit à gauche, portant des invitations ou des bouquets de fleurs, préparant l'autel ou le dîner, et lorsqu'enfin arriva la date qu'il s'était fixée, tout était en place, y compris la fiancée – il ne l'avait pas revue depuis, conformément aux normes de la tradition, mais il le savait néanmoins par Erchenoal à qui il avait fait comprendre le plus clairement qu'il était hors de question que quelque chose se passe mal. Il épouserait cette femme aujourd'hui, la chose était certaine. Il en ressentait une sorte de joie égoïste et possessive.