1.
Une légère brise venait adoucir cette fin de journée de travail. La dernière journée de travail, s'il fallait être précis. Le ciel, d'un bleu resplendissant et ensoleillé, contrastait vivement avec l'aura particulièrement maussade qui émanait du jeune professeur. Enfin, ancien professeur. Même le terme «jeune», devait être à discuter. D'un geste de la main, Remus décoiffa ses cheveux de miel, dont les nombreuses mèches grises, trahissant d'habitude l'âge, étaient ici l'un des présents que pouvait lui offrir sa maladie.
Il passa ensuite ses mains sur son visage épuisé et bien trop pâle pour ne pas être inquiétant. Qu'est-ce qu'il pouvait en avoir marre d'être un monstre. Il voulait simplement être normal. Avoir des amis, quelqu'un à aimer et à serrer dans ses bras, un travail, des robes descentes. Il ne demandait pas la lune. Il plissa son front à ce mauvais jeu de mot. Si seulement sa maladie ne pouvait pas se voir d'un simple coup d'œil, il pourrait sans doute vivre avec sa lycanthropie.
Maudissant ses pensées, il accéléra le pas sur le chemin qui le menait à Pré-au-Lard.
Décidément, non, il n'avait pas le droit au bonheur. Depuis ses cinq ans, il n'en avait plus le droit. Il devait s'éloigner des gens qu'il aimait. Pour leur bien. Il devait s'éloigner des élèves de Poudlard, de tous ces enfants qui ne méritaient pas d'avoir une épée de Damoclès, comme Remus, au dessus de leur tête. Les parents étaient au courant à présent. Il se devait de quitter l'école. Il ne pourrait pas supporter leur colère, qu'il ne comprenait que trop bien. Et il avait terriblement honte.
Grâce à Dumbledore, il était au moins resté toute une année au même poste. Et avait même mangé à sa faim. Puis, après-tout, ne disait-on pas que le cours de défense contre les forces du mal était maudit? Il se réconfortait dans l'idée que pour une fois, ce n'était pas de sa faute. Que c'était écrit avant même qu'il ne mette les pieds dans sa salle de classe. Que comme lui, n'importe quel autre professeur de défense, aurait été forcé de quitter Poudlard en cette fin d'année. Et finalement, il y avait pire comme départ, lorsqu'il songeait à la mort de Quirrell ou l'amnésie de Lockhart, qui était à Ste Mangouste, à présent.
Une pensée amère le secoua en pensant à Rogue. Il avait été terriblement égoïste et immature, en le dénonçant de la sorte aux Serpentards. Remus avait pourtant tout fait pour enterrer la hache de guerre auprès de son ancien camarade. Mais peu importe. Il ne pouvait même pas lui en vouloir.
Quelle importance? Il a peut-être sauvé la vie de nombreuses personnes en faisant cela.
Après avoir été un véritable fardeau pour ses parents, en leur causant tant de soucis les jours de pleine lune, tant de déménagements, tant de larmes, de cris de rage, de hurlements de terreur, de regards accusateurs et malveillants de la part du voisinage, il avait également été un fardeau pour ses amis.
Il n'avait jamais eu d'amis avant d'être scolarisé à Poudlard. Il y avait bien des enfants avec qui il avait joué avant sa morsure, mais il ne se souvenait ni de prénoms, ni de visages. Les seules personnes que Remus avait aimé, en dehors de ses parents, étaient Sirius, James, Peter et Lily. Dumbledore, McGonagall et Pomfresh, également, pour avoir pris soin de lui, pour l'avoir soutenu et pour l'avoir si précieusement aidé. Il leur en serait reconnaissant tout au long de sa vie.
Et Harry, maintenant. Il aimait Harry. Bien sûr, il l'avait aimé dès sa naissance. Mais maintenant qu'il le connaissait, qu'il était enfin parvenu à le revoir, il l'aimait d'autant plus. Il aurait aimé le prendre à la mort de ses parents. Tout faire pour que ce soit possible, pour que quelqu'un accepte de le lui confier. Il aurait aimé le protéger, l'élever et l'aimer comme il méritait de l'être.
Il ne put exprimer qu'un rire mauvais à cette pensée.
Aurait-il été heureux de vivre dans un endroit trop petit, insalubre et délabré? Même un elfe de maison se serait senti à l'étroit, dans les différents endroits où Remus avait pu vivre. Aurait-il supporté les déplacements fréquents? Harry ne se serait jamais lié d'amitié avec personne, parce qu'il n'aurait pas eu le temps de vider ses valises, qu'ils seraient déjà repartis. Une vie de nomade, de bandits innocents. Remus n'était même pas capable de se nourrir convenablement lui-même. Comment aurait-il fait avec un bébé de un an sous les bras? A force, Harry n'aurait pu que le détester. Qu'aurait donc fait ce pauvre gosse les jours de pleine lune? De toute façon, un enfant ne pouvait pas être confié à un loup-garou. La lois ne l'autorisait pas.
Il se sentait coupable. Tout était de sa faute. Si seulement il avait pu voir les soupçons de James et de Sirius. Il aurait pu faire quelque chose. Changer le destin. Ils pensaient que Remus était le traître. Le traître. Lui, qui préférerait donner sa vie pour les savoir tous vivants. Lui, qui souhaiterait être mort à leur place. Comment avaient-ils pu penser cela? Comment? Les Maraudeurs avaient tant fait pour lui. La douleur de savoir qu'ils pensaient Remus coupable, le brisait entièrement. Il les aimait tant. Tous les trois, Lily et Harry. Jamais il n'aurait fait quoi que ce soit qui puisse les blesser.
Maudit Peter. Il n'avait rien vu venir, là non plus. Le si doux, calme et gentil Peter. L'un de leur bande.
Remus soupira. Remuer le passé n'allait rien changer.
Il hésitait encore à prendre le Magicobus. Seule son aversion pour cet abominable moyen de transport, continuait de l'en dissuader. Il ne savait pas où aller, bien qu'il ne se faisait pas de soucis pour ça. Il allait sans doute parvenir à débusquer un vieux taudis. Comme d'habitude. Il aurait au moins un toit sur la tête.
Il soupira une fois de plus et donna un coup de pied dans un pierre qui avait eu le malheur de se trouver sur son chemin.
– De quoi est donc coupable ce pauvre caillou? rit derrière lui une voix familière.
Remus se retourna, le visage légèrement troublé et anxieux. Adossé contre un arbre, un sourire complice et amusé étirait les lèvres de Sirius.
Le lycanthrope soupira.
Sirius était si fort. Il ne s'en rendait sans doute pas compte. Il parvenait encore à plaisanter, à être sarcastique et à rire, alors qu'il avait connu l'enfer. Le lendemain de la mort de son meilleur ami, Sirius avait été accusé de l'avoir trahi, d'avoir été responsable de sa mort, d'être le plus fidèle serviteur de Voldemort et d'être un meurtrier sans pitié. En plus de devoir faire face à la mort de celui qu'il considérait comme son frère et qu'il aimait plus que lui-même, Sirius avait été enfermé à Azkaban.
Mais les détraqueurs, aussi abominables qu'ils pouvaient être, n'étaient sans doute pas ce qu'il y avait de pire. Il avait dû fêter son anniversaire en prison, deux jours après son enfermement. Journée, qu'il passait depuis ses onze ans avec ses trois meilleurs amis. Et cette-fois, il était seul. Et cette fois, l'un de ses meilleurs amis était mort, un autre les avait trahis, et le dernier le haïssait à tort. Et dire que Remus devait faire une pause dans sa mission, simplement pour lui faire une surprise.
Pendant douze ans, il s'était trompé sur le compte de cet homme qu'il avait tant aimé. Il aurait dû comprendre. Le soutenir. Comment Sirius aurait-il pu faire ça à James? Il se sentait si stupide à présent qu'il y repensait. James, son meilleur ami, son frère, son ombre, sa vie. James qui l'avait accueilli chez lui, lui offrant une place dans sa famille lorsqu'il n'avait plus personne. James qui avait accompagné Sirius dans chaque moments de sa vie, les pires comme les meilleurs. James, avec qui il avait partagé toutes les réussites, les échecs et les déceptions, toutes les farces et les premières fois, toutes les retenues, les rires et les pleurs.
– Remus? souffla Sirius alors que le silence s'éternisait.
– Que fais-tu ici? Tu n'as donc pas peur de te faire attraper? Les détraqueurs ne sont pas encore totalement repartis. Tu ne crois pas que tu devrais te calmer un peu et arrêter de vouloir rire du danger? Penses-tu un peu à ceux qui tiennent à toi?
Sirius baissa tristement la tête. Il ne s'attendait sans doute pas à se faire réprimander. Un sentiment de culpabilité traversa un instant l'esprit de Remus, avant de le chasser. Il avait peur pour lui. Sirius était un véritable imbécile. Chaque parcelles de son corps, criaient à ce sale animagus, de se transformer et de partir se cacher. Le sang qui coulait dans ses veines se figeait, se glaçait et se tordait par la crainte qu'il puisse lui arriver quelque chose.
– Qui donc tiens à moi? sourit-il mystérieusement.
– Tu plaisantes? As-tu bien regardé les yeux que Harry posait sur toi? As-tu seulement vu à quel point il t'admire à présent et à quel point il a confiance en toi? Tu représentes ce qui se rapproche le plus à une famille pour lui. Il n'a plus personne. Il ne te connaissait pas il y a un an et il te détestait il y encore deux jours, alors qu'aujourd'hui tu feras pour toujours parti de sa vie. Il a tout fait pour te sauver, prenant des risques inconsidérables. Ne te fais pas bêtement attraper. Ne ridiculise pas ses efforts en te mettant inutilement...
– Pourquoi es-tu en colère? s'étonna Sirius, en lui coupant la parole. Je suis désolé Lunard. Je voulais simplement te voir, te parler, te.. Tu m'as manqué, tu sais? Et je voulais te remercier.
Remus était si énervé, qu'il ne voyait même pas que son ami avait quitté son arbre, pour se rapprocher de lui.
– Me remercier, répéta Remus, légèrement décontenancé. Me remercier pourquoi?
– Pour être venu dans la cabane hurlante. Je sais que tu ne l'a pas fait pour moi, mais pour protéger Harry. Mais si tu n'avais pas été là, le môme ne serait sans doute pas aussi admiratif envers moi, à l'heure qu'il est. Il me craindrait sûrement. Ou alors, je serais mort.
Remus baissa la tête. Comment pouvait-il le remercier alors qu'il le pensait coupable du meurtre de James, de Peter et de Lily, il y a encore si peu de temps? Il ne pouvait pas le regarder. Il ne le pouvait pas. Il s'en voulait.
– Je devais savoir la vérité, souffla-t-il simplement, après quelques secondes d'hésitation. Je devais te voir, Sirius. Et la carte qui me montrait...
– Ne prononce pas le nom de ce rongeur de malheur, le coupa une nouvelle fois son ami, je commence à en faire une overdose.
Remus hocha la tête. De toute façon, ce n'était pas encore le moment de parler de tout ça.
– Tu as raison. Et tu ne peux pas rester ici. C'est bien trop dangereux. Où est Buck? demanda-t-il avant de laisser le temps à Sirius de protester.
– En sécurité. Je vais aller le retrouver.
– Excellent idée. Fais.
– Je vois que ma présence est encombrante et que tu as envie de te débarrasser de moi. Je suis heureux de le savoir.
– Jamais, grogna doucement Remus. Tu sais que ce n'est pas vrai. Je m'inquiète pour toi, je ne veux pas que tu sois enfermé une nouvelle fois. Tu n'échapperais pas au baiser du détra..
– Eux aussi, je n'ai plus envie de les mentionner, soupira Sirius en attirant Remus dans une étreinte.
La respiration de Remus se coupa, lorsqu'il percuta violemment la poitrine de son ami. Sirius le serrait fort, comme s'il souhaitait lui broyer les côtes. Ils ne disaient rien, profitant l'un de l'autre. Il n'avait pas fait attention, mais Sirius s'était changé depuis la nuit de leurs retrouvailles. Il portait à présent une tenue des plus distinguées, qui n'avait rien à voir avec la tenue réglementaire des prisonniers d'Azkaban. Remus ferma les yeux et laissa l'odeur de son ami le pénétrer complètement. Toujours la même. Une lointaine odeur de bois et de vanille.
– Remus... souffla Sirius, le visage enfoui dans le cou de son ami.
– Pars, ordonna Remus, qui ne voulait pas entendre ce qu'il avait à lui dire.
– Attends.. je.
– Pars, répéta-t-il en s'éloignant de lui.
Sirius acquiesça à contre cœur et sans un mot supplémentaire, s'enfonça dans la forêt.
Bonjour!
Bien évidement, les aventures que les personnages vont vivre dans cette fiction, sortent de mon imagination. Mais, les personnages et l'univers, appartiennent à notre reine, JK. Rowling, que je ne pourrais jamais suffisamment remercier. Je ne sais pas si c'est vraiment indispensable de le préciser. Qui serait assez stupide, pour s'approprier HP et qui serait assez stupide pour le prendre au sérieux?
ps : l'icone de ma fiction provient de tumblr, je n'ai malheureusement aucune source, je m'en veux un peu, mais je ne sais absolument pas qui en est l'auteur.
