Bonjour bonjour :)

Un petit texte sur Camus, sur les expériences qui ont peut-être causé son insensibilité...

C'est une deathfic, je le précise tout de suite pour ceux qui n'aiment pas.

Une dernière chose, j'ai pris pour cette fic les couleurs du manga, Camus a donc les cheveux rouge.

Bonne lecture :)

J'ai froid.

Tellement froid.

C'est étrange.

Il y a si longtemps que le froid ne m'avait pas blessé comme cela.

Je me sens gelé jusqu'au plus profond de mon être.

Une fine pellicule de glace recouvre ma peau.

La glace.

Mon amie, qui finit par me tuer.

Un jeune homme se tient debout, dans l'immensité glacée de la Sibérie.

Il ne porte qu'un pantalon. Pieds nus, torse nu, il semble défier le froid lui-même.

Le vent joue dans ses longs cheveux de la couleur de l'aube et du sang.

Les yeux fermés, il se laisse aller. Il savoure le délicieux frisson que les bourrasques glacées font naître sur sa peau.

Ici, perdu au milieu des glaces, il peut enfin laisser tomber son masque.

Montrer son vrai visage.

L'eau gelée qui l'entoure est la seule témoin de sa confession.

Il sait qu'elle en gardera à jamais le secret.

Ainsi donc, la mort me sera apportée par mon propre élément. Un maître du froid tué par le froid.

J'ai l'impression de redevenir un apprenti.

Un enfant avance avec difficulté dans le brouillard, de la neige jusqu'aux cuisses.

Il sert son torse de ses bras, dans une vaine tentative pour se réchauffer.

Le froid est comme un chien enragé qui lui mord la peau.

Mais il doit résister.

C'est l'épreuve que lui à imposé son maître.

Il doit apprendre à connaître le froid. Apprendre à le maîtriser. Apprendre à l'aimer.

Il s'est juré de réussir.

Il veut voir son maître impassible et inébranlable esquisser un de ses rares sourires.

Tu as réussi.

Ton froid a surpassé le mien.

Je suis fier de toi, mon disciple.

Mais, en même temps, tu as échoué.

Tu t'es effondré.

Tu es sans doute déjà mort.

Et je vais mourir aussi.

J'ai voulu te donner une ultime leçon.

Mais jamais tu ne pourras en profiter.

Un enfant se relève,en essuyant le sang qui coule au coin de sa bouche.

Son maître le domine de toute sa hauteur.

Il lui reproche sa faiblesse.

Il lui répète qu'il ne sera jamais chevalier.

Et ses mots sont comme des lames.

Alors, la colère envahit l'enfant.

La glace sous ses pieds semble lui répondre.

Une aura gelée l'entoure.

Il se précipite sur sur l'homme qui lui fait face.

Il va plus vite qu'il ne l'a jamais fait.

Ses poings semblent faits de glace tranchante.

Tu vois ?

Tes sentiments t'ont mené jusqu'ici.

Jusqu'à la mort.

Tu aurais dû les contrôler.

J'ai tout fait pour t'y pousser.

Les sentiments sont destructeurs.

Le sang gicle.

Quelque chose vole au loin.

Le maître a baissé sa garde.

L'enfant fixe, éberlué, la tâche carmin qui souille la glace.

Il ne voulait pas le mutiler.

Ses yeux se remplissent de larmes.

« Tu vois ? »

L'enfant relève la tête.

Son maître, malgré la douleur, lui sourit.

« Tu vois comme les sentiments sont destructeurs ? »

Puis, d'un seul coup, il envoie valser l'enfant.

Et continue sa leçon.

« La colère, l'amour et la haine aveuglent et poussent à agir sans réfléchir.

Ils te rendent faible. »

Puis il passe la main gauche sur la chose sanguinolente qu'était autrefois son bras droit.

Son cosmos enveloppe son membre mutilé.

Et quand il disparaît, le moignon à vif se termine par une main de glace.

« Quant au remord, il ronge jusqu'à détruire un homme »

La fin approche, je la sens.

Ceci est la mort de Camus, l'homme que l'ont disait insensible.

Un tout jeune enfant, presque encore un bébé.

« Où sont tes parents ? »

Pas de réponse.

« Tu en as, des parents ? »

Toujours aucune réponse.

« Pauvre petit. Comment tu t'appelles ? »

Mais le bambin ne se rappelle plus.

Ou plutôt il ne veut pas se rappeler.

Il a tout oublié.

Il ne sait pas pourquoi il a envie de pleurer quand on lui parle de ses parents.

Il ne sait pas pourquoi il est dégoutté à la vision du sang et même de ses propres cheveux, qui en ont la couleur.

Il ne sait pas pourquoi il a peur de s'endormir le soir.

Il ne sait plus rien.

Alors il se contente de fixer les gens qui lui parlent avec les yeux vides d'un être qui n'a pas vécu.

« C'est quoi, ce regard ? Il est bizarre, ce gosse...

- Il me fait penser à un personnage de roman. »

On s'accroupit devant lui.

« Meursault*, ce n'est pas beau comme nom. Tu veux bien que je t'appelle Camus ? »

Au final, en dehors de mon maître, personne ne sait qui j'ai été.

Qui j'ai vraiment été.

Mais je pense que tu l'as compris pendant notre combat.

Et la glace.

La glace l'a toujours su.

La glace a toujours été là.

Je me rappelle...

Un tout jeune enfant, perdu dans un monde d'adultes où il n'a pas sa place.

Seul.

Et puis, soudain, un flocon de neige.

Puis deux.

Puis trois.

Puis des milliers qui tombent sur la France.

Alors le petit laisse parler son âme d'enfant.

Debout sous la neige, il peut tout oublier.

Comme il a oublié sa vie d'avant.

Il offre son visage au ciel, ouvre la bouche et laisse fondre les flocons sur sa langue.

Un enfant avance avec difficulté sur la glace.

Il doit apprendre à connaître le froid, à le maîtriser et à l'aimer.

Cela lui paraît impossible.

Le froid est pour lui aussi insaisissable que le vent.

Mais il lui semble sentir quelque chose.

Comme le grondement d'une bête.

Comme la force d'un torrent.

Comme une divinité glacée, dure, inébranlable.

L'essence du froid.

Soudain, l'enfant comprend.

Alors, il cesse de lutter.

Il s'assoit sur la glace.

Ferme les yeux.

Et s'offre au froid.

Un enfant laisse éclater sa colère.

Et la glace lui répond.

Elle recouvre ses poings.

Et il lui offre du sang.

Un jeune homme fait face à l'immensité sibérienne.

Il y a longtemps que la bise gelée ne le blesse plus.

Pieds nus sur la glace, les yeux fermés, il se laisse aller.

Ici, il se sent bien.

Il se sent lui.

Il s'offre tout entier au froid.

Finalement, tout est bien.

La glace a dominé ma vie.

Et je meurs avec elle.

Par elle.

Je ne me sens pas trahi.

Je suis heureux que la mort vienne d'elle.

Les battements de mon cœur ralentissent.

Ma vue se brouille.

Je ne sais pas si c'est à cause de la mort qui arrive ou des larmes qui gèlent sur mes joues.

Peu importe.

C'est fini.

Je tombe.

Sous ma joue, je peux sentir pour la dernière fois la morsure du givre.

Alors je souris.

Et j'emporte ce doux baiser dans la mort.

* Pour ceux qui ne connaissent pas, Meursault est le personnage principal de L'étranger, d'Albert camus. C'est un homme "étranger à lui-même", il n'éprouve pas de sentiments et tout lui est égal.

Voilà, j'ai fini de torturer ce pauvre Camus, il va pouvoir reposer en paix... Jusqu'à la prochaine guerre sainte. ;)

J'espère que ça vous a plu, n'hésitez pas à me donner votre avis. :)