LE CHOIX
'Cause the hardest part of this is leaving you...
Disclaimer = Tous les personnages sont librement inspirés de personnalités réelles, et l'histoire dans son ensemble m'appartient. Tous les faits présentés sont strictement imaginaires et ne relèvent pas de notre réalité. Je m'excuse pour toutes les erreurs de contexte, de temps et d'espace que j'ai pu commettre.
Je vous présente mon deuxième frerard achevé. Il est loin d'être parfait, mais j'en suis tout de même très fière, et j'espère qu'il vous plaira autant qu'à moi.
N'hésitez pas à laisser un commentaire si vous avez quelque chose à dire.
Je vous souhaite une bonne lecture!
Angie
Le concert venait de finir, et les membres du groupe rejoignaient rapidement le tour-bus, qui devait les emmener à l'hôtel dans lequel ils allaient passer la nuit.
Gee, qui avait un peu traîné en loge, arriva le dernier au bus. Enfin, c'est ce qu'il cru. S'arrêtant pour finir sa cigarette, il aperçut Frank qui sortait du stade par l'entrée réservée aux artistes. Il le regarda se diriger vers lui avec un petit sourire en coin.
« He, Frank... » l'interpella-t-il quand il fut à son niveau.
« Yep ? »
Frank s'immobilisa à côté de lui, et il s'alluma une cigarette d'une main qui tremblait légèrement. L'excitation des concerts les laissait toujours fébriles, même plusieurs heures après être sortis de scène.
« Je me disais... » commença Gee en recrachant sa fumée vers le ciel. « Si jamais tu as cinq minutes, à un moment ou à un autre... »
Il marqua une pause, le temps de croiser le regard de Frank. Ce qu'il y lut sembla le satisfaire, car son sourire s'élargit.
« Je ne devrais pas avoir trop de mal à trouver du temps, si c'est pour le passer avec toi... »
Frank se rapprocha de Gee, le même sourire étirant ses lèvres, et il effleura brièvement sa joue du bout des doigts. Ce n'était presque rien, mais ce contact furtif les électrisa tous les deux. Leurs cœurs se mirent immédiatement à battre plus fort. Cependant, ils ne pouvaient pas faire plus il y avait trop de gens susceptibles de les surprendre, et c'était déjà bien assez flagrant comme ça.
Gee écrasa sa cigarette sous son talon, et il souffla délicatement sa dernière bouffée de fumée sur la nuque de Frank avant de monter dans le bus. Son audace le fit rougir, et songeant aux risques qu'ils prenaient, il secoua la tête en souriant.
L'arrivée à l'hôtel se fit dans un joyeux et bruyant bordel. Tout le monde avait le sourire aux lèvres, effet propre aux concerts réussis. Ce soir marquait la fin de la tournée, et même si une certaine tristesse commençait à gagner les cœurs, l'euphorie était la plus forte et, elle promettait une longue soirée.
Chacun essayait de retrouver ses affaires au plus vite, sans toutefois être très efficace. Gee, ayant mis la main sur sa valise, décida de la monter dans sa chambre avant de la perdre à nouveau. Tous les ascenseurs étant manifestement occupés ailleurs, il fut contraint d'emprunter les escaliers, mais même la perspective de monter cinq étages à pied ne put attaquer sa bonne humeur.
Quand il arriva enfin, il haletait à cause de l'effort, et son cœur battait la chamade. Il reprit son souffle, et gagna la porte de sa chambre. C'est alors qu'il remarqua qu'il n'était pas seul dans le couloir. S'appuyant au mur, il demanda en souriant :
« Un problème, Frank ? »
Ce dernier se trouvait en effet à l'autre bout du couloir, et fouillait hargneusement ses poches en grommelant. Il se tourna vers Gee, et répondit :
« Ça me soûle, je crois que j'ai encore perdu mes clés et... Aucun commentaire, s'il te plaît ! »
Gee éclata de rire. Ça arrivait à Frank absolument tout le temps, à croire qu'il le faisait exprès. Il finissait toujours par les retrouver, mais en attendant, toute l'équipe avait largement le temps de se foutre de sa gueule.
Gee ouvrit la porte de sa chambre, et poussa sa valise à l'intérieur. Il allait entrer à son tour, lorsque Frank le rappela :
« Au fait... J'ai les cinq minutes dont tu me parlais tout à l'heure... »
Gee s'arrêta et il se retourna vers Frank en souriant. Ils restèrent silencieux quelques secondes, se contentant de se regarder dans les yeux, puis Gee reprit la parole :
« Allez, ramène-toi... Et prends ta valise aussi, je ne crois pas que ce soit une très bonne idée de la laisser dans le couloir... »
Frank s'empressa de lui obéir, et il le rejoignit au pas de course. Ils entrèrent finalement dans la chambre de Gee, et lorsqu'un instant plus tard la porte se referma derrière eux, ce dernier sentit l'habituelle et délicieuse tension s'installer entre eux. Mais avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit, Frank attrapa son visage entre ses mains et l'embrassa sans aucune retenue. Gee soupira de satisfaction contre ses lèvres, et colla son corps contre le sien. Cependant, avant de s'abandonner totalement, Gee se dégagea un instant, le temps de fermer la porte à clé. On ne savait jamais...
Et, comme à chaque fois, leur fièvre monta à toute vitesse. Qu'ils se soient ou non cherchés sur scène, le même désir brûlant les submergeait, les emportant sans qu'ils n'opposent beaucoup de résistance.
Ils gagnèrent le lit après s'être débarrassé de la plupart de leurs vêtements, et ils laissèrent libre cours à leur envie.
Ça ne dura peut-être pas longtemps, mais ce fut intense. Encore retournés par la puissance de leur orgasme, Frank et Gee restèrent silencieux un long moment. Le bout incandescent de la cigarette de Frank rougeoyait dans la pénombre, éclairant leurs visages par intermittence.
Gee fut le premier à sortir du lit. Il étira son corps endolori, et il se leva pour aller prendre une douche dans la salle de bain attenante. Il sentit le regard de Frank posé sur lui, et, d'humeur taquine, il lui lança sans se retourner :
« Arrête de me détailler comme ça, Frank... »
« Eh, ce n'est pas de ma faute si tu es très agréable à regarder ! » se défendit Frank.
« Tu sais bien que les flatteries ne marchent pas avec moi... »
Frank éclata de rire, puis il se mit en quête de ses affaires qui avaient volé aux quatre coins de la pièce.
Gee plissa les yeux en allumant la lumière de la salle de bain. Il poussa la porte derrière lui et, ne jetant qu'un coup d'œil à son reflet dans le miroir, il entra dans la cabine de douche. La lumière était plus diffuse à l'intérieur, et ce fut un soulagement pour ses pupilles. Il ouvrit les robinets, et il laissa l'eau chaude glisser sur lui, chassant la sueur et délassant ses muscles. Bientôt, la vapeur envahit le petit espace clos, et Gee se sentit comme à l'intérieur d'un cocon.
Il fut tiré de ses pensées par un brusque courant d'air froid qui le glaça tout entier. Frank se faufila à son tour dans la cabine et referma la porte derrière lui.
« Je peux prendre ma douche avec toi ? Ça ira plus vite si on la prend ensemble... » demanda-t-il avec un sourire.
« Maintenant que tu es là... » répondit Gee en souriant à son tour.
Il doutait que ça aille plus vite, mais il n'avait pas vraiment envie de chasser Frank.
La douche était plus qu'exiguë, et ils se retrouvèrent collés l'un contre l'autre. Le désir qu'ils avaient éprouvé quelques minutes auparavant, et qu'ils croyaient avoir satisfait, revint au galop.
« Tu es sûr de n'être venu que pour gagner du temps ? » murmura Gee du bout des lèvres.
Ils s'étaient encore rapprochés l'un de l'autre, et Frank put sentir le souffle de Gee sur son visage.
« À l'origine, oui, mais ça ne me semble plus si important que ça, tout d'un coup... »
Et ils cédèrent une nouvelle fois à la tentation. Ils s'embrassèrent avec application, la même envie bouillonnant dans leurs veines.
Ils refirent l'amour avec ardeur, leurs cris de plaisir résonnant sur les murs carrelés de la salle de bain. Après leur orgasme, ils restèrent un long moment immobiles, l'eau ruisselant toujours sur leurs corps nus et tremblants.
Finalement, Frank se redressa, se décollant du mur contre lequel il s'était appuyé.
« Bon... » reprit-il, la respiration encore hachée. « On se douche ou pas ? »
« Eh, Gee... »
« Hm ? »
Ce dernier était encore dans la salle de bain, en train d'enlever le noir autour de ses yeux que la douche pourtant longue n'avait pas chassé. Frank, qui finissait de s'habiller dans la chambre, revint vers lui en enfilant son tee-shirt.
« Je me demandais... Ça te dirait qu'on dorme ensemble cette nuit ? »
Gee marqua un temps d'arrêt avant de répondre. Ça ne lui posait aucun problème de dormir avec Frank, mais il y avait cependant quelque chose qui le dérangeait, sans qu'il parvienne à mettre le doigt dessus. Il chassa cette impression, et il répondit par l'affirmative avant de retourner à son démaquillage.
« Cool ! J'avais pas vraiment envie de dormir tout seul ce soir... »
Gee acquiesça. C'était toujours plus agréable de dormir avec quelqu'un.
« Bon. » continua Frank. « Je vais redescendre avant qu'on ne commence à nous chercher. »
Il allait sortir de la chambre quand Gee le rappela.
« Frank, attends... Je sais que ça fait vraiment parano, mais il vaudrait peut-être mieux que tu ranges ta valise dans ta propre chambre, non ? Même si tu dors ici ce soir, c'est peut-être plus prudent. »
« C'est pas idiot. » concéda Frank en se saisissant de ses affaires.
Il adressa un dernier clin d'œil à Gee, et il sortit dans le couloir après avoir jeté un regard prudent.
Gee poussa un petit soupir d'aise. Bien sûr, il adorait être avec Mikey, Ray et Frank, et tous les autres, mais il aimait vraiment être seul, et c'était assez difficile de l'être en tournée. Ainsi, dès qu'il le pouvait, il se retirait quelque part, histoire d'être tranquille un moment. Les gens respectaient bien son besoin de solitude, mais au bout d'un moment, il y avait toujours quelqu'un pour venir le chercher.
Une fois qu'il eut fini de se débarbouiller, il passa avec plaisir des fringues propres et il se laissa tomber dans un fauteuil confortable qui faisait face à l'immense fenêtre de sa chambre. Il s'alluma une cigarette, puis, se perdant dans la contemplation de la ville endormie, il laissa ses pensées vagabonder.
Encore sous le coup de ce qu'il venait de faire avec Frank, Gee se remémora la première fois qu'ils avaient couché ensemble. Ça le mit légèrement mal à l'aise de penser à ça, mais c'était aussi extrêmement plaisant.
La soirée était déjà bien avancée, et il ne restait plus que Frank et Gee dans le salon particulier que l'hôtel avait mis à leur disposition. Tous les membres du staff, ainsi que Mikey et Ray, étaient partis se coucher depuis un moment, mais ça ne les dérangeait pas de rester seuls. En fait, ça leur arrivait quasiment à chaque soirée qu'ils faisaient après les concerts : Gee souffrait d'insomnie, et ça faisait bien longtemps qu'il ne faisait plus de nuit complète, et Frank, qui tenait exceptionnellement bien l'alcool (« Des années d'entraînement ! ») restait bien volontiers avec lui.
Frank et Gee étaient donc seuls dans la vaste pièce décorée avec goût, et ils s'étaient petit à petit rapprochés l'un de l'autre au fur et à mesure que les autres allaient se coucher. Depuis un moment, ils étaient assis côte à côte sur un canapé qui avait été traîné sur le balcon gigantesque du salon, et ils regardaient le soleil poindre à l'horizon.
« Je crois que c'est peut-être le moment d'aller dormir, non ? » demanda Gee.
Il désigna vaguement le soleil de la main qui tenait son verre, et il en renversa un peu sur lui au passage. Ses réflexes commençaient à être franchement émoussés.
Frank lui jeta un coup d'œil, et il remarqua que Gee avait l'air fatigué. Ce n'était pas vraiment son cas (passé une certaine heure, il était parti pour une nuit blanche), mais Gee avait le sommeil trop difficile pour laisser passer la moindre occasion. Il lui adressa un petit sourire, et déclara :
« Okay, on va aller se coucher, mais avant on boit un dernier coup ! »
« Tu crois vraiment que c'est nécessaire, Frank ? On n'est pas suffisamment imbibés comme ça ? »
« Un dernier pour la route ? » insista Frank avec un regard suppliant.
Gee éclata de rire. Ça ne pouvait pas leur faire plus de mal que c'en avait déjà fait...
Il vida le fond de son verre cul sec, et le tendit à Frank pour qu'il le remplisse à nouveau. Frank se rapprocha un peu plus pour le servir, et ils se retrouvèrent appuyés l'un à l'autre, assurant réciproquement leur équilibre. Frank se servit à son tour, et il avança son verre pour le taper contre celui de Gee.
« Et on trinque à quoi ? » demanda Gee avec un sourire.
Frank ne répondit pas tout de suite, cherchant un motif valable, puis il s'exclama :
« Au super concert qu'on a fait tout à l'heure ! »
Ça sonnait plus comme une question que comme une affirmation, mais ça suffit à Gee : c'était une bonne raison pour boire.
« Au concert, alors ! »
Ils sirotèrent leurs verres en silence pendant quelques minutes, le regard perdu dans le vague, puis Gee souffla :
« Tu étais chaud ce soir... »
Frank lui jeta un regard interrogateur.
« Durant le concert. » précisa Gee avec un drôle d'air sur le visage.
Un petit sourire en coin étira les lèvres de Frank, et il déclara en le regardant dans les yeux :
« Ne me dis pas que ça ne t'a pas plu... »
Ils étaient maintenant plus proches que jamais, et ils sentaient tous les deux le souffle de l'autre sur leurs lèvres. Ils ne se quittèrent pas du regard, et lorsque Gee répondit, il n'y avait plus que quelques centimètres qui les séparaient.
« Je n'ai jamais dit ça... Et... J'aime beaucoup ta façon d'embrasser... »
Il y eut un moment de flottement, durant lequel les deux hommes réfléchirent à ce que Gee venait de dire. Depuis qu'ils faisaient ces choses sur scène, ils n'en avaient jamais parlé à tête reposée, et la dernière réplique de Gee leur laissait comme une drôle d'impression.
C'est alors que les premières mesures de Steady As She Goes résonnèrent dans leurs dos. Ils faisaient toujours suivre de grosses enceintes partout où ils jouaient, pour pouvoir écouter de la musique dès qu'ils en avaient envie. Frank et Gee se regardèrent en souriant en reconnaissant la chanson. Ils l'avaient adoré dès la première fois qu'ils l'avaient entendue.
« Find yourself a girl, and settle down
Live a simple life in a quiet town... »
Ils reprirent en cœur le refrain de la chanson des Raconteurs. La voix mélodieuse de Gee se mariait parfaitement avec la version stéréo de celle de Jack White, et Frank ressentit un brusque et violent élan d'affection pour son chanteur. Avant de pouvoir y réfléchir et de se demander si c'était une bonne idée, il s'avança vers Gee et l'embrassa. Sans hésiter une seule seconde, Gee passa ses bras autour de son cou et l'attira un peu plus près de lui.
Ils s'embrassèrent pendant un long moment, savourant encore et encore le contact de leurs lèvres. Puis, ça finit par ne plus suffire. Ils avaient besoin d'aller plus loin. Ils ne réfléchirent pas à ce qu'ils allaient faire, ni aux conséquences que ça pouvait entraîner. Ils étaient emportés par la musique forte et l'alcool, qui faisaient battre furieusement leurs cœurs. Ils partirent à l'exploration de leurs corps, timidement d'abord, puis de plus en plus franchement. Quelques instants plus tard, ils se séparèrent à contre cœur et ils décidèrent d'aller dans une de leurs chambres. Ils se levèrent d'un même mouvement et après s'être pris par la main, ils gagnèrent aussi vite qu'ils le purent la chambre de Gee.
Ils avaient tous les deux eu des expériences homosexuelles par le passé, et leur vécu pallia aux difficultés que put provoquer leur ivresse. Ils prirent un pied d'enfer sans aucune gêne par rapport à ce qu'ils faisaient, et ils s'endormirent à peine quelques minutes après avoir fini.
Lorsqu'ils s'étaient réveillés le lendemain, l'alcool avait plus ou moins quitté leurs organismes, et les questions qu'ils ne s'étaient pas posées la veille n'avaient pas manqué de germer dans leurs esprits. Plutôt embarrassés, ils avaient mis en commun leurs souvenirs de la soirée et en avaient déduit qu'ils avaient agi sous le coup de l'alcool, et qu'il n'y avait pas vraiment de quoi en faire tout un plat.
Cependant, quand le même désir irrépressible les avait saisis après le concert suivant, ils avaient bien été obligés d'admettre que ce n'était pas aussi simple que cela. Après une autre discussion hésitante, ils étaient parvenus à la même conclusion : il n'y avait pas de quoi être fier (surtout vis-à-vis de leurs copines), mais ils ne couchaient ensemble que lorsqu'ils étaient en tournée, et ce n'était pas tout à fait la vie réelle... C'était une fausse excuse, ils en avaient conscience tous les deux sans avoir besoin d'en parler, mais ça leur avait convenu sur le moment, et c'était toujours le cas aujourd'hui.
C'est alors qu'il comprit ce qui l'avait gêné dans la proposition de Frank. Maintenant qu'il y réfléchissait, ils n'avaient jamais dormi ensemble – enfin, si, mais plus depuis qu'ils faisaient aussi d'autres choses ensemble. Ils avaient arrêté sans se concerter, mais il se rappelait qu'il aimait bien ça à l'époque.
Gee aurait pu encore passer des heures à repenser à tout ça, mais Mikey entra soudainement dans sa chambre, ouvrant sa porte sans même prendre la peine de frapper (c'était pour ça qu'il fermait toujours la porte à clé quand il était avec Frank).
Gee sursauta violemment mais Mikey ne lui laissa pas le temps de se reprendre il l'attrapa par le bras, et le tira derrière lui, l'entraînant quelques étages plus bas, là où la fête de fin de tournée avait déjà commencé.
Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque Gee ouvrit les yeux le lendemain. Il ne se souvenait pas l'avoir fait, mais il était content d'avoir fermé les rideaux hier soir il avait déjà assez mal à la tête comme ça, merci bien. Il resta un long moment sans bouger, promenant son regard sur ce qu'il pouvait distinguer dans la pénombre. Un sourire éclaira son visage lorsqu'il se rappela que Frank avait dormi avec lui cette nuit. Oui, c'était vraiment mieux que de dormir seul.
C'est alors que Frank ouvrit les yeux à son tour, comme si Gee l'avait appelé au lieu de simplement penser à lui. Il avait l'air d'être totalement dans le coaltar, mais ça ne l'empêcha de rendre son sourire à Gee, avant de passer une main sur son visage pour en chasser ses cheveux.
« He, ça va Gee ? » demanda-t-il entre ses doigts.
« Hm-hm, aussi bien que ça peut aller après une soirée comme celle d'hier... »
« Ouais... » acquiesça Frank. « Qu'est-ce qu'on s'est mis encore... »
Il poussa un soupir et se repassa les mains sur le visage, dans un effort désespéré d'y voir un peu plus clair dans sa propre tête.
« Dans tous les cas, je dois avoir une tête affreuse... Je suis désolé de t'imposer ça dès le réveil. »
« Je ne dois pas être mieux que toi, alors tu sais... »
« Arrête, Gee. Tu serais incapable d'être moche même si tu essayais de toutes tes forces. »
Frank avait dit ça avec un tel sérieux que Gee ne sut que répondre. Il n'était peut-être pas direct, mais ça n'en restait pas moins un compliment, et Gee se sentit un peu mal à l'aise. Il avait toujours eu du mal avec son physique, spécialement durant l'adolescence, et même si aujourd'hui il n'y pensait plus, on ne pouvait tout de même pas dire qu'il s'était réconcilié avec son corps.
Frank, remarquant l'embarras de Gee, s'efforça de reprendre sur un ton plus léger :
« Allez, Gee... Pourquoi est-ce que tu crois qu'on a autant de succès ? »
« Oh, arrête, Frank, s'il te plaît... » répondit Gee en sentant avec effroi le rouge lui monter aux joues.
Frank ne manqua pas de le remarquer, et ça l'amusa beaucoup. Il railla gentiment Gee à ce propos, jusqu'à ce que ce dernier, à bout de patience mais plus vraiment gêné, ne le pousse hors du lit pour se venger. Ils chahutèrent encore un moment, puis ils prirent soudainement conscience de l'heure qu'il était. Ils devaient partir dans moins d'une heure, et ils étaient presque en retard. S'ils ne voulaient pas faire l'objet de questions plus ou moins gênantes, il fallait sérieusement qu'ils se dépêchent.
Plus tard, les affaires furent rechargées dans le tour-bus, et ils reprirent le chemin de chez eux, pour la première fois depuis longtemps. Ils arrivèrent à New-York tard dans la nuit, et après un dernier au revoir collectif, chacun partit rejoindre les siens. Malgré le pincement au cœur que provoquaient toujours les fins de tournée, ils étaient tous heureux de retrouver une vie qui était plus proche de la normalité. Et puis, ils allaient se revoir bientôt : ils venaient certes d'achever la tournée aux USA, mais il restait celle en Europe, plus quelques dates dans d'autres pays.
