HEY

Oh mon dieu, un texte. EH OUI JE SUIS EN VIE.

Bref. A la base, j'ai commencé ce texte il y a...deux ans je crois (la honte), à la demande de Ygrec qui voulait un KidoFudo. J'avais commencé assez vite, puis continué beaucoup moins vite (bonjour, je suis le syndrome de la page blanche).

MAIS j'ai réussi à la finir, j'espère juste qu'Ygrec pourra le voir. Mais même si j'avais eu l'assurance que ca n'arriverait pas (ce qui serait triste), je l'aurais fini, parce que je me suis mise à bien aimer ce texte, malgré ses défauts.
Bon, j'avoue que c'est vraiment, mais alors vraiment pas explicite comme romance. Pour ma défense, c'est très très loin d'être mon genre de prédilection (le contraire, même) et j'ai un faible pour les histoires où il n'y a que des sous-entendu. J'ai donc essayé de faire...un truc entre les deux ? A vous de voir !

Malgré tout ça, j'espère que ça vous plaira. Enjoy !


- Call it a Day -

« Souviens-toi que le temps est un joueur avide

Qui gagne sans tricher, à tout coup ! C'est la loi. »

Les mots du professeur de littérature résonne dans la salle de classe presque silencieuse, seuls quelques chuchotement troublant la litanie du quinquagénaire qui ne semble se préoccuper de l'état amorphe dans lequel se trouve ses élèves.

Jude entend tout, et sait que son cerveau enregistra de toute façon presque automatiquement le flux de parole le bruit de la craie qui crisse sur le tableau noir est absent, alors pour le moment, c'est la fenêtre qui mérite toute son attention.

(De toute façon, personne ne l'aurait dérangé, pas même le prof, car il ne faut pas oublier qu'il est Jude Sharp avant d'être Jude tout court.)

Dehors, la lumière du soleil éclabousse la cour et les terrains de sport – et quelqu'un a oublié un ballon, sur celui de foot - et le fleuve que l'on peut distinguer, au loin, de cette fenêtre du deuxième étage, scintille, et il lui fait penser à un petit serpent argenté zigzaguant entre les routes et les immeubles.

La sonnerie le sort tout juste de sa torpeur, et s'il range ses affaires dans son sac pour suivre le reste de sa classe au cœur du capharnaüm propre à des lycéens de première année, c'est plus par habitude qu'autre chose.

Puis quelqu'un pose sa main sur son épaule pour lui demander quelque chose, et il répond avec un sourire, le petit serpent argenté oublié. (Mais pas le ballon sur le terrain.)

Il fait à peine attention au regard bleu croisé au détour d'un couloir.

(Il ne se retourne pas pour voir le regard en question le suivre jusqu'à ce qu'il s'éloigne trop.)

(Ne veut pas se retourner.)

Il a beau en connaitre le disposition le lycée à quelque chose d'un peu froid qu'il n'aime pas trop, à côté de la chaleur de Raimon – mais ça c'est sans doute parce qu'en arrivant à Raimon, il sortait de la Royale Académie, et l'on fait difficilement plus froid et inaccueillant que là-bas. Mais sinon, il s'y sent bien. Les élèves sont gentils – il semblerait que l'aura de pouvoir qui impressionnait - intimidait - ses congénères il y a de cela une éternité à définitivement disparu.

Avant, il prenait les gens de haut plus qu'il ne s'en faisait des amis, et cette attitude à complètement fondu face à la dose excessive de contact humain dans laquelle il a littéralement été plongé durant son passage à Raimon. (Tout en reviens toujours à Raimon, de toute façon.)

Il est premier de la classe, aussi, comme si c'en était devenu une habitude.

Et il y a bien évidemment une équipe de foot.

(Il a bien vu le regard réprobateur de celui qui se fait appeler son père comme s'il commençait à devenir trop vieux pour ces enfantillages. Mais il peut rêver s'il espère qu'il lui obéira comme il l'a fait autrefois – plus jamais ça. Il sait que d'ici deux ans, ils se disputeront à cause du foot et d'une école où il pourrait apprendre la finance.)

C'est juste un peu ennuyant, parfois.

Il a toujours en tête le FootBall Frontier International qui n'est pas si vieux, et il s'est rendu compte qu'en faite, il y a bien longtemps qu'il n'a pas traversé une telle période de calme – les quelques mois entre l'affaire Schiffer et le FFI ne compte pas; bien trop court.

C'est un peu étrange de ne plus côtoyer l'équipe et de ne plus être constamment entouré de cette bande d'énergumènes qui sont devenus ses amis - mais il aurait dû choisir un lycée moins côté s'il avait voulu voir plus de visages connus l'accompagner. De toute manière, tout le monde s'est séparé sous la promesse formelle énoncée par Mark de se retrouver et de rester en contact.

La dernière fois qu'ils se sont vu, autour d'un bol de ramens, Mark a passé un bras autour de son cou en disant que c'était décidemment trop bizarre de ne plus être dans la même équipe tout les trois mais que, eh, c'était motivant, ils allaient pouvoir s'affronter, quand même !

Axel, lui, n'avait rien répondu, mais avait esquissé ce sourire qui lui correspondait si bien et qui parfois suffisait à exprimer à quel point il pouvait être content – de les voir, d'être là, de ce qui l'attendait, aussi. Il semblait juste heureux, et serein, et il se souvient du Axel qui tentait de traverser ses problèmes sans en lâcher un mot à qui que ce soit; et cet Axel là lui semble bien lointain, et tant mieux.

En attendant, le tournoi n'a pas encore débuté. Les jours se succèdent, ils commencent à appréhender, un peu, car cela ne saurait tarder, mais dans le fond, il n'y a rien de notable ici qui puisse perturber ne serait-ce qu'un peu leur quotidien, si ce n'est les quelques entrevues avec d'anciens camarades, ou quelques séances d'entrainements un peu farfelues.

(Et les yeux bleus.)

oOOo

Parfois, il aime se joindre aux autres pour manger. Le brouhaha de la cafétéria a quelque chose de rassurant ; ce midi, il n'a pas envie. Il se contente de fausser compagnie aux autres lycéens pour se diriger vers le toit avec son sandwich de là-haut, on peut voir le défilé des silhouettes, on a une vue imprenable sur la ville et les alentours, et parfois, quelques pigeons s'aventurent jusque là, en quête de miettes égarées qui pourraient constituer leur repas.

Il monte les escaliers quatre à quatre, sans se préoccuper de la protestation indignée d'une fille qu'il a bousculé; il n'accorde jamais d'attention au panneau 'interdit aux élèves' et la porte n'est pas souvent fermée. Les charnières crissent lorsqu'il la pousse.

Oh.

Il y a déjà quelqu'un. Le quelqu'un l'a remarqué à l'instant même où il a ouvert le porte du toit il arbore une expression neutre, mais ses yeux le fixe avec une intensité assez éloquente – et il sent qu'il pourrait s'y perdre.

Il est le premier à détourner le regard, et il n'a pas besoin de se retourner de nouveau pour savoir qu'un léger sourire, à la fois narquois et victorieux ourle ses lèvres, maintenant. Il a l'impression qu'ils réitèrent ces défis infantiles à chaque fois qu'ils se croisent, le pire étant qu'il tombe dans le panneau systématiquement.

Alors il joue à l'indifférent et se dirige vers la rambarde pour s'y accouder et entame son sandwich.

« Eh bien, Jude, tu as décidé de laisser tomber ton troupeau pour venir manger avec les piafs ? »

« Et toi, alors, Caleb ? Les autres sont toujours trop indignes de ta personne pour que tu accepte de descendre ? »

Il a fini par se tourner vers lui et le sourire qui s'est formé sur ses lèvres est un parfait reflet de celui de son interlocuteur.

« A moins que tu ne m'ai suivi pour profiter de mon incroyable présence ? »

Jude ne relève pas - et puis c'est faux, car il ne pouvait pas savoir qu'il serait là ; personne ne le peut, parce que Caleb n'a pas changé et qu'il continue de regarder le monde avec ce sourire en coin accroché aux lèvres, cette lueur arrogante au fond des yeux – il les connait par cœur – et à faire ce qu'il veut.

Même si ce n'est pas la première qu'il le voit sur le toit. (Il espère que ce ne sera pas la dernière.)

Après ça, ils arrivent à parler de façon un peu plus naturelle - bien que ce ne soit complètement normale, c'est de Caleb dont il est question.

Et c'est presque un peu ironique de voir à quel point ça devient une habitude de parler juste tout les deux; les sujets de conversations viennent facilement, naturellement, et ça a quelque chose de presque agréable.

Au final, ils se retrouvent assis côte à côté contre la rambarde, et Caleb à piqué un morceau de son repas pour en faire des miettes qu'il envoie à un pigeon déjà obèse.

Parfois, Caleb lui souffle une remarque à l'oreille, parce qu'il sait pertinemment que Jude déteste ça.

( «Tu flippe. » a-t-il une fois murmuré, si légèrement que Jude s'était demandé s'il ne l'avait pas rêvé.)

Lorsque ça sonne, ils restent assis quelques secondes encore, et sans qu'ils aient besoin de se le dire, ils savent que ni l'un ni l'autre n'a vraiment envie de retourner s'enfermer dans une salle de classe.

Mais Jude fini par se lever, alors Caleb le suit. Et en traversant la porte, leurs épaules se percutent et leurs mains s'affleurent; après ça, Caleb lui lance un petit regard amusé, et se dirige vers sa classe, non sans avoir soufflé un petit 'a plus' - Jude pourrait presque croire que côtoyer l'Inazuma Japan lui a inculqué un minimum de camaraderie (presque).

...

...

(Mais ce n'avait pas été leurs mains qui s'étaient effleuré, cette dernière fois, dans les vestiaires.)

oOOo

« Tu es lent, Jude, encore trop lent ! »

Jude lâche un grognement frustré alors qu'il vient de se faire dribler par Caleb. Dans le ciel, le soleil à déjà atteint l'horizon, et il projette une lumière orangée sur le terrain de foot.

A part eux deux, il n'y a déjà plus personne.

Ils restent souvent plus longtemps sur le terrain – et les autres s'éloignent en les regardant parfois bizarrement ils ont un peu plus l'habitude, maintenant – mais ce n'est jamais systématique, ou régulier, ou quoi que ce soit d'autre de ce genre.

Mais peut-être que les autres ont raisons; et sans doutes qu'ils offrent un spectacle étrange pour le reste de l'équipe, ces deux champions - il y a toujours un coéquipiers pour leur rappeler que c'est une sorte d'accord tacite que de leur accorder ce surnom, parce que personne n'a oublié le FFI - qui semblent parfois ne pas se supporter, ne pas pouvoir se passer de l'autre à la fois, et restent sur le terrain le plus possible, mais plus tout les deux qu'avec les autres.

Ils sont forts, et continuent de jouer - de s'éloigner et d'aller plus loin encore - parfois jusqu'à ce qu'il fasse nuit, comme si leur vie en dépendait et ils doivent ressembler à des drogués – c'est peut-être ça le plus inquiétant. Cet acharnement qui lui semblait si ordinaire tant il faisait partie intégrante de sa – leur, a lui, à l'autre, à tous – vie, il prend peu à peu conscience que eh, non, ce n'est pas tout à fait normal.

(La faute a Marc, à la base. Puis à tout le reste. Mais il s'en fiche.)

Il a – ils ont – le foot incrusté beaucoup trop profondément dans la peau, maintenant.

(Et les yeux de son père hurlent, hurlent qu'il devrait arrêter.)

« Et après, il s'indignent de nous voir si fort et à déjà titulaire alors que nous qu'en première année. » , avait un jour dit Caleb, moqueur, presque méprisant, en les regardant s'éloigner.

Mais il est tard, et il faut rentrer à un moment, bien que chacun d'entre eux voudrait pouvoir s'en passer, parfois. A cause des affaires de famille, entre autres.

(Mais pas que.)

Jude reste quelques minutes immobiles au milieu du terrain; les mains sur les genoux, et la respiration encore erratique. Il fini par se redresser, alors que Caleb est déjà en train de saisir sa bouteille d'eau, à quelques mètres de là.

Il récupère son sac échoué à côté du banc de touche, enfile son sweat, et ils commencent à marcher côte à côte le long du terrain, jusqu'à atteindre la porte du vestiaire.

Jude n'entrera pas; parce que comme d'habitude, il prendra sa douche dans l'immense salle de bain qui lui est attribuée. Bien que ce soit plus de la provocation qu'autre chose – et à chaque fois qu'il s'éloigne du terrain dans son survêtement, encore en sueur, il sait que Caleb lui lance un regard pour dire « Eh, tu traine trop avec moi, Jude, je commence à déteindre sur toi ! ».

Mais il n'a pas souvent l'occasion de voir une expression sur le visage de son père qui puisse le faire jubiler; et l'air outragé qu'il affiche à chaque fois qu'il voit son fils rentrer beaucoup trop tard et encore dégoulinant de sueur vaut beaucoup trop pour qu'il s'en passe. Et ça, Caleb le sait.

(Mais Caleb, lui, prend sa douche au vestiaire, pour rentrer plus tard, juste un peu, et se soustraire le plus possible au regard de ces parents qui sont pourtant les siens.)

Là, ils se saluent d'une mouvement de tête. Jude se retourne, va se retourner, pour partir.

« Tu ne t'es toujours pas décidé à me rejoindre dans les douches ? »

Caleb dis ça un peu pour rire mais pas totalement, et Jude entend - est le seul à entendre - ce sous-entendu dans sa voix - que Caleb lance un peu trop souvent avec ce même ton amusé et moqueur qu'il utilise habituellement; et pourtant il y a tellement de choses dedans.

(Trop justement pour qu'il se décide à y répondre - pour le moment.)

Il fait semblant d'ignorer, même s'il sent le regard rieur de Caleb qui sait que s'il répondra une seconde trop tard - une seconde qu'il est le seul à voir.

(C'est un peu plus compliqué que juste le plaisir de voir son père énervé, dans le fond.)

« Pff, imbécile...»

Il fait celui qui s'en fiche - mais sa réplique manque un peu de mordant.

C'est assez pour aujourd'hui, il commence à s'éloigner du vestiaire.

(Dans lequel il y a des souvenirs de bouches qui se cherchent, de mains qui se trouvent et il ne sait pas trop encore ce qu'il doit exactement en penser. Ou s'il le sait il n'en a pas encore envie.)

(Pas ce soir s'efforce-t-il de ne pas penser.)

(Alors demain. Lui hurle son inconscient, son corps, tout.)

Il lance quand même un ''A plus !'' en se retournant à moitié; il ne dira jamais 'à demain', et pourtant, quand a-t-il remarqué qu'ils se voyaient presque tout les jours ?

C'est juste assez pour qu'il voit Caleb lui adresse un petit sourire qu'il ne sait pas interpréter, et il fait de même.

Parce que dans le fond, parfois, ce n'est pas si ennuyant avec toi –lui.