Disclaimer : La série appartient à Eric Kraple. Et je n'ai rien gagné à écrire ceci.

.

Petit texte écrit sur le forum "French, Fics et Fanarts", d'après cette idée :

« Après la mort de Kate, Tony Dinozzo écrit ce qu'il ressent dans un carnet qu'il laisse sur le banc d'un parc pour que la personne ( différente selon les préférences en matière de série :D ) qui le trouve puisse à son tour écrire une partie triste de sa vie et laisser la place à la suivante, et etc... »

.

J'ai également essayé à mon tour :)


Je ne sais pas si mon histoire à sa place dans ses pages.

Tout comme je me demande, quelle sera la réaction de la prochaine personne à la lire. À mon instar, je l'imagine errant sans but précis entre les pelouses verdoyantes, et entretenues de ce parc. Peut-être, y recherche-t-elle une certaine paix qui ne viendra jamais ? Ou au contraire, la vie ne l'a-t-elle pas encore trop amochée, lui permettant ainsi de préserver, une étincelle d'espoir au plus profond de son être ?

Puis il arrivera un moment où ses yeux - Pétillants ? Éteints ? Songeurs ? Troublés ? Rêveurs ? - se poseront sur un cahier échoué sur un banc, semblant abandonné. Sa curiosité sûrement piquée l'incitera à venir le saisir, et l'ouvrir pour l'épancher.

Comme moi avant, elle lira ces lignes, écrites par d'autres.

J'aime à penser qu'elle partagera aussi leur peine et leur douleur. Qu'elle songera à eux, ces illustres inconnus, où qu'ils puissent être et quoiqu'ils puissent faire.

Mais quand viendra mon tour, quand elle apprendra comment j'ai perdu la seule personne qu'il me restait, me croira-t-elle ?

Moi-même, je voudrais ne pas y croire. Je voudrais pouvoir me dire que les monstres n'existent pas.

Un sourire se dessine malgré moi à cet instant. Un peu triste, un peu amer, certes, mais un sourire quand même.

Parce qu'il me rappelle une époque de ma vie, qui a maintenant son importance. Je venais d'avoir neuf ans, et après avoir confié à mon père, que j'avais peur du monstre qui se cachait dans mon placard, pour toute réponse, ce dernier m'avait donné un 45.

Oui, vous avez bien lu. Non, je n'affabule pas, et oui, malgré les apparences, mon père était saint d'esprit. Mais mon histoire serait trop longue a raconter, et peut-être refermerez-vous même ce carnet bien avant les prochaines lignes.

Et je vous comprend.

Je peux seulement vous dire que mon père s'appelait John Winchester, et qu'il était devenu un chasseur après avoir perdu sa femme, Mary - ma maman que je n'ai jamais connu, étant alors âgé de seulement six mois lors du drame.

Durant les années qui ont suivie, quand notre père nous laissait pour aller exterminer ce qui pullulait dans le noir, mon grand frère Dean s'occupait de moi, devenant peu à peu mon point de repère dans ce brouillard de vie brisée, qu'était notre pain quotidien.

Ensuite ? J'ai fui quand j'ai été en âge de le faire, parce que je voulais être maître de mon existence, et bannir une fois pour toutes les monstres, pourtant bien réels des mythes et légendes, qui ont inspirés tant d'histoires et de films.

Mais le problème avec cette vie, c'est que plus vous vous obstinez à lui tourner le dos, plus elle s'accroche à vos basques pour tapoter votre épaule, au moment où vous vous y attendez le moins.

Aujourd'hui encore, je me demande encore pourquoi il a fallu que je perde tous les gens que j'aimais pour l'accepter.

D'abord ma mère. Puis ma petite amie, Jessica, vingt deux ans plus tard. Et mon père, une année après. Tous ayant été tués par la même ordure, le même démon : Azazel.

Le monstre de nos cauchemars.

Malgré tout, Dean et moi avons continué, parce que c'est tout ce qu'il nous restait à faire.

Avancer, toujours tout droit, sans se retourner, jamais.

Et un jour, la pire crainte de mon aîné s'est réalisée : je suis mort dans ses bras, suite à la blessure mortelle d'une maudite lame que je n'ai pas pu esquiver, faute de ne l'avoir pas vu arriver.

Oui, je suis mort, le laissant seul avec sa peine, sa colère et sa culpabilité. Peut-être est-ce d'ailleurs pour cela, qu'il a fait ce qu'il a fait. Le désespoir peut conduire à tant de choses, et quand vous avez les connaissances requises, plus rien n'a de limites.

Alors pour me sauver, mon grand frère a vendu son âme.

Un pacte aussi simple que cruel : je suis revenu d'entre les morts, et Dean s'est vu accorder une année avant de descendre au six cent soixante-sixième sous-sol.

À l'heure où j'écris - d'une main tremblante, pardonnez-moi - deux semaines se sont écoulées depuis l'échéance de ce putain de deal, qui a fait de moi un orphelin.

J'aimais mon père, bien-sûr, mais Dean l'a remplacé toutes ces heures, et tous ces jours, où son absence devenait prenante.

Maintenant, ils ne sont plus là.

Voilà, mon récit s'achève ici. Je pourrais écrire tellement plus, comme tellement moins, mais je préfère laisser la place. En l'occurrence, la prochaine page blanche.

Si vous avez pu lire jusqu'au bout, merci à vous.

Vous, que je ne connais pas, mais à qui j'ai confié ce qui tourne en boucle, et se répercute contre les parois fines de mon esprit, depuis maintenant deux longues semaines :

Je m'appelle Sam Winchester, et je suis mort deux fois.