Un OS écrit à moitié à l'arrache, dans la chaleur horrible de ces soirées d'été.

J'ouvre donc un nouveau recueil de 5 Sens, avant d'avoir posté ne serait-ce que deux OS sur mon premier recueil, mais comme les textes sont indépendants, moi je dis YOLO.

J'en ai marre d'avoir chaud. Je veux de la pluie. De la neige.

Bonne lecture !

5 Sen OS 1 : L'ouïe

Sa voix

« Axel. »

Le garçon ne s'arracha pas à sa contemplation du ciel si haut. Le vent et la pluie s'accordaient en un concerto lent, se fondant dans la mer avec quelque chose de doux et un peu passé, cassé.

« Axel, il faut qu'on bouge. »

L'autre garçon, les mains enfoncées dans les poches de sa parka, tremblait presque sous le froid. Axel plissa les yeux quand une goutte tomba sur sa paupière. Le ciel était si lumineux. Il s'en fichait de devenir aveugle, il n'avait rien à voir, tout ce qu'il voulait c'était l'entendre encore.

« Elle est là.

—Je sais, Ax'. Faut qu'on bouge quand même.

—Tu comprends pas, Demyx, je l'entends.

—Axel, il va faire nuit. »

Le roux ne répondit rien, les cheveux plaqués sur la nuque. Il était pas très grand encore, maigre comme une brindille, et Demyx, du haut de sa trouille légendaire et de son année de plus, flippait qu'il ne s'envole. Le vent était de plus en plus fort.

« Axel, ta mère va nous tuer. Il va faire nuit, et puis on devrait pas être là, on doit rentrer. S'te-plaît. »

Sans rien dire encore, Axel recula quand même d'un pas vers son ami, qui en profita pour le saisir par le bras et l'éloigner du bord du précipice.

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Comme l'avait prévu Demyx, en les voyant rentrer trempés comme des soupes, la mère du roux leur dit un long sermon, devant lequel le plus âgé fondit en larmes tandis que le cadet répondit avec sa verve habituelle, celle qui disparaissait quand il l'entendait. Demyx n'avait jamais vraiment compris ce qu'Axel entendait par là, ou entendait tout court, mais il pouvait le remarquer rien que dans la manière qu'Axel avait de se tenir quand elle était là. Ça durait depuis toujours, du moins depuis qu'ils s'étaient rencontrés, six ans plus tôt, alors qu'Axel traînait ses sept ans avec un sourire goguenard. Déjà, il lui arrivait de s'arrêter brusquement, tendant l'oreille, et de dire « Elle est là. », simplement.

Ce n'est que depuis qu'il avait dix ans, cependant, qu'Axel c'était mis à la chercher partout, tout le temps, dans les vagues, sur les pianos, dans chaque air de musique et quand il la trouvait, il restait longtemps, comme hors de lui. Perdu quelque part entre un souvenir qu'il n'avait jamais vécu et un présent qui n'existait pas.

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« Euh, salut, dis, t'aurais pas une gomme ? »

Axel bugga. Totalement, complètement, absolument, du fond de la classe, Demyx, qui avait redoublé, le vit prendre cet air, pour la première fois devant quelqu'un. Pas le son d'un instrument, pas le son d'un arbre – de la sève d'un arbre qui coule –, pas le son d'une tempête, pas le son d'un objet, le son d'une voix, c'était la première fois que le son d'une voix faisait ça à Axel, Demyx crut alors un instant que le roux l'avait trouvée, parfaitement trouvée, enfin, il crut aux théories d'Axel sur la réincarnation, les âmes-sœurs et toutes ces conneries parce que l'autre, en croisant ses yeux avait plissé les siens, bleus comme les cieux, comme si son cœur venait de lui fiche un coup dans les côtes.

Axel se mit à pleurer, les yeux grands ouverts, la bouche pendant.

« C'est elle. C'est sa voix. »

Comme un fantôme, Axel leva le bras pour la poser sur son nouveau voisin de table, qui semblait également à deux doigts des larmes. Il prononça :

« Axel, c'est ça ?

—Sa voix. À Roxas. Roxas … »

Le nouveau venu eut un sourire doux avant de prendre la main du roux dans les siennes.

« Je savais que je finirais par te trouver. Tu respires comme le feu crépite, Axel.

—Ça n'est pas … tout à fait … ta voix, c'est … Roxas …

—Roxas est mort dans un incendie, Axel. »

Certains auraient pu croire qu'il valait mieux entendre ça que d'être sourd. Mais Demyx n'était pas dupe. Et quand tout à coup, Axel tomba au sol, les mains sur les oreilles, poussant le hurlement terrible qu'il aie entendu jamais, il sut que son ami n'entendrait plus jamais rien que le voix de Roxas, qui était passée, future mais jamais présente.

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Voilà voilà …

Bon. Bah dites-moi ce que vous en avez pensé !

Bon courage pour survivre à la chaleur !