Nos peurs sont faites pour être combattues?

Sakura

Alors il la prise dans ses bras et déposa un doux baisé sur ses lèvres encore humides. Cette fois, elle ne le rejeta pas. Enfin, il lui avait avoué ses sentiments. Elle avait attendu ce moment si longtemps. C'était le plus beau jour de sa vie. Thomas cessa leur bel échange pour plonger son regard azur dans celui de sa bien-aimée. L'amour était si étrange, encore aujourd'hui, il ne pouvait croire qu'il était éperdument et follement tombé amoureux de Rosalia, sa servante. Comment allait-il annoncer à son père une telle chose? Jamais sa famille n'approuverait leur amour, mais il s'en moquait. Il était prêt à tout abandonner pour la femme qu'il aimait.

Tout ce qu'il désirait, c'était de vivre au côté de Rosalia. Ahhh….C'est tellement beau!

Doucement, Thomas se mit à caresser la nuque de sa bien-aimée. Elle avait la peau si douce. Ses caresses descendirent vers sa poitrine et Rosalia poussa quelques gémissements… Tu lis du porno?

Poussant un cri, je me retournai vers l'infâme monstre qui avait osé interrompre ma lecture.

— Qui t'a dit que tu pouvais entrer dans ma chambre!?

Il laissa choir un sourire moqueur sur ses lèvres.

— Pourquoi devrais-je avoir la permission? Je te rappelle que c'est aussi MA chambre.

Il me prit mon roman des mains et se laissa choir à mes côtés sur MON lit.

— Arrête!

Je tentai de le lui reprendre, mais sans espoir. On ne peut pas gagner face à un monstre. Ce sont des créatures horribles qui ne chercher qu'à détruire toute vie humaine. Il ne faut pas s'en approcher. Les enfants ont raison, ils se cachent bel et bien sous notre lit. Moi, le mien s'est littéralement installé dans ma chambre.

Il riait. Un rire diabolique. Il laissa tomber mon roman au sol comme un vulgaire déchet et se pencha sur le côté pour m'agripper par la taille. Je tentai de le repousser, mais il était si fort. Il me fit glisser sous lui et sans que je puisse me défendre, je me retrouvai à sa merci. Lentement, il rapprocha son visage du mien. Quelques mèches de ses cheveux d'ébène touchèrent mon front. J'arrêtai net de respirer et ferma les yeux; ma fin était proche. Il ne va tout de même pas…?!

— Oh! Mais à quoi t'attendais-tu?

J'ouvris les yeux. Il s'était rassis et me regardais avec un sourire démoniaque. La honte.

Il s'esclaffa.

— Tu croyais vraiment que moi, j'allais…? Haha ce n'est pas possible!

Mes joues devinrent brulantes. Je baissai la tête afin d'éviter qu'il ne me voie. Puis, sans un mot, il glissa sa main à travers quelques mèches de mes cheveux, nouant ses doigts autour de ceux-ci.

— Quoique, je ne suis pas contre l'inceste…

Je le repoussai violemment.

— Dégage!

— Haha, comme tu veux… sœurette!

Puis, il ferma la porte derrière lui ou plutôt, la claqua.

— Arg! Je te déteste!

Mon monstre, c'est mon « frère », Sasuke. Malheureusement pour moi, mon père s'est remarié et comme cadeaux de noces, j'ai hérité de ce bouffon, un véritable casse-pied. Sa mère et lui ont aménagé avec nous, et cela fait maintenant deux ans que nous sommes une belle petite famille unie. Le pire des malheurs, c'est que je dois lui laisser la moitié de ma chambre. Nous n'avons pas beaucoup d'argent et vivons donc dans un petit appartement. Il adore se moquer de moi et me mettre dans des situations embarrassantes, c'est son passe-temps.

Je repris le roman que Sasuke avait laissé tomber et admira une nouvelle fois son contenu. Même si elle n'était que fiction, cette histoire d'amour interdite entre une pauvre servante et son maitre, un riche aristocrate, me laissait sans mot à chaque fois. J'adore les histoires d'amour impossible. Celles qui sont simples me paraissent belles, mais trop fades à mon gout. Dans une bonne histoire d'amour, le couple doit se battre et supporter de nombreuses épreuves pour enfin obtenir la liberté de s'aimer. C'est ce qui fait que l'histoire est si captivante.

J'adore lire, et plus tard j'aimerais aller à l'université pour étudier en création littéraire. J'adore tout ce qui touche les mots. Écrire, c'est ma véritable passion. J'adore lire aussi, mais avoir le pouvoir d'inventer une histoire, de créer un autre monde et de donner vie à des personnages, c'est le plus beau des sentiments pour moi.

Je déposai l'œuvre sur ma table de nuit et sortis de la chambre. Je constatai, avec surprise, que l'endroit était désert. Sasuke avait dû sortir. Contrairement à d'autres personnes, j'adore la solitude. Puisque lorsque je suis seule, il y a autre chose que l'écriture que j'aime particulièrement faire. Chanter. Je ne pense pas avoir un talent bien spécial, puisque beaucoup de gens savent chanter mieux que moi, mais j'adore cette sensation de délivrance lorsque je le fais. J'ai l'impression d'être si légère que je pourrais m'envoler. Seulement, je mourrais de honte de chanter devant d'autres personnes. Alors je tue l'idée même d'en parler à quelqu'un. Je fis demi-tour et retourna dans la chambre. Là, sous mon lit, je cachais un petit piano électrique que j'avais acheté dans une vente de bric-à-brac il y a de cela plusieurs années. Doucement, je caressai les touches blanches de mes doigts tremblotants. Ma mère m'avait appris à jouer lorsque j'étais enfant et je n'avais jamais cessé de pratiquer. Sans attendre une seconde de plus, je pris place sur ma chaise et pressa les touches. La mélodie envahissait la pièce. Je pris une profonde inspiration et ouvrit la bouche. Ma première chanson, c'est ma mère qui me la offerte et depuis elle reste ma favorite. Elle ne savait pas très bien chanter, son talent s'étendait plutôt sur les instruments de musique, mais sans comprendre pourquoi, cette chanson-là, elle la chantait à merveille…

Cannot touch
Cannot hold
Cannot be together

Cannot love
Cannot kiss
Cannot have each other

Must be strong,
And we must let go
Cannot say
What our hearts must know
How can I not love you
What do I tell my heart
When do I not want you
Here in my arms

Quand j'étais enfant, j'adorais cette chanson sans en savoir la raison…

How does one walks away
From all the memories
How do I not miss you
When you are gone

Cannot dream
Cannot share
Sweet and tender moments

Cannot feel
How we feel
Must pretend it's over

Un jour j'ai compris pourquoi…

Must be brave,
And we must go on
Must not say,
What we've known all along

How can I not love you
What do I tell my heart
When do I not want you
Here in my arms

How does one walks away
From all the memories
How do I not miss you
When you are gone
How can I not love you..

Parce que ma mère l'avait écrite…

Must be brave,
And we must be strong
Cannot say,
What we've known all along.

How can I not love you
What do I tell my heart
When do I not want you
Here in my arms

How does one walks away
From all the memories
How do I not miss you
When you are gone

Et parce que c'était son histoire à elle…

How can I not love you..
When you are you gone...

Parce qu'elle avait vécu un amour impossible et parce que c'est après avoir écrit cette chanson qu'elle avait trouvé le courage de fuir sa famille et de retrouver l'homme qu'elle a jadis, follement aimé.

Lorsqu'elle nous a quittés, seul un bout de papier pouvait attester de son départ. Une lettre. Une stupide lettre. Je n'avais que neuf ans. Un âge bien jeune pour découvrir la tristesse… et la rage.

Pardonne-moi Sakura. Je t'aime tant. Je te promets que nous allons nous revoir. Ce n'est pas la fin, mais plutôt un commencement. Je ne te demanderai pas de comprendre puisqu'à ton âge tu ne le pourrais pas. Mais lorsque tu seras plus vieille, tu verras. Ma petite Sakura, n'ait jamais honte de qui tu es. Je ne veux pas que tu aies des regrets et que comme moi, tu doives faire un choix aussi difficile que celui-ci. Tu as le droit de me détester, mais sache que je t'aimerai toujours. N'oublie pas, nos peurs sont faites pour être combattues.

Mon père ne la jamais cru. Il brûla la lettre. Il ne pensait pas qu'elle ne reviendrait jamais. Il croyait dur comme fer qu'il ne s'agissait que d'un caprice et qu'elle serait de retour au bout d'une semaine. Il l'aimait tant. Je me souviens encore, lorsque je rentrais de l'école, de le voir se lever d'un bond croyant que ma mère était enfin rentrée. Dès que son regard se posait sur moi, la déception sur son visage suffisait à me faire croire que je n'avais pas ma place ici. Quand il réalisa enfin qu'elle nous avait abandonnés, mon père tel que je le connaissais, mourut. Une haine si intense s'était installée en lui, envers ma mère et envers cette partie d'elle qui faisait de moi ce que j'étais aujourd'hui. Il n'a jamais cessé de me détester, même lors de son deuxième mariage, son comportement envers moi n'a pas changé. Je ne suis plus sa fille, mais un fardeau.

Malgré tout, ma mère me manque. Étrange non? Après l'avoir autant détesté, elle continue de me manquer. Elle m'a aimé, j'en suis certaine et je crois qu'elle continue de m'aimer. Cela fait dix ans que je ne l'ai pas vue et à chaque année qui passe, je sens un vide se creuser encore plus profondément dans mon cœur. Il arrive que je reçoive des lettres d'elle par la poste, mais il n'y a que lorsque je suis très chanceuse que je peux les lires, puisque mon père brûle tout ce qui vient de ma mère. Alors c'est quand je me sens seule et que je m'ennuie d'elle que je chante cette chanson et que je me rappelle son souvenir. Cette chanson qu'elle a composée pour elle, et pour moi. Elle nous relit a jamais. Ironiquement, c'est grâce au départ de ma mère qu'est née ma deuxième passion; le chant.

Je me levai, sécha une petite larme qui menaçait de couler et rangea mon petit piano. La nostalgie, ce n'est pas bon pour moi. Je préfère me plonger dans un bon roman plutôt que d'affronter mes souvenirs.

J'avais rendez-vous, je ne pouvais pas afficher une sale mine. Je me dirigeai vers la porte d'entrée et fit une halte devant le miroir. Mes cheveux, que j'aimais garder courts, étaient en pagaille. Rapidement, je tentai de les arranger. J'étais trop paresseuse pour utiliser ma brosse à cheveux alors mes doigts allaient faire parfaitement l'affaire. J'arrangeai aussi mes shorts et essaya d'enlever les plis de sur ma petite chemise blanche où on avait brodé une merveilleuse colombe prête à s'envoler sur la manche droite. Je souris après satisfaction et couru vers la porte. Je stoppai net lorsque je tournai le coin du mur. Adossé sur la porte; un monstre.

— Sasuke?

Il leva les yeux lorsqu'il me vit. Enlevant sa chaussure, il la lança « gentiment » là où il avait foutu l'autre. Il se passa la main dans les cheveux. Il avait l'air bien fatigué le frérot. Son regard croisa le mien. L'espace d'un instant, j'eus presque la sensation qu'il avait de la peine. Lui? Pas possible!

— Quoi? Tu veux ma photo peut-être? Me nargua-t-il.

Ignore-le… Ignore-le… Ignore-le…!

— Depuis quand es-tu rentré?

Un nœud se forma dans ma poitrine, et s'il m'avait entendu chanter? Bordel…

— Pourquoi tu me demandes ça?

Je levai les yeux au ciel. Pourquoi ai-je pris la peine de lui demander? Même avec une réponse un tant soit peu intelligente je ne pense pas que je l'aurais cru. Ce type ment tellement que s'il était Pinocchio, j'aurais pu construire un château avec tout son bois de nez!

— Pousse-toi, je sors. Soupirais-je

S'écartant légèrement de la porte d'entrée, il laissa un espace à peine plus gros que mon petit doigt pour me laisser passer. Aussi amical qu'une roche le petit frère.

Dehors, il faisait merveilleusement beau. Le soleil brillait dans le ciel, illuminant la ville et réchauffant sa population du même coup. Ce que j'adorais particulièrement de mon appartement, c'était qu'il se situait en plein centre-ville. Alors pas besoin de voiture ni de prendre l'autobus. Je pouvais me rendre n'importe où à pied. Génial non? Arrivant presque à destination, je pouvais déjà voir l'emblème de la libraire « L'insaisissable ». Je fréquentais ce petit endroit de bonheur depuis que j'avais appris à lire.

— Tu vas quelque part? demanda une voix que je connaissais trop bien.

J'eut à peine le temps de me retourner que deux bras me saisir la taille et me levèrent de terre, m'obligeant à subir une étreinte des plus étouffante.

— H-Hey! Tu me prends pour une peluche!? J'ai besoin d'air pour respirer je te signal!

Il me reposa au sol et je repris mon souffle avant de lever la tête vers mon deuxième petit monstre. Le plus adorable. Le plus beau. Le plus attachant. Le plus gentil. Mon petit ami quoi. Presque chaque weekend, nous avons rendez-vous devant cette petite boutique. Elle se trouvait tout juste en face de son immeuble et elle était mon temple. C'était juste parfait.

— Bonjour… me murmura-t-il à l'oreille, avant de m'embrasser tendrement les lèvres.

— Bonjour, lui répondis-je d'un doux sourire.

Naruto, mon amoureux. Bientôt trois mois que nous sommes ensemble. Je l'adore. C'est le garçon le plus tenace que je connaisse. J'ai dû au moins refuser une bonne centaine de fois de sortir avec lui. Nous nous connaissons depuis la petite enfance, mais son côté extravagant m'énervait tellement que je ne voulais rien avoir à faire avec lui. Seulement, chaque semaine, il continuait de venir me poser et de me reposer la même question jusqu'au jour ou, pour qu'il me foute la paix, j'acceptai de passer une soirée avec lui. Ironiquement, ce fut un franc succès. J'étais toujours occupé à le fuir. Alors je n'avais jamais vraiment pris le temps d'apprendre à le connaître. Mais maintenant, je remarque de plus en plus sa beauté. C'est un homme incroyablement honnête. Il sourit toujours, il n'abandonne pas (j'en suis la preuve), il est doté d'une grande confiance en soi (ce que j'aimerais avoir), il est courageux, fort et si doux. Lorsqu'il me regarde, j'ai l'impression de me perdre dans cet océan de désir. Je suis complètement absorbé. Dès qu'il se penche pour m'embrasser et que je caresse ses cheveux d'un blond angélique, je perds tous mes moyens. Il me charme complètement et j'adore ça.

— Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui? Demanda-t-il

Il déposa sa main sur ma joue, caressant celle-ci de sa peau si douce.

— Ce-ce que tu veux! Bafouillais-je

Il ria et me pris par la main.

— On va voir un film et après on mange alors!


J'ai écrite cette histoire il y a un petit bout de temps. J'ai hésité longtemps avant de la publié. J'espère que vous allez l'aimer autant que j'ai eu du plaisir à l'écrire!

Merci beaucoup!