Fic initialement écrite en 2010. Quand je la relis, le thème me paraît un peu niais, mais bon. Soyez indulgents et bonne lecture ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ! :3
La Bière est une Boisson d'Homme !
Tout commença sur une simple visite au bar. Salamandar souhaitait boire un coup avec Phœnixia, histoire de se détendre un petit peu. Comme tous les Proxiens, habitants du grand nord, ingurgiter de la bière et autres alcools en tout genre était affaire courante – il n'était donc pas rare de le voir commander une chope au petit déjeuner. Aussi fut-il stupéfait de découvrir que son amie s'abstenait de boire. Ne résistant pas au plaisir de la taquiner, il lâcha avec un rire gras :
− Tu ne peux pas comprendre : c'est parce que tu es une femme. La bière, vois-tu, est une boisson d'homme !
Comme il s'y attendait, Phœnixia réagit au quart de tour. Abattant son poing sur la table, elle se mis à brailler des obscénités dignes d'un véritable charretier. Satisfait de sa réaction, Salamandar ricana et vida la chope qu'un serveur avait déjà posé sur sa table.
En revanche, il ne prévoyait absolument pas que la Mystique de Mars se commande aussitôt une dizaine des alcools les plus forts que possédait le barman pour lui prouver que le fait qu'elle soit une femme ne la mettait certainement pas en position d'infériorité. Tout d'abord interloqué, Salamandar finit par éclater de rire et décida de profiter de la situation pour pimenter la soirée.
− Si nous faisions un concours ? proposa-t-il. Le gagnant sera celui qui finira le plus de verres en un temps minime.
− Et qu'aura-t-il en récompense ?
Le Mystique prit le temps de réfléchir quelques instants avant de répondre.
− Il donnera un gage au perdant. Ça te va ?
− Et comment ! fit la jeune femme avec un inquiétant rictus.
− Si je gagne, tu payes la note, déclara aussitôt Salamandar.
Être le guerrier le plus puissant de Prox de le mettait malheureusement pas à l'abri de la crise économique ambiante. Les alcools de son village étaient les plus réputés de tout le continent, mais également les plus chers.
− Quel manque de galanterie, s'offusqua son amie.
− Si je manque de galanterie, toi, tu manques de féminité…
Quelques minutes plus tard, les paris étaient ouverts. Bien que Salamandar soit un habitué, la réputation de Phœnixia concernant sa détermination et sa persévérance afin d'atteindre ses objectifs − même lorsque ceux-ci se révélaient, parfois, et même très souvent, totalement absurdes − n'était plus à faire à Prox, et certains prenaient le risque de miser sur elle. Les alcools s'enchaînèrent dangereusement les uns après les autres, jusqu'à ce que le barman, craignant de voir son stock épuisé, leur interdise de toucher à une seule chope supplémentaire. Vint alors le moment fatidique où les deux amis durent débattre pour savoir qui était vainqueur.
− J'ai gagné ! vociféra la jeune femme d'un air catégorique.
− Certainement pas, répliqua son ami, refusant purement et simplement d'envisager la défaite. J'ai vidé au moins deux bouteilles de plus que toi.
− Mais on ne boit pas dans des bouteilles ?
− Cesse de t'attarder sur des détails. Dans tous les cas, tu ne peux pas avoir bu plus que moi.
− Tu es sourd ou quoi ? Je te dis que j'ai gagné, alors ne me dit pas le contraire !
Salamandar tourna la tête pour demander l'avis du barman, mais celui-ci s'était discrètement éclipsé, craignant certainement de devoir subir la fureur du perdant. Aussi poussa-t-il un soupir en se disant que, de toute façon, Phœnixia pouvait bien s'imaginer avoir vidé plus de verres que lui, elle ne tenait pas aussi bien l'alcool. En effet, elle ne parvenait plus à rester droite et parlait beaucoup trop fort.
− Alors, que vais-je te faire subir pour avoir perdu ? réfléchit-elle à voix haute voix.
− Mais tu n'as pas…
− J'ai trouvé ! le coupa-t-elle en levant son index.
Salamandar lâcha un grognement devant son entêtement, avant de se lever.
− Tu es complètement bourrée, je te ramène chez toi, dit-il en contournant la table pour arriver à sa hauteur. Viens.
Phœnixia le fixa de ses yeux pourpres et lui offrit un grand sourire euphorique.
− Mon gage d'abord !
Le Mystique s'apprêtait à lui répéter une fois de plus qu'elle ne pouvait pas avoir gagné – comment l'aurait-elle pu, après tout ? C'était lui, le mâle dominant −, mais il n'en eut pas le temps. Sans crier gare, Phœnixia se leva, s'agrippa à ses épaules musclées, et écrasa ses lèvres contre les siennes dans un mouvement désordonné. Surpris, Salamandar leva les sourcils, mais ne la repoussa pas. Puis, prenant lentement conscience de ce qui était en train de se produire, il sentit son cœur accélérer et une bouffée de chaleur lui monter au visage. Cela faisait maintenant plusieurs années que son amie d'enfance ne le laissait plus indifférent. La tournure que prenait la situation, bien que fort plaisante, commençait à le troubler.
Phœnixia ne tarda pas à chanceler dangereusement, incapable de tenir plus longtemps debout. Salamandar la soutint, et la jeune femme éclata d'un rire hilare. Les autres clients du bar, qui avaient assistés à la scène, poussèrent quelques sifflements.
Salamandar songea alors qu'il avait beaucoup de chance d'avoir un teint aussi mat, car si tel n'avait pas été le cas, il était sûr que toutes les personnes ici présentes auraient pu observer ses joues virer au rouge cramoisi.
− Je ne me souviens absolument pas de la soirée d'hier, déclara la jeune femme. Mais je crois que j'ai bien rit.
− Oh. Tu es bien sûre de ne te rappeler de rien ? s'enquit Salamandar avec un mélange de déception et de soulagement.
− Oui. Pourquoi ? Y'a eu de l'action ?
− Non, rien du tout, répondit précipitamment le Mystique. Ce n'est pas plus mal…, ajouta-t-il dans un murmure.
