Bonsoir! Il s'agit de ma première fiction Harry Potter, commencée en août 2015 (sérieux, déjà?). J'avais perdu mon intérêt et c'est revenu le mois dernier. Entre temps, en novembre 2016, j'ai écrit Two boys to the Yule ball (Teddy X James Sirius) et Harry Potter et le Grand méchant chasseur (Harry X Charlie).
Cette fiction me tient beaucoup à cœur, c'est un mélange de la plupart de mes headcanons sur la suite des Reliques de la Mort. Je ne sais pas combien de mots je vais écrire (j'en ai 12 000 et je commence la troisième partie là). Il y aura des nouveautés, des OCs, de l'amitié et puis de la romance (Harry X Charlie, normalement). J'espère que ça va vous plaire!
Bonne lecture!
Première partie : Bilan de la guerre - Les procès - Kingsley - Dîner en famille
Le réveil moldu récupéré par Mr Weasley sonna fièrement la demie de six heures, réveillant en sursaut le jeune sorcier allongé dans le lit. Harry grogna sous sa couette. Ce n'était décidément pas une heure pour se lever. S'il avait eu le choix…
Il repoussa ses couvertures et sortit du lit vêtu d'un pyjama orange ayant appartenu à Ron. Il constata qu'il voyait bien les contours de la pièce; il s'était encore endormi avec ses lunettes. L'important était qu'il se soit reposé un peu, de toute manière. Ses nuits étaient étrangement à la fois interminables lorsqu'il souffrait d'insomnie – surtout que le Terrier n'étant pas Poudlard, difficile d'arpenter les couloirs pour trouver le sommeil – et trop courtes lorsqu'il parvenait enfin à fermer les yeux quelques heures.
Et l'infernal engin était toujours là, fidèle au poste, pour le réveiller aux aurores. Oh, qu'il le détestait ! A vrai dire, il aimait le détester. C'était plus facile de s'en prendre à lui que de dire leurs quatre vérités à toutes les personnes qui gravitaient continuellement autour de lui. A commencer par ses amis et sa famille d'adoption. Et puis tous les autres.
C'était assez illogique que ce soit à ce moment précis qu'il se mette à vouloir tout quitter. Il avait été sa vie entière adulé pour quelque chose dont il n'était pas responsable, ce qui l'avait fait parcourir les étapes de sa jeunesse d'une manière plus que chaotique et maintenant qu'il était enfin connu pour quelque chose qu'il avait fait consciemment – même s'il trouvait encore ce fait contestable – il craquait.
Bravo, Harry.
Il mourrait de leur dire ce qu'il pensait de leur attitude, de leur joie, de leur besoin de renaissance pendant que lui crevait de l'intérieur.
Mais d'une part ça aurait été très égoïste et de l'autre il n'avait au fond de lui pas envie de les blesser. Ils faisaient face à leurs propres démons comme ils pouvaient.
Il ne pouvait pas comparer sur la même échelle sa propre douleur et celle de la famille Weasley, par exemple. Il avait passé sa vie à souffrir mais n'avait ni perdu un fils, ni un frère de sang.
La pensée de son égoïsme vis-à-vis de cette famille qui l'avait toujours soutenu parvenait généralement à remettre ses pensées dans le droit chemin. Il s'interdisait de divaguer en pleine journée, mais le matin lorsque sa conscience s'éveillait, c'était trop difficile. Aujourd'hui était un jour qui commençait mal, plus que les précédents. Il sentait que ça n'irait pas en s'améliorant.
Perdu dans ses pensées, il était resté planté au milieu de la chambre, les bras ballants et le regard dans le vide. Il sursauta lorsque la porte de la minuscule chambre s'ouvrit pour laisser passer Ron habillé de pied en cap et les cheveux encore humides de la douche.
Un regard au réveil. Sept heures. Merlin, j'ai encore perdu du temps.
« Qu'est-ce que tu fous mon vieux ? Ça va pas ? »
Le rouquin fixait bizarrement son ami. Harry pouvait comprendre pourquoi. Il était toujours le premier debout d'habitude. Ce n'était pas dans ses habitudes de traîner en pyjama dans sa chambre à l'heure du petit déjeuner.
« Non, non, ça va. T'inquiète. J'ai trop dormi, je viens de me lever ! »
La mine de Ron se détendit.
« Ah je vois, monsieur a voulu faire la grasse matinée en traître ! Bravo ! Plaisanta-t-il. »
Harry se força à sourire. Depuis quand se forçait-il à faire ce que tout un chacun considère comme naturel? En tout cas, puisqu'on ne lui posait pas trop de questions, il ne devait pas être un si mauvais acteur.
Avec le recul qu'il ne voulait pas avoir, il aurait constaté qu'il avait fait ça toute sa vie. Ça expliquait en grande partie sa profonde envie de fuir qu'il refusait d'admettre, ou tout du moins de mettre en pratique.
Ron redescendit au rez-de-chaussée et Harry se dépêcha de se préparer. Il n'avait plus de temps à perdre s'il ne voulait pas être en retard.
Lorsqu'il arriva à son tour dans la cuisine du Terrier, il fut accueilli par une étreinte de Molly Weasley qui surveillait une préparation grisâtre se verser toute seule dans un bol. La cuisine de Molly subissait des hauts et des bas en fonction de l'humeur de la cuisinière.
Il prit place sur le banc à côté de Ron, occupé à dévorer des tartines. La fin de sa croissance n'empêchait pas le dernier fils Weasley de continuer à manger comme quatre, au grand désespoir d'Hermione. D'ailleurs, en parlant du loup, Harry ne la voyait pas dans la pièce. Il accepta le bol de porridge que lui tendit Molly.
« Où est Mione?
- Déjà partie, répondit Ron, la bouche pleine. »
Harry ne chercha pas à en savoir plus et entama son petit-déjeuner. Deux semaines plus tôt, Hermione avait fait rapatrier ses parents d'Australie, après avoir longuement hésité. Elle trouvait que c'était égoïste de les faire revenir dans ce monde alors qu'ils étaient sûrement très heureux là où ils étaient, mais la période de paix retrouvée incitait au rapprochement des liens familiaux et elle avait fini par se décider.
Les choses ne se passant pas toujours de la meilleure des manières, elle n'avait pas encore réussi à les libérer du lourd sort d'amnésie qu'elle leur avait elle-même infligé pour les protéger. Il y avait un vague progrès depuis quelques jours cependant: ils se souvenaient avoir vécu en Angleterre et avoir eu une fille, mais ne recollaient pas ces souvenirs avec Hermione. Comme au temps de Poudlard, elle passait son temps plongée dans des grimoires, ou à discuter avec des spécialistes de Sainte-Mangouste et cherchait même du côté de la psychologie moldue, en désespoir de cause.
Elle n'était donc pas très présente au Terrier. De fait, seuls Ginny, Molly et George y passaient leurs journées. Les autres ne faisaient que se croiser, au rythme de leur emploi du temps respectif.
« Tu fais quoi aujourd'hui? »
Harry releva la tête de son bol.
« Encore au département de la Justice Magique avec Kingsley, on n'a pas terminé de traiter les chefs d'accusations de certains Mangemorts.
- J'imagine que ce sera un peu plus palpitant que de valider la reprise de fonction des commerçants du Chemin de Traverse, soupira Ron.
- Oh, dur. »
Harry essaya de donner un peu de sentiment à sa voix, pour que son ami se sente soutenu.
« Ouais, mais ce ne sera jamais pire qu'un double-cours de potions, hein! »
Le brun serra les dents. Il aurait préféré que Ron mentionne la divination ou l'histoire de la magie, par exemple. La mort de Severus Rogue était encore trop présente dans son esprit. L'homme avait été une ordure avec lui toute sa scolarité, c'était un fait. Et Harry l'avait détesté de toute son âme. Mais il lui était reconnaissant au moins d'une chose, c'était d'avoir été vrai avec lui - à défaut de lui avoir appris la moindre chose à propos des potions.
S'il devait être totalement honnête avec lui-même, il devait avouer qu'avec la disparition de son ancien professeur, il ressentait encore plus fortement la distance avec ses propres parents. Les Maraudeurs étaient morts, tout comme la plupart des gens qui avaient bien connu ses parents.
La guerre avait décimé des générations entières.
Harry ne s'était pas attendu à ce que sa mère et Rogue aient été aussi proches un jour. On lui avait toujours parlé d'elle comme d'une jeune fille flamboyante, sincère et aimante, bien loin de l'image qu'il avait du sombre professeur de potions.
Il se rendit soudainement compte que Ron attendait une réaction à sa remarque et tenta un vague sourire qui tenait plus de la grimace. Il termina son déjeuner et remonta prestement à l'étage. Harry occupait la chambre de Bill, en face de celle de Ron. Ginny traversa le couloir en direction de la salle de bain et baissa les yeux en passant devant Harry, qui se gratta l'arrière du crâne. Ils se saluèrent à mi-voix et se hâtèrent dans leur pièce respective.
Harry n'avait pas non plus profité du retour de la paix pour renouer plus qu'amicalement avec la plus jeune Weasley. Il n'en avait plus envie; encore plus parce que c'était ce que tout le monde attendait de lui. Ginny était sa sœur, au même titre qu'Hermione - même s'il n'avait jamais eu de rapports avec Hermione et qu'il ne partageait donc pas de regards gênés avec elle.
Il n'avait même pas eu besoin de le lui expliquer, soit elle avait compris toute seule, soit elle avait elle-aussi ses propres problèmes et raisons de ne pas revenir vers lui. Malgré tout, ce n'était pas si mal comme situation.
Harry récupéra sa veste, jeta un coup d'œil au réveil - définitivement en retard -, renonça à se laver les dents puisque Ginny occupait la salle d'eau et rejoignit directement son meilleur ami pour transplaner au Ministère de la Magie.
[...]
Les procès des Mangemorts se succédaient les uns après les autres dans une ambiance sordide. Beaucoup n'avaient pas survécu à l'Attaque de Poudlard, d'autres se cachaient, comme Alecto et Amycus Carrow, mais une poignée d'entre eux était enfermée à Azkaban en attendant leur jugement. Mulciber et Avery n'avaient eu qu'une importance limitée pour Voldemort, aussi avaient-ils écopés de peines plus légères que Nott, Dolohov et les frères Lestrange, Rabastan et Rodolphus. Enfin, tout était relatif puisque le ministère s'était assuré qu'aucun d'entre eux ne puisse ressortir d'Azkaban sur deux pieds. Il y avait simplement des moyens plus radicaux d'en terminer avec cette lie de l'humanité.
Douze procès avaient eu lieu ces huit derniers jours et c'était loin d'être terminé, même si les séances dureraient sûrement moins longtemps puisqu'on avait décidé de juger les pires en premier.
La veille, Narcissa Malefoy avait été jugée et condamnée à six mois de prison. Elle ne portait pas la marque des Ténèbres et Harry avait fait savoir qu'elle lui avait permis d'échapper à Voldemort lors de la bataille de Poudlard. Harry n'avait pas eu pitié d'elle à proprement parler, il voulait juste que justice soit faite et elle ne méritait pas la sentence de ceux qui avaient choisis pleinement de rallier les troupes du Mage noir. Elle n'avait pas demandée à être mariée avec un de ses partisans, après tout. Néanmoins, elle était complice des enlèvements et atrocités commis sous son toit.
De façon surprenante, Lucius avait quant à lui échappé de peu au baiser du détraqueur, signe qu'il lui restait malgré tout quelques soutiens parmi les membres du Magenmagot. En bon homme politique qu'il était, il avait su garder cachés la plupart de ses méfaits en tant que Mangemort, à tel point que seule l'utilisation du veritaserum sur lui avait convaincu les plus bornés des juges. Même si on n'avait rien de concret à lui reprocher en terme de destruction de villages moldus comme Nott senior ou Bellatrix Lestrange, il avait participé à des batailles significatives et son comportement de faux-jeton n'avait pas été particulièrement apprécié. Il était condamné à passer le reste de ses jours dans la sombre prison des sorciers.
Et aujourd'hui, c'était le procès de leur fils unique, Drago Malefoy, accusé de porter la marque des Ténèbres, d'avoir assassiné Albus Dumbledore et d'avoir pris part à des raids contre les moldus. Harry était une fois encore présent dans la salle d'audience - Sauveur du monde sorcier oblige. Il était certain d'avoir passé plus de temps dans cette pièce qu'au Terrier cette semaine. C'était complètement déprimant.
S'il n'avait pas témoigné au procès de Lucius, il savait qu'il allait probablement prendre la parole à celui de Drago. Personne d'autre que lui n'avait vu que la mort du Directeur de Poudlard était l'œuvre de Severus Rogue. Et bien qu'il ne soit pas subitement devenu ami avec le blond depuis son revirement pendant la bataille de Poudlard, il avait au moins conscience qu'il fallait voir sa situation avec précautions. La marque délavée sur son avant-bras ne voulait pas tout dire.
Harry ne savait pas ce qu'il allait dire. Son cerveau était en veille. L'audience commença sans qu'il soit pleinement attentif. Assis en bas des gradins, pâle et droit dans le fauteuil en bois, Drago Malefoy semblait aussi vide que lui, aussi inexpressif.
Les témoins se succédèrent les uns après les autres. Finalement, on appela Harry à témoigner. Il descendit jusqu'à se retrouver à quelques mètres de son ancien rival et se tourna face aux membres du Magenmagot, graves dans leur robe pourpre. Il chassa de sa mémoire ses souvenirs de cet endroit.
« Veuillez prêter serment.
- Moi, Harry James Potter, jure sur ma magie et l'honneur des sorciers de dire la vérité et d'aider la justice à triompher. »
Le serment ressemblait à ce qu'ils auraient pu trouver pour l'Armée de Dumbledore; mauvais timing Harry, songea-t-il.
« Depuis quand connaissez-vous l'accusé, Drago Lucius Malefoy?
- Nous nous sommes rencontrés lors de notre première année à Poudlard, il y a six ans.
- Diriez-vous que vous avez des informations qui peuvent nous aider à trancher sur sa culpabilité?
- Oui.
- Nous vous écoutons, monsieur Potter.»
Le brun prit une grande inspiration. Le silence dans la salle était pesant et c'était d'autant plus étrange qu'une centaine de personnes en plus des juges assistaient à l'audience.
« Drago Malefoy n'a pas tué Albus Dumbledore. »
Il attendit que l'agitation soudaine du public se tasse un peu avant de reprendre.
« Je comprends l'incompréhension du public, si ce n'est pas Drago, alors qui d'autre? Je vais vous le dire, car j'étais présent lorsque Dumbledore est tombé de la tour d'Astronomie de Poudlard. »
Harry parlait froidement, bannissant les sentiments de son récit. S'il commençait à se laisser aller à la peine, il allait sans aucun doute s'effondrer.
« Drago avait reçu pour mission de tuer le directeur. C'était une manière pour Voldemort de tester sa loyauté et se débarrasser d'un obstacle puissant. Mais vous savez, il n'est pas facile de tuer un homme, encore moins quand on a dix-sept ans et qu'on connait l'homme en question. »
Et le brun savait de quoi il parlait.
« Drago n'a pas pu. Il n'a pas pu lancer le sort. Alors pour leur éviter à tous deux de subir la colère de Voldemort, Severus Rogue, qui se trouvait là pour s'assurer que tout irait bien, s'est chargé de sa mission. »
De nouveau, le public remua. S'il avait eu le temps, Harry aurait défendu Rogue, mais en toute honnêteté, l'ancien professeur de potions n'aurait probablement rien à faire d'un hommage posthume, alors il s'abstint.
« Il n'a pas commis ce crime dont on l'accuse. De plus, je ne pense qu'il ait réellement eu le choix quant à son ralliement aux Mangemorts. Si je ne m'abuse, les familles de Sangs-Purs ne sont pas particulièrement tolérantes avec leurs membres déviants, de la même manière que Voldemort n'acceptait pas "non" comme réponse. »
Harry entendait le public chuchoter dans son dos. Les fantômes de Sirius et Regulus traversèrent un instant son esprit.
« Si je résume, monsieur Potter, intervint la sous-secrétaire - poste qu'avait un jour occupé Percy Weasley - vous demandez que soient retenus seules les accusations d'assassinat de Moldus et Nés-Moldus, est-ce cela?
- Assassinats sous la contrainte, précisa-t-il. »
Elle inscrivit les mots soigneusement sur son parchemin et Harry fut congédié. En retournant à sa place, il en profita pour observer le visage inchangé du blond. Bien que leur situation soit différente, ils essayaient visiblement de se protéger tous les deux avec une carapace.
Harry se replongea dans ses pensées pendant la suite du débat qui n'avait pas grande importance pour lui. Il avait fait ce qu'il avait pu pour que les juges aient les cartes en main. Il ne voulait pas utiliser son image pour obtenir la grâce de Drago, parce que d'abord, le blond était trop fier pour supporter de lui être redevable, et en plus Harry avait juré de laisser la justice se faire.
Deux longues heures plus tard, les juges revinrent de leur conciliabule et délivrèrent le verdict.
« Drago Lucius Malefoy, au vu des charges retenues contre vous, nous vous condamnons à un an de détention à Azkaban. »
Le public gronda plus qu'il n'accepta cette sentence et Harry pouvait comprendre leur rancœur. Les Malefoy n'étaient vraiment pas bien vus par l'opinion publique. Quant à lui, Harry fut assez soulagé. Certes, un an non loin des détraqueurs pouvait suffire pour perdre la tête, mais il aurait pu prendre tellement plus lourd... Les juges l'avaient écouté. Ils avaient fait confiance à Potter-le-Sauveur. Réprimant un grognement, Harry profita de l'agitation de la salle pour s'enfuir discrètement. Il n'avait pas envie de faire face à ses amis et aux Weasley qui avaient assisté à l'audience, pas tout de suite. Il fallait qu'il rentre au Terrier avant eux.
La remontée jusqu'à la surface parut sans fin, un peu comme les cachots de Poudlard, en moins humide. Harry se glissa dehors pour être accueillis par des trombes d'eau. Le temps qu'il transplane au Terrier et traverse le jardin jusqu'à la porte d'entrée, son moral s'échoua dans ses chaussettes qui prenaient tranquillement l'eau.
[...]
« Harry? Tu peux passer me voir dans mon bureau, s'il-te-plaît? »
Le brun releva la tête pour croiser le regard perçant de Kingsley. Il était en train de discuter avec Ron de l'importance de connaître le sort de Saucissonnage quand on était Auror. Une conversation passionnante.
« Euh, d'accord. »
Il fit un mince sourire d'excuse à son ami et suivit le Ministre de la Magie jusqu'à son bureau, dans le dédale de couloirs du Ministère. Ils ne parlèrent pas avant d'arriver et seul le bruit feutré de leurs pas sur la moquette dérangea le cours des pensées d'Harry. Kingsley avait sans doute besoin de lui pour un poste et quelque part, il sentait que ça n'allait pas lui plaire.
Mais ce n'était pas comme s'il avait le choix, n'est-ce pas?
Il s'installa en face du Ministre, derrière le large bureau recouvert de dossiers.
« Comment vas-tu Harry? demanda le plus âgé. »
Harry leva les yeux au ciel. Il avait l'impression de se retrouver dans le bureau d'Albus Dumbledore, examiné par son regard inquisiteur.
« Bien, merci Kingsley. »
Allait-il entrer dans le vif du sujet ou continuer à tourner autour du pot?
« Que voulez-vous me proposer?
- Tu n'es pas sans savoir que la reconstruction à Poudlard avance bien. »
Harry hocha la tête, Hermione, qui passait son temps à la bibliothèque pour ses recherches, en parlait souvent.
« Mais? »
Kingsley prit un air paternel. Harry détestait quand il faisait ça. Il avait l'impression d'être redevenu un première année.
« Cependant, nous avons besoin de sorciers puissants pour aider à rétablir les sorts de protection avant de continuer à progresser.
- Je croyais que le château se protégeait tout seul, s'étonna sincèrement le jeune homme. »
Hermione serait fière de lui: après toutes ses années, il avait enfin lu l'Histoire de Poudlard - tout du moins des morceaux.
« Bien sûr, il a ses propres défenses, comme nous l'avons vu pendant la bataille de Poudlard. En fait, les protections ajoutées par les différents directeurs au fil des siècles se sont imbriquées les unes dans les autres et mélangées avec la magie des quatre fondateurs invoquée il y a plus de mille ans. Mais elles ont été bouleversées par l'attaque et Minerva n'est pas directrice depuis assez longtemps pour que ce soit déjà efficace. Il faut que des sorciers puissants comme toi joignent leur magie à l'ancestrale toile tissée pour rétablir l'équilibre, expliqua lentement le ministre. »
Harry n'était pas persuadé de tout comprendre, même s'il sentait que Kingsley faisait un effort pour rendre ça abordable. Il continua de le fixer sans rien dire.
« Tu peux voir ça comme une réparation sur une pièce de tissu trouée. Les protections forment un entrelacs de sorts, et par endroit il en manque. Et comme pour le tissu, si les dommages sont trop graves, il faut une intervention extérieure. »
Ce qui choqua le plus Harry dans tout ça, c'était le parallèle avec le tissu. Il ne savait pas de quelle manière les sorciers avaient pour habitude de recoudre leurs vêtements, mais s'ils le faisaient avec la magie - il se rappela du mètre enchanté dans la boutique de Mme Guipure à Pré-au-lard - comment Kingsley connaissait-il un moyen moldu? Il se rendit compte du chemin que prenaient ses pensées et fronça les sourcils. Il devait sérieusement arrêter de divaguer, surtout quand il discutait avec Kingsley qui scrutait la moindre de ses expressions.
« Je crois que je comprends. Sauf que je ne saisis pas pourquoi vous me voulez là-bas.
- Je te l'ai dit Harry, tu es un sorcier puissant. »
Le brun leva les yeux au ciel et sa contrariété connu un nouveau pic quand Kingsley lui fit un petit sourire entendu.
« Ce n'est pas parce que j'ai battu Voldemort que je suis puissant, remarqua-t-il calmement. Je n'ai même pas mes ASPIC!
- Tu n'as pas eu le temps de les avoir, ça ne veut pas dire que tu ne les mérites pas. »
Kingsley avait toujours réponse à tout, c'était agaçant.
« Et puis d'ailleurs, vous allez encore vous servir de mon image pour montrer que tout va bien parce que le prétendu Sauveur du monde sorcier s'investi dans sa reconstruction, n'est-ce pas? Rétorqua-t-il, plus sèchement que ce que la politesse préconisait.
- Pour qui me prends-tu, Harry? Ce n'est pas de la manipulation comme tu sembles le penser. On ne se sert pas de toi pour gagner de l'argent ou pour avoir plus de soutien électoral. »
Il approuva à contrecœur.
« Tu aides à redonner confiance aux sorciers. Tu contribues à apaiser les douleurs et les tensions qui subsistent.
- La cause peut être noble, ça reste quand même de la prostitution de l'image. »
A un autre moment, Harry aurait pu être satisfait de voir Kingsley perdre son flegme habituel. Pour l'instant, il était trop concentré sur la conversation.
« Harry, j'ai parfois l'impression que tu ne me fais pas confiance. »
Le brun manqua de souffler d'irritation.
« Si je ne vous faisais pas confiance, je ne serai pas là, Kingsley. J'ai simplement du mal à imaginer que les gens puissent aller mieux en me voyant alors que j'ai juste envie d'être à mille lieues d'ici. »
Il se sentit vaguement mieux après avoir dit ça, bien que Kingsley ne soit pas forcément l'interlocuteur rêvé à qui faire cette confession.
« Je sais que ce que je te demande n'est pas facile pour toi, je ne suis pas aveugle, accorda le ministre. Cette période est à double-tranchant. On ressent une joie sans précédent parce que la guerre est bel et bien terminée, ce qui ne nous empêche pas pour autant de penser à tous les sacrifices qui ont été faits pour en arriver là. »
Et Dieu sait qu'Harry avait fait sa part.
« Pour toi qui a passé ta vie avec littéralement la guerre à tes côtés, c'est normal d'être perdu maintenant, d'avoir le sentiment de ne plus avoir aucun but. »
Harry décrocha du discours plein de bonnes intentions de Kingsley, qui parlait d'une voix grave, mais presque cajolante. Il lui en voulait de discerner aussi bien ses sentiments, à croire qu'Harry était un livre ouvert! En plus, l'absence de but à long terme n'était pas son principal problème, il avait bien plus de difficultés avec son statut de héro.
Kingsley parlait et Harry fixait le mur en face de lui, les yeux dans le vague. Lorsque l'homme se rendit compte qu'il avait perdu son auditeur, il soupira et se passa la main sur le visage. Harry resta plongé dans ses pensées.
Le ministre ne savait pas du tout comment agir avec lui; personne ne savait car personne n'avait vécu ce que lui avait vécu. Bien sûr, de nombreuses familles avaient souffert, pendant plusieurs générations. Des orphelins, il y en avait des tas. Mais des orphelins victimes d'une prophétie et avec un mage noir aux trousses, ça ne courait pas les rues.
S'il avait cru au début qu'Harry était un gamin un peu déluré, avec un goût prononcé pour le quidditch et les bêtises en tout genre, il avait changé d'avis en le voyant pour la première fois, deux ans plus tôt, au 12 Square Grimmault. Il s'était dit que le jeune Potter avait une maturité - si on oubliait sa tendance à ne pas écouter les adultes - étonnante pour son âge, ce qui au fond n'avait rien d'étonnant quand on pensait un instant à la pression qu'il avait sur les épaules depuis son entrée dans le monde sorcier. Et cette gravité visible sur son visage dès qu'il se retirait dans ses pensées n'avait fait qu'empirer avec le temps.
Kingsley était tiraillé entre sa responsabilité morale, veiller sur Harry maintenant que Sirius, Remus et Albus n'étaient plus là, et ce que préconisait son devoir de Premier ministre, à savoir utiliser Harry comme un symbole pour motiver la population. Il avait une grosse pression de ce côté-là.
Et manifestement, Harry rejetait l'un comme l'autre.
Il claqua dans ses mains et le jeune homme revint à lui, un air déconcerté sur le visage.
« Je vais te proposer un compromis, annonça Kingsley. »
Le brun se laissa aller dans son fauteuil, sceptique.
« Je persiste à croire que tu es puissant. Tu étais peut-être le seul à pouvoir mettre fin au règne macabre de Voldemort, mais tu aurais très bien pu mourir au lieu de le tuer. Si tu as gagné contre lui, je suppose que ça prouve ta supériorité. Alors je renouvelle ma proposition de venir à Poudlard. »
Comme Kingsley semblait attendre un signe de sa part pour continuer, Harry acquiesça lentement.
« Et pour te prouver que je te demande ça pour ta puissance et non pour ta célébrité, je n'ébruiterai pas ta présence là-bas. »
Harry écarquilla les yeux et Kingsley eut presque envie de sourire. Enfin, il parvenait à un résultat.
« Vous... je... commença-t-il, perdu dans ce qu'il voulait dire. Je suis flatté que vous m'estimiez capable de faire ça, mais honnêtement, j'ai du mal à imaginer que vous y gagniez quelque chose, avoua-t-il, incertain. »
Kingsley fut frappé par la façon dont Harry passa d'un refus en bloc de lui servir de symbole à cette inquiétude de ne pas être suffisamment utile. Etait-il à ce point perturbé? Ça avait quelque chose de profondément dérangeant.
« J'aimerai que tu me croies, Harry. J'ai confiance en tes capacités et même si je ne te cache pas que j'aurai préféré pouvoir parler de ta présence là-bas, je respecte ton besoin d'être tranquille, annonça-t-il d'un ton calme. »
Un rire nerveux lui répondit. Puis il l'entendit murmurer, les yeux rivés sur la moquette.
« Eternellement une déception, n'est-ce pas? »
Il comprit que ça ne lui était pas destiné quand Harry releva la tête pour le regarder dans les yeux.
« Je veux bien vous aider pour Poudlard, déclara-t-il. »
Kingsley mit de côté dans sa tête la remarque préoccupante d'Harry et au lieu de lui poser des questions qui le braqueraient sans doute, il lui sourit.
« Je te remercie. Dans combien de temps penses-tu pouvoir partir? »
Le jeune homme haussa les épaules.
« Quand vous voulez, je n'ai pas spécialement d'impératifs ici.
- Très bien, alors je t'enverrai un hibou au Terrier avec les indications d'ici un à deux jours, d'accord?
- Ok. »
Ils se levèrent tous les deux et se serrèrent la main par-dessus le bureau.
« Prends soin de toi, Harry.
- Mm, à bientôt Kingsley. »
Harry quitta le bureau sans se retourner et Kingsley se laissa retomber dans son fauteuil, las. De qui avait parlé Harry, concernant la déception? Aussi déplaisant à croire que ce soit, il avait l'intuition que le jeune s'était désigné lui-même.
Alors c'était ça? Il n'arrivait vraiment pas à admettre qu'il avait des capacités largement supérieure aux jeunes de son âge et se voyait comme un perdant? C'était absurde. Sans toutefois avoir supposé qu'Harry était narcissique, Kingsley n'avait pas envisagé cet extrême-là, pas du tout.
Il allait devoir trouver un moyen de redonner confiance au jeune sorcier.
[...]
Harry fixait le fond de son bol vide dans la cuisine du Terrier lorsqu'un bruit sec et répété le sortit de sa transe. Ça devait probablement faire un moment car Ginny apparut du salon et passa à côté de lui dans une envolée de cheveux roux pour ouvrir au hibou qui attendait derrière la fenêtre au-dessus de l'évier.
L'oiseau s'envola pour atterrir un instant plus tard sur la table en bois, à côté du bol d'Harry. Il détacha le rouleau de parchemin de sa patte et lui offrit une rapide caresse. Le petit hibou aux plumes claires frotta sa tête contre la paume du jeune homme d'un air ravi et quand la caresse cessa, il lissa ses plumes d'un air important avant de repartir de là où il venait. Ginny qui n'avait pas bougé ferma la fenêtre derrière lui et, après hésitation, prit place à table en face d'Harry. S'il vit le trouble de la jeune fille, il n'osa pas lui demander de le laisser seul.
Il déplia le parchemin et s'absorba un instant dans la lecture. Le contenu n'était pas très long, Kingsley n'était pas du genre à faire des détours inutiles à l'écrit - ce qui était curieux quand on le connaissait en vrai. Quand il reposa la missive sur la table pour se frotter l'œil d'un air ennuyé, Ginny ne tint plus et prit la parole.
« Des mauvaises nouvelles? »
Harry prit sur lui de rassurer la jeune fille.
« Non, pas vraiment. C'est juste... Kingsley qui me demande d'aller à Poudlard pendant quelques temps.
- Et ça ne te fait pas plaisir? S'inquiéta-t-elle précautionneusement. »
Elle avait l'air perplexe. Il pouvait facilement deviner pourquoi. Ce n'était un secret pour personne qu'Harry considérait Poudlard comme sa maison.
« Ce n'est pas ça, enfin... Je n'ai pas trop envie de me mêler à d'autres gens en ce moment, tu vois? Avoua-t-il. »
La jeune Weasley lui envoya un sourire réconfortant.
« Il n'y a pas de problème avec ça, Harry. Tu n'auras qu'à demander qu'on te laisse tranquille. »
Si c'était aussi facile, pensa-t-il.
« Tu vas... Tu vas y rester longtemps?
- Kingsley dit qu'il y en a pour quelques semaines maximum. Je crois que ça va dépendre de la puissance de la magie des sorciers présents et de leur complémentarité. »
Ginny parut ne pas comprendre et Harry se rendit compte qu'il n'avait pas précisé pour quelle raison il s'y rendait.
« On va réparer les protections du domaine, en fait.
- Oh, d'accord.
- Je ne sais pas du tout qui d'autre a été sollicité par Kingsley, ajouta-t-il.
- Ne t'en fait pas, je suis sûre que ça se passera bien. Et puis après ça, il te laissera sûrement prendre un peu de repos, non? Tu as l'air épuisé. »
Harry afficha un mince sourire de façade.
« Je penserai à lui demander des vacances, bonne idée. »
Il se leva pour mettre son bol dans l'évier et monta à l'étage avec le message après avoir salué Ginny.
Une fois dans sa petite chambre éclairée par le soleil matinal, il s'allongea sur le lit et fixa le plafond. Il ne savait pas s'il était satisfait ou non de partir pour Poudlard. Kingsley lui avait assuré qu'il n'avait pas à s'en faire pour la compagnie et l'avait même reprécisé à la fin de son message. La perspective de passer du temps loin du ministère et du Terrier où il portait sans cesse un masque ne le réjouissait pas autant que ça aurait dû, sans qu'il sache pourquoi. Il se sentait juste... vide. Comme anesthésié de tout. Preuve en était qu'il n'avait pas eu de rêves sordides la nuit précédente, fait suffisamment rare pour être noté.
En plus, Ron allait probablement être un peu jaloux, puisqu'Harry retournait à Poudlard pendant que lui se tapait de la paperasse au ministère. Il ne savait pas s'il valait mieux être sincère et dire que ça ne l'enthousiasmait pas, au risque de susciter l'incompréhension de ses amis, ou s'il devait faire semblant, au risque de se faire effectivement envier par Ron. Il n'avait aucune envie de se prendre la tête avec ce genre de chose, si bien qu'il songea un instant à partir plus tôt pour ne pas avoir à prévenir tout le monde.
Ce qui n'était pas forcément une excellente idée. Hermione et Ron seraient capables de lui tomber sur le coin du nez une fois qu'il serait là-bas et il n'avait pas envie de ça non plus.
Il finit par se dire qu'il leur annoncerait la nouvelle sincèrement, avec son humeur du moment. Et tant pis pour le reste.
Sa journée se résuma à errer dans sa chambre, l'esprit encombré par toutes sortes de choses. Il n'avait pas faim à midi quand Molly appela les enfants présents pour le repas et resta dans sa chambre. Lorsqu'il descendit vers dix-sept heures pour aller faire un tour dans le jardin, il croisa George, vêtu d'un pantalon de sport et en sueur. Le rouquin le salua d'un signe de tête et s'éloigna prestement. Harry écouta le bruit de ses pas dans l'escalier avant de sortir.
Il n'avait pas vu George depuis quelques jours, en y repensant. Ça n'avait rien d'étonnant puisqu'il ne quittait que rarement sa chambre. Depuis qu'il avait crié des horreurs à sa mère quand elle avait tenté de le faire descendre dîner, plus personne n'osait le déranger. On le laissait vivre.
Harry n'avait aucune idée de ce que représentait l'amour fraternel. Il aimait Hermione et Ron, cependant il n'avait pas tout à fait grandis à leurs côtés et il voyait bien d'après les interactions des enfants Weasley entre eux que ce n'était pas le même type de relation.
Il pouvait encore moins imaginer ce que représentait un lien de gémellité, sinon que c'était au-dessus du reste. Et perdre son jumeau, la moitié de soi... Son cœur se serra et même si c'était douloureux, Harry fut soulagé de ressentir quelque chose, de ne pas simplement intellectualiser la notion de peine.
Il s'installa derrière la maison et regarda le soleil se coucher en s'efforçant d'avoir des pensées positives, ce qui ne fut au final pas très concluant. Il entendit les membres de la maisonnée rentrer les uns après les autres mais ne bougea pas. Il faisait presque complètement sombre dehors quand il se résolu à faire face à sa famille d'adoption.
Harry pénétra dans la maison par la porte du salon. C'est Hermione qui le vit en premier. Elle était assise sur le canapé, un livre sur les genoux.
« Oh, Harry! »
Elle sourit, posa son livre et vint jusqu'à lui pour l'enlacer. Il se laissa faire et embrassa sa joue. Seulement à ce moment-là, il se rendit compte qu'elle avait les yeux rouges.
« Tu as passé une bonne journée? Demanda-t-elle en allant se rasseoir sur le canapé. »
Harry haussa les épaules; il ne savait pas.
« Ça aurait pu être pire, se contenta-t-il de dire d'un ton morne. »
Il avait décidé de ne pas surjouer ses émotions, ce soir.
« Et toi, ça a été? »
Hermione baissa les yeux un instant et lui fit un pauvre sourire. Harry eut l'impression qu'elle allait se mettre à pleurer.
« Il y a des jours comme aujourd'hui où on se demande si ce qu'on fait a un sens. »
Ce n'était pas du tout du genre d'Hermione de prononcer une telle phrase et Harry commença à s'inquiéter. Est-ce qu'il s'était passé quelque chose de grave ou est-ce que c'était seulement le ras-le-bol qui mettait son amie dans cet état de nerfs? Il vint s'assoir à côté d'elle et passa un bras autour de ses épaules.
« Dis-moi ce qui ne va pas, Mione. »
Elle posa sa tête dans le creux du cou de son ami et soupira.
« Rien ne fonctionne... J'ai essayé tous les sorts possibles, les potions qui ne relevaient pas de la magie noire et même l'hypnose! Personne dans l'histoire n'a jamais eu besoin de rendre leurs souvenirs à des moldus, évidemment, remarqua-t-elle d'un ton amer.
- A quel stade en sont-ils? S'enquit Harry, incertain.
- Oh, ils m'adorent, ça c'est sûr. Mais ils ne savent pas que je suis leur fille. »
Sa voix se brisa sur la fin et Harry la sentit se mettre à pleurer sans bruit. Mal à l'aise car ne sachant pas comment l'aider, il se contenta de la tenir serrée contre lui et de lui caresser doucement les cheveux. Ron arriva dans la pièce et échangea un regard découragé avec Harry. Il s'installa dans un fauteuil en face d'eux et entama une discussion avec son ami, le plus naturellement possible. Ron avait lui aussi pris en maturité et en tact.
Le temps que Molly appelle tout le monde pour manger, Hermione s'était calmée. Elle s'essuya le nez et les yeux sur sa manche, ce qui, habituellement, n'aurait pas manqué de faire rire les garçons à qui elle reprochait souvent de ne pas savoir se tenir.
A table ce soir-là se trouvaient Arthur, Molly, Ginny, Hermione, Ron et Harry. C'était un peu plus animé que d'habitude, sans doute grâce à la présence du père de famille qui essayait de raconter des anecdotes du ministère, et Harry se surprit à penser qu'ils allaient lui manquer pendant son séjour en Ecosse. Hermione revenait tous les soirs quand elle passait ses journées à la bibliothèque du château mais Harry n'aimait pas prendre la Cheminette et ne voulait pas prendre le risque de transplaner sur une distance aussi longue.
Entre le plat et le dessert, Harry leur annonça son départ prochain, soutenu par le regard encourageant de Ginny en face de lui. Il ne savait pas pourquoi il s'était fait une montagne de cette annonce, car ils lui souhaitèrent tous un bon courage - même si effectivement, Ron fut un peu envieux.
Le dîner se termina dans un calme relatif, sans que personne ne demande à Hermione pourquoi elle avait les yeux rouges.
Ils avaient changé. La guerre les avait changés.
Dans la deuxième partie : Harry part à Poudlard, fait des rencontres, prend des décisions, bref il commence à agir ! J'espère vous revoir pour la suite.
Merci d'avoir lu et à bientôt!
PS: Vous pensez quoi du titre? J'ai hésité avec "Not your Saviour"...
