Marietta compta lentement jusqu'à dix, puis frappa à la porte. Une voix lui intima d'entrer, ordre auquel elle obéit. Aussitôt eut-elle mis un pied dans le bureau rose que son cœur chuta dans ses talons : elle avait espéré qu'Ombrage soit seule, mais trois membres de sa Brigade Inquisitoriale était toujours présents. Enfin, il était trop tard pour rebrousser chemin.

— Miss Edgecombe ? Puis-je vous aider ?

Marietta prit une grande inspiration, puis se lança.

— Voilà, on m'a dit que vous interrogiez des élèves ces jours-ci, à propos des regroupements illégaux, et… en fait ça fait quelques soirs que je n'arrive plus à dormir, parce que je redoute le moment où vous arriverez à moi. Vous voyez, je n'ai jamais été très courageuse – ni très douée pour garder les secrets – alors je savais que quand viendrait mon tour, je ne pourrais m'empêcher de tout vous raconter et que je serais punie. Et je déteste être punie. Je n'ai pas eu une seule retenue depuis le début de ma scolarité à Poudlard, vous savez. Je n'ai jamais fait quoi que ce soit qui allait contre le règlement. Je ne sais pas ce qui m'a poussée à commencer cette année…

Elle voyait son public s'échanger des regards ennuyés, alors elle se met à débiter son discours un peu plus vite.

— Il y a quelques mois, Harry Potter et ses amis ont lancé un club secret, dans lequel on s'entraîne à utiliser des sortilèges d'attaque et de défense. Il dit que c'est à cause de Vous-Savez-Qui, qu'il faut se préparer pour quand il reviendra au pouvoir, pour être capable de se battre. Hermione a créé un moyen secret de communiquer, et on se rencontre à peu près une fois tous les dix jours, dans la Salle sur Demande.

Marietta leva une main pour se gratter le nez.

— Vous connaissez la Salle sur Demande ? Au septième étage, devant la tapisserie de Barnabas le Follet. Il faut passer trois fois devant le mur en pensant précisément à ce qu'on veut, et une porte apparaît. C'est Neville qui l'a trouvée en début d'année, en cherchant un grand lieu où une vingtaine d'entre nous pourrions nous entraîner en secret et sans se blesser. Pour nous, c'est toujours une grande salle d'entraînement, avec des tapis, des mannequins sur lesquels on peut lancer des sortilèges, des grands miroirs pour pouvoir regarder et corriger notre posture, s'il faut. C'est assez pratique, il faut dire. On a beaucoup appris, en fait, plus que…

Marietta vit alors que ses quatre auditeurs la fixaient avec des yeux ronds. Elle s'empressa alors de se justifier.

— Pas qu'on aura besoin de tout ça ! Je sais bien qu'on n'aura pas à se battre. Je n'ai jamais cru que Vous-Savez-Qui était vraiment de retour, mais quand mon amie Cho m'a encouragée à m'inscrire à ce club, je me suis dit que ça ne pouvait pas faire de mal. Je voulais juste apprendre à lancer des sortilèges. Quand le professeur Lockhart a organisé le club de duel, alors que j'étais en troisième année, je me suis découvert une passion pour cette discipline, et c'est ça que je voulais retrouver dans l'AD, je ne voulais pas réellement m'inscrire dans les rangs d'une armée.

Quand Ombrage ouvrit la bouche pour l'interrompre, Marietta continua, encore plus vite, sans lui laisser le temps de dire un mot.

— Mais voilà, quand j'ai su que vous cherchiez à en savoir plus sur ce groupe, et que vous interrogiez des élèves à ce propos, j'ai su que je ne pouvais plus garder ça pour moi. Mes parents m'ont élevée à toujours suivre les règles, même s'il m'en coûte de le faire, alors je devais venir vous en parler. Je pourrai toujours m'entraîner à devenir duelliste ailleurs. Peut-être pourrait-on en profiter pour faire renaître le club de duel…

Marietta se gratta la joue.

— Bref, c'est pour ça que je suis venue aujourd'hui. Comme ça vous pourrez mettre fin à vos interrogations. Vous savez, personne ne pensait à mal, dans le club. On voulait juste apprendre des sortilèges. Même si leur raison de le faire n'était pas bonne, ce n'est pas très grave, si ? On ne faisait que s'éduquer. J'espère que vous ne me punirez pas trop sévèrement pour vous avoir raconté tout ça.

Puis, comme une arrière-pensée :

— Et eux non plus. Ils ne faisaient de mal à personne.

À ce moment, Marietta leva les yeux et vit son propre reflet dans le miroir derrière le bureau d'Ombrage. Elle écarquilla les yeux en voyant les grosses pustules rouges qui avaient émergé sur sa peau pâle. Elle n'eut que le temps de lire le mot « cafard » imprimé sur sa peau avant de quitter le bureau à la course.

Mais le mal était fait.