'avec une voix très grave' Oh oh oh ! Que vois-je ? Des petits lecteurs assemblés autour du sapin, les yeux brillants d'impatience ! Avez-vous été bien sages, cette année ? Avez-vous comblée votre auteur favorite (j'espère bien, que je suis la favorite…) de reviews dithyrambiques ? Avez-vous fait preuve de patience envers elle ? Bon, pour ce qui est de ce dernier point on en est moins sûrs, mais ça devrait aller… Allez, bonne lecture. Et surtout JOYEUX NOËL !
« Everybody wants to be a cat,
because the cat's the only cat
who knows where it's at. »
Peter s'éveilla de sa sieste en début de soirée. Non pas qu'il savait lire l'heure, mais la luminosité ambiante ainsi que le silence relatif qui régnait sur le laboratoire lui permettaient d'estimer assez précisément le moment de la journée. S'étant redressé, il constata que le dessous de l'armoire était définitivement trop étroit pour s'y étirer, et il se glissa hors de sa cachette pour poursuivre ses exercices dans davantage d'espace. Il se sentait beaucoup mieux, à présent, et parfaitement en forme. Il n'avait pas faim. Plissant les yeux et rétrécissant ses pupilles, il balaya la pièce du regard. Il avisa Walter, penché sur un microscope. Il ne semblait pas lui prêter attention, et dans l'immédiat cette situation convenait à Peter. Il ne s'ennuyait pas à ce point là. Astrid, elle, était absente. C'était peut-être également une bonne chose : il se pouvait fort qu'elle soit partie faire quelques courses, et il n'était pas rare qu'elle ramène des choses intéressantes, délicieuses et comestibles de ses petites virées. Peter s'en lécha les babines d'anticipation.
Bon, tout ça c'était bien joli, mais il commençait à s'ennuyer ferme. Il fallait qu'il trouve quelque chose à faire. Quelque chose d'amusant… Dans son ancienne maison, quand il s'ennuyait, il jouait à la bagarre avec le long rideau qui tombait jusque par terre. Mais ici, il n'y avait pas de rideaux. Une fois, il s'était amusé à pourchasser à travers le laboratoire, sautant sur les tables et les étagères. Il avait flanqué un joyeux bazar, et Walter n'avait même pas été en colère, au contraire même, il avait beaucoup ris. Mais bon, pourchasser dans le vide, ça va cinq minutes. Peut-être pouvait-il chercher de nouvelles cachettes où se rouler en boule ? Certes, il l'avait déjà fait. Mais ça serait drôle quand même…
Un meuglement attira son attention, et ses yeux brillèrent d'une lueur inquiétante tandis qu'il les levait sur la vache. Voilà ! Ça, c'était une bonne idée ! Il allait jouer avec la vache ! Passablement ravi, il se mit debout et trottina gaiement vers sa cible. À mi-chemin, une nouvelle idée lui traversa l'esprit et, profitant de ce que le ruminant ne l'avait pas encore aperçu, il se tapi sur le sol et rampa hors de son champs de vision. Il la contourna à pas de velours et se dissimula sans mal dans la paille qui jonchait son box. Là, ça devenait plus délicat : il devait faire bien attention à ce qu'elle ne l'écrase pas par inadvertance, tout en demeurant invisible et silencieux. Tel le puissant chasseur, Peter rampa, mètre par mètre, vers sa proie, calculant d'avance sa trajectoire : il lui suffirait de bondir sur le bord de la mangeoire, et de là sur son dos. Juste assez de temps pour sortir ses griffes, et alors…
- MEUH !
- Peter ! Voyons ! Ce ne sont pas des manières !
Allons bon ! Ce stupide animal avait fini par attirer l'attention de Walter, qui saisit Peter par la peau du cou avant qu'il n'ait le temps de s'enfuir du dos de Gene, et retourna s'asseoir non sans le poser sur ses genoux. Peter amorça un geste pour s'enfuir, mais le savant entreprit de le gratter juste sous l'oreille et, complètement subjugué, il se roula en boule sur ses genoux en ronronnant, paupières mi-closes. Rien à faire, il l'aurait toujours, avec ça…
- Tu m'as appelé, Walter ?
Bishop fils venait de passer la tête par la porte du bureau, où il finissait de rédiger un rapport –il avait tiré à pile ou face avec Olivia et il avait perdu, bien qu'il la soupçonne fortement d'avoir triché… Il cherchait toujours comment on pouvait tricher à pile ou face, d'ailleurs… Son savant fou de père leva les yeux.
- Moi ? Non, je parlais au chat. Tu as fini ? ajouta-t-il, constatant que son fils attachait son manteau et passait sa sacoche en bandoulière.
- Ouais. Depuis quand t'as un chat ? Non, attend, oublie cette question : t'as appelé le chat Peter ?
- Ça lui va très bien, assura Walter, en soulevant le matou gris qui ronronnait sur ses genoux. N'est-ce pas, Peter ? J'en ai besoin pour une expérience…
- Pauvre bête, soupira son fils, en se dirigeant vers la porte.
Il avait déjà une main sur la poignée lorsqu'une terrifiante pensée lui traversa l'esprit, et il pivota sur ses talons.
- Walter ?
- Hum… ?
- Ôte-moi d'un doute : je n'ai absolument aucune inquiétude à avoir quant au fait que ce chat soit là pour une expérience et qu'il porte le même prénom que moi ?
- Mais non, voyons, que vas-tu chercher… ?
Peter préféra couper court et fiche le camps de là vite fait. Walter avait ce regard un brin machiavélique des mauvais jours, celui que devait avoir Frankenstein, ou le Docteur Jekyll… Et c'était pas bon signe…
F - F - F
Réflexion faite, et après avoir ouvert la porte de l'appartement d'Olivia, où il passait désormais davantage de temps que chez lui, il se demanda si Walter n'aurait pas été moins terrifiant que trois regards de femme –d'accord, un regard de fille et deux regards de femme braqués sur sa personne.
- Ouhlà, y a du monde ! Je repasserais…
- Toi, tu ne bouges pas… ! s'exclama Rachel en se levant du canapé sur lequel elle était assise pour se précipiter vers lui, le tirer à l'intérieur par le bras et claquer la porte derrière lui.
Elle lui fit face, les mains sur les hanches, et il s'attendit presque à se faire réprimander. Ella et Olivia assistaient à la scène, l'air passablement amusées. Un immense sourire fendit le visage de Rachel alors qu'elle lui tendait les bras.
- … Embrasse immédiatement ta futur belle-sœur, Monsieur-je-fais-tout-à-l'envers !
Songeant qu'il paraissait plus prudent d'obéir sagement et de remettre ses questions à plus tard, il la serra de bon cœur dans ses bras, non sans avoir fusillé sa désormais fiancée du regard. Non mais elles avaient pas bientôt toutes fini de se moquer de lui ?
- Dis donc, toi, je sais pas si on te l'a dis ou si t'as vécu comme un sauvage pendant tes années nomades, mais on est sensé demander la permission à la famille avant de demander une fille en mariage !
- Quoi ?
Pour le coup franchement interloqué, Peter se dégagea des bras de Rachel.
- Attendez : c'est quoi, ce cirque ?
- Ça fait bien deux bonnes heures qu'elle frise l'hystérie, l'informa Olivia en se levant pour venir l'embrasser et se lover dans ses bras. Ne fais pas attention, elle est un peu bipolaire depuis que je lui ai dis que…
- OH MON DIEU ! VOUS ALLEZ VOUS MARRIER !
- Voilà.
- Tante Olivia a dis que je pourrais être demoiselle d'honneur, lança Ella en trottinant jusqu'à eux pour que Peter la prenne dans ses bras aussi. Je peux ?
- Évidemment, répondit Peter en la soulevant de terre pour la chatouiller. De toute façon, c'est à Olivia de choisir les demoiselles d'honneur, mais tu feras ça très bien.
- Il faut fixer une date, gémit Rachel, qui semblait avoir retrouvé un semblant de calme après avoir sautillé dans toutes les pièces de l'appartement.
- Là dessus aussi, elle tourne en boucle depuis deux heures, soupira sa sœur aînée, en récupérant sa nièce pour permettre à Peter de poser sac et manteau. Elle devient sourde quand j'essaie de lui expliquer qu'on a deux ou trois autres urgences, en ce moment…
- À Noël ! À Noël, ce serait parfait ! Tellement romantique… ! poursuivait Rachel en s'élançant vers le salon.
- Rassure-moi, elle va s'en remettre ? s'enquit Peter, à l'oreille d'Olivia, l'air faussement inquiet.
Elle haussa les épaules pour toute réponse, un sourire malicieux sur le visage.
- Pas sûr. Dans un an ou deux, peut-être. Quand je lui ai dis, elle a pratiquement fondu en larmes et éclaté de rire en même temps. Ensuite elle m'a prise dans ses bras tout en jurant que tu étais un parfait abruti et qu'elle allait te tuer dès que tu allais rentrer.
- Oh, je devrais peut-être me considérer comme chanceux, alors ? demanda-t-il en se penchant sur elle.
Elle hocha la tête en riant juste avant qu'il ne l'embrasse. Ella se tortilla dans les bras d'Olivia.
- Beurk ! J'veux pas voir ! Laisse-moi descendre !
Sa tante fut ravie de lui obéir, ayant désormais les bras libres pour les passer autour du cou de Peter, qui la serra doucement contre lui. Il avait tendance à ne plus y penser dans la journée, mais, chaque fois qu'il voyait Olivia et se rappelait subitement qu'ils étaient fiancés, une onde de joie pure le traversait intégralement, quelle que soit la situation. Le sourire incroyablement stupide qui hantait son visage, à leur retour de France, avait dis à Walter tout ce qu'il voulait savoir et, après une petite danse de la victoire qui avait failli tourner au strip-tease, il s'était contenté d'aller embrasser Olivia et de lui dire d'un ton très calme et très sérieux qu'elle pouvait l'appeler Papa, désormais. Complètement surréaliste. Enfin, encore plus que d'habitude. Mais bon, rien à foutre, ils allaient se marier. L'univers pouvait bien s'affaisser sur lui-même, ça ne l'intéressait plus.
- Eh, les amoureux ! Faut le dire, si on dérange, hein ?
Un petit rire les traversa, impossible de dire de qui il était venu, tandis qu'ils tournaient simultanément la tête vers Rachel, qui les observait d'un air très satisfait.
- Pourquoi tu nous regardes comme ça ? demanda Olivia.
Sa sœur lui sourit avec tendresse en retour.
- Vous y aurez mis le temps, hein ? Allez, ça suffit les bisous, on passe à table !
En ce jour de Noël, les reviews sont plus que jamais appréciées. D'autant plus que vous commencez à connaître mes mauvaises habitudes (auxquelles la nouvelle année ne changera strictement rien), qui consistent à m'auto-convaincre que si les lecteurs ne commentent pas, c'est qu'ils n'aiment pas, auquel cas aucun intérêt à poursuivre la publication, n'est-ce pas… ?
Comment ça, « Père Fouettard, que faîtes-vous là ? Rendez-nous le Père Noël ! » ?
