Chapitre 1
Il l'avait fait pleurer. Comment en est-il arrivé là ?
Pour la première fois de sa vie Rodney Mc Kay se sentait impuissant. Et coupable.
Habituellement ses remarques acerbes étaient ignorées, tout au plus, avait-il parfois droit à des regards de biais. Il était habitué à ce qu'on le déteste. Après tout, il était un génie, les gens sont jaloux de mes capacités se disait-il quand à l'école on le brutalisait.
Mais qu'allait-il faire ? Le mal était déjà fait, il savait qu'il était allé trop loin.
La journée n'avait pas très bien commencé. Ses collègues avaient une fois de plus démontré qu'ils étaient beaucoup trop longs et qu'il serait encore une fois obligé de les pousser à se dépêcher. Il se demandait parfois comment ils feraient s'il en venait à mourir.
La perte sera catastrophique se disait-il. Ils ne pourraient pas s'en sortir. La cité serait perdue.
Loin de lui la pensée que son raisonnement était nombriliste. Il se basait sur le fait qu'à plusieurs reprises, il avait sauvé la cité et son équipe d'une mort certaine.
Non c'est certain, toute l'équipe d'Atlantis connaissait sa valeur, même si parfois il savait que ses remarques étaient cinglantes. Alors pourquoi elle pleurait ?
C'était la première fois qu'il obtenait cette réaction. D'habitude il était toujours du côté des victimes, jamais du côté des bourreaux. C'était toujours les autres qui lui faisaient du mal, c'est pour cela qu'il avait appris à se défendre avec ses mots. Parfois, ils étaient le meilleur moyen de défense qu'il possédait.
Le lieutenant Ford avait vu juste lorsqu'il lui avait demandait s'il se vengeait sur lui parce que des gens comme lui l'avait martyrisé à l'école. Effectivement, il prenait un malin plaisir à dénigrer tous ceux sur lesquels il revoyait le visage de ses bourreaux.
De plus, il savait que la majorité du monde se suffisait à eux-mêmes, sans chercher à se dépasser. Les être humains possédaient une intelligence à peine exploitée. Et quand on voyait le résultat, il se disait qu'on devrait tous faire un plus grand effort.
Regardez-le, il ne s'était jamais satisfait d'être médiocre. Son père ne lui aurait jamais permis de toute façon. La reconnaissance des plus grandes têtes pensantes de la planète, cela était le plus important. Pas ceux de cette pseudo-équipe scientifique que l'on retrouvait dans cette cité. Son nom sera, à tout jamais, lié à celui de cette cité, à la propulsion de leur race dans la galaxie.
Surtout qu'une des têtes pensantes en question, était celle de la belle Samantha Carter.
Elle était pour lui comme son double féminin. Mais jamais il ne lui dirait, cela lui ferait trop plaisir. Ensuite il ne pourrait échapper aux regards moqueurs de celle qui l'aura rejeté.
Rien pour lui n'était pire que cela. Il avait eu le malheur quand il avait douze ans, de dire à une de ses camarades qu'il l'aimait. Il n'aurait jamais crû qu'elle s'empresserait de le dire à toute la classe. Sa vie était devenue un enfer. Aucun de ses camarades n'avaient trouvé cela trop petit de se moquer de sa douleur.
Et elle, ses regards étaient chargés de railleries, de pitié, et surtout, elle se croyait supérieur maintenant qu'il avait mis son cœur à nu. Elle le regardait de haut.
Plus jamais, plus jamais, plus jamais.
C'était son credo. Il avait trop souffert. Sa promesse à lui-même, il l'avait tenu. Il n'avait plus jamais dit je t'aime à qui que cela soit. Plus jamais, on ne l'avait plus jamais regardé avec ce regard. On ne l'a plus jamais regardé de haut. C'était lui le plus intelligent. D'ailleurs, on ne lui aurait pas donné ce poste sinon. Il était le chef de l'équipe scientifique d'Atlantis.
