Activations incontrôlées !

Chapitre 1

Le soleil se levait sur Cardiff, encore une belle journée en perspective. Un homme marchait sur la place en direction du Centre Millenium. Arrivé au pied de la Water Tower, il s'arrêta quelques instants, jetant un regard rapide aux alentours, puis avança… et disparut.

Le Capitaine Jack Harkness pénétra dans la base souterraine. Myfanwy poussa un cri en le voyant arriver, réclamant son repas. L'homme leva la tête avec un sourire et lança un morceau de chocolat que le ptérodactyle attrapa au vol, avant de retourner dans son antre. Il le nourrirait plus tard.

En arrivant dans son bureau, il enleva son manteau, le déposa sur le dossier d'un siège et ressortit, les mains dans les poches. Il descendit les escaliers, perdu dans ses pensées et alla se faire un café. Il avait passé la nuit dans les rues, se promenant au hasard, le sommeil le fuyant depuis quelques jours.

Depuis 9 h, Ianto était bloqué au bureau de l'office de tourisme à répondre aux e-mails et aux coups de téléphone qui l'avaient assaillis à son arrivée.

Lorsque Tosh et Owen pénétrèrent dans l'officine, il les salua et ils s'engouffrèrent tous les trois dans le passage menant à la base secrète.

Ianto continua son chemin vers la cuisine où il prépara le café pour l'équipe et distribua les tasses. Le Capitaine le remercia et se replongea dans son dossier.

Dans le courant de l'après-midi, une alerte se déclencha et l'équipe s'éparpilla dans la ville, à la recherche des différents points chauds signalés par Tosh. La faille avait été activée et des aliens étaient apparus, semant la panique dans les rues. La police était saturée d'appels angoissés et Torchwood devait mettre bon ordre dans cette pagaille.

Owen se dirigea vers la gare, des blessés avaient été signalés et il devait les prendre en charge avec les services de secours.

Ianto s'était chargé des docks. Il avait quadrillé les allées suivant les indications de Tosh restée à la base.

Jack, quant à lui, faisait le point avec la police, prêt à intervenir à l'appel de l'un ou l'autre de ses collègues.

– Ianto, il y a un signal à 50 m devant toi !

– Ok, je vais voir, dit-il en s'avançant prudemment.

Il se plaqua contre le contener pour regarder dans l'allée qu'il allait traverser. Une brève lumière lui indiqua qu'il n'était pas seul. Un alien devait être tout près et il devait le maîtriser. Arme au poing, il tourna prudemment dans l'allée, mais il n'y avait personne.

– Ianto, il y a une activation, tout près de toi, lui dit la jeune informaticienne dans l'oreillette.

– Je ne vois rien. Tu ne peux pas être plus précise ?

– Non, ce ne sont que des fluctuations d'ondes, je n'ai pas d'image.

– Ok, je continue.

Il reprit son exploration, toujours attentif au moindre bruit. Soudain, il se figea, devant lui, se trouvait un être devant une sorte de passage lumineux. L'alien se retourna et le fixa quelques instants avant de se précipiter sur lui. Ianto para l'attaque, mais l'entité revint à la charge. Après une brève empoignade, elle lui asséna un coup sur la tête et il se mit à saigner. Groggy, il s'effondra et l'alien en profita pour traverser le passage.

– Ianto, cria Tosh dans le communicateur. Ianto, réponds-moi ! Est-ce que tout va bien ?

Devant le silence du Gallois, elle paniqua.

– Jack, Owen, Ianto a dû être touché, il ne répond plus !

– Où est-il ? demanda le Capitaine.

– Sur les docks, dans l'allée 53. L'activation a été stoppée, mais je n'ai plus de communications avec lui. Dépêches-toi, Jack !

– Owen, cria le Capitaine, rejoins-moi sur les docks !

– J'arrive !

Lorsqu'ils furent sur place, ils se dirigèrent suivant les indications de Tosh. Elle n'avait toujours pas réussi à avoir une réponse et elle était vraiment inquiète. Jamais Ianto resterait silencieux si tout allait bien. Il devait donc sûrement être blessé.

– Tosh, nous l'avons trouvé, dit Owen lorsque au détour d'une allée, ils virent le Gallois inconscient.

– Comment va-t-il ?

– Sans connaissance, une blessure à la tête, mais cela ne semble pas trop grave. Nous rentrons.

Jack prit le jeune homme sur son épaule et repartit vers le véhicule. Durant le trajet, Owen pansa sa coupure et lui prit le pouls. Lorsqu'ils arrivèrent, Tosh avait déjà préparé la table et les instruments nécessaires aux examens. Le Capitaine déposa le blessé et laissa le médecin officier. Ianto était pâle comme la mort, mais respirait normalement.

– Je ne peux rien faire de plus, dit Owen. Il faut attendre qu'il se réveille.

– Ok, alors rentrez chez vous, vous en avez besoin. Je vais le surveiller. S'il y a du nouveau, je t'appellerai.

– Ok, s'il se réveille, assures-toi qu'il se rappelle son nom, la date d'aujourd'hui…

– Pas de problème, le coupa Jack, avec un très léger sourire. Les renseignements habituels pour vérifier s'il n'y a pas de commotion !

– C'est ça. Alors à demain.

– Bonsoir Jack, dit Tosh en frôlant la joue de Ianto.

Elle semblait très inquiète et partit à contre-cœur, laissant son patron et Ianto seuls dans la base.

Jack avait veillé le jeune homme toute la nuit, il était resté près de lui, lui prenant la main, lui parlant. Il s'en voulait de l'avoir mis en danger. Owen ne risquait rien, il ne s'était occupé que des blessés, mais Ianto, lui, avait été sur le terrain. Il aurait dû être avec lui pour le protéger.

Au matin, quand Owen passa le sas, il n'avait toujours pas ouvert les yeux.

– Le coup a dû être plus violent que je le pensais, dit-il en regardant le Capitaine. Enfin si cela peut te rassurer, son électroencéphalogramme est bon et sa tension également.

Il nettoya la blessure et s'assura qu'elle ne présentait pas d'infection. Il terminait le pansement lorsque Ianto grogna et ouvrit légèrement les yeux.

– Jack, il se réveille !

Le Capitaine se précipita et se pencha pour le regarder dans les yeux. Ianto remarqua l'air inquiet de son patron et essaya de se relever.

– Ah non ! dit le médecin. Pas question, tu restes couché. Tu es sans connaissance depuis hier, alors repos !

– Mais je vais bien, tenta d'argumenter le jeune homme en faisant une seconde tentative tout aussi inutile.

– Essayes encore une fois de te lever et je te jure que je t'attache à ce lit, lui dit Owen sur un ton qui ne souffrait aucune discussion.

– Tout ça pour un simple coup sur la tête, maugréa Ianto, faisant sourire le Capitaine.

Finalement, il capitula et se laissa soigner sans broncher. Tosh lui apporta un thé qu'il accepta avec gratitude. Lorsqu'il eut terminé, il s'allongea et ferma les yeux. De toute façon, il était bloqué dans ce lit, alors autant essayer de dormir.

Après quelques jours de repos forcé, il obtint l'autorisation de reprendre son travail et il en fut soulagé.

Le lendemain, lorsque Ianto arriva à l'office, il referma derrière lui. Le bureau resterait fermé, le Capitaine leur ayant donné deux jours de congés. Ne sachant que faire passer le temps, il avait décidé d'aller au Hub, histoire de profiter de l'absence de ses collègues pour s'occuper du ménage et des pensionnaires des voûtes. Comme à son habitude, le Capitaine était à son bureau, cet homme ne dormait décidément jamais !

En revenant de la cuisine, il monta rejoindre Jack. Celui-ci était plongé dans la lecture d'un dossier et leva les yeux en le voyant arriver. Le jeune homme lui tendit sa tasse avec un sourire.

– Tout va bien Monsieur ? demanda le Gallois en s'asseyant sur le bord de la table.

– C'est trop calme, je dois dire que je m'ennuie un peu !

– Il ne faut pas se plaindre, ce n'est pas souvent que la faille nous laisse tranquille, reprit le jeune homme.

Jack le regarda sans rien dire. Ianto était de bonne compagnie, discret et efficace, l'employé modèle à ne surtout pas laisser partir.

– Je vous avais donné deux jours de repos, peux-tu me dire ce que tu fais ici ?

– Je n'avais rien à faire chez moi et puis, travailler dans le silence, ce n'est pas mal. J'ai quelques petites choses à terminer et je dois m'occuper de nos pensionnaires, répondit le Gallois avec un léger sourire.

Il se leva et quitta le bureau. Le Capitaine le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il ait disparu dans la cuisine. Cet homme occupait ses pensées depuis bien avant qu'il lui eut rendu la vie en l'embrassant lorsque sa petite amie cyborg l'avait tué. Mais à bien y réfléchir, cela n'avait pas été totalement un geste de secouriste finalement. Au début peut-être, mais lorsqu'il avait senti ses lèvres douces sous les siennes, sa main avait tendrement caressé son cou, le tenant délicatement et ce contact avait mis son cœur et son corps en émoi et ce qu'il prenait pour une simple attirance physique était, en fait, bien plus que cela.

Il se replongea dans son dossier, mieux valait ne plus y penser. Une heure plus tard, il finit par reposer les documents, il n'arrivait pas à se concentrer. Il se leva et descendit à l'ordinateur central. Toujours rien, la faille était désespérément calme. Il aurait pourtant bien voulu qu'elle se réveille, qu'elle l'occupe, afin de se changer les idées.

Ianto revint des archives où il avait fait du classement. Pensant que Jack serait toujours dans son bureau, il portait sa veste sur le bras et avait ouvert son gilet. Le cœur du Capitaine fit un bond. Le Gallois était diablement sexy et il lui mettait vraiment les sens sans dessus-dessous.

– Un problème, Monsieur ? demanda le jeune homme en remettant précipitamment sa veste et en ajustant sa cravate.

– Non rien, je suis juste venir voir s'il y avait du nouveau.

Il le regarda un instant et poursuivit :

– Tu sais, je n'ai absolument rien contre ton costume, tu le portes à merveille, c'est incontestable, mais tu devrais te détendre un peu, tu n'es plus à Londres. Un peu de décontraction ne fait pas de mal de temps en temps.

Ianto le regarda en rougissant un peu, le ton du Capitaine était sensuel et des frissons le parcoururent.

– C'est l'habitude, Monsieur, dit-il en arrêtant son geste. Je vais aller à l'office, j'ai des documents à exposer, finit-il en quittant rapidement la base.

Cet homme lui faisait perdre ses moyens et il s'en voulait de réagir ainsi. On aurait dit un adolescent en proie aux affres des premiers sentiments. Déjà, lors de la capture du dinosaure, il avait été surpris par les sensations qui l'avait submergé, maudites phéromones !

Ianto resta dans son bureau une bonne partie de la matinée. En revenant de la réserve, il vit une enveloppe affichée sur l'écran de l'ordinateur et l'ouvrit.

Pourrais-tu me faire un bon café, s'il te plait ? avait écrit Jack.

Pas de problème, se dit-il.

Il allait descendre, de toute façon, il commençait à se sentir seul et rendre service au Capitaine ne lui était pas désagréable. Il quitta donc l'office et descendit au Hub.

Il prépara le café et monta les boissons dans le bureau de Jack. Lorsque ce dernier prit sa tasse, ses doigts frôlèrent ceux de Ianto, diffusant une douce chaleur dans le corps du jeune homme. Un instant, les deux hommes se regardèrent sans un mot, semblant chacun apprécier ce contact fugace que le Capitaine rompit bien trop vite au goût du réceptionniste.

– Merci Ianto, dit-il d'une voix légèrement étouffée.

Le Gallois baissa les yeux, conscient des couleurs qui avaient envahi son visage et s'assit sur un fauteuil en face du bureau. Il n'osait pas parler, pourtant les mots se bousculaient derrière ses lèvres. Il avait finalement décidé de se lancer lorsque l'alarme retentit. Il posa sa tasse et descendit précipitamment à l'ordinateur central. Il lut rapidement les informations qui s'inscrivaient sur l'écran, puis aussi brusquement qu'elle s'était déclenchée, l'alarme s'arrêta. Il continua à chercher ce qui avait bien pu être rejeté par la faille, mais ne trouva rien. Il ne comprenait pas. Normalement, il aurait dû y avoir quelque chose, une activation était rarement inutile.

– Tu as trouvé quelque chose, lui dit le Capitaine par-dessus son épaule, son souffle lui balayant le cou.

Sentant son patron derrière lui, il se raidit légèrement, cherchant le contact avec ce corps qui était maintenant si près du sien. Il ferma les yeux un instant, savourant le moment présent.

– Ianto, insista Jack à peine conscient de l'effet qu'il produisait sur son employé, as-tu trouvé quelque chose ?

Le jeune homme revint brusquement sur Terre, le souffle court et légèrement étourdi.

– Non, rien Monsieur, dit-il un peu trop rapidement.

– Ça ne va pas Ianto ? lui demanda Jack.

– Tout va bien, pas de problème, dit-il d'une voix mal assurée.

Le Capitaine le prit par les épaules et l'obligea à se retourner. Ianto se laissa faire, s'abandonnant aux mains de son patron.

– Tu es sûr que tout va bien ! insista-t-il en le regardant.

– Oui, un peu fatigué, c'est tout, mentit-il.

– Tu devais rentrer chez toi, repose-toi et reviens demain.

– Vous avez raison, il vaut mieux que je rentre, dit-il conscient que si le contact se prolongeait, il ne pourrait pas partir.

Jack le regarda un instant prendre sa veste, il avait l'air abattu et son visage était blême. Ils étaient seuls et il avait envie de le prendre dans ses bras, de l'embrasser, de lui dire…

– À demain Monsieur, dit le Gallois presque dans un murmure.

À suivre…