Note : Parfois, j'ai des périodes comme ça, où je suis trop à fond dans Sekaiichi, genre c'est une rechute x) et du coup, vu qu'il n'y a pas beaucoup de fanfictions, j'ai décidé d'en écrire une sur Onodera et Takano, parce que j'adore ce couple :3 donc ceci est ma deuxième je crois sur Sekaiichi Hatsukoi, j'espère que vous aimerez :)
Bonne lecture!
CHAPITRE UN:
Chaque jour, Onodera se maudissait de plus en plus, et surtout, le maudissait de plus en plus. Il ne cessait de se demander pourquoi, parmi toutes les maisons d'éditions du coin, il avait choisi celle où lui y était. Et pourquoi, chose encore plus stupide, il y était resté. Mais il était clair qu'il était stupide. Car Takano était là, juste à quelques mètres de lui, et ce jour et nuit. Toujours à ses côtés, même quand il ne le voulait pas. Et peu importe combien de fois il le repoussait, il revenait toujours à la charge, et n'abandonnait jamais. Il avait essayé de résister, il avait vraiment essayé - et il essayait toujours - mais l'évidence était là : plus il passait de temps avec ce crétin, moins il éprouvait le désir de partir, et en même temps il voulait absolument partir en courant avant que l'inévitable se produise. Son instinct lui criait de s'enfuir, mais quelque chose le faisait rester, et il détestait tous ces conflits qui le tiraillaient. Il détestait se sentir bien quand Takano lui souriait. Il détestait se sentir bien quand il lui parlait, ou lui faisait un compliment, et il détestait Takano.
Il lui était de plus en plus difficile de se concentrer au bureau. Et Takano prenait un malin plaisir à l'embêter, évidemment. Il devait avoir remarquer que ces derniers temps, Onodera se faisait moins résistant qu'avant. Si bien qu'il lui proposa un soir de dîner à l'extérieur, ce qui fit réaliser à Onodera qu'il s'était trop laissé aller ces derniers temps.
- Non, lui répondit-il avec un air hostile, j'ai des choses à faire.
- Et quoi donc?
- Tu n'as pas besoin de le savoir.
- Donc tu n'as rien à faire.
- Si!
- Je te paye le dîner si tu es fauché, lui dit-il avec un air narquois.
Cela fit rougir Onodera de colère, mais il n'eut pas le temps de rétorquer quoique ce soit : l'autre l'avait déjà pris par le bras pour l'emmener de force au restaurant.
- Mais qu'est-ce que tu fiches! grogna-t-il, lâche-moi!
Naturellement, le brun l'ignora, et ne le lâcha qu'une fois arrivé à destination. Et bon sang, ce n'était pas un restaurant qui vendait des sandwich cette fois! Il était visiblement de qualité, et sur réservation. L'idiot avait prévu son coup depuis le début...
Quand il vit les prix sur la carte des menus, Onodera ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux.
- Il est hors de question que tu paies pour moi! trancha-t-il.
Takano haussa les épaules.
- Comme tu veux. Tu as assez sur toi?
Et Onodera se rendit compte que, non, il n'avait absolument pas assez.
- Je... je te rembourserai! bafouilla-t-il.
Ceci dit, même une salade était hors de prix. C'était la faute à Takano : il allait perdre une bonne partie de son salaire parce que celui-ci l'avait traîné de force dans un restaurant qu'il n'avait pas les moyens de s'offrir.
- Laisse tomber, lui dit Takano en haussant les épaules.
Malgré ses protestations, il l'ignora superbement, l'énervant d'avantage.
- Franchement... marmonna Onodera.
Le serveur finit par arriver et leur demanda leurs choix. Takano lui répondit sans aucune hésitation un plat qui se trouvait parmi les plus chers. Etait-ce sa façon de lui montrer qu'il était largement plus riche que lui?
- Je prendrai... heu... la salade d'art d'été...
- Ne sois pas stupide, rétorqua Takano, je paie.
- Justement! Je n'ai pas envie de te devoir une dette pour le restant de mes jours!
- Il prendra comme moi, annonça Takano au serveur.
Le serveur prit note du plat commandé et partit, alors qu'Onodera se retenait avec grand peine de se jeter sur le brun pour lui arracher les yeux.
- Alors, ton contrat avance avec cette auteure? lui demanda Takano.
Cela le calma tout de suite.
- Hum... oui...
Il baissa les yeux. La situation n'était pas si bien que ça en réalité.
- Qu'y a-t-il?
Surpris qu'il ait deviné que quelque chose clochait, il releva la tête vers lui, avant de la baisser aussitôt.
- C'est.. c'est juste que... il y a quelques changements qu'elle refuse de faire, alors qu'ils seraient essentiels.
- On a déjà parlé de la façon de convaincre une auteure de changer ses scènes.
- Oui mais... ici c'est différent. Je peux lui apporter tous les arguments possibles, elle n'est pas d'accord avec moi. Je crois.. je crois qu'elle voudrait avoir un autre éditeur.
- Je ne vois pas pourquoi.
- Parce que je suis encore inexpérimenté selon elle, elle ne me prend pas au sérieux!
- Montre-lui que tu es à prendre au sérieux alors, rétorqua-t-il.
Onodera poussa un soupir agacé. Takano ne comprenait pas. Ce n'était pas lui qui avait l'auteure à gérer. Elle était vraiment inflexible sur ses décisions, et se fichait même de lui parfois. Il espérait ne plus avoir traiter avec elle dans un futur proche à vrai dire...
- Mais si tu y tiens vraiment, je peux donner un second avis. Un coup de fil fera l'affaire.
Il leva vers lui un regard mi-soulagé, mi-coupable. Il était heureux de savoir que Takano se mêlerait de tout ça, puisque cela voudrait dire que l'auteure devrait l'écouter lui, mais ne pouvait s'empêcher de penser que depuis le temps, il devrait être capable de régler ses problèmes.
- Ce n'était que ça qui te préoccupait? lança Takano d'un ton désinvolte.
- Comment ça?
- Tu semblais préoccupé ces derniers temps, répondit-il en haussant les épaules.
- Je ne l'étais pas! se défendit-il.
C'était vrai, mais il n'allait certainement pas le reconnaître. Comment lui dire qu'il faisait parti des raisons qui le mettait dans cet état?
Le repas se poursuivit, et Takano réussit à changer de sujet. Ils parlèrent beaucoup du travail, mais aussi d'autres choses. Takano menait la conversation, ce qui faisait que généralement, Onodera n'avait qu'à écouter ou réagir, et n'avait pas à chercher quelque chose à dire, ce pour quoi il était reconnaissant.
Le dîner se termina, et malgré les tentatives désespérées du plus jeune éditeur pour rentrer chez lui, la soirée se termina chez le plus âgé, dans son lit.
Le lendemain matin, quand Onodera s'éveilla, il ne cria pas pour une fois en découvrant la chambre de Takano. Il se contenta de pousser un petit soupir, comme las que quoiqu'il fasse, il terminait toujours chez son voisin, et au final n'avait aucune force de résistance.
Il s'habilla discrètement, mais Takano se réveilla à son tour, et lui demanda ce qu'il comptait faire exactement.
- Je compte aller au travail, répondit-il sur un ton d'évidence.
- Il n'y a pas d'urgence, rétorqua-t-il, c'est calme en ce moment.
- J'ai toujours mon auteure à gérer.
- Je t'ai dit que j'arrangerais ça.
- Oui mais...
Takano poussa un soupir bruyant, et se leva à son tour.
- J'ai compris, je vais tout de suite lui dire. Quel est son numéro?
- Quoi? Non, tu n'as pas à ... et puis... enfin tu n'es pas obligé de le faire tout de suite...
- Onodera.
Le regard ennuyé de Takano le fit céder, et il lui donna le numéro. Quelques minutes plus tard, le problème était réglé.
- Elle a dit qu'elle viendrait au bureau pour te présenter ses excuses pour son comportement.
- Quoi? Non, elle n'a pas à faire ça...
- C'est fait maintenant. Elle viendra tout à l'heure. Tu viens? On y va.
Ils se rendirent tous les deux aux éditions et Onodera fut forcé de prendre un petit-déjeuner digne de ce nom juste avant.
- Ce n'est pas nécessaire, avait-il tenté de dire.
- Si ça l'est, ou tu t'évanouiras de nouveau, avait répliqué Takano, mange!
Au bout du compte, il s'était retrouvé à manger dix fois trop par rapport à ce qu'il prenait d'habitude.
Ce fut pendant qu'il était en train de travailler sur un autre story-board que l'auteure qui lui avait causé des problèmes apparut. Un sourire doux mais légèrement embarrassé, ses longs cheveux auburn tombèrent en cascade quand elle s'inclina.
- Vous avez mes excuses les plus sincères pour ne pas avoir suivi vos directives!
Gêné de recevoir des excuses, Onodera répliqua tout de suite:
- Ah, heu.. ne vous inquiétez pas, c'est bon! Vous n'avez pas à vous excuser pour ça, c'était... ce n'était pas si grave...
Elle se releva et l'observa, étonnée.
- C'est vrai? Je pensais que vous ne voudriez plus travailler avec moi après ça.
Onodera regarda ailleurs. C'était plus ou moins ce qu'il avait pensé, certes... mais si elle venait ici lui présenter ses excuses, c'était qu'elle n'était pas si horrible que ça...
- Hondura-Sensei! fit soudain la voix de Takano.
Son auteure observa le brun arriver avec un sourire des plus gentils.
- Takano-San, le salua-t-elle, je vous remercie de votre deuxième avis. J'ai été stupide de ne pas écouter le premier, j'avais besoin d'un recadrage...
- Pas de problème, lui assura-t-il avec un sourire poli.
- Heu... je me demandais si nous pouvions discuter...
- Je suis désolé, mais nous avons plein de travail. Peut-être serait-il plus avisé de demander conseil à Onodera?
- Eh bien... ce n'est pas à propos du manga sur lequel il travaille.
Onodera leva un sourcil, intrigué. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien vouloir à Takano?
- Je peux vous retrouver au déjeuner, lui proposa-t-il.
- Vraiment? Merci beaucoup!
Et elle partit après avoir salué tout le monde.
- Un vrai rayon de soleil, commenta Kisa dès qu'elle fut partie.
Personne ne répondit, mais il était clair que sa visite avait laissé une bonne impression.
- Comment tu as pu autant galérer avec elle? Elle a l'air sympathique, lui fit remarquer Hatori.
- Heu.. eh bien... elle l'a dit... elle refusait mes changements...
- Hummmm... et c'est Takano-San qui lui a fait accepter ces changements? demanda Kisa sur un ton malicieux.
" Il faut croire que tu t'y es juste mal pris avec elle" fut ce qu'Onodera comprit des sous-entendus de son voisin de table. Vexé, il ne répondit pas et continua de travailler sur ce qu'il faisait. Takano, lui ne faisait aucune remarque. Peut-être pensait-il également cela? Pour une mystérieuse raison, cela le fit se sentir encore plus mal. Mais il ne devrait pas s'en soucier...
A midi, Takano partit du bureau pour aller retrouver l'auteure et découvrir ce qu'elle avait à lui dire. Onodera s'inquiétait quelque peu de savoir si son auteure allait lui demander conseil à lui plutôt qu'à son propre éditeur. Certes elle avait dit que ce n'était pas à cause du manga mais peut-être avait-elle dit cela pour ne pas le froisser et voulait-elle quelqu'un d'autre en éditeur?
Ce fut donc avec une boule dans la gorge qu'Onodera attendit le retour de son patron. Et lorsque celui-ci réapparut une heure plus tard, il ne put que s'interroger sur ce qu'il avait pendant tout ce temps, lui qui d'ordinaire faisait les choses vite.
- Alors? Qu'est-ce qu'elle voulait? essaya-t-il de demander d'un air naturel.
Takano se retourna vers lui, l'air neutre.
- Je ne vois pas en quoi cela te concerne.
- Hum... je suis son éditeur?
- Le sujet ne concerne pas son éditeur, répondit Takano.
Cela eut pour mérite de faire taire Onodera, qui retourna sur ses multiples feuillets. Il avait l'impression de crouler sous ces feuillets... ce fut donc avec joie qu'il accueillit la fin de la journée. Il partit cependant seul, Takano ayant encore du travail à faire, en conséquence de son déjeuner qui avait duré plus longtemps que prévu.
Ce soir là, Onodera s'endormit épuisé, en prenant juste un repas instantané. Il se fit vaguement la remarque qu'il faudrait qu'il évite de retomber dans ses vieilles habitudes avant de trouver le sommeil.
Le lendemain matin, catastrophe des catastrophes, il était en retard. Ils avaient une réunion au bureau, et celle-ci devait bientôt démarrer, et lui se trouvait toujours dans son lit. Dans la fatigue de la veille, il avait complètement oublié de régler son réveil!
Il ne comprenait pas comment il avait pu être aussi stupide, et s'empressa de s'habiller. Il choisit presque au hasard sa tenue, et partit en prenant une barre de céréales.
Quand il arriva au bureau, la réunion avait déjà commencé, et tous les regards se braquèrent sur lui tandis qu'il entrait dans la pièce. Et ce n'était pas des regards bienveillants... la tension de ce genre de réunion était telle que le moindre faux pas constituait un crime.
- Qu'est-ce que tu fichais? lui demanda Yokozawa, l'air pas commode du tout.
- J'espère que tu as une bonne raison, ajouta la femme qui se battait toujours avec Takano et Yokozawa.
Takano se contentait de l'observer, visiblement de mauvaise humeur lui aussi, puisqu'il le lorgnait d'un sale oeil.
- Hum... je suis désolé j'ai... eu un petit problème.
- Quel genre de problème? lui demanda le responsable des ventes.
- On s'en fiche, répliqua Takano d'un ton exaspéré, ce n'est pas ce qui nous intéresse! Je dis donc que ce manga mérite d'être tiré en 10000 exemplaires!
- C'est ça! se moqua ouvertement la femme au regard de glace, pour un premier travail, c'est très ambitieux...
- Ce manga se vendra, c'est certain.
- Je crois que c'est à moi de décider s'il se vendra ou pas...
Ce fut dans cette ambiance qu'Onodera s'installa, essayant de se faire tout petit.
Quand la réunion fut terminée, et qu'ils retournaient à leurs bureaux, Takano se tourna vers lui, l'air en colère.
- La prochaine fois, assure-toi d'arriver à l'heure!
- Cela ne se reproduira plus, lui assura-t-il.
- Franchement... à quoi tu sers si tu n'es même pas fichu d'être ponctuel? marmonna Takano en se parlant plus à lui-même.
Onodera garda un visage inexpressif, ou du moins l'espérait-il, mais ne put s'empêcher de se sentir profondément blessé par ces mots. Être un éditeur, même de mangas était très important pour lui, et il voulait faire son travail bien. Takano sous-entendait-il qu'il n'était bon à rien?
Il se promit de faire des efforts à l'avenir, et continua de marcher.
- Merde, fit soudain Takano en regardant sa montre, je suis en retard.
- Où ça? demanda Onodera d'un air étonné.
- A mon rendez-vous, et tout ça à cause de toi!
L'air colérique de Takano ne retombait pas. Ce devait vraiment être un mauvais jour. Avait-il bien dormi? Néanmoins, il ne pouvait pas dire qu'il ne le méritait pas. Ceci dit, d'habitude, le comportement du brun était légèrement plus agréable envers lui. C'était un peu blessant d'être rejeté de la sorte.
- Je dois y aller.
Et Takano le laissa en tournant au premier virage qui se présenta. Onodera le regarda s'éloigner, avec une désagréable impression en lui.
Deux heures plus tard, le brun était de retour dans le bureau.
- Où est-ce que tu étais? lui demanda Onodera.
Il était si inhabituel pour lui de s'absenter qu'il ne pouvait pas s'empêcher de le lui demander.
- Dehors, lui répondit-il d'un ton agacé, signe qu'il n'appréciait pas particulièrement ses questions.
Onodera baissa la tête, et se dépêcha de compléter son travail. Plus il irait vite, plus vite il pourrait rentrer chez lui.
La journée cependant, n'était pas prête d'être finie. Il avait encore pleins de choses à faire, et son auteure était en retard sur ses délais. Et vu l'humeur de Takano, il avait intérêt à rendre le manuscrit à temps, même s'il avait encore un certain délai.
- Onodera, tu peux t'occuper de ça? lui demanda Takano.
Il regarda ce que son patron lui montrait, et découvrit une grosse pile de dossiers.
- Hein? Mais j'ai déjà pleins de choses à faire!
Takano lui envoya un regard agacé.
- Si tu n'es pas capable de faire le travail dont tu as causé en partie le retard à cause de ce matin...
- Très bien, très bien, répliqua-t-il, je le ferai.
Aussi, ce fut Takano qui partit en premier cette fois, et lui en dernier. En faite, il ne partit même pas. Il resta tout la nuit, jugeant que c'était inutile de rentrer pour une heure de sommeil. Aussi, quand ses collègues, le lendemain matin arrivèrent, ils se moquèrent tous de sa tête de déterré.
Et le ventre d'Onodera criait famine. La dernière chose qu'il avait mangé était un sandwich la veille, le midi. Heureusement, il avait oublié sa barre de céréales, et l'avait toujours. Il pouvait la manger dès maintenant.
- Qu'est-ce que tu manges encore? le questionna Takano en le voyant mordre dans sa barre de céréales, tu ne sais vraiment pas manger un repas normal. Tu es désespérant.
Son air ennuyé ne le quittait pas, et Onodera ressentit de nouveau cette désagréable impression dans son ventre.
- Enfin. On verra ça plus tard. Au travail!
Si d'un côté il se sentait soulagé de ne pas avoir à manger de force un petit-déjeuner gargantuesque, il se sentait également déçu de ne pas avoir plus d'insistance que ça sur le fait qu'il ne mangeait qu'une barre de céréales... avant de réaliser qu'en faite non, il ne devrait pas à se soucier de cela. Il ne voulait surtout pas compter sur Takano.
Plusieurs fois dans la journée, il manqua de s'endormir, et fit pleins d'erreurs de débutant, si bien que Takano, exaspéré, finit par le renvoyer chez lui car il ne " servait à rien" , et qu'il faisait son travail "comme un enfant de six ans".
Tout le reste de la semaine se déroula à peu près de cette manière. Onodera venait travailler, mais Takano ne lui adressait la parole que pour lui faire des reproches sur sa manière de travailler. Tout ce qu'il faisait était mal. Pas une seule fois il ne lui demanda de venir chez lui, et chaque midi, il s'absentait mystérieusement.
Aussi, la semaine suivante, Onodera décida de le suivre discrètement. Non pas qu'il se demandait ce qu'il faisait personnellement, mais si c'était cela qui faisait en pâtir le travail... il était accablé de reproches, et ce depuis que ces repas avaient commencé, et qu'ils prenaient tout le temps de Takano. Il avait bien le droit de savoir ce qui empêchait son patron de faire son travail et de le lui refourguer après et de l'enguirlander parce que ce travail n'était pas finie alors qu'il était censé le faire! C'était de la pure curiosité professionnelle...
Alors il le suivit, délaissant le travail qui s'entassait déjà bien sur son bureau à regret, en prétextant qu'il avait une affaire personnelle à régler, mais qu'il serait vite de retour. Ses collègues ne sourcillèrent pas, trop plongés dans leur propre boulot.
A son grand étonnement, il fut facile de suivre Takano. Après des années d'expérience d'espionnage à la bibliothèque de son lycée, il fallait croire qu'il était devenu doué pour ça et qu'il n'avait pas perdu la main..
Il le vit entrer dans un restaurant, et se mettre à une table à côté de la fenêtre. Tant mieux! Ce serait plus pratique pour observer! Quelques minutes plus tard, à sa plus grande surprise, son auteure arriva. L'auteure qui ne lui donnait pas signe de vie depuis des jours, et qui avait avant l'intervention de Takano refuser de l'écouter arriva.
Il vit comme dans un rêve Takano se lever et l'accueillir avec un sourire. Il sentit son coeur se briser un peu. Ce n'était pas de l'amour... mais ça faisait mal. Il la vit s'installer à la table, et commander de la nourriture. Tous deux souriaient et discutaient paisiblement, en rigolant même. Il la vit lever la main et dégager une mèche des cheveux de Takano. Mais elle n'avait pas le droit! Il la repousserait forcément... pourtant, il n'en fit rien, et continua de discuter avec elle.
Il en avait bien assez vu. Il retourna au bureau plus mort que vif, et regarda la pile de travail qui l'attendait. Ce fut plus déprimé que jamais qu'il fit son travail. Mais l'image de ces deux personnes ne cessait de revenir... ils formaient un de ces couples parfaits, heureux. Et après tout, Takano se montrait froid envers lui depuis qu'elle s'était présentée. Sans doute avait-il cessé de l'aimer, avait-il compris que ça ne servait à rien... ou alors cela n'avait-il jamais été quelque chose. Peut-être qu'il se fichait de lui depuis le début, et cherchait juste quelqu'un pour s'amuser, en attendant le véritable amour...
- Onodera! claqua soudain la voix de Takano, tu peux me dire comment ça se fait que tu n'aies toujours pas accosté Hondura-Sensei pour son travail?
Il se retourna pour voir l'éditeur le fixer d'un air accusateur.
- Hein? dit-il bêtement.
- Hondura-Sensei m'a informé que tu ne l'avais toujours pas contactée.
- Quoi? Mais... je n'ai pas arrêté de le faire ! Elle ne répond pas...
- Dans ces cas là il faut venir la voir!
- Oui mais avec tout ce travail, j'étais occupé.
Il montra les dossiers qui s'accumulaient sur son bureau.
- C'est de ta faute si tu n'arrives pas à t'organiser! Quoiqu'il en soit je m'occuperai à présent de cette auteure, puisque tu n'arrives pas à la gérer...
Onodera sentit une pierre lui tomber dans l'estomac. Takano venait tout simplement de lui dire qu'il n'était pas compétent.
- Je le peux! protesta-t-il, ce n'est pas juste!
- La prochaine fois tu feras ton travail correctement.
Il se sentit blessé, et ne put s'empêcher d'avoir les larmes qui montaient.
- Je... je dois aller aux toilettes! annonça-t-il.
Il partit précipitamment, priant pour que personne n'ait deviné qu'il était au bord des larmes, et s'enferma dans les toilettes, en essayant de se calmer. S'il parvenait à ne pas pleurer et à retenir les larmes, ce n'était pas pour autant qu'elles s'en allaient. Il s'efforça de respirer profondément, mais ce n'était pas aussi simple. Il ne cessait de voir les images de Takano et de cette fille... ce ne fut qu'au bout d'un quart d'heure qu'il ne sortit, mais s'estima encore trop fragile pour affronter Takano. Il s'assit donc et se concentra sur son travail.
Le soir venu, alors que ses collègues quittaient tous le bureau, Takano lui lança:
- Tu ferais mieux de rentrer. Ce n'est pas comme ça que tu rendras un travail productif.
Ignorant le nouveau pincement au coeur qu'il éprouva, il répondit:
- Non, ça ira.
Il ne voulait pas rentrer avec Takano. Pas avec celui qui l'avait incendié toute la semaine.
- Tu as l'air d'une épave, lui fit remarquer son supérieur.
- Je rentrerai dans une heure! s'énerva-t-il.
- Comme tu veux, répondit Takano, vaguement agacé.
Et il partit, le laissant seul au bureau. Onodera partit en effet une heure après, trop exténué pour avoir le courage de rester au bureau. Cependant, quand il arriva à son immeuble, il eut la surprise de découvrir Takano qui l'attendait dans le couloir de leur étage.
- Qu'est-ce que tu fais là?
- Est-ce que tu m'aimes? lui demanda-t-il sans détour.
Onodera avala bruyamment sa salive. Il ne s'y était pas attendu. L'air imperturbable de Takano le perturbait lui. Il se sentait mal à l'aise. Il ne savait pas quoi répondre. Il ne voulait pas répondre. Il voulait juste aller se réfugier sous sa couette.
- Quand est-ce que tu en auras marre de me poser cette question? rétorqua-t-il.
- Justement, je crois que je commence en à avoir marre, Ritsu.
Onodera sentit autre chose se briser dans son coeur. Il regarda l'air sérieux qu'arborait Takano.
- Tu ne me dis toujours pas de " je t'aime" après tout ce temps. Je commence à penser que je perds mon temps.
Pour quoi? Pour être avec un loser comme lui? Avait-il réalisé qu'Onodera ne valait pas la peine d'être attendu, finalement?
- Je...
Il aurait voulu le dire. Presque. Vraiment. Il aurait voulu avoir le courage d'affirmer ses sentiments, et de clarifier la situation une bonne fois pour toutes. Mais il n'en avait pas la force. Surtout après cette semaine.
- Je ne peux pas te le dire, répondit-il.
Takano émit un profond soupir, et répliqua:
- Très bien. J'abandonne.
Cela acheva de le briser.
- Quoi? fit-il d'une voix chevrotante.
- Tu as entendu. Je dois... avancer. Et trouver quelque chose qui soit bon pour moi.
- Parce que je ne le suis pas? demanda-t-il en rigolant à moitié.
Takano ne répondit pas autre chose que " Bonne nuit Onodera. Et n'arrive pas en retard." Onodera dut user de toute sa force pour ne pas rester figé, et se traîner jusqu'à son lit, sans dîner. Il n'avait pas faim pour cela.
Cette fois là les larmes tombèrent, et il ne put les arrêter. Secoué de sanglots, il n'arriva pas à se raisonner.
Merde.
Il était tombé amoureux. Encore. Et Takano lui brisait le coeur. Encore.
Jamais plus, cette fois, jamais plus il ne retomberait amoureux.
Note : Donc voilà, j'espère que ça vous a plu, n'hésitez pas à me laisser un avis ;)
