J'entends mon cri résonner dans la chambre. Encore. Encore. Tout devient flou. Les murs tremblent autour de moi sous le poids de la chaleur ambiante. Est-ce que je rêve ? Je n'arrive plus à me repérer. Je tremble. Je suis seule. Il est partit, définitivement. Moi je reste là, assise à côté de lui. Je ne comprends plus rien. Je n'essaye plus. Mes cris résonnent toujours, montrant la peine me transperçant. Mes larmes couvrent ton visage désormais si pâle. Réveil toi. Aller réveil toi. Je te secoue encore une fois pour finalement m'effondrer sur ton torse. Je n'arrive plus à crier. Je n'y arrive plus. Je ne fais que pleurer en serrant légèrement ma gorge avec ma main désormais noir de suie. J'ai si mal mais pas seulement à la gorge. Je suffoque. Les flammes montent de plus en plus. La fumée remplie progressivement la pièce. J'ai chaud mais je refuse de te laisser. Ma peau me pique alors que j'essaye de te tirer hors de la pièce. Aller réveil toi. Je tombe par terre. Je n'arrive plus à respirer. Je vois une lumière blanche. Elle est si belle. Ça y est c'est la fin, ma fin.

Je me réveil en sursaut. Encore ce souvenir. Je me redresse lentement dans mon lit. Pourquoi suis-je obligée de me rappeler de ce jour ? Je veux juste oublier. Laissez-moi oublier. Je rapproche mes jambes contre ma poitrine. J'ai si peur. Je sens les larmes couler doucement. La porte de ma chambre s'ouvre lentement, faisant entrer une lumière blanche et rassurante dans ma chambre.

« Encore ce cauchemars ? »

Je hoche lentement la tête en la laissant contre mes genoux. Mon père se rapproche de mon lit puis s'assoie à côté de moi. Il me caresse tendrement les cheveux alors je lève mes yeux chocolatés vers lui. Je le regarde, les yeux couvert de larmes. Il me serre contre lui comme pour me protéger, me faire oublier. Il est si gentil avec moi depuis ce jour-là. Il a eût tellement peur. Tout le monde à eût peur pour moi, le 7 juillet. Je tremble légèrement en repensant à cette date. Cette fameuse date. Mon père me frotte affectueusement le dos. J'aimerai tellement lui dire à quel point je l'aime, à quel point je tiens à lui, mais comme d'habitude rien ne sors. Pas un son.

« Tu veux que je dorme avec toi ? »

Je fais non de la tête. J'ai besoin d'être seule. Je dois m'y habituer. Ils ne seront pas toujours là. Je dois apprendre à vivre avec ce souvenir, seule. Mon père à un regard remplis de tristesse lorsqu'il me regarde. Je sais qu'il s'en veut. Ce n'est pourtant pas sa faute. Il n'a rien fait pour que cela arrive et pourtant il se sent toujours coupable. J'embrasse la joue de mon père et lui fait un léger sourire. Je sens bien que mon sourire n'est pas très convaincant mais il suffit pour que mon père quitte la pièce. Lorsqu'il ferme la pièce, je roule sur mon lit pour regarder mon réveil. 4H 36. Dans quelques heures je devrai me lever pour retourner au lycée. Je hais le lycée. Tout le monde fait semblant d'être gentil avec moi juste parce que je ne peux plus parler mais je sais très bien ce qu'ils pensent. Je ne suis qu'une menteuse. Pour eux, je fais juste semblant pour attirer l'attention. Si seulement ils comprenaient. J'aimerai parler. Seulement je n'y arrive pas. Je caresse une nouvelle fois ma gorge en essayant de sortir un son. Rien. Encore un effort resté vain. Je récite quelques mots dans ma tête pour m'entraîner à les prononcer comme me l'a conseillé le docteur Setsuko. Tristesse. Larmes. Solitude. J'arrête. Ça ne sert à rien. Quel imbécile ce médecin. Comme si il suffisait que je pense à des mots pour qu'ils sortent. Je parlerai depuis longtemps si cela marchai vraiment. Je m'allonge sur le dos. Je n'ai plus sommeil. Je ne veux plus dormir. Le souvenir de cette nuit me revient à chaque fois que je ferme les yeux. Cette horrible nuit. Je regarde le plafond en caressant mon cou. Si seulement les fumées m'avaient faites étouffée, m'avaient achevée. Je n'aurai pas à me rappeler de tout cela. Je n'aurai besoin de rien. Je me reposerai, éternellement, à côté de lui. Il me manque tellement. Je n'en peux plus de penser à ça alors je prends mon téléphone. Je joue quelques minutes à un jeu mais je suis très rapidement lassée. J'envoie des mails qui reste sans réponse, normal vu l'heure. Je pose mon téléphone à côté de moi puis continue de regarder le plafond. Depuis quelques temps j'ai réussis à lui trouvé un fort intérêt. Une lumière vive et éclatante émane de mon téléphone. Une réponse à cette heure-ci ? Je prends mon téléphone entre mes doigts. Grey. Ça ne pouvait être que lui. Je me surprends à esquisser un léger sourire. Il est tellement attentionné avec moi qu'il me répond même à des heures impossibles. C'est bien mon meilleure ami. Je passe plusieurs heures à parler de tout et de rien avec lui. Il n'y a qu'avec lui que je me sens un peu moi-même. Celle que j'étais avant. Celle que je ne serais plus jamais.

De : Grey
A: Lucy
Objet : Bien matinal

Déjà réveillée ? Tu devrais te reposer pour demain blondinette. Après tout, on a cours de français avec ta prof préféré. ;3

De : Lucy
A: Grey
Objet : Mauvais rêve

Je n'arrivais pas à dormir. Ça va me déprimes pas merci u.u rien que de penser à Madame Groin j'ai des sueurs froides.

Madame Groin est une professeure de français tout ce qu'il y a de plus admirable. A une exception près, elle ne fait que crier. Rien que pour nous interroger elle crie. Elle crie si fort que j'ai l'impression que mes tympans vont saigner et je ne suis pas la seule à avoir ce « symptôme de Madame Groin » tout le monde l'a dans la classe. C'est une maladie collective apparemment. S'il n'y avait que ça je pourrai écouter mais en plus il y a son sale caractère. Toujours à nous crier dessus pour un rien. Pire que ma mère. Enfin, pire que ma mère avant le 7 juillet.

De : Grey
A: Lucy
Objet : Frère Jacques

Tu veux que je vienne te bercer ? Ne t'inquiète pas elle ne va pas te rendre sourde -enfin peut-être on sait jamais avec elle- mais tu dois quand même venir en cours sinon je viens te chercher par la peau des fesses *3

De : Lucy
A: Grey
Objet : Papa poule

Non ça ira papa. Je vais plutôt aller prendre une douche pour enlever le manteau couvert de chat de Madame Groin de mon esprit. Méchant Papa Grey. A tout à l'heure au lycée. Bisous.

Je pose mon téléphone sur ma table de chevet, me redressant légèrement. Je suis tellement bien au chaud dans mon lit. Protégée de tout, ou presque. Je n'ai pas envie d'aller en cours. Je ne veux pas voir le manteau couvert de chat que porte tout le temps Madame Groin. Je veux juste rester là, au chaud, tranquillement installée dans mes couvertures. Mon réveil me rappelle à l'ordre en sonnant telle une alarme incendie. Je déteste ce bruit. Je le hais. Je tape machinalement dessus. Ça y est, il est 6H. J'enfile mes chaussons en duvet rose en me levant doucement. J'ai du mal à respirer. Je suis restée trop longtemps allongée sur ma poitrine pour parler avec Grey. Je reste assise sur le bord du lit, la main posé sur mon cœur. Comment est-ce que tu fais pour battre encore après tout ça toi ? Je ricane. Voilà que je parle avec mon cœur maintenant. Enfin parle, pense fort à mon cœur plutôt. Mon souffle retrouvé, je marche en tâtant les objets autour de moi pour me repérer dans le noir. La porte atteinte, je l'ouvre lentement, la lumière du soleil passant par la fenêtre du couloir brouille ma vue. Je plisse les yeux. Je suis ridicule. Ce ne sera pas la première fois. Je me glisse lentement vers la salle de bain. Ma mère est entrains de se pomponner devant le miroir, elle ne m'a pas encore vu. Je l'observe chantonner devant le miroir. Moi aussi j'aimerai chanter à nouveau. Je me rappelle que j'adorai ça, avant. Tout le monde aimait m'entendre chanter. Ils disaient que ma voix était celle d'un ange. Un ange n'aurait jamais perdu sa voix aussi facilement. J'ouvre la bouche pour tenter d'imiter ma mère, c'est à ce moment précise quel me remarque. Elle me sourit tendrement, ce sourire dont je connais désormais le sens par cœur : le sourire compatissant. Je n'en peux plus de le voir. J'aimerai lui dire que je vais bien mais ce n'est pas vrai. Et puis même si je pouvais lui dire, elle ne me croirait pas.

« Tu as bien dormis chérie ? »

Je fais une hésitation avec la main. Ma mère comprend rapidement que j'ai refait le même cauchemar. Je peux voir dans ses yeux que le souvenir de cette nuit lui revient. Je sais qu'elle a peur. Sans prévenir, elle me sert dans ses bras. Je réponds à son étreinte. Je l'aime tellement. C'est quand je n'ai plus de voix que je le remarque. Elle me lâche au bout de plusieurs longues minutes. Elle sourit de nouveaux. Maman... Je caresse sa joue pour la rassurer. Elle la sert contre elle, la posant sur son cœur. Moi aussi je t'aime maman. Elle part ensuite, me laissant seule dans la salle de bain. J'allume l'eau de la douche pour qu'elle chauffe. Je me regarde ensuite dans le miroir. Mes cheveux blonds sont emmêlés et gras. J'ai de nouveau transpiré cette nuit. Je regarde mon bras, les cicatrices ne partiront plus. Je ferme les yeux comme pour essayer de concentrer mon esprit sur autre chose mais quoi ? Je caresse doucement mon avant-bras. Ça n'a pas vraiment fais mal. Rien ne pourra plus jamais me faire mal. Doucement, je retire mon pyjama. Il est lui aussi trempé de sueur. Je n'en peux plus de ces cauchemars. Je voudrai juste oublier. Oublier et dormir. Mon cœur se serre dans ma poitrine. Est-ce que je peux vraiment oublier ?

Je marche sur le trottoir en direction du lycée. Maman voulait m'y emmener, comme à son habitude, et moi j'ai à nouveau refusé. J'ai envie de fuir leur cocon remplie d'amour et de compassion à mon égard. Eux aussi devraient souffrir alors pourquoi je suis la seule à la montrer ? Pourquoi ils n'en parlent pas une bonne fois pour toute ? Je sais ce qui s'est passé. J'étais là. J'ai l'impression qu'ils font tout pour cacher l'évidence. Il est mort. Il est froid, pâle, mort. Juste mort. Pas partit, pas dans mon cœur, juste mort. Je marche le regard tourné vers mes chaussures. Quel ennui le lycée. Mes notes sont en chute libre de toute manière. Elles ne tiennent qu'à un fil. Le directeur a déjà menacé de me faire renvoyer si je ne me ressaisissais pas mais moi je m'enfiche. Tout est vide d'intérêt. Je marche rapidement vers mon arrêt de bus. Je vais de nouveau le louper. Je me mets à courir. Mes poumons me brûlent. Ils ne sont plus habitués à respirer autant d'air pendant un effort. En réalité, ils ne sont plus habitués à ce que je cours tout simplement. Ils sont comme couver d'un voile noir. Un voile non détachable. Un voile qui va jusqu'à mon cœur et même jusqu'à mon cerveau. Je monte précipitamment dans mon bus. Le chauffeur râle alors que je remets mes cheveux correctement. Il me regarde droit dans les yeux, insistant de plus en plus son regard remplis de reproche. Je ne lui réponds rien. Évidement ma voix reste muette. Je ne supporte plus son regard et part donc m'asseoir un peu plus loin. Mes amis ne prennent pas le même bus que moi. Enfin, pas ceux que je considère comme mes véritables amies en tout cas. Je coiffe mes cheveux avec mes doigts en m'asseyant près de la fenêtre. Ce que c'est lassant. Toujours les même gestes. Toujours les même trajets. Rien ne change. C'est ennuyant. Vraiment ennuyant. C'est comme ça tout simplement. Je soupire. Le bus démarre doucement avant de s'arrêter brutalement. Je regarde le chauffeur. Il klaxonne. Ce qu'il peut être grognon ce matin. Je tourne rapidement mon regard vers le pare-brise. Un garçon a les bras tendus pour arrêter le bus. Il sourit puis court vers la porte du bus. Il s'excuse et s'assois ensuite à côté de moi. Tout s'est passé si rapidement que j'ai à peine eus le temps de le regarder correctement. Je lui jette un léger regard en coin. Il ne peut pas le remarquer. Il est totalement absorber par son téléphone. Mon portable sonne dans ma poche. Merde j'ai oublié de le mettre en silencieux. Je tape sur ma poche pour le faire taire puis le mets rapidement en silencieux pour ne pas me faire remarquer. Trop tard. Tous ceux du lycée me dévisagent. Bon ça va j'ai du rock en sonnerie et alors ? J'aime ce que je veux encore non ? Je ne regarde même pas le mail. Je sais que c'est Grey qui m'a simplement répondu avec du retard. Le garçon a côté de moi sourit.

"T'écoutes du rock ?"

Je hoche doucement la tête. Je ne peux même pas répondre correctement a sa question.

"Et tu écoutes quoi ?"

Aie. Je ne peux pas lui répondre avec un simple hochement de tête cette fois ci. Je sors mon téléphone et tape ma réponse sur mon bloc note.

"Un peu de tout"

Il affiche une mine étonnée sûrement parce que je l'ai écrit au lieu de le dire de vive voix.

"Tu ne veux pas me parler c'est ça ?" Renchérit-il

Je secoue énergiquement la tête de gauche à droite. Si bien sûr que j'aimerai parler. Il est stupide. Non correction Lucy, il ne sait rien. Ce n'est pas sa faute. Je tape machinalement sur mon écran lumineux.

"Je ne peux pas parler."

Il affiche à nouveau une mine étonnée. J'ai l'habitude de voir cette tête à force. Après il va me demander pourquoi.

"Pourquoi ? Quelqu'un t'en empêche ?"

Quelqu'un ? Quelque chose plutôt. Il s'intéresse à mon problème, comme tout le monde. Quand il comprendra il se contentera de me plaindre avant d'arrêter de me parler car c'est embêtant de parler avec une personne qui reste constamment muette. Je divague dans mes pensées alors qu'il continue à parler.

"Tu ne veux pas me le dire ?"

Je le regarde. Il n'est pas différent des autres, hors mis la couleur de ses cheveux. Rose. Étrange. Je n'ai jamais vu quelqu'un avec des cheveux pareil. Il suit la direction de mon regard et comprend que je suis fascinée par ses cheveux.

"Couleur naturelle. Oui je sais c'est étrange. Problème génétique."

Je joue avec mes doigts. Je suis gênée d'avoir tellement insisté mon regard sur de simple cheveux.

"Au fait moi c'est Natsu. Natsu Dragneel."

Il sourit en tendant sa main vers moi. Il n'a pensé à se présenter que maintenant. Il est vraiment distrait. Je dis ça mais moi non plus je ne me suis pas présentée. Je tape rapidement mon nom et mon prénom sur mon téléphone.

"Lucy Heartfilia."

J'esquisse un léger sourire en lui serrant la main. Le bus est enfin arrivé au lycée et Natsu est l'un des premiers dehors. Je soupire. Quel personnage ce « Natsu ».