Je relis mes mots et je suis toute émue, alors j'espère que vous le serez aussi. C'est juste un tout petit OS de rien du tout, mais moi je suis émue. Il est super court, mais je ne pouvais pas faire plus, après tout j'allais pas vous écrire une encyclopédie.

Alors, pour information, "Epistole" est un mot ancien pour dire "Lettre". Il n'est plus du tout utilisé et ni mon correcteur orthographique, ni ma bêta ne le connaissent (qui remarquera que je place mon correcteur avant ma bêtadorée ? ^^) mais j'ai vérifié (enfin, je me suis prosternée devant le Dieu Google qui m'a donné raison) et c'est bien ça. Juste une petit précision au cas-où, vu que ni mon correcteur fabuleux (ou presque, il connait pas tout plein de mots mon correcteur...) ni ma Plyne ne le connaissaient, ça veut dire que plein de gens peuvent ne pas le connaître, parce que la Plyne, elle s'y connait quand même un minimum.

Enfin bon, côté Disclaimer je sais pas si c'est vraiment utile. Je veux dire, vous me connaissez, franchement, de qui je peux bien voler les personnages ? Ben voilà, réponse immédiate ; JKR. Comme toujours auparavant et comme toujours dans le futur (du moins si je peux continuer à écrire) je suis une vilaine moldue qui chipe beaucoup dans l'univers de notre orphelin brun préféré pour écrire. Cependant, je reste la seule personne à avoir un droit quelconque sur l'idée. Les personnages sont à JKR, mais le reste est à moi !

Enfin, bonne lecture à vous, en espérant que je sois pas la seule à pouvoir être retournée par mes quelques mots tout jolis.


Épistole


Potter,

C'est étrange, tu sais ? Très étrange. Jamais je n'aurais jamais pensé t'écrire une lettre, à toi. Comme je me doute que jamais tu n'aurais imaginé recevoir une lettre de moi... Si jamais tu la reçois. J'ai toujours trouvé que les hiboux avaient un certain charme. J'ignore pourquoi, mais j'ai toujours aimé les voir voltiger dans les airs avant de se poser face à moi et de me tendre leurs pattes afin que je récupère ma lettre. À Poudlard, j'allais souvent à la volière, juste pour les voir. Ils ont toujours exercé une certaine fascination sur moi. Même ta chouette... Surtout ta chouette plutôt. D'un blanc presque immaculé et un pelage si doux... J'étais même jaloux de ton coursier. C'est assez pathétique, je l'avoue. En même temps, je peux t'avouer tout ce que je veux, ce n'est pas comme si tu allais me répondre ou le crier au monde entier.

Ce serait difficile pour un mort.

Mort... Je n'arrive pas à y croire. Je ne peux pas le croire. Le monde en est persuadé, mais pas moi. Je ne sais pas, je ne sais pas... Tu ne peux pas mourir. Tu as toujours été plus fort que moi, tu ne peux pas avoir cette faiblesse. Tu ne pouvais pas... Je croyais que tu serais toujours là, toujours à me vaincre. Tu étais immortel. Et pourtant, tu n'es plus. Tu es parti, blessé, pour ne jamais revenir. Alors, le monde en a été déduit que tu étais mort. Une belle bande d'hypocrites, si tu veux mon avis. Si tu étais revenu, ils t'auraient tous acclamé, tu aurais dû parader à leurs côtés en souriant alors que tu aurais détesté ça. Sauf que tu n'es pas revenu... Et que ça les enchante. Pourquoi devraient-ils s'embêter à rester dans ton ombre ? Mort, ils se servent de ton image à leur avantage, vivant tu serais trop compliqué à manipuler. Tu n'as jamais été facile.

Je ne sais pas vraiment pourquoi je t'écris. Après que tu aies vaincu le Lord, j'ai dû voir un Psychomage. On a tous dû. Ils n'ont pas réellement aidé, mais le mien m'a dit, lors d'une séance, que je devais me libérer de ce qui m'entravait pour pouvoir avancer. Je l'ai écouté... À ma manière. Aujourd'hui, je me rends compte que c'est toi qui m'entrave. Ton souvenir. Ton absence aussi. Alors je t'écris. J'écris à un mort. Parce que ce mort, il me manque. Il n'y a plus personne pour s'opposer à moi. Sans toi, plus personne ne me voit.

C'était pour ça que je t'appréciais tant. Pour cela que je te cherchais. Je voulais ton attention, je l'avoue. Tu étais tellement différent de ceux qui m'entouraient. Tu étais le seul à me voir, moi. Tu sais, j'ai grandi comme un Malefoy. Je n'avais pas cinq ans qu'on faisait déjà des révérences devant moi, que des familles cupides demandaient déjà à leurs enfants d'être mes amis. Je n'avais pas cinq ans que j'étais déjà un nom... Et ça a duré. Des années. Ça dure encore. Ça durera toujours.

Lorsque nous nous sommes rencontrés, quelque chose a changé dans mon monde. Je pensais tout maîtriser, je croyais tout diriger. J'avais tord. Je n'étais pas un nom ; je n'étais qu'un nom. Tu me l'as fait comprendre. Toi, avec ton air de gosse débarqué de nulle-part, avec ton ignorance désarmante et avec cette façon de me voir, moi Drago, et non pas Malefoy. Tu m'as fait prendre conscience qu'être Malefoy ne suffisait pas. J'avais le monde à mes pieds, ça n'irait pas en s'arrangeant alors que je grandirais, mais ce n'était pas et ne serait jamais assez.

Tu m'as toujours appelé par mon nom de famille, mais tu t'adressais à Drago. Tu parlais au petit con arrogant que j'étais, pas à celui dont il fallait baiser les pieds et cirer les pompes. Ça a tout changé pour moi. J'ai voulu que tu sois mon ami, tu as refusé. Tu as eu raison, Weasley a fait un bien meilleur ami que je ne l'aurais jamais été. Je ne suis pas fait pour l'amitié... Je ne suis fait pour aucun type de relation. La seule chose que je sache faire, c'est donner des ordres et lancer des regards supérieurs au reste du monde.

Je t'en ai voulu de me refuser ton amitié, de préférer un être quelconque à moi. Paradoxalement, ça m'a encore plus attaché à toi. Tu étais si différent. Avec toi, pas de déférence, pas de médisances, pas d'apparence. Juste des insultes, des coups, de la haine. C'était tellement différent. Tellement... Mieux ? Peut-être. Je ne sais pas. Je ne l'ai jamais su.

Toutefois, cette différence a changé quelque chose en moi. Tu voyais Drago et je voulais pouvoir n'être que Drago. Tu étais le seul à le voir, alors j'avais besoin que tu fasses attention à moi. C'est pour cela... Je sais que ça n'excuse nullement tout ce que j'ai pu faire, mais d'une certaine façon, je l'ai fait pour toi.

Pour être vu. Tu étais le seul à voir au-delà de Malefoy, à voir Drago. Le seul à te comporter envers moi tel que je le méritais... Alors je t'ai cherché. Bien plus qu'il ne le fallait, mais j'ai tout fait pour que tu ne puisses pas m'ignorer. Je t'ai insulté, j'ai insulté tes amis, je vous ai blessé. Je me suis opposé à toi, j'ai rejoins les Mangemorts. Je savais que tout cela, ça t'empêcherait de ne pas me voir. J'avais besoin d'exister. J'avais besoin qu'au moins une personne sache que je n'étais pas seulement l'héritier d'une fortune, d'une famille, d'un nom, mais aussi un enfant qui grandissait.

Je pense souvent que si d'autres avaient vu en moi cet enfant, cela m'aurait sûrement évité de faire tant de conneries... Je porte encore la marque de mes erreurs, et je les regrette. J'aimerais pouvoir revenir dans le passé et changer cela. Sauf que je sais que, si je me retrouve à nouveau invisible parmi tant d'autres, je referais ce choix. Pour que tu me vois...

Avec du recul, cela me paraît normal. Tu es sûrement le seul qui pouvait agir comme ça. Tu étais le seul à pouvoir être supérieur à un Malefoy et avoir le droit de me voir, plutôt que m'aduler de devant et médire par derrière. Pourtant, ce n'est pas ton nom qui t'a fait agir comme cela. C'est juste ton ignorance totale du monde. Tu ne savais pas qui j'étais, pourquoi te comporter avec moi différemment d'avec les autres ? Puis tu l'as su, mais ça n'a rien changé pour toi.
C'est ce fait qui m'a paru le plus étrange au début. Tu as compris qui j'étais, l'importance que j'avais, mais tu n'as jamais fui. Tu me fascinais. Tu me fascines toujours. Je n'ai jamais compris comment tu fonctionnais, je n'ai jamais su prédire tes réactions. La plupart des gens sont prévisibles. Il est facile de décortiquer leur façon de penser, leurs émotions et de déduire leurs réactions. Toi, pas. Toi, je n'ai jamais réussi à savoir, à imaginer comment tu pourrais réagir face à telle ou telle situation. C'était... Juste une raison de plus pour m'intéresser à toi.

Mon ancien Psychomage serait content. Il disait que je ne m'ouvrais pas assez, que je devais plus souvent dire ce que je pensais. J'écris, ce n'est pas la même chose, mais au final tu recevras quand même mes pensées. Ou pas. Tu es mort, après tout. Censé être mort... Trois ans après, j'ai toujours du mal à me faire à cette idée. Je crois que tant que je ne verrais pas ton corps inanimé, je n'accepterais pas. Comment accepter que tu ne sois plus ? Comment accepter l'idée que je n'aurais pas de réponse à cette lettre ? Que mon hibou ne te trouveras pas et qu'il rentrera bredouille, ma lettre toujours accroché à sa patte ? Je crois que lorsque ça arrivera, je te le renverrais. Je crois que tant que cette lettre sera accrochée, elle y restera et l'oiseau n'aura pas de répit. Tu ne peux pas être mort. Tu n'as pas le droit.

Pense à ma plume qui parcourt ce papier ; j'ai le courage de t'écrire, alors soit au moins là pour me lire. Je veux que tu lises cette lettre. Je veux qu'il y ait quelque part une personne qui sache que j'existe. Même si tu ne reviens jamais, même si tes yeux ne se posent plus sur moi avec haine, même si tu ne me vois plus, au moins tu sais que j'existe. Parce que, moi je sais, tu chéris les souvenirs du passé. Tu es vivant, tu dois l'être, mais tu as quitté ce monde. Je comprends ça. Je ne sais pas prédire tes actions, mais je peux deviner ce que tu penses, ce que tu as pensé. Tu es vivant et tu es reparti parmi les moldus. Tu ne voulais pas de ce monde d'hypocrites, de ce monde où tu serais sans cesse harcelé par ta victoire. Tu pensais mourir et échapper à ça, à cette épidémie de joie et d'embrassades qui ont eu lieu. Tu pensais mourir et échapper à ton nom, à ta cicatrice. En te relevant, blessé et presque mort mais toujours vivant, tu as préféré partir. Ça, je peux le comprendre. Je sais que, là où tu es, tu dois tout de même penser à ce monde que tu as laissé derrière toi. Ce monde, j'y appartiens. Quand tu penses à ce monde, tu penses à tes amis et à Poudlard. Poudlard, je l'espère, doit t'amener à penser à moi. Tu dois te souvenir de moi. Te souvenir de mon existence. Te souvenir de Drago. Je veux que quelqu'un sache que Drago existe. Que Drago est un imbécile, toujours aussi arrogant, toujours aussi insupportable, mais qu'il existe. Caché derrière Malefoy... Je veux que ce scénario que je m'invente soit vrai. Je veux que tu sois vivant... Mais ce que l'on veut est rarement ce que l'on a.

Mon nom a été réhabilité tu sais ? Non, tu ne sais sûrement pas... La mort ignore la vie. Tout à leur euphorie, les gens ont été capable de voir que, malgré ma marque, je pouvais servir à certains. Ceux qui visaient le pouvoir politique surtout. Un Malefoy peut servir. Il leur suffisait d'inventer une jolie histoire pour que je passe pour un gentil. Ça n'a pas été difficile, les ministériels sont de très bons fabulateurs. Je pensais que ta victoire marquerait la fin de ma famille. Dans un certain sens, j'en étais presque à l'espérer. Comme ça, les gens auraient cessé de voir Malefoy comme un être supérieur et j'aurais peut être pu connaître de nouvelles personnes appréciant Drago. Au lieu de ça, alors qu'on aurait dû me mettre en prison avec tant d'autres, j'ai été accepté par la société. Je suppose que le monde a besoin de figures emblématiques, même s'ils doutent de leur véracité.

Je côtoie diverses personnes tous les jours. J'en ais plein qui travaillent sous mes ordres et j'occupe l'un des postes les plus influents du Ministère. Je suis entouré de plein de monde et incroyablement demandé... Mais encore une fois, je ne suis que Malefoy. Qu'un nom, dont la signification a changé par la manipulation de l'opinion publique, mais je ne suis qu'un nom. Un nom à qui on demande de paraître à des dîners officiels, de sourire sur les photos avec le Ministre... Un nom.

Je suis né Malefoy, adulé pour mon nom sans être connu pour moi même. J'ai eu un peu d'espoir pendant quelques années avec toi. L'espoir qu'un jour mon nom cesserait d'être le seul qualificatif qui s'appliquerait à moi. Je n'aurais pas dû espérer. L'espoir, c'est pour les naïfs, les romantiques, les niais, les idiots. L'espoir, ça ne peut que décevoir. J'ai été déçu. Tu m'as déçu d'une certaine façon. J'aurais voulu que tu ne partes pas. Que tu restes. Que tu continues à me voir. J'aurais existé à travers toi... Un peu plus longtemps. Je ne t'en veux pas d'avoir fui. Je ne peux pas t'en vouloir. Pas alors que je crève d'envie de partir, moi aussi. Je ne le fais pas. Je ne le ferais jamais. Je suis lâche. Je hais la position dans laquelle je vis, mais je sais que sans elle je ne serais rien.

Cette lettre, c'est ma bouteille à la mer, Potter. C'est encore un petit bout d'espoir qui subsiste en moi ; l'espoir que tu sois vivant, l'espoir que j'existe encore. C'est un peu de folie, aussi. Beaucoup, peut-être. Cette folie, je l'attacherais à mon hibou. Une chouette totalement noire, à l'opposé de la tienne. J'ai pensé à toi en la choisissant... Cette folie, je te l'enverrais. À toi, un mort. Tous les jours, j'attendrais le retour de mon animal. J'attendrais avec impatience, j'attendrais avec peur. Impatience de savoir, peur d'être déçu. J'ai peur, Potter. Peur que tu sois vraiment mort. Peur que tu n'existes plus... Parce que si tu n'existes plus, alors moi non plus. Je veux que cette lettre arrive jusqu'à toi. Je veux que mon hibou revienne sans. Ou avec une réponse. Je veux que tu sois vivant. Je veux... Je veux être Drago, encore Drago, juste Drago. Je veux que quelqu'un sache que je suis là. Je veux être moi. Je veux que, toi, tu me vois, moi. Encore une fois, encore un peu. Je veux juste vivre, tel que je suis. Sans avoir à paraître, à sourire, à faire semblant. Je veux que tu me détestes comme avant. Je veux exister en t'insultant. Je veux exister en te haïssant. Je veux exister en te regardant. Je veux exister... Mais pour ça, j'ai besoin de toi.

Drago.