Bonjour, je suis Ellen Wright, j'entame ma sixième année à l'Ecole de Sorcellerie de Poudlard. Je suis à Gryffondor pour mon plus grand plaisir, je rêvais d'aller là bas quand j'étais petite. Ma mère m'avait raconté tant de choses sur la magie, étant elle-même une sorcière. Ma mère, Eugenia, a fait sa vie avec un Moldu, John, mon père. Nous étions une belle famille heureuse, comblée de bonheur. «Etions», parce que c'est fini maintenant. Nous sommes en septembre 1943, la Seconde Guerre mondiale dévaste le monde moldu. Mon père s'était enrôlé dans l'armée pour «mettre une raclée à ces allemands», comme son propre père l'avait fait pour la guerre précédente sauf qu'il n'a pas survécu. L'officier de sa division s'est présenté à la maison au début des vacances pour nous informer de son décès. Le pauvre homme, quel rôle ingrat a-t-il dû jouer. Ma mère l'avait agrippé par la veste en lui disant qu'il s'était trompé, qu'il avait confondu avec un autre, rien n'y a fait ... Un obus en pleine poitrine, que voulez-vous que je vous dise. Etant lui-même sous-officier, son corps a été transporté avec celui d'autres soldats gradés vers un cimetière, où on l'a jeté, du moins ce qu'il restait de lui, dans un petit fossé, puis recouvert avec un petit lopin de terre.
Ma mère a été forte, elle a continué sa vie le plus normalement possible. Je ne l'ai pas vue sourire depuis une éternité, et cela me fait de la peine. Elle se concentre beaucoup sur son travail au ministère, peut être trop, mais ça doit sans doute être le moyen qu'elle a trouvé pour se changer l'esprit, du moins de l'occuper momentanément. Au début ça a été dur. Elle dormait peu, mangeait peu, restait en boule sur le canapé à regarder dans le vide. Ca m'a rendue triste. La mort de mon père me causait déjà une réelle affliction, j'étais à peu près aussi amorphe que ma mère. J'avais pleuré aussi, mais les larmes ne venaient que rarement. Généralement, je gémissais dans mon lit, une boule se formait dans ma gorge et elle mettait du temps à partir mais jamais les larmes ne franchissaient la barrière de mes cils. Je faisais des cauchemars de temps à autre. Un obus arrivait sur ma maison, sur mon père, sur ma mère, sur mes amies, à Poudlard, et je me réveillais en hurlant de peur, le front en sueur. Maintenant ça allait mieux, mes cauchemars ne revenaient que quelque fois par mois, et je m'en portais le mieux du monde.
