POV Elijah

Je suis assis dans la cabane avec mes frères et soeurs. Cela fait presque une semaine que Henrik est mort. Je n'arrive toujours pas à croire ce qu'il s'est passé. Un homme du village a ramené son corps, totalement déchiqueté par les loups. Ce souvenir va me hanter pendant des années, devrais-je dire pendant des siècles. En effet, peu de temps après cet événement, notre mère a effectué un sortilège pour nous rendre immortels. Et voilà, comment nous sommes devenus des monstres assoiffés de sang… Nous voilà donc essayant de lutter contre cette envie de plus en plus forte.

Je lève mon regard et je laisse mes yeux se poser sur les membres de ma famille. Tout d'abord, je vois Rebekah, ma petite soeur douce, toujours souriante. Et pourtant, hier elle a tué 5 hommes de notre village. Ensuite, il y a Kol, toujours rieur et espiègle. Mais il est celui qui a le moins de contrôle de cette soif. Il a massacré une vingtaine d'humains juste pour le plaisir. Et enfin, il y a Finn, mon grand frère. Il s'occupe de Rebekah et Kol comme il peut, essayant de les aider alors qu'il est aussi perdu que nous. Je soupire à nouveau, il ne reste que nous quatre. Henrik laisse un immense vide dans nos vies.

Soudain, j'entends un cri dehors. Je sors alors que j'entends Finn ordonner aux plus jeunes de rester avec lui, en sécurité et loin de la tentation. Mes nouveaux sens me permettent de repérer une source importante de sang et je me dirige alors vers elle. Je me fige en voyant ma mère, allongée par terre et mon père s'éloigner au loin, un poignard recouvert de sang. Je cours vers Esther, voulant l'aider. Elle paraît si pâle, dans cette forêt si verte et entourée de ce liquide rouge. Je pose une main sur sa joue alors que je m'agenouille à ses côtés. Je l'appelle doucement puis de plus en plus fort.

"Mère… mère !"

Je la vois entrouvrir les yeux et je sais déjà qu'il est trop tard. Je vais perdre ma mère, comme mon petit frère il y a une semaine. Je ne sais pas quoi lui dire alors que des larmes commencent à rouler sur mes joues, sachant que l'inévitable va se produire une fois encore. Elle commence à entrouvrir la bouche et je l'arrête :

"Non mère, gardez vos forces."

Elle pose une main couverte de sang sur ma joue et ne prend pas garde à mon conseil :

"Elijah, mon enfant, mon si bel enfant. Je dois t'avouer quelque chose."

Elle tousse et s'étouffe avec son propre sang. Je l'aide à se redresser légèrement et la maintient dans cette position le temps qu'elle se calme. Puis elle me sourit et continue comme si de rien n'était, comme si elle n'était pas en train de mourir de la main de son mari :

"J'ai… j'ai pêché par le passé Elijah. Tu as un autre frère, un petit frère dont le père n'est pas Mikael. J'ai aimé un autre homme, je l'ai vraiment aimé et Niklaus est né de cette amour. Mais son père était un loup-garou. Mikael a su la vérité dès la naissance de l'enfant. Il avait une marque, la marque de la meute. Alors ton père l'a amené loin de nous."

Je suis estomaqué par les paroles de ma mère et je peux voir au combien elle est touchée par ce qu'elle me raconte. Par contre, je ne comprends pas pourquoi elle m'avoue cela maintenant. Mikael a certainement tué cet enfant, ce bâtard, ce loup-garou… Je ne peux m'empêcher de ressentir un peu de dégoût au sujet de ce frère, de ce demi-frère. Mon père a toujours détesté cette espèce et je ne comprenais pas vraiment pourquoi jusqu'à la semaine dernière, jusqu'à ce que l'un d'entre eux dévore mon frère, mon vrai frère ! Mère doit ressentir ma colère car elle continue :

"Elijah, ne m'en veux pas s'il te plaît. Les loup-garous sont des humains, comme vous l'étiez. Ils ne sont pas dangereux, sauf à la pleine lune mais ils savent rester loin des hommes."

Apparemment pas assez loin. Mais je ne lui rétorque pas et je la questionne juste :

"Pourquoi me dire tout cela maintenant ?"

"Parce que ton frère est en vie Elijah. Mikael l'a amené au nord de la forêt. Il le détient prisonnier depuis toutes ces années. J'ai pensé que Niklaus était mort, mais je l'ai trouvé un jour, enfermé dans une petite cage. Il n'avait pas plus de 5 ans mais il était gravement blessé. Alors bien sûr, j'ai essayé de le sortir de là mais Mikael est arrivé et m'a découvert. Il m'a fait promettre de ne plus jamais y retourner autrement il s'en prendrait à vous. Alors je suis restée éloignée. Ton père était tout à fait capable de mettre ses menaces à exécution."

Je hoche la tête et frissonne en pensant que notre père aurait pu nous tuer. Mais il a toujours été un homme cruel et violent. Mère a raison, il aurait pu le faire, sans le moindre remord. Sauf peut-être Rebekah, il a toujours eu un faible pour elle. Elle lui rappelle certainement Freya, notre soeur perdue. Mais je secoue la tête, ce n'est pas le moment de penser à cela. Je me reconcentre alors sur mère qui s'affaiblit de plus en plus :

"Pourquoi père s'en est-il pris à vous ?"

"Parce que j'ai utilisé le même sort sur lui que sur vous. Niklaus est aussi un vampire maintenant et Mikael n'a pas supporté cela et que je le fasse derrière son dos. Mais je ne pouvais pas laisser un autre de mes enfants mourir. Et j'ai besoin de toi maintenant Elijah."

Elle prend une de mes mains dans la sienne :

"J'ai besoin que tu le retrouves et que tu t'occupes de lui. Avec tes frères et soeurs, vous êtes plus puissants que Mikael et vous pourrez protéger Niklaus. Il est seul depuis tellement longtemps. Il a aussi le droit de vivre avec sa famille. Je sais que Mikael vous a répété maintes et maintes fois que les loups sont dangereux mais n'oublie pas que c'est aussi ton frère. Promets le moi."

Malgré ma peur et mon appréhension, je sais que je ne peux pas refuser ça à ma mère, encore moins sur son lit de mort. Alors j'acquiesce :

"Je vous le promets mère."

Elle me sourit et murmure :

"Merci Elijah. Tiens prends ça."

Elle me tend une espèce de bague, une bague de jour certainement, ce qui nous permet de sortir même pendant la journée. Je la prends et la mets dans une de mes poches.

"Je l'ai faite pour Niklaus. Cette bague appartenait à son père et elle lui revient de droit. J'ai fais le même sortilège que sur les vôtres, comme ça il pourra sortir avec nous. Tu lui donneras quand tu le verras."

Elle me sourit, mais je la sens de plus en fatiguée. Sa respiration se calme et j'entends son coeur battre de plus en plus doucement. Et quelques minutes plus tard, elle s'éteint et part rejoindre Henrik. Je reste là, immobile pendant plusieurs heures, réfléchissant à ce qu'elle m'a dit, au fait que j'ai un autre frère, un petit frère qui a besoin de moi. Mais je ne sais pas comment faire moi. C'est Finn qui s'est occupé des plus jeunes, pas moi. Et comment avoir confiance en un loup ? Comment être sûr qu'il ne se retournera pas contre nous ? Comment va-t-il être ? Certainement sauvage s'il n'a vécu que dans une cage dans la forêt pendant des années. Pendant toutes mes réflexions, je joue avec la bague de ce loup, de Niklaus, de mon frère.

Finalement, je prends mon courage à deux mains et je ramène le corps de mère au village. Les cris et les pleurs de Rebekah me percent encore les oreilles, même après l'enterrement. Et j'attends que tout le monde soit profondément endormi avant de me diriger seul, vers le lieu indiqué par mère, ne sachant pas réellement ce que je vais y découvrir.

Je marche pendant ce qu'il me semble être des heures, avant que mes sens aiguisés repèrent une odeur de sang et de loup. Je dois sûrement être proche de Niklaus. Je ralentis, sans même m'en rendre compte alors que je fais le tour d'une butte. Et là apparaît, une cage toute petite. Un homme ne peut même pas y tenir debout. Mais j'en suis sûr, l'odeur vient de là. Il y a des traces de sang partout sur les barreaux et autour. Et cela sent fort le loup, mais je repère aussi une autre odeur récente, celle de mon père. Je suis arrivé trop tard !

Je ferme brièvement les yeux et murmure doucement :

"Je vous présente mes excuses mère, je n'ai pas réussi à tenir ma promesse."

Une fois les yeux de nouveau ouverts, mon regard se pose sur un morceau de bois. Je le prends et l'observe quelques instants. Il est sculpté et représente un petit cerf. Mon père n'aurait jamais fait quelque chose comme ça et je sais alors que cet objet appartient à Niklaus. Je le mets dans la poche, à côté de la bague et je me fais la promesse de lui rendre quand je l'aurai retrouvé.