Disclaimer: Les personnages appartiennent au fameux Anthony Horowitz.
Warning : Rated M (violence et passages pour adultes soft néanmoins). Pour une fois je ne me base qu'en partie sur ce qui est su des personnages dans les livres. Cf à mon profil pour comprendre pourquoi.
Note : J'avais écrit cette histoire pour une amie et moi au départ mais j'ai décidé de vous la partager.
Pardon pour tous ceux qui attendent la suite de Be mine or be nothing, mais je ne veux plus publier les fics petit à petit, il me manque deux chapitres, vous les aurez à la fin du mois j'espère.
Angels come from Russia
Chapitre 1:
Il arrive un temps où la passion qui vous habitait autrefois vous a quitté. On se voit plonger dans un gouffre sans fin et on a beau hurler mais personne ne nous entend. J'entrai en cette phase de ma vie.
J'avais besoin de respirer.
Mon avion atterrît et ma fatigue laissa place au soulagement. Je me sentais néanmoins coupable: lorsque Julia Rothman m'avait accordé ce congé de courte durée, elle s'attendait à ce que j'aille rejoindre ma femme qui espérait mon retour depuis Londres. Je ne fis rien de tout cela. J'avais besoin d'être seul, vraiment seul.
Mon métier m'apportait souvent une grande solitude mais celle-ci n'avait rien à voir avec la prise de recul. Je voulais m'éloigner de tout pour mieux me retrouver.
Dans cet état d'esprit, je débarquai en Russie. Je n'y avais jamais voyagé, ma rencontre avec Moscou ne pouvait mieux tomber. Le temps de mon séjour était compté, dans une semaine je devais retourner sur une île appelée Malagosto; elle n'avait rien de paradisiaque à mes yeux, je la voyais comme une prison.
Après avoir loué une des suites les plus luxueuses de l'hôtel, je défis rapidement mes bagages, je n'avais emporté que le strict minimum, mon intention n'étant pas de m'éterniser ici.
L'heure du déjeuner approchait, je décidai de descendre au restaurant de l'hôtel. Nous étions en pleine période touristique mais la plupart des clients qui y résidaient étaient des hommes et des femmes d'affaires, des hauts fonctionnaires ou des hommes politiques.
Je demandai au serveur un emplacement discret, il me désigna une table en fond de salle, j'avais vue sur le piano à queue et je tournai le dos à la porte. L'emplacement me convenait, je n'avais pas pour habitude de me faire remarquer. Le bar était vide car la plupart des clients se trouvaient en salle.
La discrétion que je témoignais ne suffit pas à m'épargner des regards. Je sentis les yeux de la gente féminine se poser sur moi. J'en avais l'habitude : mon charisme les laissait rarement indifférentes.
Nous n'étions que trois hommes dans le restaurant, en face de moi, un homme russe en costume luxueux passait une commande pour lui et la femme qui l'accompagnait. Un autre client, étranger tout comme moi, peut-être même anglais, n'avait qu'un verre posé devant lui. Il était obnubilé par sa montre à laquelle il ne cessait de jeter des regards frénétiques. Son téléphone sonna et il quitta la salle un moment.
La porte du restaurant s'ouvrit de nouveau.
Je n'aurai pas de suite prêté attention à la personne qui rentrait si je n'avais pas senti et entendu les murmures qui se faufilaient dans la salle. J'aperçu le regard ébahi des femmes, sauf qu'ils ne s'adressaient plus à moi. Une autre personne m'avait ravi d'être le centre d'attention.
Je me retournai.
Chaque jour nous faisons des rencontres inattendues; certains y voient un signe du destin, d'autres parlent de coïncidence. J'étais de ces gens là. Jusqu'à ce que je le vis. Ce fut comme une apparition.
Je pouvais me vanter d'attirer le regard des femmes, lui devait attirer ceux de tous en foule. Je n'étais pas sensible au charme masculin mais j'étais forcé de reconnaître que jamais je n'avais vu autant de beauté et de grâce réunies chez un seul homme.
Il était tout ce qu'il y avait de plus désirable, il offrait à ma vue une douceur charmante qui emplissait la salle d'une tendre émotion.
Je ne parvenais plus à me détacher de lui.
Je le vis s'adresser au serveur, puis sa démarche gracieuse et confiante le conduisit vers moi.
Que me voulait-il? Je l'ignorais. Je me sentais tellement favorisé qu'un tel homme veuille rejoindre ma table que je n'aurai rejeté sa présence sous aucun prétexte.
A présent qu'il se tenait devant moi je pouvais contempler sa beauté de plus près.
Il n'était pas richement vêtu, on devinait que ce restaurant était un lieu hors de prix pour lui mais au diable la richesse matérielle quand on voyait une telle créature. Sous son épais manteau blanc, on devinait son corps élancé enveloppé dans une peau diaphane. Il avait des cheveux blonds qui encadraient joliment son visage, ses yeux bleus mi-clos lui donnaient un air mélancolique et ses lèvres fines et ciselées étaient d'une sensualité provocante. Tout était harmonie sur son visage; à ses traits nobles se superposaient ceux de la jeunesse.
Il sortait à peine de l'âge d'adolescence.
Un sentiment de tristesse s'empara de moi: il était d'origine russe à ne pas en douter, je craignais de ne pas assez connaître cette langue pour pouvoir lui parler et que lui ignorait tout de l'Anglais. Ce fut pourtant en cette langue qu'il s'adressa à moi.
-Bonjour, j'espère ne pas vous avoir fait trop attendre, salua t-il.
Sa voix, bien que douce et raisonnable, laissait toutefois paraître une certaine froideur. Je fus satisfait de constater que son anglais était correct malgré l'accent.
Je ne sus tout de suite que lui répondre, il avait parlé de retard mais je n'attendais de visite de qui que ce soit.
-On peut déjeuner ici ou sortir, c'est à votre convenance, continua t-il.
Il nota mon désarroi et éprouva quelques suspicions. Alors il se leva.
-Je devais rencontrer une personne en ces lieux, mais je crois que je me suis mépris. Pardonnez-moi, ajouta t-il en guise d'excuse.
-Vous ne vous êtes pas trompé, rétorquai-je.
Les mots jaillirent d'eux-mêmes. Je ne savais pas ce que je faisais. Cette rencontre était inopinée, je saisis ma chance sans songer aux conséquences. Mon désir de solitude s'était évaporé à l'instant où j'avais croisé son regard.
-Sortons, j'aime mieux déjeuner à l'extérieur, déclarai-je en attrapant mon manteau.
Je pressai mes pas vers la sortie et il me suivit sans aucune protestation, sans se douter que je n'étais pas celui qu'il devait rencontrer.
Une fois dehors, je lui avouai qu'il s'agissait de mon premier voyage en Russie et que je ne connaissais rien de Moscou.
-Je connais un bon restaurant. C'est à quelques minutes d'ici, nous pouvons marcher si cela ne vous incommode pas.
J'emboîtai le pas à ses côtés. Il avait dit vrai, dix minutes après nous arrivâmes au restaurant.
Nous nous déshabillâmes et je découvris sa tenue modeste mais pas moins élégante sur lui: un colle roulé noir, un jean bleu foncé.
Je lui demandai de me traduire le menu et après lui avoir dit ce que je voulais il appela la serveuse. Je fus surpris de nous voir parvenir qu'un seul plat: il n'avait rien commandé pour lui.
-Vous ne mangez pas ? Fis-je surpris.
-Je n'ai pas faim, dit-il.
J'insistai pour qu'il se commande quelque chose en lui promettant de prendre l'addition à ma charge, il céda et finit par se commander une boisson chaude.
Le repas se déroula dans un silence singulier, le jeune homme semblait tout attendre de moi sans pour autant émettre le moindre signe d'impatience.
Je décidai de lui poser directement la question, prenant le risque de me compromettre.
-Que voulez-vous que l'on fasse après?
- Tout dépend de vous, on fera ce que vous voudrez, me répondit-il en baissant le regard.
Je pris ces mots en considération.
- Je ne m'attendais pas à ce que vous parliez anglais, cela vous dérangerait-il de me faire visiter Moscou?
Un éclair de surprise traversa ses doux yeux bleus. Il n'en était que plus ravissant.
Quelques instants plus tard nous étions en train d'admirer le patrimoine culturel de la ville la cathédrale du Christ Sauveur, l'architecture ancienne des bâtiments. Tout était magnifique, mais pas autant que mon guide improvisé, j'étais émerveillé. J'appris ainsi qu'en plus d'être beau il était cultivé, il connaissait l'histoire de chaque lieu de cette ville et prenait plaisir à me la partager.
Nous visitâmes ensuite un des jardins botaniques de Moscou, la ballade me mit de bonne humeur tandis que mon accompagnateur ne montrait pas l'once d'un sourire.
Lorsque je lui en fis part, il parût gêné.
-J'espère ne pas vous être désagréable. Ne vous souciez pas de moi, cela fait bien longtemps que j'ai perdu l'envie de sourire, confia t-il.
Je connaissais cette sensation, la tristesse qui s'empare de vous et qui ne vous quitte jamais pour longtemps. Je fus ému par ses propos et vint à moi l'envie de connaître la raison de son chagrin.
-Il faut sourire quand on le peut encore. Vous êtes à un âge où la vie n'a pas eu le temps de vous accabler.
-Votre présence prouve le contraire, accusa le jeune homme d'une voix terne.
Je commis l'erreur de prendre cette accusation sur un ton de plaisanterie. J'en négligeai la gravité.
-Un inconnu peut-il être la cause de vos souffrances ? Je ne le crois pas. Mais présentons-nous d'abord, je plaiderai coupable ensuite, c'est par là que nous aurions dû commencer.
Il hésita à l'instant avant de serrer sa paume délicate contre la mienne.
-Yassen. Yassen Gregorovitch.
Je me présentai à mon tour:
-John. Enchanté de faire ta connaissance Yassen. Je préfère que l'on se tutoie, si tu n'y vois pas d'inconvénient.
Il n'émit aucune protestation et ne m'interrogea pas sur mon patronyme, alors je continuai :
-Eh bien Yassen qu'est-ce qui vous ferait rendre votre sourire?
Une lueur que je ne pouvais qualifier éclaira son regard:
-Vous… tu me demandes de choisir la suite du programme?
-Tu lis dans mes pensées.
Il baissa le regard puis me répondit d'un air peiné :
-Je te l'ai déjà dit, je m'en remets entièrement à toi.
Pour une raison que j'ignorais encore il lui en coûtait d'être en ma présence, mon égoïsme et ma curiosité me poussaient à l'interroger sur sa rancune mais lorsque j'exigeai de lui une réponse il m'accusa plus froidement que jamais :
-Vous le savez mieux que moi.
Nous nous promenâmes dans Moscou jusqu'à l'heure du dîner puis Yassen m'indiqua un autre restaurant. Je pris l'initiative de lui offrir le repas en guise de remercîment. Il ne s'y opposa pas pourtant il ne consomma presque rien.
Il ne fut pas plus bavard que d'accoutume, je percevais malgré tout qu'il était beaucoup plus détendu.
Dès que nous eûmes finit de dîner, la tristesse s'empara de nouveau de moi. Je pressentais notre adieu.
-Je suppose que tu vas m'abandonner ici?
-Je t'avoue que jusqu'ici tu ne m'as été désagréable. Passer la soirée avec toi sera moins difficile que je l'avais imaginé.
- J'en suis ravi, dis-je en acceptant ce que je prenais pour une invitation.
Je me mis à lui sourire de plus belle. Je sentais que je perdais pieds au fur et à mesure, mais qu'importait-il ? Je n'allais pas passer la soirée seul.
Ce fut le cœur léger que je quittai le restaurant à ses côtés. Ne sachant pas comment occuper le temps qui nous restait, je le relançai une nouvelle fois :
- Permets moi de poser ne serait-ce qu'une exigence : j'aimerais qu'on aille dans un endroit qui te ferait plaisir.
Il me sonda de ses grands bleus pour savoir si je me moquais de lui. Et lorsqu'il jugea que j'étais sérieux, il me sourit et me désigna de la main une roue de parc d'attraction qu'on apercevait au loin.
J'acceptai sa proposition de bon cœur sans cacher ma surprise. Nous y parvînmes en à peine une demi-heure de marche, la nuit était tombée en même temps que l'air s'était rafraîchi.
Ce fut à cet instant qu'il prit un visage nouveau sous mes yeux, son masque froid et résigné fut vaincu par l'enthousiasme. Je le voyais s'extasier devant les manèges tel un enfant. Il me faisait rire tant il paraissait heureux.
Je le trouvais plus sublime en chaque seconde.
Il me prit par la main sans retenu et m'entraîna avec lui vers les stands et les attractions. Il s'ouvrit beaucoup plus à moi, nous discutâmes tellement que j'étais persuadé qu'il avait oublié la raison première de son rendez-vous.
C'était tant mieux pour moi, je ne me voyais plus lui révéler mon imposture.
Il semblait apprécier de plus en plus ma présence, j'eus la certitude de ce sentiment quand nous montâmes à bord de la roue panoramique.
Le parc allait fermer ses portes dans cinq minutes et Yassen insista pour monter dans ce dernier manège. Je ne pouvais décidément pas lui résister. La nacelle prit de l'altitude, notre regard embrasait une vue splendide sur la ville.
Je tournai mes yeux vers lui en m'attardant sur chaque détail de son visage pour en graver l'expression.
Il ne me voyait pas, trop obnubilé à contempler le paysage nocturne, mais il avait sûrement dû sentir mon regard puisqu'il se retourna brusquement.
Il semblait serein, je remarquai que ses lèvres étaient plus sensuelles que ce matin, il avait mangé une pomme d'amour qui les lui avait rendu vermeilles.
La nacelle se figea lorsque nous arrivâmes au sommet. Je lui souris pour cacher ma gêne.
Mais il ne me répondit pas par un sourire comme je m'y attendais, au lieu de cela, il déposa un doux baiser sur mes lèvres.
J'en eus le souffle coupé. La nacelle regagnait la terre ferme tandis que je mon esprit s'évadait.
Nous quittâmes le parc sans un mot sur ce qui venait de se produire. Je ne savais que penser de son audace, j'aurais dû être furieux qu'un homme me fasse des avances, mais je me devais de reconnaître que ce baiser ne m'avait pas déplu.
Yassen respecta mon silence, nous prîmes un taxi qui nous ramena vers l'hôtel.
Lorsque la voiture nous déposa, il brisa cette quiétude:
-John, est-ce que je t'ai blessé? S'inquiéta t-il.
Je secouai la tête.
-Non c'est juste que je ne m'y attendais pas.
-J'avais toujours rêvé de faire ça. Je veux dire embrasser quelqu'un dans une roue panoramique.
Je me mis à rire.
-Alors c'est juste un concours de circonstance, je suis vexé, plaisantai-je.
-Peut-être bien. Je ne crois pas au hasard, concéda t-il.
-Moi non plus, je n'y crois plus.
Avec une assurance qui m'étonnait moi-même je lui proposai de prendre un dernier vers dans ma chambre. Il accepta pour ma plus grande joie.
-Ce doit être la plus belle suite de l'hôtel, s'exclama t-il en entrant de le salon.
Je le débarrassai de son manteau, puis l'invitai à s'asseoir sur le divan.
L'endroit était spacieux, le sol était en marbre blanc et sur chaque mur de la même couleur, il y avait un tableau ou un miroir de style ancien. Deux divans étaient situés près de la baie vitrée qui donnait sur la terrasse, un coin était réservé au mini bar tandis que le coin opposé abritait une cheminée surmontée d'un écran plasma.
J'avais pris soin de n'allumer que la cheminée. Je me dirigeai vers le mini bar et demandai à Yassen ce qu'il voulait boire.
-De l'eau suffira.
Je me servis du vin et le rejoignis.
-Trinquons à notre rencontre, lui dis-je en lui tendant son verre d'eau.
- Á notre rencontre !
Il but une gorgée et son verre posa la table basse en face de lui.
-J'aimerais en apprendre plus sur toi, m'informa Yassen d'une voix douce.
Je posai mon verre à mon tour. Je voulais à tout prix qu'on évite le sujet.
-J'ai une vie ennuyeuse. Je ne suis pas intéressant, me défilai-je.
Il se mit à rire :
-Je suis sur que non, tu n'es pas fait pour mener une vie ennuyeuse, déclara t-il.
-Et à quoi le vois-tu ?
Il prit ma main dans la sienne, il en caressa les lignes.
-Je le sens. Tu dois beaucoup voyager, faire des rencontres, sauver le monde.
-Vous êtes un beau rêveur, jeune homme, éclatai-je de rire.
Il m'imita. C'était la première de ma vie qu'un inconnu m'inspirait autant de sérénité. Lorsqu'il laissa ma main retombée j'éprouvai un manque. J'avais envie de sentir la chaleur de sa peau.
-Je ne suis rien d'autre qu'un homme d'affaire, lui mentis-je.
-Qui a du cœur, cela change tout, nuança Yassen en se penchant vers moi.
Je crus, j'eus l'espoir pour dire mieux, qu'il mêle encore une fois ses lèvres au miennes. Au lieu de quoi, il posa tête contre le dossier du divan, il était si proche de moi que je sentais son souffle.
-Tu te méprends, je suis bien loin d'être ce que tu crois, lui confiai-je.
-C'est toi qui est dans le faux, il n'y a qu'à voir la manière dont tu me traites pour savoir que tu es un homme bon.
-Et comment je te traite ?
-Comme un prince. Ou plutôt un ange, dit-il mi-sceptique mi-amusé.
Il suffit le temps d'un silence pour mon cœur s'emballe. Il ne savait pas encore que j'étais à sa merci.
-C'est ce que j'ai pensé lorsque tu es rentré au restaurant. Ta beauté, ta douceur…
-Te donnent envie? Termina bel âtre.
Je détournai les yeux un bref moment, j'étais embarrassé qu'il se soit rendu compte de mon attirance.
-Qui n'aurait pas envie de toi? Tu fais perdre l'esprit à tous ceux qui t'entourent, me défendis-je.
-Je pourrais te retourner le compliment, m'avoua t-il sur un ton sensuel.
Il releva la tête et plongea mon regard dans le sien. J'étais hypnotisé par ces yeux bleus clairs qui m'avaient paru si tristes la première fois que je les avais rencontrés.
-Je ne suis qu'un lot de consolation à tes yeux. Tu as eu beau m'embrasser, je sais que ce baiser ne signifiait rien pour toi.
-C'est vrai. Mais si tu veux un baiser qui signifie vraiment quelque chose…
Sur ces derniers mots il déposa sur mes lèvres un baiser voluptueux. Je m'en retrouvais l'esprit confus, et ce fut pourtant très consciencieusement que je plaçai ma main sur sa nuque pour prolonger notre baiser.
Je l'entraînais sur mon torse tandis que je me laissais renverser sur le divan. Nos lèvres refusaient de se quitter, il m'embrassai avec ardeur et m'autorisa à glisser ma langue dans sa bouche. Je brûlais de désir pour lui mais ma conscience m'arrêta. Il fallait que je reprenne mon souffle et que je lui fasse un aveu impromptu.
J'étais rouge d'excitation et de honte lorsque je me défis de son étreinte. Il le remarqua et me crut mal à l'aise.
-Tu ne te sens pas bien ?
Il s'empara de son verre d'eau pour me le tendre, j'arrêtai son geste en songeant que c'était peut-être la dernière fois qu'il m'autorisait à poser la main sur lui.
J'appréhendais sa réaction, l'inassouvissement de mon désir et la crainte de sa réaction mettaient ma patience à rude épreuve.
-Il me faut t'avouer quelque chose de déplaisant.
Sans prendre la peine de le ménager, je divulguai mon secret :
-Je suis un homme marié.
Il cligna des yeux sous le coup de la surprise. Je m'attendais à une réaction plus virulente de sa part mais ne l'obtint pas. Au lieu de quoi, il reporta son regard vers ma main gauche, à la recherche d'une alliance que je ne portais qu'en présence de mon épouse.
Il me caressa la joue.
-Tu n'as jamais pris de plaisir avec un homme ?
Je fis non de la tête.
-Alors vis cela comme une nouvelle expérience.
Son baiser brisa mon appréhension et mes derniers remparts. Par des caresses assidues il sut faire naître un désir jusqu'alors insoupçonné en moi, je me découvrais des passions qui auraient fait horreur à la plupart des hommes.
Mes mains, ma bouche, tout mon être était avide de son corps, je l'entraînais dans la chambre de la suite.
Il me prit l'envie de le déshabiller totalement, il se laissa faire et m'invita à en faire de même. Je m'allongeai sur lui en caressant chaque parcelle de son corps, je fus satisfait de voir son corps s'arquer sous mes caresses. Mais je voulais toujours aller plus loin : je voulais le faire mourir de plaisir.
J'approchai ma bouche de son centre de désir, il essaya de m'arrêter en passant sa main sur mes cheveux. J'étais incontrôlable et avide son corps, il ne pouvait plus que subir mes fantasmes.
N'en pouvant plus, je voulus m'introduire en lui mais les moyens me manquaient. Il me fallut le lubrifier avec ma salive et ce fut loin d'être suffisant. J'entrai à peine en lui que vis ses traits se confondre en douleur. Je m'arrêtai.
- Vas-y doucement et ça ira, m'encouragea t-il.
J'étais allongé sur lui, ses jambes enroulaient ma taille tandis que ses mains agrippaient mon dos.
Je pris soin de ne pas le pénétrer entièrement. J'attendis quelque temps qu'il reprenne son souffle, puis j'entamais un va et vient à son rythme.
Je jouis à en perdre la respiration.
Je posai mes lèvres sur son front avant de plonger ma tête au creux de son cou. Il défit ses jambes de ma taille et me caressa la nuque, je plongeai une dernière fois mes yeux bleus dans les siens et l'embrassai. Puis je le fis basculer sur moi pour le laisser se remettre.
Je fermai les yeux bien après lui. J'étais vaincu par l'intensité de mes émotions. J'aurais dû me sentir coupable ou même avoir honte.
Mais qu'importe tout ce que j'aurai pu penser ou dire : je respirais enfin.
