La mort.
Jamais ses trais ronds, enfantins, jamais sa moue timide n'auraient pu porter ce nom.
Le mal.
Encore moins ce gaillard pataud et discret, ce petit bonhomme insignifiant mais comique, moins ses gestes maladroits et sa démarche gauche.
La trahison.
Aurait-il pu la déceler, seulement l'entr'apercevoir dans ses yeux de gamin haut comme le pouce, de freluquet empâté ?
Peter l'avait tué.
Lorsque Sirius se disait cela, le visage moqueur de James lui rétorquait qu'il délirait, et que lui, son vieux pote, avait dû trop forcer sur la bouteille. Parce que allons, Sirius, Peter sera toujours trop idiot pour faire de son plein gré du mal à quelqu'un.
Il avait dû, cet imbécile, mourir ignorant de l'ignominie.
Un crime aussi impensable n'avait même pas pû être prouvé par le visage immaculé de sang de son meilleur ami gisant dans son cadavre. Il avait fallu que l'autre, constamment blanchi par ses airs à ne pas y toucher, lui avoue le mal, crache l'irréparable en le fixant de ses yeux plus jamais innocents.
Comment avaient-ils pu se transformer à ce point ? Comment un boulet qu'on traîne au pied et qu'on finit par prendre en compassion peut-il vous écraser sans qu'aucun bruit n'éveille vos soupçons ?
La trahison.
Un mot que Sirius Black avait juré d'effacer pour toujours de son vocabulaire. Une appellation de la famille, un synonyme de la maison honnie.
Peter venait d'entrer à pieds joints dans le monde que Sirius Black vomissait.
- James, ne sourit pas, ne te moque pas, et crois-moi. Je ne suis pas un fou. Je ne suis pas de ceux-là. Je te le jure.
James, dis-moi plutôt que tu reviens. Dis-moi qu'à nouveau je vais entrer chez toi et trouver une maison colorée, pleine de vie, pleine des sourires de ton fils.
James, me pardonnes-tu de t'avoir fais changer d'avis ?
Me pardonnes-tu ?
Me pardonnes-tu ?...
- C'est trop tard, Sirius. Et tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, résonna la voix de Peter.
… La voix de Peter ?
