Combat Final
Je cours, je cours...je continue de courir. Je n'ai plus de souffle, j'essaye de respirer, mais c'est comme si mes poumons ne supportaient plus rien. Je pleurs, je hurle, j'ai peur. Je continue de courir. Mes jambes me font mal, elles tremblent. Je ne vois plus rien. Ma vue est obscurcie par les larmes qui continuent de couler. Je n'arrive plus à courir, mais il le faut. Il faut que je fuis, je dois fuir, je ne peux pas rester ici. Je transpire. Mes poumons me font mal. J'ai peur. J'ai peur. Il me rattrape. Mais quoi ? Je ne sais pas ce que c'est mais j'en tremble. Une ombre s'agrandis sur le côté. Ca va vite, trop vite. Je dois courir plus vite, aller, je dois courir, je dois fuir ! Je ne peux pas rester ! JE NE DOIS PAS LE LAISSER M'AVOIR !!
J'haletais, je reprenais difficilement mon souffle. Les draps collaient à ma peau qui ruisselait de sueur. Mes jambes tremblaient. Des spasmes de douleur et de terreur me convulsaient. Mes yeux étaient grands ouverts dans le noir profond du dortoir. Soudain, une lumière s'alluma, c'était Ron.
" Qu'est ce qui t'arr..?! Ca va ? Viens à l'infirmerie, j'appelle McGo...Qu'est ce qui s'est passé ? T'as rêvé ? De lui ? De qui ? Qu'est ce qu'il se pass..?
Doucement, veux tu.
Oui, pardon...alors, euh, qu'est ce qu'il s'est passé ?
Rien du tout ! Juste un peu d'insomnie.
Mais...
Non, juste un peu d'insomnie je te dis !
D'accord..."
Je n'avais pas envie de parler. Je n'avais plus envie de parler. Etrange...Mais je me sens mieux seul. Plus l'année avançait, et moins je me sentais bien.
7ème année à Poudlard...7ème et dernière année. La vie est différente maintenant. Hermione et Ron sont là, sans vraiment l'être. Malfoy n'est plus si arrogant sans son Parain, et Dumbledore...n'est plus du tout. Quant à moi, je suis...seul. Mais je m'en contente. Je veux être seul. Seul jusqu'au bout, jusqu'au...Combat Final. C'était difficile de se l'avouer au début. Rien que de le dire, Combat Final. C'était une sorte de compte à rebours maintenant. Un compte à rebours difficile à tenir. Un chronomètre qui calcule le reste de ma vie, qui me dis que je ne vis pas comme j'aimerai, que peut être que les choses que je ne fais pas aujourd'hui, je ne pourrai pas les faire le lendemain. Un compte à rebours qui me reste en travers de la gorge, qui fait descendre mon coeur jusqu'à mes pieds, et qui arrive à me retourner l'estomac rien qu'avec deux mots : Combat Final.
Cette nuit n'est qu'une nuit comme les autres. Un rêve, une nuit ratée, une nuit maudite, une nuit...comme les nuits que je passe depuis juin dernier. Mais comment faire ? C'est un cercle vicieux après tout non ? Je fais un cauchemar, je ne veux plus dormir, moins je dors, plus je suis arrogant et agressif, plus je suis agressif, moins je côtoie des personnes, moins j'en côtoie, plus je me sens seul et je ressasse les mauvaises pensées...plus je fais des cauchemars. Oui, un cercle tellement vicieux qu'il ferait fuir n'importe quel Serpentard. Non, ne pas parler d'eux, il ne vaut mieux pas.
Cela fait plusieurs mois que j'essaye de me ressaisir, un peu de bonne volonté, de joie, de bonne humeur. Mais rien à y faire. Les seuls regards que je capte sont des regards de pitié. L'unique personne qui ne me regarde pas comme ça est Malfoy, lui, il y met de la haine et de l'indifférence en plus.
Plus les journées passent, plus je me dis que je ne vis pas. Etrange pour un garçon de 17 ans. J'aimerai vivre, j'aimerai aimer, j'aimerai n'avoir aucun poids sur les épaules, ne pas avoir cette humanité débile qui repose sur moi à chaque faux pas que je fais ! J'aimerai ne plus avoir ces regards qui se posent sur moi dès que je sors, et pouvoir fréquenter les mêmes endroits qu'un adolescent normal ! J'aimerai ne jamais avoir à l'affronter, ne jamais avoir perdu un seul être de ma famille, j'aimerai être regardé comme un adolescent, j'aimerai...vivre tout simplement.
Je m'entraîne tous les jours dans cette Salle sur Demande. J'y met des épouvantards fournis par McGonagall, quelques poupées, et beaucoup de 'faux mangemorts', de peluches, de mannequins qui me servent beaucoup pour les nouveaux sorts. Je suis souvent amoché quand je sors de la Salle, puisqu'ils peuvent se défendre. Ils sont ensorcelé de telle sorte qu'ils puissent aussi envoyer des sorts etc. ...
On arrivait bientôt au mois de mai, l'attaque adverse était quasiment attendue. Un silence de mort régnait sur mon passage, comme s'ils avaient déjà commencé leur deuil. Alors je me réveillais ! Eh bien, moi qui voulais vivre, il était temps non ? Je veux enfin pouvoir aller là où je veux, aller faire ce que je veux, et personne, je dis bien personne ne m'en empêchera ! Dans un élant de bonne volonté, de rébellion aussi, je me levais, et courai vers le village de Pré-au-Lard. Soudain, un vers d'un poème que j'affectionnais particulièrement me vint en tête : "And not, when I came to die, discover that I had not lived..." (Excerpt from Walden - Henry David Thorau). Alors j'irai, je me balladerai, je mangerai, non je me goinfrerai, je courrai, je respirerai, je vivrai.
J'allais chez Mme Guipure pour une nouvelle robe. Puis chez Zonko, puis chez les frère Weasley's, puis chez Dervish & Bang, puis à la Poste, puis à l'animalerie. Je suis allé manger dans les plus grands restaurants, j'ai passé mon temps dans une librairie, j'ai lu les livres les plus intéressants et les plus bêtes. J'ai enfin goûté la pâte à tartiner de citrouille à la menthe. J'ai acheté une boite entière de timbres photographieurs. J'ai trois boites de Crème Canari, et une nouvelle garde robe. A chaque nouvelle boutique, à chaque achat je me répétais "And not, when I came to die, discover that I had not lived", "And not, when I came to die, discover that I had not lived", "And not, when I came to die, discover that I had not lived"...
Quel bien fou ! Quel bien fou ! Quelle joie, quelle sensation ! Cela faisait tellement longtemps. Tellement longtemps que j'avais attendu ça. C'était comme une sorte de renaissance, je revivais, je respirai de nouveau ! C'est le sourire aux lèvres que je rentrai à Poudlard. En arrivant, je vis ce que je craignais le plus. En arrivant…l'attaque ennemie avait débutée.
