Oh ma PBG chérie, voici l'introduction de ce dont je t'ai parlé. J'espère que vous aimerez toutes.

Bonne lecture et mille bisous à vous !


S'il y avait bien une ville où il ne fallait pas s'installer, c'était Washington DC. Non seulement la météo était plutôt pourrie en hiver, mais en plus, les boutiques ne vendaient même pas d'escarpins français. Rajustant son écharpe, Sophia continua d'ignorer les vitrines à sa droite, le cliquetis de ses talons sur l'asphalte givré rythmant sa marche frustrée. Fichus Américains. Leur mauvais goût allait de paire avec leur passion pour le football. Américain, bien sûr. Soupirant, Sophia évita avec élégance l'enfant au smoothie avant qu'il ne renverse le breuvage sur son tailleur hors de prix. Mais, si Sophia s'était installée à Washington DC, ce n'était pas pour faire du shopping. C'était essentiellement pour le business. Et quel business ! Sophia était une femme d'affaire hors norme. De ses cheveux châtains à ses orteils manucurés, tout était parfaitement soigné. Cette minutie, sans grande surprise, se reflétait dans sa manière de gérer son travail. Voilà pourquoi mademoiselle Blewgreen se rendait dans ce chaleureux petit salon de thé sur la septième. A pieds. Seule. Parce que le business de Sophia nécessitait quelques rendez-vous hors bureaux et, surtout, extrêmement privés. Voilà pourquoi Sophia, dans son sac à main, n'avait pas l'habituelle bombe lacrymogène des shoppeuses des grandes avenues, mais un adorable petit pistolet rose, très efficace malgré son esthétisme. Sophia était, cela semble évidant désormais, une jeune femme prudente. Aussi, lorsqu'elle poussa la porte du petit salon de thé, elle salua gentiment la serveuse et alla s'asseoir à la table du fond, sur un délicieux petit pouf en forme de macaron. Décidément, les points de rendez-vous devenaient de plus en plus étrange.

-Mademoiselle Blewgreen, ça faisait longtemps.

-Je vous ai manquée peut-être ?

-En fait, oui. J'apprécie votre répartie.

-...

-...

-...

-D'accord, okay Sophia, c'était une réplique idiote.

-Il faudrait vraiment que tu songes à revoir ton image de Padre, tu sais ?

Washington fit la moue tout en haussant les épaules, son attention attirée par un muffin en cours de déballage. Le papier collait et la jeune femme en avait plein les doigts. Sophia soupira et sortit un paquet de lingettes nettoyantes de son sac. Elle en retira une et entreprit de nettoyer les doigts tout sales de la mafieuse en fixant d'un air réprobateur les pâtisseries amoncelées sur la table.

-Rassure-moi, tu n'as pas commandé ça pour toi toute seule ?

-Non ! J'ai pensé à toi !

Cette fois, Sophia croisa ses jambes en lieu de réponse. Inutile d'argumenter avec Washington Jones. Sophia retira simplement la pile de pâtisseries de devant la mafieuse.

-Chérie, rappelle-toi que tu as une intolérance au sucre. C'est pas bon pour toi, tout ce glucose.

-Oui, mais dans un salon de thé, c'est rare de tomber sur du pudding !

-C'est pas sucré, le pudding ?

-Roh zut ! Ce que je veux dire, c'est que je m'en accommoderai bien pour aujourd'hui.

-D'ailleurs, pourquoi un salon de thé ?

-A Washington, il n'y a pas des masses d'endroit où tu peux trouver du vrai thé. Alors, j'en profite.

La jeune femme acquiesça. C'était logique. Washington buvait son thé comme sur le vieux continent. Rares étaient les villes américaines à le faire correctement, selon elle.

-J'imagine que tu ne m'as pas fais venir ici pour rien.

-En effet. Tu veux de la brioche ?

-Oui, je veux bien.

La mafieuse servit son associée : une part copieuse, comme à chaque fois.

-Alors, pourquoi ? Tu as encore des démêlés avec la justice ?

-Non ! En plus, ça, je sais gérer. Non, j'ai... besoin de tes services.

Mademoiselle Blewgreen se mit à rire.

-Tu veux changer de garde robe, enfin ?

Washington haussa un sourcil sceptique. Certes, le jean en fin de vie et le chemisier fleurie lui donnait plus l'air d'être la petite sœur de Sophia que sa collègue, mais cela ne remettait nullement son autorité en cause quand la famille voulait savoir quoi faire des quelques crétins trop informés.

-Naaan... Mais tu vas peut-être m'aider. J'ai besoin que tu m'aides à approcher une cible.

-Tu dois encore tuer quelqu'un ?

-Mais chuuuuuuuuuuuuuuut ! Et... et je ne peux pas te répondre.

-Tu veux que je te fasse faire quoi alors ?

Depuis qu'elles se connaissaient, les filles avaient souvent collaboré. Washington éliminait les nuisibles qui tournaient autour de Sophia (qui faisait semblant de ne pas le savoir) et Sophia apprenait à Washington les rudiments du code vestimentaire. Apparemment, être élevé dans une famille mafieuse d'origine irlandaise avait tendance à vous laisser un code moral douteux, et des lacunes plus profondes que le grand canyon en matière d'habillement. Mais Sophia s'était habituée à ce que Washington (où quelque fut son nom) soit légèrement exubérante, et elle s'était même prise d'affection pour elle le jour de leur première rencontre. Washington, quand à elle, faisait clairement preuve du plus grand des respects pour la demoiselle qui lui faisait face.

Buvant une petite gorgée de thé dans la délicate tasse de porcelaine (pour une inculte, elle avait tout de même du goût), Washington sourit.

-Je dois entrer en contact avec Jimmy Palmer.