L'agent Dunham ne connait que trop bien cette technique qui consiste à faire craquer le détenu, lentement, à petit feu, comme on ferait mijoter longuement un plat. L'isolement. Le noir. Le froid. La faim. Pousser à bout. Rendre fou. Elle ne sait que trop bien qu'elle est le sujet de cette technique infligée par une image déformée de Walter Bishop. Elle sait ce qu'il attend, elle sait comment il va y parvenir.
Elle espère savoir comment l'en empêcher. Elle l'a appris chez les Marines mais elle se rend seulement compte que la théorie et la pratique sont deux choses totalement différentes. Elle tente alors de se réfugier. Elle doit trouver un endroit où elle sera en sécurité, où il ne l'atteindra pas.
Olivia ferme les yeux. Rachel est à côté d'elle. Il ne fait plus aussi froid, juste frais. Il y a du vent mais ce n'est pas encore le vent glacial de l'hiver. Elles ont encore quelques jours, quelques semaines peut-être, pour profiter. Elles filent toutes deux à vive allure sur leur bicyclette, sans pour autant se faire la course. Elles arriveront en même temps au parc pour profiter de la tombée des feuilles. Elles les feront s'envoler et tourbillonneront dedans jusqu'à en avoir la tête qui tourne trop, jusqu'à en être essoufflées, jusqu'à ne plus pouvoir s'arrêter de rire. Et oublier qu'à la maison, Maman aura sans doute éteint les lumières pour ne pas trop leur montrer qu'elle a mal et qu'elle a pleuré. Le temps d'un tourbillon, elle oublie et protège sa sœur.
Olivia pense à Ella et imagine une ballade automnale en famille, une bataille de feuilles fraichement tombées.
Olivia voit Peter lui sourire en coin, amusé et complice, prêt à s'engager dans la bataille aussi.
Le rideau de fer s'ouvre et laisse passer de la lumière froide, désagréable, agressive. Elle sait qu'il joue avec ses nerfs et que le rideau va se refermer aussi vite qu'il s'est ouvert, seulement après qu'il l'ait regardée supplier, implorer.
Elle ne lui donnera pas cette satisfaction.
Elle ferme les yeux et la lumière est douce, l'air frais et l'avenir paisible. Et elle compte sur Rachel, Ella et Peter pour ne pas sombrer.
Fin
