L'obscur objet de mon Désir.
Chapitre 1 : « Is it any wonder I reject you first? », Fame de David Bowie (1975).
Castiel sortit de chez lui, sous la fine bruine du début Septembre. Il faisait un peu frais, l'été n'avait pas été des plus agréables et ce début de mois promettait un mauvais temps avancé. La région parisienne avait cet inconvénient à défaut d'avoir tout les avantages de la capitale toute proche.
Il se pressait un peu, il allait être en retard. Il avait été retenu chez lui, trop stressé comme chaque année pour réussir à s'endormir tôt et donc il s'était levé à la bourre.
Après avoir traversé deux rues et être passé devant la mairie il arriva enfin devant le lycée Sainte-Marie. C'était bondé, les lycéens squattait la cours, discutaient activement de leur vacances, de l'année à venir, des profs.
Au milieu de la foule il alla voir la liste des classes, repéra la sienne et la rejoignit. En arrivant en bas des escaliers il tomba sur un de ses camarades.
Dean avait dans un premier temps observé tout ce remue ménage, clope au bec, sourire en coin. Sainte-Marie, quel putain de nom pour un lycée de mecs, mais qu'est-ce qu'il y pouvait. Alors après avoir jeté sa cigarette, il se décida à retrouver les quelques têtes familières puis son nom sur la liste. Il connaissait plusieurs noms mais un en particulier retint son attention. Il se rangea et attendit. Il pensa qu'il rentrait en Terminale et que ça le faisait bien sourire. Lui, le Bac ?
Ses pensées s'interrompirent quand il aperçut un jeune homme brun aux yeux verts qui s'avançait vers son rang.
« Oh euh… Dean ! Tu es dans ma classe ? » réagit Castiel en reconnaissant ce jeune homme.
Mince c'est qu'il avait changé pendant les vacances lui. Ce Dean il le connaissait d'avant, il l'avait croisé plein de fois dans la cours, partagé deux ou trois fois sa table à la cantine, et eu quelques discutions en commun avec ses amis et les siens.
« Oui, j'suis bien dans ta classe. »
Lui par contre n'avait pas changé. Cheveux noir de jais qui contraste avec sa peau blanche, rosie aux pommettes par le froid. Traits fins, pas très grand mais des fesses à se damner et c'était ca qu'il retenait en premier malgré qu'il sache qu'ils avaient beaucoup de points communs en musique.
« Alors tes vacances ? » Puis il avisa son tee-shirt et s'exclama : « Ahah t'es allé voir Bowie ? »
Castiel se mit à rosir encore un peu plus, déjà que cette rencontre le mettait mal à l'aise (oui par ce qu'il n'était pas très sociable), on lui parlait de musique et d'une musique que ses parents détestait. Il avait été voir le concert un soir ou ils n'étaient pas là et le lendemain quand ils avaient vu le coup fourré que leur fils adoré leur avait fait ils lui avaient pris tout ses 45 tours et confisqué sa platine. Bref, un long mois sans musique à se faire chier.
« Ouais, début juillet, c'était vachement cool.
Veinard, je t'envie. Je voulais y aller mais plus de thunes.
Winchester ! Ne reprenez pas les mêmes habitudes que l'an dernier ! Hurla le prêtre. »
Alors il se tut et roula des yeux, ce qui eut le don de faire sourire Castiel. Adorable sourire nota-t-il, il ne se priva pas de le mater ouvertement alors que le directeur faisait son discours de rentrée. Il aurait donné n'importe quoi pour un pétard là, histoire de ne plus faire gaffe à ce monde sournois qui l'entourait. 'Fuck' siffla-t-il entre ses dents avant de se mordiller les lèvres ; il était en manque. Et pas que d'herbe mais aussi sa belle vie des vacances. Et à force de râler intérieurement il n'avait même pas vu le directeur céder sa place aux profs principaux pour l'appel de leur classe.
« Ça commence bien… » marmonna Castiel en voyant un autre élève se faire engueuler par une bonne sœur.
Oui par ce que le lycée Sainte-Marie était tenu par des prêtes, des bonne sœurs et d'autres religieux tout aussi lourds et stricts. Ce que les parents recherchaient en mettant leurs chérubins dans cette boite à bac, c'était la réussite, la discipline et l'éducation religieuse. Un trio que plus du trois quart des élèves ne pouvait plus supporter dès le deuxième trimestre de la Seconde.
Et Castiel et Dean venaient d'entrer en Terminale, année décisive, année que les parents redoutaient. C'était parti pour les crises de colères, les accès de paniques, les rebellions, et autre bachotages, le tout en excès. Les parents comme les élèves allaient être tous autant qu'ils étaient mis à rude épreuve.
Vingt minutes plus tard les classes étaient à nouveau formées pour le meilleur et surtout pour le pire. L'année du bac était lancée, et une dizaine de minutes plus tard la cour était vidée de ses élèves et ceux-ci avaient intégré leur classe respective.
Castiel c'était assis près de Dean, à défaut de connaître quelqu'un d'autre et vu que celui-ci lui avait demandé s'il pouvait le faire.
En s'asseyant, Dean avait glissé à Castiel « C'est la merde heh ? », il s'était contenté de répondre en fermant et rouvrant les yeux. Ils soufflèrent tous les deux en même temps. Ils se regardèrent, complices pour la première fois de l'année.
Du fond de la classe, sa place de prédilection, il observa. Il retrouva Martin, un mec insupportable, fils à papa qui donnait des leçons à tout le monde mais qu'est-ce qu'il en savait de la vie lui ? Ouais, surtout le pire. Encore plus une fois que tous les bouquins furent distribués.
« Tout à savoir messieurs. » répétait le prof de... Quoi déjà ? Dean avait occulté, encore une fois. Les emplois du temps étaient maintenant donnés et quel bonheur : il n'avait que trois heures de cours le vendredi dont deux de sport - qu'il se fera une joie de sécher au profit d'un concert.
Castiel avait déjà envie de s'endormir. Il se contentait de retenir ce qu'il y avait de vraiment essentiel, comme les jours où il n'avait pas cours, les horaires du matin (oui par ce qu'il allait falloir arrêter d'arriver tout le temps en retard) et s'il y avait une sortie scolaire de prévue. Et pour le moment c'était les plages du débarquement en Normandie au programme d'histoire cette année, ils ne pouvaient pas y échapper.
Leur professeur de littérature, frère Antoine, continua de les bassiner gentiment sur les livres au programme. Castiel aimait bien lire, mais certaines œuvres étaient tout sauf dans son registre.
Il jeta un œil à son voisin qui piquait du nez, ses longs doigts enfoncés dans sa tignasse ébouriffée. Ce Dean était quelqu'un de sympa, il pourrait bien traîner cette année avec lui, de plus il savait qu'ils avaient tout les deux un peu les mêmes goûts musicaux, ce qui était un point positif pour s'en faire un ami.
Et ce qu'il en avait marre d'être là le Dean. Il tapait nerveusement des doigts sur la table puis prit un stylo entre ses doigts, voilà à quoi on reconnaissait un fumeur en manque. Il savait que c'était pas bon pour la santé et machin mais il s'en foutait éperdument, ça faisait partie de ses petits plaisirs. Et il avait envie de taper la causette à son petit voisin de table bien mignon mais bon, il devait être du genre bon élève et tout, et il avait au moins du respect pour ça, pour le laisser bosser comme il le voulait. Lui, c'était plutôt du genre à se reposer sur ses facilités. Il avait quand même eu 13 et 15 au Français l'an dernier, c'était pas mal.
Et s'il était là, c'était dans l'unique but d'avoir le bac comme passeport pour intégrer une école de journalisme et devenir le confrère de Philippe Manœuvre. Dean agissait par claque de conscience, quand son Jiminy Cricket rêvait frapper à sa tête, il se sortait de son coma volontaire et se mettait à écouter, un peu. Ce qu'il tenta de faire là.
Après plus d'une heure et demi d'introduction à l'histoire géographie, avoir préparé le plan de l'année toute la classe sortie.
Dehors il y avait déjà quelques dizaines d'élèves qui discutaient, tous étaient libres pour le reste de la journée. Demain ça commencerait pour de bon. On les avait faits se lever aux aurores pour juste venir entendre le discours de rentrée.
« De l'autorité ! Du Sérieux ! » aurait râlé le proviseur en entendant ce genre de réflexions.
Castiel soupira et sortit une cigarette. Il passa une main dans ses cheveux (un tic) pour les remettre en place.
Il était dix heures et quelques du matin et il n'avait pas grand-chose à faire mis à part aller acheter ses fournitures scolaires.
Dean sortit à son tour du lycée et retrouva devant son camarade, clope à la bouche et main dans les cheveux. Il trouvait ça très sexy chez un homme.
« Hey Cas'.
- Oh. Tu veux une clope ? J'ai vu que tu étais en manque tout à l'heure.
- Ouais super merci, j'en crevais d'envie là. » Il porta la clope à sa bouche. « Tu me l'allumes ?
- Ha oui oui… »
Le petit brun sorti du paquet un briquet en plastique et se retourna vers son ami (qui faisait une tête de plus que lui) pour allumer la cigarette à ses lèvres. Il secoua le briquet qui ne voulait pas produire une flamme pendant plus d'une seconde.
Il se rapprocha alors de Dean pour que le bout incandescent de sa cigarette touche celui de son ami et l'embrase. Il plaça sa main entre eux deux pour éviter qu'un coup de vent vienne éteindre les quelques filaments de tabac qui rougissaient.
Dean eut quelques frissons dans le bas-ventre, très vite suivi d'un éclair de chaleur. Ce Castiel ne se rendait vraiment compte de rien, se placer aussi près de lui… Il allait lui tendre un piège. Dean le voulait là, rien qu'en quelques gestes il avait décidé d'en faire sa proie. Et même si ça allait prendre du temps, rien que de penser à la récompense… Quelques taffes plus tard, il lui demanda :
« Tu fais quoi maintenant ?
Je vais passer la grande librairie pour faire deux trois achats pour les cours. » dit Castiel après avoir tiré une taffe.
Je peux venir avec toi ?
Ha ben oui si tu veux. »
Castiel lui sourit et ils sortirent de l'établissement en direction de la librairie. Ils marchèrent quelques minutes et s'engouffrèrent dans le magasin, un peu plus chaud qu'à l'extérieur. Ils firent les quelques courses qui leur avaient été demandées puis Dean proposa à son camarade de boire un coup.
Castiel accepta, bien content de pouvoir s'occuper pour le reste de la journée qui promettait d'être longue.
Ils pénétrèrent dans un des bars préférés de Dean, dans une petite rue piétonne, le Bar de l'Union. Il commanda un Irish Coffee, puis se tourna vers Castiel et lui dit :
« Prends ce que tu veux, je t'invite. » avant de lui faire un clin d'œil.
Castiel rebaissa les yeux sur sa carte avec une expression étrange.
« Huum merci… Je vais prendre un chocolat chaud s'il vous plait. »
Le serveur prit la commande et s'éloigna.
« T'as jamais goûté les Irish Coffee ?
- Non je crois pas. » répondit simplement Castiel en jouant avec un sucre.
- Ahaha mais c'est super bon tu sais. Y'a un peu de whiskey dedans, de quoi se faire tourner la tête, dit-il en le regardant droit dans les yeux
- Ouais mais dès le matin je dois t'avouer que ça me tente pas des masses ! »
- J'aime bien moi, c'est agréable. T'as une sensation de flottement pendant quelques heures après, un peu comme après l'orgasme.
- Hé ben il t'en faut pas beaucoup pour te rendre comme ça ! » rigola t-il à moitié gêné.
- T'as jamais bu d'alcool à jeun ou je me trompe ? Ou alors t'as peut-être jamais baisé ?
- Si quand même ! Me prends pas pour ce que je suis pas ! » Castiel riait pour ne pas perdre son sang froid.
- Mouais. Et sinon, quoi de neuf en musique, t'as découvert des trucs sympas à écouter. » Et doucement, tout doucement, il rapprochait sa jambe de celle de Cas'.
- Cet été pas trop… me suis un peu mis à Patti Smith, je trouvais la pochette super belle.
- Oui j'ai écouté et j'ai carrément adoré. Une fille qui aurait rêvé d'être un garçon en plus... » Il frôla lentement sa jambe, assez pour lui faire sentir qu'il était conscient de ce qu'il faisait.
- Oui c'est supeee-eer… » Castiel avala de travers, et fit une fixette sur la table.
- Oui, Gloria est très sympa. » Remonta la jambe tout doucement et la redescendit. Moi j'ai pas mal écouté les Floyd, c'est bon pour planer.
- Dean tu…euuh tu fais quoi là ?
- Rien pourquoi ? » Un grand sourire naquit sur ses lèvres à la vue de Castiel totalement empourpré.
- Ton pied. » il fut un peu plus ferme et bougea pour lui faire bouger son pied.
- Oh désolé, ça te gêne ? dit-il innocemment.
- Je suis pas gay, lâcha t-il abruptement.
- Bah c'est dommage, du gâchis même. Enfin on va pas en faire une formalité heh ? Tu me racontes un peu le concert de Bowie de juillet ?
- Dommage ? Non, je suis très bien comme je suis merci. Et le concert très bien, du Bowie quoi…
- Comment ça, c'était un concert de Bowie ? Faut pas être blasé comme ça putain ! Et puis t'es fan d'un mec bisexuel, tu vois que c'est pas une honte.
- Mais je m'en fous qu'il soit bisexuel, c'est sa musique que j'aime…Bon, je sais pas si c'est une bonne chose de trainer avec toi. Désolé. »
Castiel repoussa sa chaise, la faisant crisser sur le carrelage. Il attrapa son sac de courses et sortit du bar. Dean paya, prit son reste d'irish coffee et rattrapa Castiel dehors. Il tira sur son coude pour le faire se retourner.
« Ecoute, je sui désolé, je voulais pas te gêner.
Hé ben on dirait que t'as réussi. »
Il le fit lâcher son bras d'un mouvement de buste.
Mouvement de buste qui avait suggéré une ondulation du bassin dans l'esprit de Dean. Il ne pouvait pas le laisser partir comme ça, il le voulait et l'aurait. Il savait au moins maintenant à quoi s'en tenir et comment agir avec sa proie. Il le héla :
« Cas' pars pas comme ça !
Mais lâche-moi, moi je t'ai dis que je rentrais ! »
Tout en marchant rapidement il marmonna un vague « Pff j'ai le droit au pédé maintenant. »
Ce que ne devait pas savoir Castiel, c'est que Dean le suivait et avait entendu. Et alors, il avait quoi comme possibilités ? Le taper parce qu'il avait raison ou ne rien dire et sourire, ce qu'il préférait largement.
Il avait envie de s'envoyer en l'air là, vraiment. Le truc, c'est qu'il restait bloqué sur Cas' qu'il voyait toujours un peu plus au loin. Il décida finalement de le suivre pour voir où il habitait tout en finissant son verre, puis il se fera une petite branlette pour pas rester insatisfait.
Castiel marcha rapidement vers chez lui, il était pas très loin en plus. Arrivant dans sa rue il sentit que quelque chose n'allait pas. Il se retourna et choppa Dean en train de le suivre.
« Je peux savoir ce que tu fous ?
Je marche et toi ?
C'est ça fous toi de ma gueule, la ville est pas assez grande pour toi ?
Oh mais calme toi Cas', pourquoi tu t'énerves ?
Tu me suis ! Je peux savoir pourquoi ? » il se planta en face de lui, énervé.
J'sais pas, curiosité ? Et puis mince Cas', désolé encore pour tout à l'heure et j'ai pas envie que tu m'en veuilles pour un pied sous la table !
Non mais ça se fait pas ! Même moi je le ferais pas avec une nana !
Oh Cas', on est plus des gamins ça va ! T'as bien écouté les paroles de Bowie ou Smith ? Elles ne parlent que de ça, que de sexe, alors ne soit pas aussi prude ! Alors c'était rien, arrête de m'en vouloir s'il te plaît.
Pourquoi tu voudrais qu'on devienne amis ?! Je fréquente pas les gens comme toi !
Très bien comme tu veux. Il ne me semble pas que ca te gênait quand on échangeait notre passion sur la musique l'an denier, qu'est-ce qui a changé ?
T'as essayé de me draguer ! Je suis désolé mais on fait pas comme si de rien était !
Ca sert à rien que je reste là. Vaut mieux que je te laisse réfléchir, je rentre. On se voit demain en cours. »
Et il tourna le dos, partit vers chez lui sans la moindre envie. Il était presque midi, il avait une demi journée à tuer. Il allait se faire à bouffer et écouter de la musique, enfilant cigarette sur cigarette comme les deux derniers mois. Et surtout, surtout ne pas penser à Castiel mais plutôt au prochain mec qu'il pourrait se faire sans attendre.
Castiel de son côté se sentait encore plus en colère. Il rentra chez lui, claquant toutes les portes. Sa mère était venue le voir pour lui demander ce qui n'allait pas. Ce à quoi évidement, Castiel ne répondit rien, se contentant de marmonner des injures dans sa barbe.
Non mais vraiment, se faire draguer par une tapette ça, ça lui était pas arrivé ! Il avait eu pas mal de plans foireux en allant à des concerts, dans des bars ou des soirées glauques, mais alors là … en plus dans son propre lycée !
Il avait vraiment une gueule d'homo ?!
Il mangeait ses pâtes au son de Pink Floyd, The Dark Side of the Moon, sa bande son préférée quand ça allait pas trop bien, il s'envolait toujours dès les premières notes et ça lui permettait de couper court avec la vie réelle. Il prit un vieux magazine de Rock & Folk qu'il avait déniché dans une brocante et relut la critique de Manœuvre en se répétant inlassablement que ce type était génial. Même si le Eudeline là aussi l'intriguait. Enfin bref. Il passa l'aprèm' à disséquer des articles de presse. Et râla inévitablement quand sa mère rentra…
Huit heures quinze, la cloche sonna dans la cour du lycée Sainte-Marie, tous les élèves rejoignirent leurs classes, accompagnés des professeurs. Le soleil était au rendez-vous mais pour la plupart pas le moral.
Castiel sans un regard pour personne rejoignit sa place et commença à sortir ses affaires.
Machinalement, Dean suivit le train. Et il se rappela du plan de classe de la veille qui allait lui être ô combien utile puisqu'il est obligé de s'asseoir à côté de Castiel à tous les cours, tous les jours. Alors, sans un regard non plus, il s'installa à côté de lui l'air de rien.
Le petit brun se retourna vers son voisin, un livre à la main. Ha non pas lui quand même ! Après ce qui s'est passé hier il ose se mettre à côté de lui !
« Euh… » commença t-il.
Oui ? Bonjour Castiel, ça va ?
Non rien, c'est pas grave. J'avais oublié qu'y avait un plan de classe…
Ça nous donnera l'occasion de pas rester sur la mauvaise impression d'hier. Allez Cas', débloque. J'ai fait une bêtise okay. Dis-toi que ça veut dire que t'es très beau. »
Il sourit pour appuyer son propos mais pas d'un sourire aguicheur, un sourire qui se voulait réconfortant.
Comment veux–tu que quiconque soit à l'aise avec ça. Enfin bon, de toute façon va bien falloir qu'on se supporte pour tout le trimestre alors je vais passer dessus. Et arrête de me regarder comme ça, je suis pas un gâteau à la crème. »
Un gâteau à la crème... La crème... Oh que ça vagabondait dans le pervers esprit de Dean. Mais ne pas laisser transparaître ces doubles sens, Cas' n'était pas encore apte à les comprendre.
« Très bien. On recommence à zéro et je te promets de me tenir ! »
Castiel le regarda fixement deux secondes. C'est qu'il y tenait à se rabibocher avec lui…Bon de toute façon s'il voulait bien se tenir et arrêter les sous-entendus ça devrait bien se passer. Il était plutôt sympa et il était à peu près le seul à avoir les mêmes goûts musicaux que lui, c'aurait été un peu une perte…
Le lycéen décida de passer l'éponge et laissa une autre chance à ce mec, en espérant qu'il arrêterait de le draguer parce que franchement c'était pas son trip du tout.
« Okay. »
Dean mima un merci du bout des lèvres et le cours de Littérature commença. C'était parti pour deux heures sur le premier roman de l'année qu'ils auront à étudier, autrement dit le pavé monstrueux d'Emile Zola, Germinal.
Au terme des deux heures, Dean avait arraché toutes les peaux de ses lèvres, les nerfs étaient prêts à lâcher. Il aimait bien écrire. Mais alors disserter sur ce que les autres ont écrit, dans un langage à code tellement il est incompréhensible et d'une autre époque qui paraissait hors du temps, non merci. Il le faisait quand même, plus ou moins bien. Il préfèrerait nettement avoir des cours d'anglais où on disserterait sur les paroles de chansons. Il partagea son idée avec son voisin de table :
« Ça t'attirerait pas plus, le même cours en anglais sur des paroles au lieu de Zola ?
Ha ça c'est sur … Mais j'aime pas analyser les textes, je trouve que ça gâche l'ambiance de la chanson, quand tu l'écoute après c'est plus pareil.
Bon point de vue. Mais c'est aussi intéressant de savoir ce qu'un artiste a à dire.
Oui mais s'il a quelque chose de précis à dire il va pas le mettre trop en sous-entendu ! Et quand c'est très explicite on comprend direct pas besoin d'analyse, alors que quand c'est du ressenti on peut se l'approprier.
Vous deux au fond ! Winchester et Novak, c'est pas parce que c'est bientôt fini que vous devez oublier Germinal et papoter comme des filles ! cria le prof sous sa toge de prêtre. »
Castiel tourna la tête, soudainement énervé. Papoter comme des filles…Non mais franchement ça allait peut-être suffire là les allusions à ça, les compliments venant d'un mec et la drague gay. Il en avait pas grand-chose à foutre d'attirer l'attention sur lui mais alors tout ça le faisait prodigieusement chier.
Il soupira profondément tout en prenant des notes.
Dean sourit intérieurement et nota pour lui que Castiel était franchement mignon quand il râlait. Mais bon il ne se permettrait sûrement pas de lui dire.
La cloche sonna enfin, les délivrant de cet impitoyable destin. En quelques secondes, la classe était vidée et ils se retrouvaient tous dans la cours pour s'aérer pendant les dix minutes de récré. Ou bien pour aller s'encrasser les poumons. Ce qui était plutôt le cas de Dean.
Castiel fit de même, assis par terre contre le mur de brique du bâtiment principal. Il regardait les gens bavarder en petits groupes. Tout en fumant il fit tomber quelques cendres sur son jean qu'il envoya balader en soufflant dessus, puis reposa sa tête contre le mur, profitant du soleil.
« Je sens que ce prof va pas nous avoir à la bonne …
Dean le rejoignit en s'asseyant également par terre.
Une fois, c'est juste la première fois. Que tu sois bon ou pas ici, c'est le lot de tous. Discipline, ils ont que ce mot à la bouche.
Ouais… je me demande ce que nos parents avaient dans la tête en nous envoyant dans ce lycée ! Envie de nous mater ? Y'a pire que nous quand même ! » rigola le petit brun en se décalant légèrement de ce Dean bien trop collé à lui…
C'est vrai que pour lui, gay, c'était un sacré avantage d'être dans une école de garçons pour mater, il ne le renierait jamais. Mais un hétéro qui disait ça, ça cachait quelque chose...
Pas pour eux, pour eux y'a pas pire que nous, nous ne sommes que de vilains garnements qui se détournent de la voie sacrée qu'a tracée le Christ pour nous, amen !
Voilà ! On est vraiment des sales gosses ! Déjà qu'on écoute la musique du diable ouuuh ! Castiel rit.
Bon Dieu, nous allons périr en enfer et mourir pour nos péchés, ajouta Dean d'une voix qui se voulait coincée.
Toi plus que moi en tout cas !
Bah écoute j'avoue totalement, je vois pas pourquoi je me cacherais de ce que j'aime et tant pis si ça lui plaît pas au mec là-haut !
C'est pas à lui qu'on voudrait que tu te caches …
Tu m'as dit que tu voulais plus qu'on en parle et j'ai respecté ça. Et maintenant tu remets ça sur le tapis, pourquoi ?
Pour rien laisse tomber... » Il roula des yeux et soupira.
Dean n'ajouta rien d'autre. Il écrasa sa clope et se releva quand la cloche sonna. Il tendit la main à Castiel en lui disant « Tu viens, on y va ? ».
« Huum … »
Castiel écrasa sa cigarette aussi et attrapa la main de Dean. Il se releva et se retrouva en face de lui, sa main dans la sienne. Le petit brun se sentit rougir jusqu'aux oreilles. Il retira sa main en toussotant puis prit le chemin de la classe.
Le grand dégingandé le suivit, ils avaient maintenant deux heures de philo histoire de bien les achever en cette matinée. Il retrouva sa chaise et ses affaires et il trouva que son camarade s'était bien décalé de lui par rapport à tout à l'heure. Mais il savait que c'était mieux de le laisser réfléchir seul. Il l'intriguait ce petit bonhomme tout de même, à s'enfermer dans ses belles pensées que seules ses joues rougies trahissaient quand il était gêné. Comme tout à l'heure, quand il avait sa main dans la sienne, sensation très agréable au passage. Il ne devait pas partager son opinion mais bon, pour le moment il ne pouvait que laisser filer.
La journée s'écoula lentement, heure après heure de cours, pour se terminer à dix-sept heures après un cours d'anglais. Castiel accompagna Dean pendant un moment sur le trajet du retour chez eux, et le laissa à un carrefour peu fréquenté où il rejoignait son bus.
Castiel fut un peu moins raide pendant cette journée, mais c'est qu'il le mettait très mal à l'aise Dean dès qu'il faisait le moindre geste, il ne savait pas trop de quoi il avait la trouille, qu'il le touche, ai un geste déplacé, ou lui saute dessus pour le violer dans une rue déserte…Oui, il avait un peu trop l'imagination fertile mais il n'y pouvait pas grand-chose. Tout ce qu'il ne fallait pas c'est que ses parents le voient avec un mec gay…
8
