Hello !

Fans de Sting et/ou de Rogue, voici une petite fiction retraçant le passé de nos deux Twin-Dragons. Ceci est une version corrigée de ce qu'était la fiction au début — quelques fautes en moins et deux/trois trucs rapidement revus, rien de bien différent pour ce prologue. Suite aux récents scans — notamment le chapitre 329, où on sait enfin pourquoi et approximativement comment Sting et Rogue on tué leurs parents — j'ai revu certains points afin de garder une certaine cohérence. Vous l'aurez compris, il y a des risques de SPOILERS ici.
Toutefois, contrairement au manga, Skyadrum restera ici un personnage féminin. Bien-sûr, bien que j'essaie de garder un minimum de cohérence, ceci n'est certainement pas ce qui s'est vraiment passé dans le manga, mais une alternative que je vous propose — comme deux autres auteurs jusqu'ici, Décadence de Llillandrill et D'aventures en aventures de SilverandRogue, que je ne peux que vous conseiller ;)

Sinon, oui, le rating M a sa place ici. Ce sera pas toujours tout rose, quelque peu — beaucoup ? — sanglant par moment et sûrement très sombre. À vous de juger. Ah, et, fiction au label SPPS, rien que pour les personnages secondaires qu'on y verra.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture !

Disclaimer : Les personnages de Fairy Tail ainsi que son univers appartiennent à Hiro Mashima.


Sting.

C'est le prénom qu'on lui a donné le jour de sa naissance, lors d'une nuit de tempête. Peut-être en avait-il été décidé ainsi avant même qu'il ne naisse, avant même que sa mère ne sache qu'elle portait un enfant, une vie à venir. Peut-être avait-elle hésité entre celui-ci et une flopée d'autres, avant de choisir celui-là, parce qu'il lui rappelait un souvenir, un lieu, un événement qui lui paraissait important. Peut-être parce qu'elle en aimait l'intonation, la prononciation, la manière d'être écrit, soufflé, murmuré, crié, pleuré, exclamé. Ce prénom qui le désignera tout au long sa vie, qu'elle aurait sûrement espérée heureuse, normale, prudente. Ce prénom qu'elle avait choisi.

Oh, si elle avait su. Si elle avait su quelle sera cette vie, de quoi elle sera faite, à quel point elle sera difficile ; sans doute s'en serait-elle voulu d'avoir imposé ça à un individu ayant perdu son innocence si jeune. Sans doute aurait-elle préféré qu'il vienne avec elle et qu'ils disparaissent tous les deux, ensembles, baignés de cette tendresse et de cet amour, de ce lien si propre et unique à une mère liée à son fils. Sans doute aurait-elle préféré mourir autant de fois qu'il le fallait pour ne pas qu'il ait eu à subir tout ça.

Sans doute.

Sting.

Ça avait été le dernier mot de la femme qui lui avait donné la vie, avant que la sienne ne s'éteigne tout à fait, comme la flamme vacillante d'une bougie qu'on souffle doucement, lentement, juste pour l'observer s'allumer d'un éclat plus vif, comme si elle savait qu'elle était en danger, comme si elle était consciente qu'elle allait bientôt flancher avant de s'éteindre tout à fait, ne laissant derrière elle qu'une brève image que la rétine d'un œil retiendra quelques secondes à peine. Une image vouée à disparaître et ne devenir qu'une forme floue aux contours incertains, et qui, au final, se mettait à ressembler plus au souvenir que l'on en avait plutôt que ce à quoi ça avait vraiment ressemblé, ce que ça avait réellement été.

Il avait eu une image floue de ce qu'elle avait été, formée à partir de ce qu'on lui avait raconté. Et à chaque fois, la femme qu'il avait imaginée s'était retrouvée différente, plus jolie ou un peu moins, aux traits plus fins et malicieux, au sourire sincère et heureux — et puis cette image avait disparue. Il avait oublié à quoi il voulait qu'elle ai ressemblé. Il avait oublié la façon dont il l'avait imaginée.

La mère de Sting est morte comme ça ; d'épuisement, de maladie, suite à des blessures importantes, tuée après lui avoir donné naissance. Il ne savait pas tout à fait. Personne n'avait jugé bon de lui préciser pourquoi, ni même de lui dire directement comment est-ce que sa mère avait péri le jour de sa naissance. Mais il l'avait compris, par son absence, par les silences longs et gênés qui s'étaient installés à chaque fois qu'il avait posé la question, par les regards peinés et attristés qui s'étaient posés sur lui à la pensée que, cet enfant, ce pauvre enfant qui avait déjà perdu toute son innocence, toute son honnêteté, il ne méritait pas ça.

De la pitié. Quelque chose dont Sting ne voulait pas, dont il n'avait jamais voulu. Quelque chose qu'il avait toujours détesté, que ce soit pour lui ou pour quelqu'un d'autre.

Et puis, au fil du temps, ça lui avait paru de moins en moins important, alors que ses pensées se redirigeaient vers quelque chose de plus présent, vers quelque chose qui, d'après lui, en valait vraiment la peine. Pas tout à fait vital, presque futile, inutile — il n'avait pas le temps de se morfondre et de penser à ça. Il devait vivre. Vivre, survivre.

Au final, après quelques années, c'en était devenu carrément inintéressant, banal, bête, jusqu'à ce que cette question ne se fasse tout à fait inexistante dans son esprit.

Sa mère est morte. Lui, il était vivant. Tout ne se résumait qu'à ça ; il n'y avait rien d'autre. Rien pour l'attacher, l'enchaîner ou le faire souffrir — il n'avait pas le temps de souffrir.

Il devait survivre.

Les rares souvenirs qui peuplaient son enfance ne se résumaient qu'à quelques endroits, plus ou moins habituels, monotones et assez répétitifs. Il avait grandit au milieu d'autres enfants, dans une sorte d'orphelinat dont il doutait aujourd'hui des véritables intentions. La seule chose qui le distinguait des autres enfants était la petite boucle d'oreille accrochée à son oreille gauche et qu'il avait prit l'habitude de faire cliqueter entre ses doigts dans un geste machinal, perdu dans ses pensées, ses souvenirs, ses questions. Il ne savait plus vraiment depuis quand il la portait ; il la portait, c'est tout.

Mis à part ça, les autres étaient tous comme lui. Seuls, terriblement seuls. Le regard vide, dénué de toute émotion, de toute imagination. Des regards las, fatigués, des visages mornes. Il n'y avait pas de sourires. Le moindre, le plus petit sourire, on l'effaçait à jamais, à coups de cris, de violence, de douleur et de torture. À la moindre larme, on les laissait dehors toute la nuit, aux côtés des spectres formés par les ombres, des ténèbres, de la peur et de la solitude, dans le froid glacial. Sting en avait vu beaucoup revenir complètement changés. D'autres fois, ils ne revenaient même pas du tout, morts de froid, de faim, ou simplement perdus après avoir tenté de s'enfuir.

Sting avait côtoyé la mort, l'horreur, les blessures. Et aujourd'hui, même s'il se demandait parfois quelle aurait été sa vie si ça n'avait pas été le cas, il n'avait pas vraiment de regrets. On ne changeait pas le passé ; et nul doute que s'il avait été différent, sa situation actuelle ne serait pas telle qu'elle l'était — et ça, hors de question que ça change. Ces épreuves l'avaient rendu plus puissant, plus fort. Pour rien au monde il n'abandonnerai ce qu'il avait durement gagné.

Les plus vieux restaient moins longtemps. Un jour, sans qu'on sache pourquoi, ils disparaissaient tout à fait, sans laisser la moindre trace ; Sting avait lu la peur dans les yeux des plus jeunes, la triste résignation des adultes qui s'occupaient d'eux. Mais ça ne l'avait jamais alarmé plus que ça. De ce qu'il avait compris, ils étaient gardés ici avant de partir vers un autre endroit, qui démontrera s'ils avaient été assez forts ou non pour continuer. Alors Sting continuait à vivre dans cette attente de partir, à défaut de ne pas avoir d'autre but. Il acceptait les entraînements, subissait les punitions sans broncher ou presque, parce que lui avait cet avantage par rapport aux autres enfants d'être moins sensible à la douleur. Et sûrement était-ce la raison pour laquelle les autres se plaisaient à le tester, pour voir jusqu'où il résisterait avant de se soumettre et flancher.

Mais il n'avait jamais baissé les bras. C'était ça, l'enjeu de la vie ; c'est ce que les rares familles chez qui il avait habité lui avaient assuré, lorsqu'elles n'éprouvaient pas ce sentiment de pitié qui le révulsait tant.

Sting.

Ce nom dont la signification rappelait celle d'une épine, d'une piqûre. Quelque chose de blessant, de désagréable, de douloureux. D'une douleur qui s'installait progressivement pour se faire encore plus forte, cuisante, persistante. Une douleur d'une puissance telle que réfléchir devenait impossible. Une douleur qui effaçait toute trace de raison, de réflexion, amenant l'esprit et l'intelligence à subir les effets dévastateurs et bien trop souvent irréversibles de la folie, de la folie qui blesse, de la folie qui inquiète, de la folie qui angoisse, de la folie qui tue, même, parfois, lorsqu'elle n'est pas détectée à temps. La folie, la douleur, la lenteur, l'agonie ; tout ça dans un seul mot, dans cinq petites lettres, qui le désignaient, lui.

Sting.

Ce nom qui avait raisonné, dans la salle étrange, gigantesque et dénuée d'une quelconque couleur autre que le blanc, où on l'avait emmené sans tout à fait lui expliquer pourquoi. Cette salle où se serraient les uns contre les autres des enfants de son âge, parfois même plus jeunes, répartis en plusieurs groupes.

Sting, lui, était resté seul ; il n'aimait pas les autres enfants, et les autres enfants ne l'aimaient pas. Ils n'aimaient pas son prénom, ses yeux clairs, ses cheveux blonds, sa boucle d'oreille. Ils n'aimaient pas son attitude, détachée, lassée, blasée, comme pouvait l'être celle d'un vieil homme posant un regard bien trop lucide et clairvoyant sur le monde qu'il avait vu changer et s'effondrer, de jours en jours, petit à petit.

Ce nom qui avait raisonné, alors qu'il s'avançait sans réelles convictions vers la jeune femme qui l'avait appelé, son regard atténué par les verres épais de la paire de lunettes qu'elle remontait constamment le long de l'arrête fine de son nez. Elle lui avait sourit et, le guidant en le poussant gentiment d'une main sur le dos, l'avait emmené dans une gigantesque salle, encore plus grande, plus impressionnante.

Sting avait vu d'autres enfants se faire emmener, vêtus eux-aussi de simple caleçons blancs. Rapidement, il s'était identifié comme étant plus ou moins similaires à eux ; différents. Étranges, presque effrayants, par toutes les horreurs qu'ils avaient dû vivre et qu'on pouvait deviner rien qu'en regardant leurs yeux. Leurs yeux constamment couverts d'un voile de pensées sombres, de cette sagesse, cette lucidité que des enfants de cet âge là ne devraient pas avoir.

Ils les avaient allongés sur de grandes tables en métal froid, tous, un par un. Les lumières s'étaient éteintes, les sources de luminosité présentes se concentrant uniquement à travers les projecteurs suspendus juste au-dessus d'eux. Ces lumières sur lesquelles ses yeux d'enfant s'étaient doucement refermés, résolus et décidés à ne pas résister.

Sting n'avait qu'un vague souvenir de ce moment là. Tout ce dont il se souvenait, c'est d'une douleur plus grande que ce qu'il avait pu ressentir jusque là, du haut de ses neuf ans et demi. Une douleur qui s'était installée dans sa poitrine pour s'insuffler par la suite dans chaque infime partie de son corps, tandis que le lacrima que ces hommes avaient implanté à la place de son cœur faisait lentement effet et diffusait sa magie dans son essence vitale propre ; ça avait été douloureux. Très, très douloureux. Comme si chaque goutte de plasma touchée par la magie s'enflammait à l'intérieur de son corps, violemment et sans prévenir, partout à la fois, jamais deux fois au même endroit, par vagues progressives, ne lui accordant pas un seul instant de répis.

La douleur due à sa transformation avait été telle que l'anesthésie avait finit par ne plus faire effet. Le temps que les hommes penchés au dessus de lui ne s'en rendent compte, il avait eut le temps de basculer la tête sur le côté, observant tout d'abord sans comprendre la scène qui se déroulait sous ses yeux. Il avait mal, mal — mais il ne pouvait pas bouger, pas parler.

Les autres enfants étaient là, eux aussi. La plupart du temps, les hommes les entouraient, très calmes. D'autre fois, ils s'empressaient de lancer des pulsations électriques dans ces corps amaigris et ayant perdu leur innocente pureté pour refaire battre un cœur qui s'était éteint à jamais.

Leurs fins avaient été violentes. Sting avait vu une petite fille hurler jusqu'à ce que ses cordes vocales ne se déchirent, son dos s'arque-boutant si fort qu'il cru qu'elle s'était tout bonnement cassé la colonne vertébrale, tandis que les hommes tentaient vainement de la retenir. Les attaches métalliques censées l'immobiliser s'étaient brisées comme on briserait une coquille, alarmant les médecins qui s'étaient avancés avec une gigantesque aiguille dans l'espoir de la calmer. Alors elle avait tourné son visage vers lui, à son tour, un filet de salive s'échappant de ses lèvres entrouvertes.

Son regard avait croisé le sien. Il s'en souvient, parce qu'il est sûr et certain de ne jamais avoir lu tant d'émotions dans un seul regard de toute son enfance, du fait qu'ils n'avaient jamais eut le droit de se prononcer sur quoi que ce soit à l'orphelinat. Il avait vu de la tristesse, de la résignation. De la sagesse, des regrets. Dans un seul regard de cette petite fille dont il ne connaissait même pas le nom, il avait vu le souhait qu'elle lui avait indirectement formulé, avec un minuscule, presque imperceptible sourire, plein de nostalgie.

« Survis. Essaie de t'en sortir. Bats-toi. Bats-toi pour nous tous. Prouve-leur que tu peux survivre, que tu en es capable. Bats-toi. »

Et puis il s'était éteint, tout simplement ; un voile de néant avait recouvert ses prunelles claires, dont la pupille s'était brusquement affinée, sa poitrine s'était soudainement affaissée dans un dernier souffle, son corps avait cessé de bouger après un dernier soubresaut. Sting avait remarqué que le drap que les hommes avaient placé sur son maigre corps s'était peu à peu recouvert de tâches sombres, sanglantes, morbides. Son corps rejetait le lacrima. Il n'acceptait pas la magie.

Et une autre vie s'était éteinte, aussi aisément que cela. Il l'avait regardé mourir et disparaître, sans rien pouvoir dire, sans rien pouvoir faire.

Il avait de nouveau perdu conscience, une fois que les hommes s'étaient rendus compte de son état parfaitement éveillé, quoique pas encore assez lucide pour lui permettre de réfléchir correctement ; et alors qu'un sourire lui revenait en mémiore, son regard s'était éteint sur la lampe au dessus de lui, blanche, blanche, si pure et si blanche…