Chapitre 1
"You're one microscopic cog
in his catastrophic plan
Designed and directed by
his red right hand"
Red right hand - Nick cave and the Bad Seeds.
- Let Love in (1994) -
Ce matin d'Avril là, Salomé Blood avait une question de la plus haute importance à poser et cela ne pouvait pas attendre. Trop entraînée par sa réflexion pour se rendormir, elle se leva, mit ses pantoufles vertes et prit Docteur Namnam, sa peluche de lapin qui était en réalité un Docteur très trrrèèès important qui travaillait à sauver le monde. Mais depuis qu'elle avait dépassé le cap de sept ans, on pouvait dire que Dr Namnam était parti à la retraite puisqu'elle ne jouait plus vraiment avec lui. Tous deux ouvrirent doucement la porte de la chambre puis traversèrent le couloir pour entrer délicatement dans la pièce en face. Salomé grimpa d'un seul coup sur le lit et rampa jusqu'à sa mère qui n'était pour le moment qu'un amas de cheveux roux qui dépassaient des draps. Puis elle la secoua doucement avant de demander :
« Mamaaan … Pourquoi le jour se lève mais la nuit tombe ? »
En sentant la main de sa fille sur son cou, Bethsabée Blood se réveilla derechef en pensant que c'était un ennemi qui tentait de l'étrangler dans son sommeil. Elle fouilla sous son oreiller pour trouver son arme de service qui n'avait jamais été là et finit par réaliser après un moment de panique qu'elle était dans son lit, avec sa fille et son mari, et que la guerre d'Ishbal était finie depuis bien des années déjà. Le souffle court et le cœur battant à tout rompre, elle se redressa et sourit du mieux qu'elle pouvait en considérant une possible réponse. Salomé était la reine des questions-pièges.
Heureusement, son époux était un peu plus réactif et avançait déjà une hypothèse :
« C'est à cause des stores. Le matin, on lève les stores mais le soir, on les baisse. Et donc, le jour et la nuit suivent le mouvement. Tu comprends ? »
Salomé caressa la tête de sa peluche miteuse comme un vilain de James Bond caresserait la tête de son chat avant de sembler contente de cette réponse. C'était logique, cette affaire de stores. Rassurée, la fillette finit par les embrasser avant de partir vaquer à ses occupations matinales en laissant ses parents seuls. Beth fixa Solf avant de marmonner :
« Cette enfant est un génie incompris.
- Tout comme son père, rétorqua-t-il.
- Qui n'est pas étouffé par la modestie.
- Je devrais ? sourit Solf en se levant. J'avoue cependant que c'est une question intéressante que je devrais poser à mes élèves.
- Tu feras ça jeune homme, dit-elle en lui embrassant la joue. MANGEEER ! » cria Betty en quittant la pièce en courant.
L'ancien alchimiste resta un instant déboussolé face à l'appétit vorace de sa femme le matin. C'était sans doute parce que la nourriture du self du QG de Central était atroce, elle devait faire des réserves au petit-déjeuner. La seule fois où il avait été déjeuner là-bas avec elle, il avait dû non seulement subir l'atroce goût des choux-fleur mais également les regards en coin de militaires qui semblaient se liquéfier à son approche. Ce n'était pas comme si ils savaient qu'il était inoffensif à présent, n'est-ce pas ?
Cela fait trois ans aujourd'hui, réalisa Solf en sortant ses vêtements de la penderie. Trois ans depuis le Jour Promis, la perte de mon statut et de mon alchimie.
Il s'assit au bord de son lit après avoir posé ses affaires à côté de lui et regarda ses paumes vierges. Il était difficile de deviner qu'il y avait encore relativement peu de temps, deux symboles explosifs y étaient tatoués, deux dessins qui hantaient encore bien des Ishbals. L'alchimie qu'il avait passé tant de temps à étudier, admirer et perfectionner lui avait été arrachée du jour au lendemain avec un large morceau de sa dignité. Tout ça parce qu'il avait perdu lors du Jour Promis.
Oh, bien sûr, il était toujours vivant, c'était déjà ça. Mais dans les semaines qui avaient suivi cette perte, il avait été l'ombre de lui-même et ces souvenirs étaient flous même pour lui. Il ne lui restait que la sensation de vide qui l'habitait alors. Il ne savait pas quoi faire sans son alchimie ni son rang militaire et encore moins sans missions, sans adversaires à combattre et tuer : la mort lui avait toujours collé à la peau et maintenant … elle était bien loin. Du point de vue de Solf, le fait que les gens ne veuillent pas s'imaginer leur mort ou la placent indéfiniment dans un « plus tard » flou était un leurre stupide, de la poudre aux yeux. On ne meurt pas d'un seul coup, on meurt et naît chaque jour qui passe. Depuis notre naissance, nous mourrons petit à petit, chaque seconde qui passe est une seconde en moins à vivre pour nous-mêmes et pour ce monde. Et ressentir cette inéluctabilité, cette instabilité voire ce chaos entre la vie et la mort est la chose la plus dramatique et la plus belle qui soit. C'était ça, son champ de bataille.
Il releva la tête en voyant Beth lui apporter du café noir, qu'il prit avec un bref remerciement. Elle repartit mais il eut le temps de voir qu'elle semblait attristée et il savait très bien pourquoi. Betty pensait avoir été un choix par défaut dans la vie de son mari, qu'il s'était marié avec elle parce qu'il n'avait plus droit à sa vie précédente, avec alchimie et tout le reste. Elle pensait qu'elle ne valait rien de plus. Qu'il n'aurait jamais été là si il n'y avait pas été forcé. Qu'elle était coupable de ce qui lui était arrivé, et coupable de l'enfermer dans cette vie ordinaire.
Mais aussi ordinaire qu'elle était vu de l'extérieur, Solf aimait cette vie. Il ne pouvait plus rien exploser mais on le craignait toujours, de réputation du moins. Il avait un métier qu'il aimait, une maison, une épouse, une fille et même un chat. C'est ce que veulent les gens, non ?
Fatigué de cogiter, il se leva et prit sa douche. Une fois sous le jet d'eau chaude, il espéra que le reste de la journée se passerait bien.
Dita travaillait depuis bien des années comme femme de chambre au Central Royal Hotel, mais elle n'avait jamais vu quelqu'un sommeiller comme ça. Allongé dans des draps en bataille, les cheveux blonds hérissés et la bouche grande ouverte, il dormait à poings fermés. On voyait même son nombril.
« Monsieur ... »
Après une hésitation, elle regarda son nom sur sa fiche de réservation et relut ses instructions « Réveillez-moi pour huit heures ». Et comme il était huit heures trois, il était temps qu'il se lève ce …
« Monsieur Elric ? «
« Monsieur Elric . »
« Monsieur Elric ! »
Cette fois, Dita se décida à le secouer comme un prunier et obtint enfin l'effet escompté : il ouvrit les yeux après avoir marmonné quelque chose du type « Winry, repose-moi cette clé à molette steplé ... ». Étrange.
« -Monsieur Elric, je suis Dita du Central Royal Hotel et il est huit heures cinq.
- Mais ! J'avais dit huit heures ! glapit Ed en se levant comme si il avait été électrocuté.
- J'ai fait de mon mieux pour ne pas vous brusquer … s'excusa-t-elle, les joues rouges.
- Ok, ok ! Merci ! Je vais me dépêcher de m'habiller, déjeuner et … Euh … Vous savez quel bus ou tramway je dois prendre pour aller à l'Université de Central ?
- Il y un arrêt sur le boulevard voisin, vous prenez la ligne 2 jusqu'à l'arrêt Université.
- Ok ! Merci pour tout ! »
Sans plus de cérémonie, il retourna sa valise et en sortit des vêtements propres mais froissés et courut jusqu'à sa salle de bains.
Encore un futur étudiant paniqué, sourit Dita en quittant la pièce.
Elle avait tort.
Edward n'allait pas s'inscrire à la faculté de Central mais y enseigner. Après avoir voyagé pendant un an et demi, il avait décidé de rentrer à Amestris pour fonder une famille et revoir ses amis. Mais comme l'argent ne tombait pas du ciel, il avait postulé pour enseigner dans différences universités, pour être accepté à Central. Entre cette future embauche et son mariage en hiver avec Winry - wow ! Ça lui faisait encore bizarre d'y penser ! -, on pouvait dire Ed marchait enfin dans la vie adulte. En attendant, ça ne l'empêchait pas de stresser comme un ado à un premier rendez-vous avec son béguin.
Après un petit-déjeuner prévu pour un régiment, il partit prendre les transports en commun. Les gens de Central n'étaient pas forcément les plus aimables, et un homme à l'air revêche le frappa au visage avec sa serviette (NdA : un sac, pas le truc en éponge …) en grommelant comme si c'était la faute d'Edward. Ce dernier, piqué au vif, l'invectiva :
« - Non mais, vous pourriez vous excuser !
- Tu n'as qu'à pas squatter en plein milieu du passage, rase-mottes !
- RASE-MOTTES ? Qui tu appelles rase-mottes mon gars ?! Tu vas voir ce que je-
- UNIVERSITÉ, annonça la voix du tramway.
- Tu as de la chance mec. C'est mon arrêt. »
Après avoir lancé un regard noir, il descendit pour se trouver face aux locaux de la faculté. Ils dataient d'il y avait deux siècles, tout en briques rouges, toits d'ardoise et hautes fenêtres, avec de grandes portes ouvragées et des vitraux colorés type Art Déco, ajoutés récemment. La cour était sillonnée de larges chemins qui traversaient le campus, et les pelouses étaient bien entretenues. Des bancs et tables permettaient aux étudiants de se retrouver, étudier et manger à l'ombre des arbres. Des panneaux indiquaient les différents services de la fac et Ed y courut. Un homme passa juste devant lui en le frôlant, un chapeau gris sur la tête; peut-être un futur collègue.
Après avoir trouvé la direction qu'il cherchait, Ed se dépêcha en voyant qu'il était presque neuf heures, horaire de son rendez-vous avec le doyen de la faculté. Il rattrapa facilement l'homme qu'il venait de remarquer et prit la porte qu'il lui retenait poliment. Alors qu'il allait le remercier, Edward s'arrêta net, bouche bée et yeux remplis d'une peur sans bornes.
« K-K-Kimblee .. ? » bégaya-t-il.
Solf retira son chapeau et le salua, tout aussi surpris que le jeune homme, même s'il le cachait mieux. Après un silence, il tendit la main, que Ed serra en tremblant un peu. Il remarqua enfin que quelque chose clochait.
« - Mais … Où sont vos tatouages ?! s'exclama-t-il en lui secouant le poignet comme un dingue.
- Je ne les ai plus, et veuillez lâcher ma main Monsieur Elric, ça devient gênant et quelque peu douloureux, lui intima Solf.
- Oh. Désolé. Comment vous avez fait ça ? Je ne savais pas qu'on pouvait ... »
Il allait dire « renoncer à l'alchimie ainsi », mais il réalisa à temps qu'il y avait renoncé aussi, même si les circonstances devaient bien être différentes …
« - Si vous pensez que j'ai abandonné mon alchimie de mon plein gré, vous êtes en tort. Au revoir Monsieur Elric, lui dit froidement l'ex-Alchimiste avant de s'éloigner.
- Attendez Kimblee ! Vous faites quoi ici ?
- Vous voyez bien que j'épluche des pommes de terre.
- Hein ?! lâcha Edward, peu habitué à ce type de remarques de la part de Kimblee.
- Désolé. C'est le sarcasme de ma femme qui déteint sur moi. J'enseigne ici. »
Le combo retrouver un vieil ennemi + découvrir celui-ci (presque) inoffensif + savoir qu'il était prof + apprendre qu'il était marié, c'en était trop pour Edward et ses nerfs fragiles, surtout sans café digne de ce nom.
« - Vous ... vous êtes … marié.. ?!
-Oui, répondit Solf avec un ton qui suggérait que ce n'était pas la première fois que ça choquait les gens. Vous venez voir quelqu'un ?
- Oui, le doyen. C'est où ?
- Suivez-moi. »
Il y avait encore trois ans, suivre Kimblee sans discuter aurait provoqué chez Ed des sueurs froides. Mais une fois le choc passé, il devait bien admettre qu'il ne risquait rien. Après tout, la faculté ne pouvait pas se permettre d'embaucher n'importe qui n'est-ce pas ?
N'est-ce pas ?
Il avait dû passer des tests pour savoir si il était plus un fou furieux de l'explosif hein ?
En tout cas, Edward Elric l'espérait de tout son cœur, tout en maudissant Mustang et sa façon de taire « quelques petits détails sans importance » comme « Kimblee est toujours en vie lalala surpriiise » donc.
De son côté, Solf devait avouer qu'il était déjà las. L'anniversaire du Jour Promis le hantait déjà, mais en plus croiser l'adolescent qui avait mis tout le plan des Homonculus et donc les siens en déroute, ça lui tapait sérieusement sur le système. Plus vite Edward trouvait le bureau du doyen, mieux ce serait pour eux deux. L'ancien Fullmetal semblait en effet extrêmement nerveux, ce qui pouvait s'expliquer par le fait qu'ils aient essayé de se tuer l'un l'autre lors de leur dernière rencontre, et qu'il se soit empalé sur une poutre à cause de l'Écarlate.
Que de bons souvenirs.
Ed traînait la patte (en métal) à chaque nouveau couloir emprunté afin de scruter les lieux : le carrelage, les affiches, le plafond, rien n'échappait à sa vigilance. Le souci, c'était que Solf voulait se débarrasser de lui le plus vite possible, surtout qu'il était en retard pour son cours. Après avoir manqué de perdre l'aîné Elric trois fois, il stoppa devant une porte : le bureau du doyen. Bien qu'irrité, Kimblee restait poli, ainsi frappa-t-il à la porte pour annoncer Edward. À peine avait-il fini de cogner sur le panneau de bois qu'une énorme explosion retentit. Elle était si intense qu'elle fit trembler les murs de toute l'Université, même si elle semblait s'être produite très loin d'eux.
Instinctivement, Ed s'abaissa les mains sur la tête et se redressa en fixant Kimblee.
« - C'est vous qui avez fait ça ?! s'exclama-t-il.
- Non. Ah, bonjour Monsieur Heynich, continua Solf comme si rien ne s'était passé, après que la porte du bureau se soit ouverte. Voici Monsieur Elric.
- C'EST VOUS QUI AVEZ FAIT CA ?! cria le doyen en pointant l'ancien Écarlate du doigt.
- Non Monsieur Heynich.
- Alors qui est le petit abruti qui s'amuse à exploser des choses dans MON établissement ?!
- Je ne sais pas Monsieur Heynich. Vous voulez que je vous accompagne ? »
Tous trois partirent donc. On vit donc un Monsieur Heynich tourmenté, un Solf Kimblee nonchalant et un Edward Elric nerveux parcourir les différents couloirs jusqu'à trouver d'où provenait l'explosion. Au moment même où ils s'en approchaient, une autre résonna.
Sans même réfléchir, Solf poussa son supérieur au sol et le laissa là avec Edward qui était également accroupi, encore sous le choc des vibrations. Le sol tremblait encore, les vitres se fissuraient mais c'est le sifflement dans ses oreilles qui était le plus atroce. Sans sembler être affecté du tout, Kimblee avança vers la source de tout ce remue-ménage les mains dans les poches, un pressentiment en plein ventre. Quand il fut dans le nuage épais de fumée, il comprit ce qu'il devinait.
Quelqu'un avait fait sauter sa salle de classe.
Ses étudiants gisaient autour de lui, certains vivants, certains non.
Il resta pendant très longtemps debout au milieu du carnage, incapable de bien voir au delà de deux mètres. Il ne se rendit même pas compte du temps qui passait, debout au milieu de tous ses jeunes gens allongés, couverts de sang voire ouverts en deux. Il était incapable de mettre des mots sur ce qui le traversait, mais il savait que ce n'était pas plaisant comme à Ishbal.
Beth s'étira en se levant de son bureau et passa devant Havoc pour se servir un thé. Breda avait mis Radio Capital en fond sonore et tout le monde travaillait avec sérieux malgré l'ambiance détendue. Depuis qu'Ishbal était presque totalement reconstruite et que les sondages le plaçaient en favori pour les proches élections présidentielles, Mustang était bien moins nerveux.
« Flash spécial ! Nous venons d'apprendre qu'une explosion vient de se produire à l'Université de Central ! Nous ne sommes pas encore capables de déterminer son origine ni si il y a des victimes ! grésilla une voix pressante depuis le poste de radio. Il semblerait qu'elle se soit produite dans le bâtiment de Lettres de la faculté ! Nous recommandons à tous les gens à proximité de s'éloigner du campus, je répète ... »
Betty eut l'impression qu'on venait de lui porter un violent coup à la tête avec un marteau. Tout devint flou, puis noir mais elle était encore debout malgré une violente nausée. Elle entendait les voix de ses collègues provenir de très loin :
« - Portez-la !
- Asseyez-la sur la chaise, ça va aller .. !
- Quelque chose à boire, et avec du sucre, vite !
- Vous m'entendez Commandant ? Commandant !
- Oui … Je je je … je suis là … souffla-t-elle avec la douloureuse impression d'être un poisson hors de l'eau.
- Attention ! Une seconde explosion se serait produite au même endroit, Bâtiment de Lettres de l'Université de Central ! Nous communiquerons de nouvelles informations dès que possible ! clama Radio Capital.
- Il va falloir que j'y aille … pour voir si-
- Il va bien, Betty. Je suis sûr qu'il va bien. Il a survécu à pire n'est-ce pas ? Tenta de la consoler Mustang, qui pensait sincèrement de Kimblee n'allait pas mourir pour deux bêtes explosions. Pas lui, pas L'Écarlate, pas comme ça.
- Sans doute. Je … Je voudrais quand même … aller vérifier, murmura-t-elle en reprenant des forces petit à petit.
- Des unités ont été envoyées, les pompiers aussi. Nous n'avons rien à faire là-bas ... »
Riza lui donna un coup de coude dans les côtes et tous ses collègues le masculins le dévisagèrent l'air de dire « Vous êtes sans cœur chef » pendant que Beth essayait de ne pas pleurer. Vaincu, Roy saisit son manteau et lança :
« Vous venez tous avec moi alors ? »
Ils étaient tous là, ou presque; allongés sur des civières, assis sur les marches de la faculté ou gisant à même le sol pour les moins chanceux qui avaient déjà quitté ce monde. Solf restait silencieux, le regard fixé sur eux, incapable de penser correctement. Quelqu'un s'approcha de lui et vérifia sa tension, tripota sa langue, contrôla ses yeux, son rythme cardiaque, tout ça tout ça. Il le sentit à grand peine.
«- Monsieur Solf J Kimblee ? Je suis le Commissaire Ahmed Ferkjoud, se présenta un grand homme d'une cinquantaine d'années face à lui, la main tendue qu'il serra.
- Bonjour Commissaire.
- Je n'irai pas par quatre chemins : avez-vous une responsabilité quelconque dans cette explosion ?
- Non Commissaire. Je suis bien incapable de faire de l'alchimie explosive depuis trois ans déjà, expliqua Solf.
- De l'alchimie oui, des explosifs, non, signala Ahmed.
- Je vous demande pardon ? »
Le Commisaire Ferkjoud sortit un carnet de notes de la poche de sa veste et résuma ce qu'il lisait.
« - L'explosif a été placé dans les armoires de votre salle de classe, vraisemblablement juste avant votre cours. Avez-vous une explication pour cela Monsieur Kimblee ?
- Je … n'ai jamais acheté et encore moins entreposé de matériel à explosifs chez moi, ni dans ma salle de classe ! Pourquoi je ferais ça ?
- Pourquoi avez-vous tué vos supérieurs à Ishbal ? rétorqua Ferkjoud qui rencontra un regard noir.
- Les choses sont différentes aujourd'hui. Le temps a passé.
- Le temps a bon dos Monsieur Kimblee.
- Vous n'avez aucune preuve tangible que ce soit moi, ni même un indice concret, avança Solf en se levant.
- Des indices qui vous accusent et qui pourraient facilement vous inculper de terrorisme, homicide volontaire … et bien d'autres, susurra Ahmed Ferkjoud.
- Vous allez m'arrêter ? ricana Kimblee en levant les mains, dépassé par cette situation insensée.
- Je le pourrais, oui.
- Vous comptez m'arrêter sur des indices et des soupçons ?
- Je le pourrais, oui.
- Quitte à retourner en prison, ne serait-ce que pour la soirée, autant que ce soit pour un acte que j'aurais réellement commis, statua l'ancien Alchimiste.
- Hmm ? s'étonna Ahmed.
- Comme frapper un policier. »
Edward, la Mustang Team et Beth arrivèrent juste à temps pour voir Solf balancer un coup de poing bien senti droit dans la figure du Commissaire Ahmed Ferkjoud. On entendit son nez craquer à plusieurs mètres alentour, et du sang tacha la belle chemise neuve de Kimblee qui reculait l'air satisfait avant de se faire plaquer au sol par d'autres policiers.
Mmm, ils sont aussi brutaux qu'en 1908 ces gens-là … Aïe. J'avais oublié à quel point les menottes, c'est inconfortable …
Escorté par Ahmed et ses deux collègues, Solf traversa le campus l'air très content de lui, en offrant son plus beau sourire aux photographes déjà sur place. Il rendrait toujours mieux que le Commissaire avec son nez éclaté et ensanglanté. Il allait entrer dans le fourgon de police quand Betty s'approcha, insigne en main: on la laissa passer de mauvaise grâce. Elle se planta face à son époux.
« - Pourquoi faut-il que tu te retrouves en taule dès que j'ai le malheur de ne pas être là ? demanda-t-elle enfin avec un petit sourire.
- Haha ! rit-il franchement. C'est parce que je suis un sale gosse, je pensais que tu le savais ma Beth.
- Tu as un beau crochet du droit en tout cas.
- Merci, je me inspiré de celui que ton frère m'a donné il y a quelques années.
- Je vais faire de mon mieux pour te sortir le plus vite possible, le prévint Bethsabée en croisant les bras. Mais cet Ahmed Ferkjoud a l'air très en colère. Il pense vraiment que c'est toi à l'origine de tout ça.
- Tu ne le crois pas au moins ? la pressa son mari, penché vers elle.
- Bien sûr que non !
- D'accord. Je n'ai aucune idée de qui veut m'accuser de ça. Je ne tuerais pas mes élèves !
- Je le sais, Solf. Il faut le prouver maintenant. Et je le ferai.
- Cet Ahmed a plutôt intérêt à dormir la lumière allumée donc... sourit Kimblee.
- T'as tout compris.
- Partez mon Commandant. Nous devons l'emmener. »
Beth hocha la tête et embrassa légèrement Solf avant de repartir vers les lieux de l'explosion quand le véhicule fut éloigné. Un énorme trou défigurait le bâtiment des Lettres, laissant les lieux ouverts à tous les vents. Des kilos voire tonnes de débris jonchaient les environs sur plusieurs dizaines de mètres, et surtout l'odeur qui régnait était insupportable. Même sans se concerter, Riza, Roy et Betty pensaient tous à Ishbal.
Sauf que ce n'était pas Ishbal, c'était Central.
C'était à leur tour d'être frappés au plus proche de chez eux.
« Hum … Commandant … Kimblee ? » s'éleva une voix mal assurée.
Puisque Solf avait perdu son grade depuis un bon moment, Beth supposa qu'on s'adressait à elle. Elle se retourna pour voir un jeune homme d'une vingtaine d'années la fixer de ses grands yeux dorés, le visage renfrogné. Elle le corrigea :
« - Commandant Blood. Bethsabée Blood.
- Pardon mon Commandant. Je voulais juste vous dire … Je ne pense pas que Kimblee soit à l'origine de tout ça …
- Vraiment ? Insista-t-elle.
- Je ne pense pas que la personne qui ait provoqué cette explosion ait voulu l'accuser non plus, continua-t-il en pointant le rez-de-chaussée à présent en ruines. Je crois plutôt ... »
Edward regarda Beth droit dans les yeux et il eut du mal à déglutir. Malgré toute la colère, la crainte voire le dégoût que lui inspirait Kimblee, il n'avait aucune raison de nourrir les mêmes sentiments pour son épouse. Elle avait l'air d'être quelqu'un de bien, et c'est pour cette raison qu'il avait autant du mal à finir sa phrase. Il réussit pourtant à exprimer ses doutes :
« Je crois plutôt qu'on voulait l'assassiner. »
Bonsoir, c'est encore moi ! Héhé ! On est repartis avec du KimBetty, joie et bonne humeur yihaa !
J'espère que ça vous plaira en tout cas, n'hésitez pas à reviewer dans ce cas. Je suis pas du genre à réclamer mais ça booste toujours un coup de savoir qu'on est lu et apprécié quand même. Je vais tenter de partir dans une intrigue un peu différente des autres, comme je vais souvent du côté de la fantasy dans mes dernières fics.
Vous ne pouvez pas savoir à quel point l'idée d'imaginer Kimblee coller un pain à un flic m'a plu. Sur cette fic, on aura des citations de Nick Cave en début de chapitre !
Bisous pistache-vanille sur vous !
