Changements
Chapitre 1 : explosion.
//Elle se promène sans se soucier du chemin qu'elle prend. Elle ne pense à rien. Elle veut juste se retrouver. Penser à ce qu'elle ressent, analyser ses sentiments loin de toute pression. En 500 ans, elle n'a pas pu relâcher la pression. Entre Edward, qui veut un accès total à ses pensées, Jasper, qui peut savoir ce qu'elle ressent à chaque minute du jour et de la nuit, et Alice qui peut lui dire ce qu'elle va faire, elle n'a jamais vraiment eu de vie. Mais elle les aime trop pour leur en vouloir. Pour leur dire d'arrêter. Pour leur demander un peu d'indépendance. Mais cette fois c'est allé trop loin. Elle ne sait pas ce qui s'est passé. Elle pense que ce serait bien de prendre des vacances. //
Et Alice a eu une vision, encore. Edward l'a vue. Comme toujours. Sauf qu'Alice n'a pas rigolé et Edward m'a lancé un regard effrayé, mêlé d'incompréhension. Il a eu juste le temps de murmurer « non ». Et je me suis enfuie. Je n'ai pas cherché à comprendre. J'en ai marre. Je n'en peux plus. J'ai décidé de partir. Loin. Je ne sais pas pour combien de temps.
Je sens quelqu'un approcher. J'ai remis mon bouclier, je ne veux pas qu'il puisse lire dans mes pensées. Mais ce n'est pas Edward. C'est Carlisle. Il s'arrête à une dizaine de mètres de moi et attend que je dise quelque chose. Je sais qu'il ne partira que si je lui demande, que sinon il attendra. J'en profite pour regarder où je suis. Mes pas m'ont guidés à notre clairière, à Ed et moi. Je l'aime toujours, c'est un endroit où je me trouve au calme, où je peux réfléchir. Carlisle me regarde toujours, de son air bienveillant. En le regardant bien, il paraît inquiet. Il n'a jamais su cacher ses émotions.
Même si son corps reste immobile, même s'il est muet, ses yeux parlent pour lui. Je peux y voir de la bienveillance, cette façon qu'il a de toujours nous protéger, nous rassurer, de permettre à la famille d'être stable. Elle repose entièrement sur lui. Je peux aussi voir de l'affection, il me considère comme une fille, il est là quand j'ai besoin de lui. Il me tire de bien des situations problématiques. Mais je vois également de l'inquiétude. Il ne sait pas pourquoi j'ai réagi ainsi dans le salon tout à l'heure. Il est temps que je parle. Je le regarde dans les yeux.
Je vois bien qu'il veut parler mais il se retient. En fait, je ne sais pas quoi dire, alors je le détaille du regard. Il porte un jean bleu foncé, large, une chemise blanche, laissée par-dessus le pantalon, elle n'est pas boutonnée complètement. Ses mains sont dans ses poches de pantalon. Il est légèrement décoiffé par sa course après moi. Quelques mèches blondes lui retombent devant les yeux. Ses yeux pétillent. Une seule pensée me vient à l'esprit. Il est beau, magnifique, majestueux. Il surclasse Edward, il est plus beau que Rose. Il est juste parfait. Alors que ces pensées cheminent doucement vers mon cerveau, je me rends compte de leur contenu. Mon dieu, je suis folle. C'est mon père, pas... et il est avec Esmée. Je suis mal à l'aise. Mais je n'ai pas le temps d'y réfléchir. Il est en face de moi et commence sérieusement à se poser des questions. Mon silence semble l'inquiéter de plus en plus. Et vu mes pensées, j'ai du faire une tête bizarre. Je respire un bon coup et m'assois. Il comprend que je suis prête à parler et vient se placer en face de moi, s'accroupissant pour être à ma hauteur. Cette fois, il prend la parole.
- « Bella, que s'est-il passé ? »
Il me parle d'une voix grave, sérieuse, mais tellement douce. Elle me donne des frissons. Je le regarde dans les yeux et me sens perdre pied. Je baisse immédiatement le regard. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Et lui a vraiment peur. Je le sens. Pas besoin d'avoir le don de Jazz pour ça. Alors je me force à le regarder. Je reste calme cette fois.
- « ne t'inquiètes pas, je vais bien. C'est juste que...que je... je craque, c'est aussi simple que ça. »
J'essaie de sourire, pour le rassurer, et il me sourit à son tour. Une boule se forme dans mon ventre. Je commence vraiment à prendre peur. J'aime Edward. Vraiment. Beaucoup... Enfin je crois. Mais il ne voit pas mon trouble. Il continue à me parler.
- « qu'est-ce qui se passe ? Tu... ce n'est pas d'aujourd'hui. Je te connais, tu es patiente. Il t'en a fallu beaucoup pour en arriver là. Pourquoi tu n'a rien dit. Tu aurai pu m'en parler.
- je sais, je suis désolée, mais je ne voulais pas... vous, vous le supportez depuis bien plus longtemps que moi, et ça ne vous fait rien. J'ai... ça me gène de ne pas pouvoir me maîtriser. Il ... il faut que je m'éloigne Carlisle, où je vais devenir folle.
- pourquoi ? Qu'est ce qui se... oh. » Il comprend enfin. « Je... en fait ça... » Il inspire un grand coup, je ne comprends pas pourquoi. « Ça m'est déjà arrivé de partir. Deux fois. On ne peut pas gérer ça tout le temps, il faut des pauses. »
Je suis sidérée. Je relève la tête et ne peux m'empêcher de fixer dans les yeux.
- « mais... comment as-tu fait alors ? Ça fait 500 ans que je suis là et tu es resté... » Il me coupe la parole, mais ce n'est qu'un murmure.
- « pour toi. C'est pour toi que je suis resté. Je me doutais que tu allais devoir t'éloigner un jour ou l'autre, mais jamais je n'aurais pensé que tu tiendrais aussi longtemps. Si... si ça n'avait tenu qu'à moi, ça fait plus de 150 ans que je serais parti... mais je devais rester... pour toi. Je... j'ai... honte... d'avoir tenu moins longtemps que toi et de 150 ans. 150 ! Je... » Sa voix se brise.
Il a honte ! Mon dieu pourquoi ? Il n'y a pas de raison. Il baisse les yeux, s'assoit juste à côté de moi, remonte ses genoux contre sa poitrine, passe ses bras autour et pose sa tête sur ses bras. Je ne peux pas ne pas réagir. Je ne peux pas rester là, assise sans rien faire. Je me redresse, pose une main sur son épaule. Il me regarde. Je n'ai jamais vu un regard si triste. Ça me fait tellement mal. Mais je n'arrive pas à lire plus en lui. Je ne sais pas pourquoi. Au-delà de la tristesse, il y a... je ne sais pas, mais il a besoin de moi. Il hurle à l'aide, en silence. Il refuse de demander, mais son regard est suppliant. Je passe mon bras autour de ses épaules et l'attire légèrement à moi. Il ne résiste même pas. Il vient se blottir contre moi, cale sa tête dans mon cou. Je ne l'ai jamais vu comme ça. Même si ces derniers temps, on parle beaucoup. J'ai plus l'attitude d'une sœur que d'une fille, une confidente également. Les autres ne pensent pas qu'il est un homme avant d'être le pilier de la famille. Et cet homme a besoin de parler, de pouvoir s'appuyer sur quelqu'un, comme tout le monde. Et ce rôle me revient apparemment. En fait, je suis probablement la seule qui puisse avoir ce rôle. Edward est trop sentimental, il ne peut pas prendre de recul. Esmée, il refuse de l'inquiéter. Alice... n'est pas très bonne conseillère. Jazz à assez à faire à gérer tous nos sentiments. Emmett... je ne peux m'empêcher de sourire. J'imagine Emmett et sa délicatesse légendaire. Et Rose... reste Rose. J'ai la chance de pouvoir prendre du recul rapidement. De raisonner le plus possible. Sauf quand il s'agit de moi bien entendu. Il s'accroche à mon t-shirt, et je le sens plus que je ne le vois pleurer, même si je sais qu'aucune larme ne sort, je sens son corps secoué de tremblements incontrôlables. Le pire c'est qu'il est injuste avec lui-même. Je lui murmure.
- « j'ai mon bouclier. Je l'active quand je veux. Les plus difficiles, c'est Alice et Ed. Alice, je n'y peux rien. Mais je bloque Edward. Tu as du les supporter les deux. Pourquoi n'as-tu rien dit ? Tu aurais du me le dire. Pourquoi ? Je suis désolée. J'aurais du le voir. Plutôt que de ne me préoccuper que de moi. Je suis désolée. Pardon. »
Il se calme petit à petit. Je l'entends soupirer. Je ne peux m'empêcher de chuchoter à nouveau.
- « je suis désolée.
- tu n'y es pour rien. J'aurais du te faire confiance. C'est ma faute. Je...
- stop ! On va arrêter là l'auto-apitoiement, autant l'un que l'autre, ça ne sert à rien, c'est passé. Le moyen le plus simple de régler ça est de partir tous les deux... ou chacun de son côté. »
Sans savoir pourquoi, lui dire de partir tous les deux me met mal à l'aise. D'une part parce que je repense à mes pensées de tout à l'heure, et d'autre part parce que s'il veut s'éloigner des Cullen, ce n'est certainement pas pour rester avec moi.
- « ça ne me dérange pas. Au contraire.
- ...
- Bella
- je... hum... j'ai vraiment parlé à vois haute ? » Ma voix est à peine audible.
- « oui.
- et je... tu m'a entendu dire quoi exactement ?
- eh bien, que tu as pensé à quelque chose tout à l'heure, mais je ne sais pas quoi, et que je ne voudrais pas rester avec toi. Ce qui est totalement faux.
- ah euh... eh bien, c'est... d'accord. Tu ... tu veux qu'on repasse à la maison ou....
- non ! Enfin, je veux dire, si c'est possible, je t'attendrai pendant que tu iras chercher tes affaires.
- d'accord. J'y vais. A tout de suite ». Je lui souris timidement avant de partir vers ce qui va surement se transformer en affrontement...
