Note de l'auteur : L'écriture nous manquait, à Gaianee et moi. Et même si nous continuions, chacune de notre coté, dans un univers différent, revenir vers Shaman King nous semblait presque évident. Ça me manquait d'écrire sur ce manga, tout comme ça me manquait d'écrire avec elle à ce sujet, depuis le temps. Quoi de mieux, pour reprendre tout en douceur, plutôt que de flooder avec nos fictions respectives, un petit recueil de textes, de pensées, de mots à partager, à grignoter, à décortiquer. Nous revagabonderons, dans ces pages, dans un univers qui nous a bercé et inspiré. Un petit retour discret, mais nécessaire, au travers de mots aléatoires. Pas de sujet, pas de contrainte, juste un mot : pour faire naître une idée et peut-être un texte, de près ou de loin.
Nous avons eu l'immense surprise de voir que Himdall se joignait à notre défi (et si vous voulez d'ailleurs en faire partie, faites hein, on vous lira avec grand plaisir !
Je vous invite à aller lire la version de Gaianee dans son Cabinet de Curiosités.
Ainsi que celle d'Himdall dans son texte Longtemps, je me suis levé de bonne heure.
Disclaimer : Shaman King est l'œuvre de Hiroyuki Takei. Ces quelques lignes ne sont que l'expression d'une fan envers un univers qui l'a toujours fasciné.
Rating : En théorie, tout devrait être lisible par tous. Si un texte venait à dépasser les convenances, je le signalerai.
Mot 1 : Coussin
Titre : Les Idées solubles (Hao Asakura)
Quand je pense qu'avant, c'étaient des terres dorées. Un Olympe inatteignable qui stimulait chaque esprit curieux, qui convoquait l'imagination de tous. Avant, les arbres se dressaient là, la cime haute, et se tournaient vers le palais du Roi. Beaucoup en avaient rêvé, mais peu l'avaient réellement vu. Etait-il en verre ? En cristal ? En diamant ? Les rideaux, les tentures, les coussins étaient-ils brodés avec de vrais fils d'or ? D'autres disaient que sa richesse n'était pas dans ses matériaux. L'on racontait que le Roi vivait parmi la Nature, que son domaine se situait dans un entre-deux imperceptible, un espace-temps qu'aucun mortel n'aurait pu transcender. Entre la première et la dernière brise du jour, entre le dernier rayon de l'automne et les premiers flocons hivernaux.
Tous avaient raison. Son royaume était insensible. Inatteignable. Son palais dominait autrefois un idéal de nature, un paradis royal. Mais à mesure que le Roi tombait en déchéance, son domaine s'était terni.
Aujourd'hui, je les regarde, sa demeure et lui. Son palais est vide, froid. Il n'est ni en verre, ni en cristal, ni en diamant. Son cœur n'est qu'une glace pâle et distante. L'atrium se délabre, le boudoir s'efface, le bureau fond, le salon se nécrose. Les fenêtres sont opaques, les rideaux s'effilent et déchirent le sol. Le Roi est assis et fixe la cheminée éteinte. Une apparition fantasmagorique le glacerait presque, mais cela fait longtemps qu'il a perdu la raison. Un chat squelettique s'étire, ses articulations résistent et cèdent dans un claquement sourd. Il disparaît derrière la porte. Son coussin garde encore l'empreinte de ce spectre. Hao le touche, il tombe en cendres.
L'âge d'or s'est éteint, tout comme sa raison. Le Roi est seul dans sa prison d'idées. Le Roi est maudit et personne ne viendra à son secours. Il a refusé toute aide il y a bien longtemps.
Yoh l'avait prévenu, pourtant.
