Disclaimer : Les personnages (dans leur presque totalité) et l'univers exclusivement dédié à Harry Potter appartiennent à J.K Rowling. Tout le reste est ma propriété, tant au niveau de l'intrigue que des personnages connexes et lieux en tout genre. Attention, je mords.
Titre : Idylle Chevalresque
Auteur : Laika
Genre : Action/Aventure /Romance/Drama.
Rating : R et/ou M
Avertissement : Homophobes, passez votre chemin
Couple : HP/DM
Nota bene : Premier chapitre d'une loooongue série à venir. Je ne sais pas combien, je ne sais pas pour combien de temps, mais ce sera tout une aventure que je vous promets là!
Je ne peux vous promettre qu'une chose : Cette histoire verra sa fin, quoi qu'il arrive!
Bonne lecture!
Mise à jour du 22 décembre 2013 : Hello! Le chapitre a été retapé en entier. Principalement, c'est la même chose, sauf que j'ai changé les dialogues, des descriptions se sont ajoutées et les personnages... sont entièrement miens maintenant.
Je vous annonce par la même occasion que je repasserai sur les chapitre également. Rien de bien gros. Harmonie du texte, correction par Nawel puisqu'ils ne l'avaient pas encore été. Pas de panique alors si vous voyez des posts ;)
FINALEMENT : Le chapitre 15 est en écriture, mais ne sera pas là pour Noël. Je vous aime quand même ;)
Xx
Laika
Idylle Chevaleresque
Chapitre I
La chaleur était suffocante. Pas une goutte de pluie depuis des semaines. L'air sec, étouffant, vous prenait à la gorge et la poussière en suspension dans l'air vous piquait les yeux. Tout était trop aride. Le soleil, dans l'infini bleu du ciel, brillait de mille feux. L'été n'en finissait plus. L'été était définitivement trop. Dans les estrades du gigantesque Colisée, l'atmosphère semblait électrisée. On criait, on hurlait, on huait... Certains avaient parcouru plus de kilomètres qu'ils ne pouvaient décemment en compter pour assister au tournoi que le roi organisait annuellement et que son père, bien avant lu, avait à son tour organisé chaque été de son vivant.
Des nuages de sable s'élevaient au centre de l'arène et, les combattants qui s'y trouvaient, virevoltaient incessamment, dans un ballet parfaitement synchronisé, dont l'issue restait encore à déterminer, insensible à tout ce qui les entourait, hormis l'adversaire toujours soigneusement campé sur ses pieds. Un arc-en-ciel de fanions aux couleurs des favoris brassaient l'air, s'agitant au rythme des combats. Les cris allaient en crescendo lorsque les duels devenaient un peu plus serrés, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus savoir qui allait l'emporter. Dubois, d'entre tous le préféré, par sa force et sa rapidité menait brillamment la danse. Le vieux Maugrey, de par son expérience et son habilité, laissait songer qu'il avait encore toutes ses chances. Néanmoins, parmi les glorieux noms présents, un chevalier anonyme portait fièrement ses noirs et les ors. Ce n'étaient pas là des couleurs familières au royaume de Kovàr, ce n'était pas même un lugubre chevalier d'un fief lointain appartenant à un obscur seigneur. Cet homme-là venait d'au-delà des montagnes. Le chevalier noir commença-t-on à murmurer. Après tout, il n'avait pas décliné son identité et la foule avait besoin de se l'approprier. La rumeur de son nom ne tarda pas à enfler et les paris se multipliaient. Passion expliquait tout ceci.
Au centre, dans une loge décorée d'un grand dragon argenté sur champ blanc, la famille royale observait les combats. Exceptionnellement, ils étaient tous présents. Le jeune prince Raphaël, seulement âgé de huit ans, se tenait bien droit, ses cheveux blonds atteignant à peine ses épaules. Il suivait les combats d'un regard gris acéré, de celui des passionnés qui essayent d'apprendre davantage de leurs aînés.
Un peu plus loin, assise docilement auprès de sa mère, la princesse Blanche, du haut de ses cinq ans, semblait préférer regarder son père que les combats qu'elle ne comprenait pas. Ses cheveux d'or étaient rassemblés en une coiffure compliquée qui ressemblait trait pour trait à celle de la reine, tout aussi blonde qu'elle. Fleur Malfoy, souveraine de Kovàr, arborait un petit sourire ravi alors qu'elle suivait des yeux chacun des affrontements. Elle ne l'aurait avoué pour rien au monde, mais les joutes organisées la distrayaient presque autant qu'elles le faisaient pour son fils. Son époux, qui, elle le voyait, se retenait à grande peine de ne point se tenir tout au bout de son grand fauteuil, suivait avec une attention, un fanatisme amusants, chacun des combats. Lorsque la tension montait, lorsque les cris montaient, enflaient dans l'arène, elle se penchait alors à son oreille pour chuchoter des provocations, quelques piques. Elle aimait à parier sur l'issu du combat, elle aimait le voir s'enflammer et prendre passion pour son favori. Elle devinait à tout coup lequel des deux hommes en contrebas son époux préférait et s'empressait aussitôt pour prendre parti inverse. Plus souvent qu'autrement, Draco lui renvoyait une moue agacée, mais la lueur d'amusement dans ses yeux démentait tout cela.
Il était difficile, en effet, d'ignorer son plaisir et son amusement. Draco Malfoy s'animait, prenait vie comme jamais lors de ces évènements. Vêtu de blanc et d'argent, le front ceint, il était penché vers la balustrade plus que la bienséance l'aurait voulu. En ce jour de fête, pareil comportement était bien vite oublié. Le jeune homme se délectait de chaque instant, de chaque joute, de chaque feinte dont on lui offrait le spectacle. Il narguait son épouse lorsqu'elle se trompait – soit souvent – et grognait de chacune de ses défaites – ou plutôt de celles de ses favoris. Le vent semblait pourtant avoir tourné en sa faveur. On avait servi à la famille royale un léger goûter d'olives, de fromage et de pain lorsque le soleil avait atteint son zénith. Les combattants avaient pris un repos et s'étaient restaurés à leur tour, laissant l'arène du Colisée déserte pour quelques temps alors qu'ils gagnaient leur tente respective disposée à l'enceinte de la cité royale. Dans la loggia royale, les vassaux qui ne participaient pas aux joutes ne s'étaient pas gênés afin de discuter des combats du matin, mais plus particulièrement des combattants. Tranquillement installé dans son grand siège, Draco les avait écoutés d'une oreille attentive, mais en silence, faisant danser le liquide vermeil qu'on avait versé dans sa coupe. La préférence de tous penchait tout doucement pour ce nouveau venu, ce fameux chevalier sombre, qui se battait avec une rage sans pareille, avec une technique tout aussi inouïe. Il n'était définitivement pas d'ici. Draco savait parfaitement d'où il venait. Il ne savait cependant pas pourquoi.
Mais je le saurai bientôt.
La reprise des combats eut lieu sous un soleil caniculaire. Malgré tout, pas un ne retira la moindre pièce de plate et tous gardèrent leur heaume. Un coup de chaleur valait toujours mieux que la mort. Les prunelles grises observèrent avec attention chacun des guerriers pénétrer à nouveau dans l'enceinte de combat et venir s'aligner devant la tribune royale. Tous s'inclinèrent d'un même mouvement dans sa direction. L'homme en noir, néanmoins, le fit avec une nette raideur dans la nuque.
Il n'a pas été touché une seule fois. Il n'est pas blessé.
La décision se fit avec naturel, sans qu'il ne s'attarde même un instant à y songer. Il autorisa d'un geste de la main la reprise des combats, laissant par la même occasion tous ces chevaliers et autres seigneurs quitter l'endroit afin de laisser place aux deux prochains adversaires. Sir Dubois prit place, dos au soleil, faisant face à Sir Maugrey. Le combat serait intéressant, opposant la jeunesse et la fougue d'un à l'expérience et la force du second. Les prunelles anthracite, pourtant, ne se posèrent pas immédiatement sur le spectacle offert. Ils suivirent l'homme en noir, jusqu'à ce que celui-ci se soit soustrait à sa vue.
Oh oui, il saurait.
Sa préférence se porta dès lors sur lui et il fut alors impatient de le voir revenir et d'assister à chacun de ses combats.
Lorsqu'il fit de nouveau son entrée dans le Colisée, longtemps après que Sir Dubois eut vaincu Sir Maugrey, il ne put s'empêcher de se pencher vers Fleur.
« Il gagnera. Vous verrez! »
La reine n'eut pas besoin de davantage d'explications. Il n'y avait aucun doute quant à l'identité du favori du roi. Tout le monde ne parlait que de cet homme. Elle se contenta donc d'hausser les épaules et se tourna de nouveau vers le spectacle, le dernier d'entre tous, qui s'annonçait sans précédent.
Le dernier combat venait de s'amorcer, alors que l'après-midi touchait à sa fin, le soleil baissant dans l'horizon. Les deux duellistes, tout au centre, étaient couverts de poussière et de sable. Une dernière valse venait de commencer. D'un côté, Sir Dubois, la coqueluche du peuple, était vêtu des pieds à la tête d'une armure qui semblait avoir connu des jours meilleurs, entièrement constituée d'acier gris et cabossé. De l'autre, ce combattant mystérieux, nouvellement parti du roi, portait toujours cette noire armure qui n'était décidément pas de facture Kovàrnienne. Chose plus étonnante, l'étranger portait non pas une, mais deux lames en main, l'une longue à la lame savamment burinée et au pommeau noir et doré, finement ciselé. La seconde, légèrement plus longue qu'une simple dague, attestait d'une courbe agréable et un tranchant dangereusement affûté. Elle avait ce jour-là marqué sévèrement l'armure de plus d'un homme. Des armes d'une rareté exceptionnelle en ces terres. Une fois seulement, le roi avait eu l'occasion d'en admirer une paire de semblable. Tout le jour, il avait eu la chance de voir cet homme lui offrir une prestation époustouflante. On ne se battait pas avec ces hommes comme on maniait une bâtarde ou encore une épée à deux mains. Ces lames-là requéraient une dextérité étonnante, une fluidité de mouvement étourdissante, de même qu'une puissance à faire pâlir d'envie – ou de peur. Ce chevalier, tout en bas, maîtrisait parfaitement tout cela. Cette fois, Draco ne se gêna pas et se mit sur ses pieds, mains posées contre la rambarde de bois, scrutant attentivement deux des meilleurs combattants qui lui eut été donné de voir. Ils tournaient en rond, comme deux fauves dans une cage. Sans doute se jaugeaient-ils. Un léger sourire étira les lèvres pâles du roi.
Les deux combattants rôdaient l'un autour de l'autre, inlassables, attentifs, à bout de nerfs visiblement. Ils étaient épuisés, le souffle commençait à leur manquer et ils n'étaient plus qu'à une victoire d'emporter la récompense et, bien évidemment, la gloire que conférait cet évènement. Ils avaient combattu avec férocité et l'énergie commençait à leur manquer.
Les pas s'espacèrent et ils s'immobilisèrent tout à fait. Le temps parut ralentir, puis se figer. Les hurlements, tout autour d'eux, ne devinrent plus que des échos lointains, puis disparurent tout à fait. D'un même élan, ils se jetèrent l'un sur l'autre. Un enchaînement successif et d'une rapidité aveuglante s'abattit sur Dubois qui avait pourtant la réputation d'avoir l'œil vif et des réflexes de félin qui lui permettaient d'esquiver ce genre d'attaque. Avant qu'il n'ait réellement pu comprendre ce qui lui arrivait, le jeune homme se retrouva sur le sol, à se rouler dans la poussière, son épée bien loin de lui.
Dans les estrades, durant un bref instant, le silence s'était fait devant ce retournement de situation. La foule, voyant son champion mordre la poussière ne sut comment réagir tout d'abord. Puis, devant l'évidence des choses, le plus naturellement du monde, le vent tourna et le peuple se mit du côté de celui qui serait, à première vue, le futur vainqueur.
Au centre de l'arène, les choses étaient toutes autres. Dubois s'essoufflait, toussait… Le sable pénétrait par les fentes de son casque et l'aveuglait à moitié. Il réussit tout de même à se remettre sur ses pieds, esquivant la lame affûtée de son adversaire qui chuinta sinistrement dans l'air, courant chercher sa propre arme. D'un bond vif, il fit de nouveau face à son opposant mais, avant qu'il n'ait pu porter le moindre coup, il dut bien admettre que c'était la fin pour lui. Face à lui, l'autre homme le tenait à sa merci, ses armes croisées et fermement appuyées contre sa gorge. Dubois lâcha son arme et leva ses mains à la hauteur de sa tête, signe de sa défaite et de sa soumission face à son adversaire. Le combat venait à peine de commencer qu'il se terminait déjà. Expéditif. La foule, partagée entre déception et euphorie, ne sut pas immédiatement comme réagir. Un son de trompette se fit finalement entendre et, partout autour d'eux, dans les gradins, des cris de joie se répercutèrent, chacun acclamant le chevalier sans nom.
Dans la tribune royale, Draco n'avait toujours pas bougé. D'un signe de la main, il fit taire l'assemblée en liesse. Dans l'arène, le vainqueur redressa les épaules, les faisant rouler, avant de saluer la populace, épées encore en mains. Sur son torse, buriné dans le métal noir, le scintillant griffon doré, fièrement dressé sur ses pattes, était exposé aux yeux de tous. Le chevalier fit finalement face à la tribune royale, son heaume toujours en place. Tête levée vers le roi, il demeura immobile pendant un court instant, avant de s'avancer et d'enfoncer ses armes devant lui, mettant un genou en terre. Lentement, il retira son casque, inclinant la nuque, presque solennel. Une crinière sombre cascada sur ses épaules, venant encadrer un visage sali par la poussière du stade et la sueur et laissant entrevoir des joues assombries par une barbe de quelques jours. Une paire d'yeux d'un vert singulier, émeraude, se posa sur le roi, attentif. Face à lui, ses longs cheveux blonds lui drapant les épaules, Draco l'observait avec grande attention, ses iris anthracite ne le lâchant pas. Il ne s'embarrassa pas de refouler l'intérêt qui marquait ses traits. Le mystère qui s'offrait à lui était intéressant.
« Un homme du Lathendärk, fit-il, sans élever le ton, sa voix portant pourtant très bien. Voilà qui est... surprenant. Pourrions-nous connaître votre identité, Messire sans nom? Peut-être devrions-nous au contraire continuer de vous nommer Chevalier noir, hum ? »
Il y eut tout d'abord le silence pour lui répondre. Finalement, un son rauque s'éleva, presque inaudible et qui menaça d'être enterré par les murmures excités de ses gens. Le jeune homme leva la main une seconde fois afin de faire taire la rumeur qui s'élevait et qui menaçait d'irriter ses nerfs. Il tendit l'oreille, fronçant les sourcils... avant de les hausser tout aussitôt. Il riait. Ce bruit guttural, graveleux provenait de sa gorge, asséchée, aride, malmenée par la chaleur et la fatigue. Draco cligna des paupières deux fois, plus étonné que choqué. Devant lui, l'inconnu se racla finalement la gorge et humidifia ses lèvres desséchées et craquelées.
« Un chevalier. »
Sa voix, qu'on entendait pour la première fois, était enrouée, incertaine. Toujours à genoux, il redressa pourtant la tête, les prunelles vert empire accrochant l'argenté de celles du roi de Kovàr, le soutenant sans ciller, sans gêne.
« Je suis Harry. Harry James Potter, souverain du royaume de Lathendärk, héritier et fils de feu James Henry Potter, Votre Majesté. »
Les murmures reprirent aussitôt parmi la foule et, dans la tribune, la reine se leva, stupéfaite. Imperturbable, Draco resta de marbre, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Il le dévisagea, plus amusé qu'autre chose.
« Harry James Potter..., fit-il, lentement, semblant presque goûter ses mots, comme s'il faisait rouler son nom sur sa langue afin d'en distinguer les moindres nuances. Harry Potter, reprit-il. Oui... Mon voisin neutre. Si vous désiriez assister à mon tournoi, Votre Majesté, vous n'étiez point obligé de vous battre... Une simple demande aurait suffi... »
Un sourire vint étirer les lèvres de l'homme toujours agenouillé à ses pieds, dans une position étonnement humble.
« Sa Majesté fait d'amusants jeux d'esprits, mais j'avais mes raisons de préférer assister à son tournoi depuis une place de premier choix. »
Le blond inclina la tête sur le côté, plissant les yeux d'un air pensif, presque soupçonneux.
« Et quelles sont ces raisons ?
— Des raisons qui n'amènent que moi et ne concernent pour l'heure que vous.
— Parlez donc, Votre Altesse. Je serai le seul juge de cela. »
Harry, ne cilla pas ni ne remua. Un tic agita brièvement le coin de son œil droit, avant qu'il ne revienne tout aussi impassible.
« Si Sa Grâce insiste... En tout premier lieu, montrer à Sa Majesté la valeur et le courage des gens de mon royaume. Ensuite, prouver combien leur roi peut être prêt à beaucoup pour eux puisque, vous n'êtes pas sans le savoir, mon royaume se trouve entre deux dangereux opposants qui, chaque jour se font un peu plus oppressants. De par ce fait, j'avais besoin de rencontrer Sa Majesté et il m'a paru que ce tournoi serait le moment le plus propice pour le faire. »
Un long silence planait dans l'arène. Finalement, sortant de l'ombre, un homme à la noire chevelure et aux yeux tout aussi sombres, engoncé dans de lourdes robes violacées, s'approcha.
« Que Vos Majestés me pardonnent cette interruption... Mais je crois que Sa Majesté a raison... Ne vaudrait-il pas mieux parler de ceci en privé ? »
Le blond se retourna vers l'homme à ses côtés, affichant un étrange rictus.
« Sans aucun doute, Monseigneur, dit-il. Votre Majesté, puisque tel est votre titre, relevez-vous. Vous n'avez pas, vous plus que tout autre, à mettre un genou à terre face à moi. Gentes dames et mes bons seigneurs, le tournoi de cet été est donc remporté par Son Altesse Harry James Potter, roi du Lathendärk. Ce soir, comme convenu, un banquet sera donné en son honneur. Un banquet assez royal, dirons-nous. En attendant ce moment, je vous exhorte à vous préparer et encourage nos valeureux chevaliers à se reposer... Les danses, messires, je n'en doute pas, achèveront de vous épuiser. »
Il se tut un instant pour ensuite de nouveau plonger son regard dans celui de l'homme couvert de poussière et toujours agenouillé dans le sable. Ses cheveux étaient plaqués sur son front par la sueur. Sa prestance devait avoir connu des jours meilleurs, il n'y avait aucun doute sur cela.
« Quant à vous, Votre Majesté, je vous propose de me suivre dans mes appartements... où une collation vous sera apportée... Une fois que vous vous serez quelque peu rafraîchi, bien entendu. »
— Votre Altesse », salua Harry, hochant la tête, tout en se relevant, lourdement appuyé sur la garde de sa grande épée.
Son armure, qu'il portait complète – contrairement à son habitude –, commençait à peser lourd sur ses épaules.
Dans les gradins, personne n'avait encore bougé. Tous suivaient des yeux la famille royale qui commençait tout juste à délaisser leur place, de même que les prestigieux invités qui avaient partagé la loggia du roi. Celui-ci, entouré de la reine et de ses deux héritiers se dirigeait à pas mesurés en direction des grands escaliers donnant sur cette estrade surplombant tout. Son regard passait du château, qu'on apercevait à l'horizon, à l'endroit où venait tout juste de disparaître le roi du Lathendärk. Il semblait impatient de discuter avec lui. Il était impatient de s'entretenir en tête-à-tête avec lui, ce Harry James Potter.
Se retenant à grande peine de soupirer d'impatience, il monta à bord de la calèche qui allait les ramener, lui, sa femme et ses enfants au palais. L'habitacle ne tarda pas à s'ébranler, mais c'est au pas qu'on mit les chevaux.
Ridicule parade. Ne pourrait-on pas un peu se hâter ?
C'était la tradition, il le savait. Il savait également que rien n'y changerait, ou plutôt que rien ne devait y changer quoi que ce soit. Certainement pas un invité surprise, aussi prestigieux soit-il.
Harry s'était relevé longtemps avant que la famille royale n'ait quitté la tribune. Les grilles donnant accès à l'arène étaient déjà ouvertes, Sir Dubois les ayant franchies avant lui. Il avait à peine fait trois pas à l'extérieur qu'un jeune homme s'empressa d'accourir auprès de lui, s'inclinant bien bas devant celui qui était son roi et parrain. Harry lui sourit et lui fourra son heaume dans les mains avant de se diriger vers la sortie. Sa tente n'était pas bien loin et il avait besoin de se rafraîchir avant de rencontrer le roi chez lui. Ce duel, redoutait-il, allait être le plus coriace de toute la journée. Il s'empressa donc de se rendre sous celle-ci, laissant le soin à son jeune écuyer de le délester de son armure une fois à l'intérieur, avec un soulagement qu'il ne cacha pas. Sous toute cette plate et toute cette maille, il était en nage.
Dieux. Ce royaume déguise certainement l'un des neuf cercles de l'Enfer.
Il se baigna le visage en hâte, n'ayant nullement le temps de se plonger dans une cuve. Il aurait donné une fortune considérable pour un bain frais, voire glacé. Il soupira, s'aspergeant la nuque, ignorant les allées et venues de son écuyer non loin de lui.
Assis dans un coin de cette même tente, son protecteur et ami, Remus Lupin, le regardait d'un œil attentif.
« Tu as été excellent, Harry. »
— Merci, Remus. J'espère m'en sortir aussi bien ce soir. »
L'homme sourit, repoussant une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux.
« Essaye de ne pas t'emporter. La situation est critique, je le sais, mais il voudrait mieux ne pas lui faire peur.
— Nous avons déjà parlé de ça, mon ami. »
Harry lui sourit à son tour tandis que le jeune garçon à son service terminait de boucler sa ceinture sur son long pourpoint noir aux ourlets dorés. Le vêtement lui arrivait à mi-cuisse, taillé dans un tissu sombre. Le revers des ourlets était cousu de fil d'or et les lignes de l'habit était on ne peut plus conventionnel.
« Souhaite-moi bonne chance. »
— Tu n'en as pas besoin » lui lança le plus vieux, alors qu'il disparaissait hors du pavillon.
Dans ses yeux dorés, cependant, on percevait une lueur d'inquiétude que Harry n'eut pas le temps de capter. Il était déjà parti.
L'homme se chargerait sans problèmes de veiller à ce que tout soit démonté et prêt au départ dans trois jours, et ce, peu importe la suite des évènements. Remus avait l'habitude de ces déplacements et Harry Potter ne se serait passé de la présence de son Commandant de la Garde pour rien au monde. Il se savait parfaitement en sécurité en sa présence et pouvait se reposer entièrement sur lui pour bien des choses.
Le Colisée était désormais désert et la procession était presque arrivée au palais. La foule, derrière la famille royale s'agitait et chuchotait, euphorique à l'idée de ce qui venait se passer sous leurs yeux.
Le roi de Kovàr fut le premier à poser le pied dans la cour intérieure du palais, descendant du carrosse aussi calmement qu'il lui était possible de faire, avant de se diriger vers les grandes portes du château. À ses côtés, pourtant, courant presque pour le suivre, Blanche babillait, tentant d'attirer son attention. Elle y parvint lorsqu'elle trébucha contre la contremarche d'un degré de l'escalier et que le monarque la rattrapa de justesse.
« Faites donc attention, Blanche », dit-il, tout en la soulevant dans ses bras, sans aucune difficulté. La petite fille sembla ravie de sa position et sembla aussitôt plus calme. Un peu plus loin, Raphaël leva les yeux au ciel et accéléra pour rattraper son père.
Autour d'eux, une vingtaine de gardes suivait des yeux les deux enfants. Dans le hall principal baigné par d'éclatants rayons du soleil, Draco déposa sa fille au sol, celle-ci ne manquant pas de s'accrocher aux plis de sa tunique.
« Oh père, dit-elle. Laissez-moi rester avec vous!
— N'as-tu pas entendu ? demanda Raphaël, arrivant. Père a une réunion importante. Lâche-le et viens!
— Non! cingla la petite fille. Père, s'il vous plait... »
Le roi eut un léger sourire et se pencha vers sa fille, l'embrassant sur le front.
« Votre frère a raison, Blanche. J'ai une réunion importante. Nous nous reverrons plus tard. Suivez donc Raphaël, votre mère et votre escorte... »
La petite fille eut une moue boudeuse, mais après un dernier au revoir de son père, elle consentit à le lâcher. Les sentinelles qui les encadraient alors se mirent en formation autour de la reine et des deux enfants pour ensuite s'éloigner en leur compagnie.
À l'extérieur, par les portes demeurées ouvertes afin de faciliter l'entrée du flux et reflux des gens qui vaquaient à leur occupation, le bruit d'une cavalcade se fit soudain entendre, suivie du hennissement d'un cheval. Un instant plus tard, Harry Potter faisait son entrée dans le grand hall, vêtu de frais et ayant meilleure mine. Draco ne rata aucun des détails, de ses cheveux encore humides rejetés sur sa nuque, jusqu'aux impeccables bottes de cuir souple qui lui montaient au genou. L'armure n'avait pas non plus camouflé une carrure qui n'était pas la sienne, bien au contraire. Il était large d'épaules et l'habit dans lequel il était cintré mettait parfaitement en valeur tout ceci. Il venait à lui front nu. Le blond approuva d'un vague hochement du chef ce qu'il voyait là, avant de tourner les talons.
« Allons-y, dit le blond. Mes appartements ne sont pas loin. »
Il l'entraîna tout aussitôt en direction d'une porte tout au fond du hall, la franchissant rapidement pour s'engager dans un escalier par la suite. Docilement, Harry lui emboîta le pas, le suivant de près, ne manquant rien de la splendeur du château qui s'étendait devant ses yeux. Tout, des lustres aux épais tapis était parfaitement agencé et d'un goût incontestable. Les couleurs du royaume étaient mises à l'honneur, la majorité du temps et de splendides bouquets de fleurs, des iris en l'occurrence, ornaient des alcôves.
Après une marche qui ne dura que quelques minutes, le jeune monarque s'arrêta devant une porte qu'il ouvrit, lui indiquant d'un signe élégant la permission d'entrer. Harry le remercia d'un sourire et d'un signe de tête et prit la peine de pénétrer à l'intérieur des appartements du roi. Le blond le suivit, refermant la porte. Sans surprise, il découvrit que ses paroles dans l'arène avaient été suivies d'une action immédiate. Devant la cheminée, une collation avait été portée.
« Faites comme bon vous semble, dit-il, ses pas se répercutant contre les blanches dalles du sol.
— La journée fut longue. Nous discuterons dans un instant, si vous le voulez bien. »
Le blond acquiesça d'un signe de tête et le laissa s'attabler près de l'âtre de la cheminée. Harry prit place dans l'un des fauteuils, soupirant discrètement tout en s'emparant d'un peu de fromage. Il était nerveux. Il devait faire bonne impression. Il n'avait pas fait tout ce chemin pour se voir refuser ce qu'il était venu chercher si ardemment. Il ne laisserait pas des milliers d'innocents périr sous l'écrasement des deux monarques qui s'opposaient de part et d'autre de son royaume.
Lorsqu'il eut terminé et se retourna, il constata que le plus jeune roi était alors occupé à observer un empilement de parchemins, installé à son bureau. Ce dernier, taillé dans le chêne, était imposant et d'une manufacture coûteuse. Sa couleur détonnait presque violemment sur l'ensemble de la décoration, tout n'était qu'argent et parure immaculée. Un pan de mur entier contrastait pourtant également avec la décoration: une carte du royaume s'étendait de long en large sur la surface. Les royaumes voisins étaient représentés, ainsi que l'Océan du Nord. Plus au nord encore s'apercevait un chapelet d'îles entourant une masse de terre plus importante. Sous celle-ci, on avait soigneusement inscrit Quihdas. Harry s'y attarda un moment, un étrange sourire aux lèvres, presque grimaçant, à vrai dire. Il finit néanmoins par s'en détourner lorsqu'il surprit du coin de l'œil l'ombre du roi qui se redressait.
En fait, Draco avait sursauté plus qu'il ne se redressa lorsqu'il constata que le roi s'était approché, sa collation terminée. Il referma sèchement son dossier. À sa droite, un jeune homme, tout de vert vêtu, s'était brutalement redressé, alors qu'il était manifestement penché sur l'épaule du roi. Les cheveux blond cendré, les yeux noirs, le jeune homme ne se gêna pas pour observer le monarque étranger des pieds à la tête. Il sursauta pourtant lorsque le roi de Kovàr le rappela à l'ordre.
« Théodore, dit-il. Laissez-nous.
— Bien, Votre Altesse! » dit-il.
Et il quitta la pièce d'un pas empressé, non sans leur adresser un dernier salut empreint de politesse.
Harry s'avança alors vers l'immense bureau, les mains croisées dans le dos, regardant d'un air intéressé autour de lui, son regard s'attardant pourtant sur la mural d'imprimés qui s'étendait sur toute la surface du mur.
« C'est magnifique! fit-il. Puis-je ? »
Il désigna le fauteuil face au bureau royal.
« Bien sûr », répondit son vis-à-vis, confortablement installé à présent, partagé entre amusement et curiosité.
Son homologue s'installa donc face à lui, noblement.
Le plus jeune – car plus jeune il était, on le devinait aisément, ainsi placés côte à côte qu'ils étaient – lui versa un vin à la robe rubis dans une coupe d'argent et la lui tendit, avant de faire de même pour lui-même.
« Ainsi donc... Si vous m'exposiez très exactement la raison de votre visite, Votre Altesse ?
— Vous n'êtes pas sans savoir que mon royaume se trouve oppressé entre ceux de deux rivaux, commença Harry, sans ambages. Cette guerre opprime mon peuple, détruit mes frontières et tue des innocents. Avec la petitesse de mes terres, il devient bien difficile de résister à leurs assauts incessants et tout menace de disparaître, tôt ou tard. Les raisons qui m'amènent à rencontrer, Votre Majesté, sont d'une nature plus qu'urgente. C'est avec humilité que je viens quérir votre aide. »
Les prunelles grises de son interlocuteur perdirent leur lueur amusée. Il tourna un regard pensif vers la carte peinte au mur, observant le royaume de Dumbledore et celui de Jedusor. Il en vint ensuite à celui de Harry, puis au sien.
« Je suppose que vous êtes venu ici avec une proposition bien spécifique. Vous n'ignorez pas que, jusqu'à présent, j'ai prôné la neutralité. Que désirez-vous ? Que je me lance dans une guerre contre nos voisins communs pour vous défendre? »
« Pour me défendre ? Non. Pour défendre nos intérêts communs. Tôt ou tard, si l'un ou l'autre prend le dessus sur mon royaume, il aura également le dessus sur son opposant, pourra aisément s'étendre sur toute la côte, vous coupant ainsi du reste du monde, de votre commerce, de la mer... De beaucoup de choses. Qui sait à ce moment ce qui pourrait advenir ? Ils ont de nombreuses ressources et ne sont pas sans motivations. Je dirais même qu'ils en ont quelque peu trop. S'ils m'écrasent, vous vous retrouverez sans allier et qui sait à ce moment ce qui pourrait advenir de votre royaume, à votre tour ? Ce que je propose est bien plus qu'un accord. C'est une proposition de devenir un royaume vassal au vôtre. »
Un sourcil délicat se leva, seul signe de l'intérêt de Draco. Il resta silencieux un long moment, buvant un peu de son vin et l'observant. Il jeta de nouveau un coup d'œil à la carte, avant de pousser un léger soupir puis de se tourner vers lui.
« Vos raisons sont bonnes, dit-il. En outre, en vous faisant vassal, je n'encours aucun danger... La guerre n'est pas encore là, après tout. Nous ne parlons que de sa menace imminente. Mais je ne vois ici qu'un avantage pour vous. Vous aurez ma protection. Et moi ? Qu'obtiendrais-je de cet arrangement ?
— Vous ? Vous obtiendrez des accords commerciaux avec mon royaume. Un accès direct à la mer, plutôt que de devoir passer des semaines à parcourir les fleuves pour atteindre celle-ci. Et ceci n'est qu'un exemple de ce que vous pourriez acquérir, des avantages de cet accord! »
Le blond sembla y réfléchir un instant.
« Certes, dit-il. Vous devez vous sentir particulièrement menacé pour offrir ainsi votre royaume à un autre... Car c'est ce que vous faites, ne nous leurrons pas... Ce que je me demande, c'est si je ne cours pas à un affrontement futur, avec vous. Qu'arrivera-t-il, lorsque la guerre entre nos voisins se terminera ? »
Harry eut un sourire en coin.
« Un accord reste un accord, Votre Altesse. D'aucun vous dirons que je respecte mes promesses. Toutes mes promesses. Nos accords commerciaux continueront. Ce qui m'importe, Votre Grâce, c'est que mon peuple ne soit pas exterminé et qu'il ne perde pas son identité, qu'il ne sombre pas dans l'oubli... Pour le moment, la mégalomanie de deux hommes menace ceci. »
Le blond sembla y réfléchir un moment.
« Je vois, dit-il. Mais vous éludez ma question... Cependant, je comprends fort bien que vous le fassiez... Tout comme il vous est acceptable que je ne prenne pas ma décision dans l'immédiat.
— Bien entendu, Votre Majesté. Il m'est concevable que vous désiriez en discuter avec vos vassaux et conseillers. Je n'ai pas la prétention de vous demander une décision aujourd'hui même. Cela dit, je me permets tout de même de vous proposer quelque chose. Pourquoi ne viendriez-vous pas visiter mon royaume ? Vous donnez une meilleure idée de ce que je tente par tous les moyens de préserver ? Après tout, si vous avez réellement des intérêts dans tout cela, il vaut mieux que vous le constatiez par vous-même. »
L'intérêt de son vis-à-vis sembla être éveillé, car il se permit une esquisse de sourire.
« Pour cela aussi, je dois en parler avec mes conseillers, dit-il. La réponse vous sera donnée rapidement. Probablement demain.
— Bien... Bien. Et si nous allions profiter de votre magnifique banquet ?
— Certes, répondit le blond, tout en se levant. Je dois cependant me préparer. Restez ici... Nous ferons notre entrée ensemble. Après tout, je vous rappelle que vous êtes roi... Vous me montrez bien des honneurs, pour un homme occupant la même position que moi. »
Le brun face à lui acquiesça d'un signe de tête et se leva lorsque le roi fit de même face à lui, inclinant légèrement la tête alors qu'il traversait la pièce et disparaissait derrière une autre porte.
Dans sa chambre, Draco ne fut pas étonné de croiser le regard noir et inquisiteur de Severus Snape, son évêque.
« Alors ? Que veut-il ?, demanda l'homme d'Église, sans se soucier du déshabillage de son roi, ni de l'absence de quelconque valet pour l'aider.
— Il désire devenir mon vassal pour se protéger de cette guerre imminente entre les deux autres.
— Compréhensible, dit l'homme, tout en le regardant enfiler ses vêtements de soirée. Ta décision ?
— Reportée. Il me propose d'aller visiter ses terres. Votre opinion.
— Excellente. Pars donc avec lui et raccompagne Sir Zabini, par la même occasion... Deux paires d'yeux valent mieux qu'une, d'autant plus que nous ne le connaissons pas.
— Je suis ravi de constater que cela vous convient, Severus, fit Draco, tout en veillant à la bonne tenue de sa tunique blanche aux ourlets décorés de grandes arabesques argentées. Je réserve ma décision finale pour demain. J'ai besoin d'en parler avec le Conseil... »
L'évêque siffla.
« Faut-il vraiment en parler avec vos autres vassaux ?
— Vous savez que oui, répondit Draco, tout en plaçant une couronne sur sa tête, après avoir coiffé ses cheveux qu'il avait rassemblés en natte. À présent, si vous voulez bien... Mon prestigieux invité m'attend. »
Sans un mot de plus, il quitta sa chambre, sachant pertinemment que son Grand Conseiller avait sa propre porte de sortie.
Assis à la table d'honneur, Harry savourait un succulent repas en compagnie de la famille royale éternellement flanquée de la garde rapprochée des enfants. Devant eux, les sujets du roi de Kovàr et ceux-ci festoyaient sans retenue, buvant et savourant le banquet.
Quelque peu en retrait, un petit groupe de ménestrels agrémentait l'atmosphère de quelques accords de violons et de luths, rendant l'ambiance encore plus festive, si c'était possible. Jongleurs, imitateurs et acrobates déambulaient entre les tables afin de divertir les convives, côtoyant les serviteurs qui offraient boissons et mets délicats aux invités, tout en desservant les tables.
À un certain moment de la soirée, alors qu'on terminait de desservir le canard et qu'on amenait le cerf, l'air musical changea du tout au tout, quelques notes orientales résonnant dans la salle. Les grandes portes qui se trouvaient à l'extrémité complète de la salle s'ouvrirent, laissant passer une dizaine de jeunes femmes au corps dévoilé plus que de coutume, les vêtements amples, mais vaporeux laissant entrevoir des courbes plus qu'alléchantes. Leur visage était voilé. Remuant leurs hanches au rythme de la musique et tapant des mains, elles s'approchèrent d'un pas lascif jusqu'à la table d'honneur, attirant tous les regards masculins sur elles, certains lorgnant exagérément sur les hanches ainsi offertes aux regards et sur les poitrines à demi dénudées.
Se déhanchant au rythme de la musique, elles vinrent virevolter tout près de la table réservée aux vassaux, en charmant plus d'un.
Harry, depuis son siège, regardait le spectacle avec un certain plaisir, un léger sourire aux lèvres. Son regard se trouvait plus particulièrement attiré vers une brunette aux yeux en amande dont l'ambre de ses yeux le fascinait. Elle était la seule à être entièrement vêtue de rouge, faisant virevolter ses voiles autour d'elle. Il suivit avec attention chacun de ses mouvements, accrochant son regard plus d'une fois. Les légers plis qu'il distingua au coin de ses yeux lui laissèrent croire qu'elle lui renvoyait son sourire.
Aussi sec qu'elle avait commencé, la musique se termina et, dans la salle, un léger silence plana avant que les invités semblent s'éveiller de leur léthargie et applaudissent. S'inclinant gracieusement, les jeunes filles se retirèrent rapidement de la salle et la fête reprit son cours. Dans ses pensées, Harry regarda la jeune fille disparaître derrière les immenses portes de la Grande Salle, sans même un dernier regard dans sa direction.
À ses côtés, Draco eut un sourire amusé. Il n'avait rien manqué du regard de son homologue à l'encontre de la danseuse, mais il ne le connaissait pas encore assez intimement que pour se permettre de le taquiner. Il préféra se redresser, comme il était convenu, faisant face à la foule. Un signe de sa main fit taire l'assemblée. Les musiciens cessèrent de jouer et tous se tournèrent vers lui, impatients d'entendre sa parole.
« Mes chers invités, dit-il. Comme chaque année, je suis ravi de tous vous accueillir en mon château. D'abord parce que ce banquet marque le début d'une de mes saisons préférées, soit l'été. Ensuite, car nous avons rarement meilleure occasion de nous rencontrer. Comme chaque année, le tournoi a été une véritable réussite. Nous avons pu, avec un grand plaisir, assister à des combats remarquables que nous n'oublierons certainement pas avant l'année prochaine. Bien sûr, je pense que cette année a été tout particulièrement spectaculaire... »
Il jeta un coup d'œil en biais à Harry Potter.
« Pourtant, cette année, je dois avouer que ce tournoi marque un évènement encore plus grandiose. J'ai le grand plaisir de vous annoncer que, dans quelques mois, mon épouse, votre Reine, me fera l'honneur d'un troisième enfant. »
Un silence accueillit cette nouvelle, vite suivi de cris de joie et d'applaudissements nourris. Fleur eut un léger sourire et inclina la tête en un remerciement poli.
« Afin de célébrer au mieux cette nouvelle extraordinaire, continua le roi, lorsque le silence revint, de même que la victoire de Son Altesse lors de ce tournoi d'exception, je vous invite à vous divertir de tout ce que le château met à votre disposition. Nourriture, vin, danse... Faites donc vibrer mes murs de votre joie. »
D'autres applaudissements se firent entendre alors que, d'un mouvement du roi, les premières notes d'une mélodie entraînante s'élevaient. Draco se leva et tendit la main à son épouse. Celle-ci la prit et se leva à son tour et ils se dirigèrent jusqu'au centre de la pièce où ils se mirent à danser. Ils ne tardèrent pas à être rejoints pas une quantité d'autres gens, une fois la première danse achevée, telle que l'étiquette le prescrivait.
En milieu de soirée, les invités eurent même droit à une petite pièce de théâtre orchestrée par une troupe amateure qui réussit à merveille à distraire la foule présente dans la salle. Rires et moqueries s'élevèrent en grand nombre de part et d'autre, les festivités battant leur plein.
Les danses reprirent par la suite, plus animées, plus enjouées. Le vin n'y était pas inconnu. Harry, de son côté, préféra rester à l'écart, regardant tout cela d'un œil bienveillant, savourant la richesse de cru dont on emplissait incessamment sa coupe, bien avant qu'il n'ait pu la terminer.
On avait couché les enfants depuis longtemps, lorsque la soirée se termina. La reine, également, s'était retirée dans ses appartements, bien que tardivement. Les deux rois gagnèrent la sortie de la Grande Salle ensemble et ne se séparèrent qu'au détour d'un couloir, le jeune roi laissant le soin à un garde de diriger son invité jusqu'à ses appartements, au travers du dédale des escaliers et des couloirs. Harry le remercia chaleureusement pour le magnifique banquet. Il ne put cependant comprendre la signification du regard amusé que lui lança celui-ci lorsqu'il lui souhaita bonne nuit, avant de s'éloigner.
Les couloirs se succédaient alors qu'il marchait, pensif. Il ignorait encore s'il avait bien fait sa dernière action de la soirée, mais il ne pouvait s'empêcher de s'en féliciter. Il aurait tout donné pour être une petite souris et se glisser dans les appartements de Potter, afin de voir son visage, lorsqu'il verrait sa surprise.
Oh, bien sûr, il pouvait toujours s'introduire dans le réseau secret du château pour aller espionner, mais il n'avait jamais aimé ça. C'était plutôt le passe-temps préféré de Severus. Ce dernier avait dû s'y promener toute la soirée et probablement le ferait-il toute la nuit. Lorsque le château accueillait autant d'invités, l'évêque se faisait un point d'honneur à espionner chaque visiteur, afin de s'assurer de la tranquillité des mois à venir. Draco le trouvait parfois un peu draconien, mais l'homme aimait à lui répéter qu'on était jamais trop prudent et qu'il fallait toujours avec un mouvement d'avance, même sur des ennemis qui n'en étaient pas encore. Une action que Draco approuvait pleinement, même s'il se refusait à la mener de lui-même. De toute façon, Severus avait bien assez d'espions à son service. Il n'avait pas besoin de lui pour ça!
Poussant la porte de ses appartements, un sourire fugace apparut sur ses lèvres. Sans surprise, son bureau n'était pas vide. Théodore était penché sur le dossier qu'il avait lui-même feuilleté. Les parchemins concernaient d'ailleurs le royaume de Harry Potter. Depuis longtemps déjà, son père s'était interrogé sur la possible annexion des terres de Lathendärk, mais il avait projeté une action offensive, nécessitant du sang et de la violence. À présent, Harry Potter lui proposait ses terres, bien que provisoirement, afin de se protéger de ses deux voisins. Il comprenait cela et l'approuvait largement. Raison pour laquelle il ne pouvait d'ailleurs accepter de faire de Harry Potter son vassal. Cet homme était un roi né et il ne doutait pas un instant que tout son peuple le suivait aveuglément. Une fois la guerre entre Jedusor et Dumbledore terminée – si une guerre éclatait –, le Lathendärk voudrait récupérer son indépendance et cela les mènerait de nouveau dans une guerre que Draco ne souhaitait pas. Surtout pas contre Harry Potter. Cet homme avait du sang de feu, il l'avait constaté pendant le tournoi. Il n'avait aucune envie d'envoyer ses sujets à la mort.
Cependant, son homologue royal avait soulevé des points importants. Si Jedusor venait à gagner, nul doute qu'il écraserait alors Harry Potter entre ses deux pays, afin d'en former un plus grand et un plus fort. Et alors, il s'en prendrait très certainement à Kovàr, ce que Draco ne souhaitait pas du tout. Bien sûr, cela prendrait des années... Et cela l'inquiétait encore plus. Car il y avait de grandes chances qu'il ne soit plus roi alors et il ne voulait pas laisser des guerres et du sang à Raphaël. Il voulait pour son fils ce qu'il y avait de mieux!
« Que d'inquiétude, sur vos traits, mon roi, dit Théodore, en le regardant. À quoi pensez-vous donc? »
Draco plongea son regard argenté dans les yeux noirs de son Intendant et un sourire moqueur flotta sur ses lèvres. Il s'approcha tout en répondant.
« À Harry Potter... »
La moue de Théodore l'amusa plus qu'elle n'aurait dû, mais ne le surprit pas. Son Intendant n'aimait pas qu'il pense à d'autres hommes, tout particulièrement lorsqu'il était là.
« Vraiment? demanda l'homme. Et pourquoi ? »
Le ton n'était pas agressif. Juste curieux. Draco savait pourtant que Théodore ne plaisantait pas.
« Je réfléchissais à sa proposition de vassalité... mais je n'ai pas envie d'y penser davantage. »
Sur ses mots, il franchit les derniers mètres qui le séparaient de l'homme, le saisit par la taille et, sans hésitation, l'embrassa. Théodore ne protesta pas, lui rendant son étreinte au contraire.
« N'irez-vous pas avec votre épouse, ce soir ? » demanda-t-il, lorsque le baiser s'acheva.
Draco esquissa un sourire alors que sa main s'aventurait vers les agrafes qui maintenaient fermées la tunique de l'homme.
« Pas ce soir, dit-il. J'ai besoin des charmes masculins... »
L'Intendant eut un léger sourire, presque timide, et baissa les yeux. L'étreinte qu'il rendit à son roi ne laissait cependant aucun doute quant à son plaisir. Il en était visiblement heureux et satisfait.
« Voilà qui n'est pas pour me déplaire. », finit-il par chuchoter.
Draco sourit à son tour et balaya une bonne fois pour toutes ses préoccupations. La nuit portait conseil et si elle ne le faisait pas, ses vassaux auraient vite fait de l'aider à voir clair, le lendemain matin, à l'aube.
Le garde qui l'accompagna jusqu'à la porte des appartements qu'on lui avait attribués se posta à son côté, une fois qu'il l'eut franchie. Harry lui souhaita bonne nuit. À l'intérieur, quelques bougies brûlaient çà et là, plongeant la pièce dans la pénombre. Dans l'âtre de la cheminée, un feu ronflait paisiblement malgré la saison et la chaleur étouffante qui régnait à l'extérieur. Les meubles, de bon goût, étaient dans les tons de pourpre. Dans un coin, une paire de fauteuils étaient disposés devant l'âtre de la cheminée et flanquée d'une petite table. Un bureau en bois d'acajou devant la fenêtre. Sur le sol, un amoncellement de tapis empêchait de sentir la dureté de la pierre froide sous le pied. À sa gauche, tout au fond, une porte entrouverte. Lentement, Harry s'en approcha, la poussant du bout des doigts. À l'intérieur, il découvrit un lit aux draps défaits qui n'attendait plus que lui. À son pied, un coffre ouvert où se trouvaient les quelques effets qu'il avait amenés avec lui, ainsi que son armure, disposée soigneusement sur un mannequin de bois.
Tout à sa contemplation, la première chose qui lui parvint fut l'odeur qui flottait autour de lui. La lourde odeur du gardénia, florale et suave. Une odeur de femme. Il tourna lentement la tête, regardant par-dessus son épaule. À quelques centimètres à peine de lui, une jeune femme se tenait bien droite, une coupe entre les doigts. Ses cheveux couleur chocolat lui frôlaient presque le bras, tant elle était près de lui. Harry se retourna lentement vers elle, les sens ensorcelés. Il ne put s'empêcher d'ancrer son regard dans ses yeux ambrés.
« Un peu de vin, Votre Majesté ? »
Une voix chaude, basse, chuchotante. Il la lui prit des mains et la vida d'un trait, avant de la laisser tomber au sol.
« Volontiers. »
Elle s'était changée. Ses habits de fête avaient disparu pour laisser place à une robe plus simple, d'un rouge tout aussi prononcé. Son corsage bien ajusté mettait sa poitrine en valeur sur un décolleté plongeant et sur sa taille en sablier. Dans ses cheveux bouclés qui lui tombaient jusqu'à la taille, on avait ajusté une multitude de petits boutons de rose qui embaumaient l'air. Enfin, son regard s'arrêta sur le visage de la jeune femme. Dépourvu de tout voile, Harry pouvait distinguer chacun de ses traits, depuis son nez fin jusqu'à ses lèvres charnues qu'il mourrait d'envie d'embrasser.
Délicatement, d'un doigt, il caressa sa joue, la sentant frémir sous ce toucher léger.
Elle se contenta de baisser timidement les yeux, un sourire étirant pourtant ses lèvres. Sa gêne n'était qu'une façade, un jeu. Harry, charmé, l'obligea à le regarder et, sans plus tarder, l'embrassa. Un baiser léger, presque chaste. Puis un autre, un peu plus prononcé. Seulement alors, la jeune femme sembla s'abandonner dans ses bras. Les doigts du monarque s'aventurèrent dans son dos, tirant sur les lacets du corsage et sur les vêtements qui couvraient encore le corps qu'il tenait étroitement contre lui.
Nue, elle se dégagea pourtant de ses bras, sans brusquerie, un sourire aux lèvres, un peu coquin, son nez froncé lui donnant un air mutin. Le brun eut tout le loisir d'admirer sa peau hâlée avant que, subitement, elle ne disparaisse de son champ de vision, courant se réfugier dans la chambre mise à leur disposition.
Harry s'en amusa et, à gestes brusques, il se libéra de ses vêtements à son tour, les laissant pêle-mêle au seuil de la porte, avant de la suivre. Il ne connaissait pas son prénom, et n'était pas intéressé à le savoir. La savoir inconnue lui conférait quelque chose de mystérieux, d'attirant, un peu comme un plaisir interdit.
Il l'est.
Elle s'était réfugiée dans le lit, les couvertures ne la couvrant que jusqu'à la taille, laissant son ventre lisse ainsi que sa poitrine à découvert; une tentation. Le brun la détailla longuement, depuis le pied du lit, n'ayant que faire de lui laisser tout loisir de détailler son corps également et de constater son excitation. Puis, sans prévenir, il tira sur la courtepointe, la jetant au sol. La jeune femme recula quelque peu, mettant de la distance entre eux. Émoustillé, Harry grimpa à son tour dans le lit et s'approcha de quelques centimètres, avant de la tirer vers lui, sous lui.
« Les hommes du Lathendärk aiment-ils les femmes comme ceux de Kovàr ? » chuchota-t-elle, tout contre ses lèvres.
Ses mains étaient déjà sur ses épaules, caressantes. Elle avait ce ton envoûtant. Pour seule réponse, Harry l'embrassa.
À suivre!
Comme je le disais, ce n'est pas un nouveau chapitre, mais un chapitre qui s'est fait une beauté.
J'aurai au moins pu vous offrir ceci comme présent ;)
Joyeux Noël, mes petits loups
Xx
Laika
22 décembre 2013
